• Aucun résultat trouvé

Les inégalités territoriales (comparaison avec l’étude FORMADOC)

4 Etude descriptive réalisée en milieu urbain (Grenoble et agglomération

4.3 Discussion

4.3.2 Les inégalités territoriales (comparaison avec l’étude FORMADOC)

4.3.2.1 Dates des études

Les deux études n’ont pas été réalisées à la même période de l’année. En effet, l’enquête FORMADOC a été réalisée entre le 25 octobre et le 20 décembre 2008, c’est-à-dire à la fin du mois d’octobre (Octobre Rose). L’étude réalisée en milieu urbain a été effectuée entre le 15

165

avril et le 1er juillet 2013, c’est-à-dire après la campagne Mars Bleu pour le dépistage organisé du cancer colorectal. Ces périodes diamétralement opposées au cours d’une année civile ont pu influencer les réponses des participants (en fonction des campagnes de dépistage).

4.3.2.2 Lieux des études

Les deux enquêtes ont certes été réalisées dans la même région (Rhône-Alpes) mais elles n’ont pas été faites dans le même département. Ceci peut constituer un biais puisque les centres de gestion des dépistages organisés sont départementaux et par conséquent pas organisés de la même façon. Cependant, le travail est sensiblement le même qu’il soit fait par l’association Vivre ! dans la Loire ou par l’ODLC en Isère, ce biais est donc à nuancer.

Les historiques différents des deux départements (l’Isère a été département-pilote pour le dépistage organisé du cancer colorectal contrairement à la Loire) peuvent influencer les connaissances des Ligériens et des Isérois.

4.3.2.3 La grille d’observation des pharmacies

Il n’y avait pas, lors de l’étude FORMADOC de « véritable zone de confidentialité » dans les officines étudiées. En 2013, ces zones de confidentialité au sein des pharmacies sont devenues un espace obligatoire afin de mettre en place les entretiens pharmaceutiques (77).

Il y avait plus de brochures concernant les dépistages organisés des cancers en milieu rural en 2008 qu’en milieu urbain en 2013. Cette constatation pourrait être liée au fait que l’étude FORMADOC a été réalisée pendant le mois d’octobre, mois officiel de la campagne de dépistage du cancer du sein (Octobre Rose). A cette occasion, des brochures sur ce sujet sont susceptibles d’avoir été mises en avant contrairement aux autres mois de l’année. L’étude réalisée en milieu urbain n’a pas eu lieu ni pendant le mois d’Octobre (Octobre Rose pour le cancer du sein), ni pendant le mois de Mars (Mars Bleu pour le cancer colorectal)).

166

L’emplacement des brochures et affiches de prévention semble jouer un rôle majeur vis-à-vis des patients. Il est donc primordial de ne pas négliger leur place au sein de l’officine. Plus elles sont mises en avant (présentoirs, écrans au-dessus des comptoirs…), plus les patients sont attentifs aux messages délivrés.

4.3.2.4 Le questionnaire pharmacien/préparateur

En ce qui concerne les connaissances des officinaux sur les dépistages organisés des cancers, les équipes officinales de Grenoble et son agglomération ont peu choisi la réponse « Non, pas du tout » contrairement au milieu rural lors de l’étude FORMADOC. Deux hypothèses pourraient permettre d’expliquer cette différence :

- Comme dit précédemment, ces deux études n’ont pas été réalisées à la même période et le dépistage du cancer colorectal était moins connu en 2008 (car il venait d’être généralisé sur le territoire français) qu’en 2013, lors de l’étude en Isère (qui a été en plus département pilote pour ce dépistage).

- Les officines sélectionnées sont des pharmacies possédant l’agrément de maîtres de stage et ont l’habitude d’accueillir des étudiants en pharmacie. Les étudiants peuvent être une « source d’information » supplémentaire pour les titulaires d’officine et les équipes officinales. De plus, la faculté de Grenoble est réputée pour former les étudiants à prendre en charge les patients dans leur intégralité (pharmacie clinique, éducation thérapeutique…) les informer et les responsabiliser le plus possible à la prévention des pathologies.

167 4.3.2.5 Le questionnaire patient

4.3.2.5.1 Le dépistage organisé du cancer du sein

Les femmes de Grenoble et de son agglomération connaissent moins l’existence du dépistage organisé du cancer du sein que dans le département de la Loire en 2008.

