Chapitre 1 : Les réseaux d’antennes et leurs déclinaisons
I. 2.5.4.3. Les réseaux en réflexion
I.2.7. Les limites de l’approche analytique des réseaux phasés
La méthode la plus simple pour synthétiser un réseau d’antennes consiste à supposer
que les diagrammes de rayonnement de chaque élément du réseau sont identiques et à
négliger la présence de couplages comme nous l’avons fait précédemment.
L’équation 𝑬
𝑴= 𝑬
𝒔(𝒓, 𝜽, 𝝋). 𝐹𝑅(𝜃, 𝜑) déterminée en I.2.1 peut alors être utilisée afin de
déterminer de manière analytique le champ rayonné par l’antenne.
Cette approximation permet d’obtenir de bons résultats si l’espacement interéléments
est suffisant pour rendre les couplages négligeables et si les dimensions du réseau sont
suffisamment importantes pour que les effets de bord soient minimes. Le fonctionnement d’un
tel réseau est schématisé sur la Figure 26. Cette approche peut ainsi être utilisée pour réaliser
des études analytiques pour comprendre le fonctionnement des réseaux et estimer rapidement
leurs performances.
Figure 26 : approximation du fonctionnement d'un réseau utilisé pour une étude analytique
Néanmoins, cette simplification échoue à modéliser finement le fonctionnement d’un
réseau d’antennes. En effet, au sein d’un réseau, des couplages entre les éléments existent
et ont un impact sur le fonctionnement de l’antenne, d’autant plus important que la distance
interéléments est réduite pour diminuer les lobes de réseau. Le fonctionnement d’un réseau
réel est traduit par la Figure 27.
Figure 27 : schéma de fonctionnement d'un réseau réel
L’apparition de couplages entre les éléments du réseau d’antennes implique la présence
d’ondes incidentes dans chaque port qui vont engendrer :
Rayonnement global du réseau Eléments du réseau Circuits d’alimentation Rayonnement global du réseau Couplages inter éléments Eléments du réseau Circuit d’alimentation
• Une modification des diagrammes de rayonnements 𝜙
𝑖, de chaque élément. Les
diagrammes 𝜙
𝑖, sont ainsi appelés diagrammes environnés, ils se distinguent des
diagrammes non environnés par des modifications du gain, de la direction de
rayonnement maximal…
• La présence d’une onde incidente dans chaque port de l’antenne. Nous notons
l’intensité de ces ondes incidentes 𝑏
𝑖sur la Figure 27. Ces ondes incidentes vont
modifier les coefficients de réflexion, en fonction des ondes émises 𝑎
𝑖. Par ailleurs,
l’énergie incidente peut entraîner des pertes et détériorer les systèmes connectés en
amont de l’antenne (amplificateurs, déphaseurs…) ; il est par conséquent nécessaire
de protéger ces circuits, par exemple en utilisant des circulateurs/isolateurs, ce qui est
une nouvelle source de pertes. Ce phénomène explique que la gestion du TOS actif
(c’est-à-dire les taux d’onde stationnaire lorsque tous les éléments du réseau sont
excités) se complexifie au sein d’un réseau d’antennes.
Les couplages interéléments peuvent être modélisés et évalués en utilisant les paramètres
S du réseau.
D’autres effets apparaissent dans le cas d’un réseau réel :
• Les ondes de surface désignent une onde se propageant le long d’une interface entre
deux matériaux de permittivités différentes. Elles sont particulièrement importantes
dans le cas des antennes utilisant des diélectriques comme les antennes patchs. Elles
entraînent une dégradation des performances du réseau d’antennes en augmentant
les couplages mutuels. De plus, en arrivant sur les bords du réseau, ces ondes de
surface peuvent être diffractées ou réfléchies, ce qui perturbe encore le rayonnement.
Au sein d’un réseau, les ondes de surface peuvent aussi créer des directions de
rayonnement aveugles [20], ce qui est problématique dans le cas d’un réseau à agilité
de faisceau. La Figure 28 illustre le phénomène d’onde de surface.
• Les effets de bord regroupent un ensemble de phénomènes physiques découlant de
la rupture de périodicité de la structure. Le rayonnement environné des éléments
placés sur le bord d’un réseau est ainsi fortement perturbé car les couplages impactant
ces éléments sont fortement différents. Par ailleurs, des diffractions sont aussi
présentes sur les bords d’un réseau, ce qui modifie son rayonnement.
I.2.7.2. Modélisation des réseaux réels
Pour assurer le bon fonctionnement d’un réseau d’antennes, les phénomènes présentés
précédemment doivent être pris en compte lors de sa conception. Les nombreuses méthodes
conventionnelles de synthèses existantes peuvent être regroupées dans deux catégories
principales :
• Les méthodes exactes comme la méthode « full wave »,
• Les méthodes simplifiées « à structure périodique infini ».
Il ne s’agit pas ici de dresser un inventaire de ces approches, la littérature étant abondante
sur le sujet. Nous résumons uniquement leur cadre d’utilisation.
Les méthodes exactes sont par définition très précises et peuvent être utilisées pour de
petits réseaux. Elles consistent à réaliser une simulation complète du réseau en prenant en
compte l’ensemble des phénomènes radioélectriques se produisant [21]. Malheureusement,
la puissance de calcul nécessaire à ces méthodes augmente considérablement avec la taille
des réseaux. C’est pourquoi il est nécessaire d’avoir recours à des approximations pour
concevoir des antennes comprenant un nombre d’éléments importants.
Les méthodes « à structure périodique infinie » se basent sur la simulation des
caractéristiques d’un seul élément plongé dans un réseau infini. Ces méthodes prennent en
compte les couplages interéléments (bien que de manière simplifiée, puisque chaque élément
du réseau est considéré comme étant également couplé), mais négligent les effets de bord et
les ondes de surface. Cette méthode s’avère très efficace dans le cas des réseaux d’antennes
de grandes dimensions dans lesquels les effets de bords peuvent être négligés.
Au-delà de ces problématiques de modélisation, pour limiter la complexité des réseaux
phasés et en particulier de leur réseau formateur de faisceaux, de nombreuses études ont été
réalisées, visant à optimiser la structure géométrique des panneaux rayonnants. L’objectif est
de diminuer le nombre d’éléments rayonnants sans réduire les performances du système.
Nous allons présenter les principales voies d’études possibles, ce qui permettra de fixer le
périmètre des travaux de cette thèse.
I.3. Les réseaux à distribution non uniforme
Dans le document
Études de nouvelles architectures d’antennes hybrides reconfigurables
(Page 38-41)