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CHAPITRE 3 : LE CADRE MÉTHODOLOGIQUE

3.1 Les méthodes de collecte et d’analyse de données

Pour discuter de la méthode, notre analyse sera non pas de nature quantitative, mais qualitative. L’on cherche à caractériser les manuels de 2006 et 2017. Notre projet est ambitieux. Nous ne pourrons étudier toutes les sources touchant au sujet. Nous souhaitons au final à remonter la transposition externe. Nous entamerons notre recherche à son dernier palier : le manuel. Nous avons par contre vu que les manuels entre eux sont publiés par différents concepteurs et que chacun comporte son biais bien qu’ils soient tous au final approuvés par le gouvernement du Québec. Pour diminuer ce biais, nous proposons de faire l’examen de manuels produits chez le même éditeur pour les cours de 2006 et de 2017. Les quatre maisons des manuels approuvés en 2008 sont d’ailleurs les mêmes que celles ayant produit des manuels approuvés en 2016 : les Éditions du Renouveau pédagogique inc., TC Média Livres inc, Éditions Grand Duc et les Éditions CEC inc. Notre attention s’est arrêtée sur la collection des éditions CEC surtout, car, dans son édition, un des concepteurs a travaillé et à la version de Présences destinée à la réforme de 2006 et à la version de Périodes destinée à la réforme de 2017. L’on tente de minimiser ainsi autant que possible les différences d’un même lieu de transposition didactique. Puisqu’on veut mettre en contraste le manuel par rapport aux savoirs savants, il semble logique de sélectionner une série de manuels aussi stables que possible. Par ailleurs, notre méthode ne touche pas directement aux variations connues entre les manuels eux-mêmes. C’est là une autre de ses limites fondamentales. Nous faisons une analyse de documents à partir du travail des Éditions CEC bien qu’il soit possible que les autres séries diffèrent entre elles.

Pour supplémenter les recherches de Lemieux, nous procéderons à la catégorisation des thèmes historiques contenus dans les manuels de 2006 et de 2017 des Éditions CEC et des

informations présentées dans les programmes en fonction des principaux courants historiographiques. Notre examen se décline en ce sens en plusieurs micro-problématiques reliées aux points de litige qui partagent les historiens sur le plan de l’histoire des idées. Nous voulons comprendre comment sont expliqués les faits chez les principaux acteurs de l’histoire de la francophonie du Canada. Dans cette optique, nous ferons une lecture thématique des récits

rapportés par les manuels des éditions CEC pour cerner les pistes d’interprétation reliées aux écoles de pensée historiographiques de la francophonie canadienne. Dans le tableau suivant, nous avons résumé ces grandes pistes d’interprétation sachant que tous les auteurs rattachés à un courant nuanceront le dénominateur commun que nous proposons ici :

Figure 6. Grille d’analyse

Histoire économique et sociale Histoire normale ou histoire révisionniste

Histoire post- révisionniste Société

civile

Elle est dominée par les idées des élites et de l’Église jusqu’à la Révolution tranquille.

Elle n’est pas dominée par les idées de l’Église. La société civile arrive à se moderniser aux mêmes rythmes des autres nations du monde.

Elle est influencée par l’Église et les élites qui répondent à ses

besoins.

Élite laïque

L’élite est influencée par les idées de l’Église jusqu’à la Révolution tranquille.

L’élite laïque a des idées qui lui sont propres et arrive à nuancer les idées au Québec. Celles-ci en viennent à changer de plus en plus pendant le 20e siècle et propulsent

l’industrialisation du Québec. Elle possède en partie des idées propres au Nouveau Monde ouvertes depuis la révolte des États-Unis. La Révolution tranquille est un moment d’accélération plus que de ruptures.

L’élite laïque est fortement inspirée par les idées

modernisatrices de l’Église. L’élite laïque prend les rênes avec la Révolution tranquille.

Église L’Église domine depuis la Nouvelle-France (École de Montréal) jusqu’ à la sortie des Rébellions (École de Québec). Elle est marquée par une mentalité d’Ancien régime (colonisation de la terre, conservatisme, foi protectrice de la langue, ultramontanisme) qui domine le paysage jusqu’en 1960.

L’Église est une institution forte qui baisse en pouvoir au fil des décennies. Son discours est marqué par une mentalité d’Ancien régime (colonisation de la terre, conservatisme, foi protectrice de la langue, ultramontanisme) qu’on accélère à remplacer lors de la Révolution tranquille.

L’Église en vient à jouer le rôle d’État pour la francophonie canadienne. L’Église protège la langue par la foi, mais permet à la société de se

moderniser. La

Révolution tranquille a été propulsée par des clercs eux-mêmes.

La présente recherche parcourt les manuels des éditions CEC de 2006 et de 2017 en suivant la périodisation qu’ils proposent pour caractériser les actions a) de la société civile, b) de l’élite laïque et c) de l’Église catholique. Adopter un cadre d’analyse aussi sobre a pour objectif de laisser les manuels parler d'eux-mêmes. Notre examen se composera donc d’une mise en récit des savoirs présentés dans Présences, puis dans Périodes en fonction des coupages utilisés par ces manuels. L’intégral des données sont présentées en annexes. Elles sont mises à la disposition du lecteur sans lui imposer de les traverser pour avoir accès aux résultats qui suivent. Ces derniers sont composés des divergences et des ressemblances recoupant les savoirs des manuels. L’on pourra ainsi examiner par rapport à quel(s) courant(s) le manuel des éditions CEC se situait lors de la réforme de 2006 (si un positionnement est décelable) et de discuter si ce positionnement a évolué en 2017. En quelque sorte, nous postulons que les manuels de 2006 et de 2017 ont leur propres KVP. L’on cherche à évaluer comment ce KVP se reflète dans les savoirs et à surligner toutes nuances dans l’approche des débats traités par les courants historiographiques. Bref, cette méthodologie nous permet de mieux comprendre la façon dont les valeurs et les pratiques sociales se transposent dans le travail des concepteurs de matériel pédagogique et les concepteurs des programmes les savoirs savants débattus par les historiens. On mettra en lumière également où le nouveau programme se situe désormais par rapport aux observations faites dans le Sens de l’histoire. On ne leur fait pas directement référence selon Lemieux. Nous vérifierons également cette conclusion.

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