Les sources d’information sont également différentes en fonction des deux territoires. En effet, lors de l’étude FORMADOC, les femmes ont majoritairement été informées par l’association Vivre ! alors que la réponse « information par une association » a été moins choisie en milieu urbain. Dans le questionnaire proposé aux patientes, nous aurions peut-être dû rajouter ODLC de manière explicite en face de la réponse « par une association ». La valeur pour cette réponse aurait certainement été différente. En revanche, en milieu urbain, une des principales sources d’information est le gynécologue contrairement au milieu rural. Les grandes villes comme Grenoble concentrent les spécialistes tels que les gynécologues qui sont donc moins nombreux en milieu rural.

En revanche, une contradiction apparait lorsqu’on regarde le taux de participation au dépistage individuel. En effet, il était plus important en 2008 en milieu rural (36,7%) qu’en 2013 en milieu urbain (21,6%). Le suivi par un gynécologue, est d’après l’étude FADO - sein (35), un facteur de non-participation au dépistage organisé du cancer du sein. Les études n’ayant pas été réalisées à la même période, il est possible que le dépistage organisé ait gagné du terrain et que cette constatation ne soit plus vraie dans la Loire en 2013 (implication des gynécologues à la participation au dépistage organisé du cancer du sein).

Le taux de participation au dépistage organisé du cancer du sein n’est cependant pas dépendant des territoires puisqu’il n’y a pas de différence entre le milieu urbain et le milieu rural.

La distance entre le domicile des patientes et le centre de radiographie ne semble pas être un frein à la participation au dépistage organisé du cancer du sein car cette réponse n’a jamais été

168

choisie en milieu rural contrairement à ce que l’on aurait pu penser, et une seule fois en milieu urbain (différence non significative).

4.3.2.5.2 Le dépistage organisé du cancer colorectal

Les sources d’information concernant l’existence du dépistage du cancer colorectal présentent des différences entre le pays Roannais (84,8%) et la ville de Grenoble et son agglomération (94,4%). Le médecin traitant et le gastroentérologue jouent un rôle prépondérant en milieu urbain mais cela s’explique par le fait que lors de l’étude FORMADOC, le dépistage organisé du cancer colorectal venait d’être généralisé à tout le territoire français depuis une année alors que l’Isère étant un département pilote depuis 2002 pour ce dépistage. De plus les spécialistes tels que les gastroentérologues sont plus nombreux en milieu urbain et les patients semblent s’y rendre plus facilement.

Les connaissances et le taux de participation au dépistage organisé sont différents dans ces deux études, mais comme précédemment, on peut mettre cet écart sur le compte de la date des études.

En 2008, ce dépistage semblait être un sujet encore très « tabou » en milieu rural car il était mal connu et peu de personnes souhaitaient avoir des informations complémentaires sur le sujet. En 2013, la population urbaine, qui connait plus ce dépistage, est plus demandeuse d’informations auprès du pharmacien ou d’un autre professionnel de santé. Ceci met en évidence le fait que, même si le dépistage est de plus en plus connu, il est nécessaire d’apporter continuellement des conseils et des explications aux patients afin de les rassurer, pour que les tests soient effectués régulièrement et en toute confiance et par conséquent réussir à faire augmenter le taux de participation.

169 4.3.2.5.3 Le dépistage et la pharmacie

Près d’un quart de la population urbaine avoue avoir déjà demandé des informations sur les dépistages organisés des cancers à leur pharmacien. Ce chiffre était très inférieur en milieu rural en 2008 (moins de 10%). Lorsqu’on interroge les personnes sur le fait de demander des informations sur les dépistages organisés des cancers à leur pharmacien et à leur médecin, les réponses entre le milieu rural et le milieu urbain sont également divergentes. Cependant, il faut noter que les deux études ont été réalisées à 5 ans de différence, dans des départements différents, alors que le dépistage organisé du cancer colorectal venait d’être généralisé à tout le territoire français lors de l’étude FORMADOC. Cette différence est la preuve que les mentalités ont déjà évolué depuis ces cinq dernières années ; de plus en plus de personnes estiment que le pharmacien est capable de répondre à leurs questions sur le sujet des dépistages organisés des cancers.