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CHAPITRE 2 : La méthodologie du projet de stage, volet académique

3.2 Les influences culturelles et religieuses

Ces femmes aux origines diverses signalent des influences culturelles pertinentes pour le présent projet de recherche. Hannou rapporte que les seuls actes violents de la part de ses parents étaient des corrections. Selon elle, ces comportements sont habituels et inscrits dans la culture marocaine :

J'ai reçu quelques fessées lorsque j'étais petite. Mais pas plus que ça. Il n'y avait pas de violence verbale ni physique chez moi. [...] Mais, c'est un peu dans la culture chez nous. (Hannou, 35 ans)

Elle explique également qu'à la mort de son père, l'héritage a été distribué inéquitablement dans la famille. En effet, les femmes auraient reçu beaucoup moins que les hommes. Mais, encore là, ce serait une pratique courante d'où elle vient :

Les gars ont deux fois plus que les filles et la mère a deux fois moins que la fille. Elle a la moitié de la fille. C'est-à-dire que mes frères ont huit hectares chaque. [...] Moi et mes sœurs, on a quatre hectares chaque, ma mère en a deux. Il a aussi laissé une maison, au [pays d’origine]. Une maison de quatre étages. Pas à la ferme, mais dans la petite ville à côté de la ferme. Ma mère me l'a vendu pour un dollar. [rires](Hannou, 35 ans)

Hannou estime que, suite au décès de son père, elle aurait eu besoin d'aide psychologique. Elle explique que, toujours dans sa culture, ce n'est pas chose commune que de demander de l'aide et encore moins de rencontrer un psychologue :

Dans ma culture, on fait les choses par nous-mêmes. C'est-à-dire que c'est pas très connu, voir un psychologue, ou une assistante, ou je sais pas trop... (Hannou, 35 ans)

De son côté, Clara se considère chanceuse que les origines de son père ne se soient pas trop fait sentir dans son éducation, et ce, plus spécialement sur certains points. En effet, elle attribue à cette culture une vision stricte par rapport à l'importance de l'école, de la famille et de la religion. Elle souligne que les gens, dans son pays d’origine, seraient particulièrement durs envers la drogue et la criminalité :

C'est :« Tu vas à l'école, tu fais tes études, tu fais ton travail, tu te trouves un métier ». Faut que tu fasses quelque chose. Faut que tu rentres de bonne heure. Faut pas que tu te tiennes avec les bums, faut que tu pries, faut que tu ailles à l'église. [...] L'église, la prière. La relation de famille, c'est important. [...] Quand on peut, on se réunit tous pis on soupe ensemble, avec ma mère pis les enfants. Ça a toujours resté. Je pense que... C'est important. C'est là qu'on parle le plus de nos affaires.(Clara, 36 ans)

Amélie, de son côté, raconte que la sexualité était un sujet tabou dans sa famille. Que ce soit un vestige du catholicisme ou de la vie en région plus éloignée au Québec, elle juge ne pas avoir reçu l'éducation nécessaire sur le sujet :

On m'a jamais dit ces choses-là. On parlait pas de ça. Chez nous, c'était genre : « La sexualité, c'était quand tu es mariée ». Tout ce que je savais, c'est qu'on pouvait faire l'amour quand on est marié. Point barre. Pis je suis pas née dans les années 40 [...]. C'est le début des années 80. [...] C'était assez fucké. (Amélie, 43 ans)

Même si elles ont des origines diversifiées, les trois femmes ont en commun d'avoir besoin de croire en une force supérieure quelconque. Elles affirment que, malgré qu'elles aient oublié cet aspect alors qu'elles étaient dans la rue ou dans la consommation, elles ont repris contact avec la spiritualité à divers moments dans leur vie. Elles disent aussi avoir délaissé les formalités en lien avec leur religion pour ne garder que ce qu'il leur fait du bien. Hannou, qui dit croire en son dieu, explique être restée attachée aux croyances véhiculées par ses origines, bien qu'elle ne pratique plus aujourd'hui :

Je crois en Dieu, j'ai la foi. C'est sûr. Je suis xxx, non-pratiquante. C'est ça, je pratique pas. Je veux dire, je fais pas les prières, je fais pas les fêtes, parce que c'est trop me demander pour ma discipline à moi. Mais je crois en Dieu, je crois en mon Dieu de ma petite enfance. (Hannou, 35 ans)

Du côté de Clara, la religion paraît s'être particulièrement inscrite dans son parcours de vie lorsqu'elle a fait des arrêts respiratoires suite à des surconsommations de drogues. En frôlant la mort, elle dit avoir repris contact avec un Dieu qu'elle avait laissé de côté pendant plusieurs années. Pour elle, la prière aide à se recentrer sur soi-même et à évacuer les pensées et les émotions négatives :

Je me suis dit : « Lui il vient de me lancer un signe. Prend-toi en main parce que... Tu resteras pas longtemps ». C'est de là que j'ai commencé à prier. [...] Moi j'ai besoin de croire en quelque chose. Quand j'ai quelque chose à confier, que j'ai de la peine ou whatever, il faut que quelqu'un m'entende quelque part, sans nécessairement être obligée d'aller chercher quelqu'un ou de le dire verbalement. Soit de l'écrit, ou je fais juste prier. [...] Ça calme pis ça fait enlever les mauvaises pensées pis tout le négatif. (Clara, 36 ans)

Enfin, Amélie, elle, dit ne s'être jamais réellement identifiée au catholicisme, bien qu'elle présume que ses croyances viennent de là. Elle révèle s'être approprié sa manière de voir la spiritualité en lien avec ses expériences de vie en général. Entre autres, elle dit croire que sa mère aujourd'hui décédée accomplit le rôle de protection qu'elle n'a pu faire alors qu'elle était en vie :

Je suis croyante, pour être croyante je suis croyante. [...] Je crois en Dieu tel quel, pis je crois beaucoup en ma mère qui est décédée, qui est proche de moi et qui a pas pu m'aider de son vivant pis qui est là maintenant pour me... Ouais, je crois que je suis protégée parce qu'il aurait pu m'arriver tellement d'affaires dans ma vie pis je suis encore là. Ça se peut pas que ça soit juste le fruit du hasard... Je crois qu'il y a plus grand que moi, plus fort que moi. Pis ça me fait du bien de croire que je peux m'abandonner pis quand que c'est trop, de pouvoir déléguer, de pouvoir dire : « Ok, prends ça, parce que moi je suis pas capable de le gérer, c'est trop ». (Amélie, 43 ans)

Il apparaît donc que l’apport de la religion s'est manifesté lors de période où chacune des femmes rencontrées avait besoin de trouver un sens à sa vie pour être rassurée et les aider à surmonter des épreuves difficiles.