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2 Les dépistages organisés en France

2.4 Le dépistage organisé du cancer colorectal

2.4.2 Méthodologie du dépistage organisé du cancer colorectal

2.4.2.4 Efficience du programme de dépistage

Comme pour le dépistage organisé du cancer du sein, ce programme est justifié cependant pour une diminution notable de la mortalité, il serait nécessaire que la moitié de la population

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cible participe au dépistage organisé. L’objectif du Plan Cancer 2009 – 2013 fixait un taux de participation au dépistage organisé du cancer colorectal de 60% (49).

2.4.3 Le taux de participation

Près de 5 millions de personnes ont réalisé le test de dépistage organisé du cancer colorectal sur la période 2011-2012 ce qui correspond à un taux de participation de 31,7%. Ce chiffre est stable par rapport à la période précédente mais reste encore loin des objectifs fixés par le Plan Cancer 2009-2013 (50).

Comme pour le cancer du sein, de fortes disparités sont présentes entre les régions. L’Alsace et la Bourgogne sont les meilleurs élèves en la matière avec des taux de participation supérieurs à 40% (respectivement 44,1% et 42,9%). En bas du tableau, on retrouve la Corse avec un taux inférieur à 10% (7,1%).

La région Rhône-Alpes dépasse la moyenne nationale avec un taux de participation de 33,2% pour la période 2011-2012 (50) (Figure 5).

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Figure 5 : Programme de dépistage organisé du cancer colorectal – Années 2011 -2012 – Taux de participation régionaux standardisés (Population de référence : France 2009) (50)

Le taux de participation sur la période 2011-2012 est également très différent en fonction des départements. Les meilleurs taux de participation sont retrouvés dans le Haut-Rhin (47,1%), la Saône et Loire (51,4%) et l’Isère (44,2%). 10 autres départements ont des taux de participation supérieurs à 40% (Bas-Rhin, Côte d’Or, Yonne, Ille-et-Vilaine, Cher, Indre-et- Loire, Loir-et-Cher, Ardennes, Marne et Loire-Atlantique). Parmi ces 13 départements ayant un taux de participation élevé, 8 faisaient partie de la période d’expérimentation : ils étaient appelés « départements-pilotes » et ont pu bénéficier du programme de dépistage du cancer colorectal avant les autres départements.

En revanche, de nombreux départements restent à un taux de participation en dessous de 25% sur la même période (Guyane, Paris, Hauts-de-Seine, La Réunion, Aude, Hérault, Lozère, Creuse, Alpes-Maritimes) voire en dessous de 10% (Corse). Pour 6 de ces départements, le dispositif a été mis en place tardivement (Décembre 2007-Mars 2008 voire après) ce qui leur

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laisse une marge de progression pour les années à venir. En revanche, l’Hérault et les Alpes- Maritimes sont les « mauvais élèves » puisqu’ils faisaient partie de l’expérimentation pour le dépistage du cancer colorectal pourtant leur taux de participation ne dépasse pas les 25% (50). Pour la suite de ce travail, l’Isère et la Loire ont été comparée cependant, ces deux départements ne sont pas rentrés en même temps dans le programme de dépistage organisé du cancer colorectal ; l’Isère faisait partie des « départements-pilotes » depuis 2002 alors que le département de la Loire n’a intégré le dispositif qu’en Septembre 2007 (47) (Figure 6).

Figure 6 : Programme de dépistage organisé du cancer colorectal – Années 2011 -2012 – Taux de participation départementaux standardisés (Population de référence : France 2009)

52 2.4.4 Facteurs d’adhésion et freins à la participation

L’étude FADO colon (Facteurs d’adhésion au Dépistage Organisé du cancer du côlon) (47) (51) a montré que le fait d’être une femme et d’être sensibilisée à d’autres dépistages (cancer du sein et cancer du col de l’utérus) favorisait la participation au dépistage organisé du cancer colorectal.

En revanche, les freins à la participation restent nombreux : 36% des personnes ont déclaré avoir d’autres problèmes à ce moment-là, 26% ne sont pas convaincus par ce dispositif, 14% des personnes ne se sentent pas concernées. La peur des résultats intervient à hauteur de 9% et 4% des répondants estiment avoir manqué d’explication pour la réalisation du test (51). Le fait d’être un homme et de ne pas vivre en couple est un facteur de non-participation au dépistage organisé du cancer colorectal. Cette étude a également montré que les personnes jeunes (<60 ans) participaient moins au test Hémoccult II® et les raisons financières (notamment l’absence de mutuelle) augmentaient cette non-participation (51).

2.4.5 Perspectives d’évolution

Des appels d’offres ont été lancés en 2013 pour que les tests immunologiques remplacent le test au gaïac dès 2014. Ce test a été approuvé par la Haute Autorité de Santé en 2008.

Grâce à l’utilisation d’anticorps monoclonaux ou polyclonaux spécifiques de la partie globine humaine, le test permet de détecter l’hémoglobine humaine dans le prélèvement de selles analysé.

Le test immunologique présente de nombreux avantages en comparaison avec le test au gaïac :

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- Il est plus sensible et plus spécifique ; en effet il est capable de détecter 2 à 2,5 fois plus de cancers et 3 à 4 fois plus d’adénomes avancés avec des saignements plus faibles.

- Sa lecture automatisée permet une meilleure standardisation et une diminution du nombre de tests non analysables. La lecture quantitative du test permet de choisir un seuil de positivité ; l’assurance qualité en est donc renforcée.

- L’utilisation du test est plus simple puisqu’un seul prélèvement de selles est nécessaire contre 6 pour le test au gaïac. De plus, la technique de prélèvement est plus fiable, la manipulation des selles sera limitée et l’ergonomie du test sera mieux étudiée. L’acceptabilité de ce test par la population serait donc augmentée.

- Le test étant plus fiable, le nombre de coloscopie serait donc diminué. En effet, cet examen est considéré à risque faible mais des complications peuvent apparaitre. Les plus courantes sont les perforations de la paroi intestinale, les hémorragies et dans le cadre du dépistage organisé du cancer colorectal, très rarement, le décès de l’individu (47).

L’avenir du test immunologique semble prometteur. Sa supériorité par rapport au test au gaïac dans de nombreux domaines et pour un coût qui serait « raisonnable pour la société » (47) le place en position favorable pour les années futures. Les évaluations permanentes par les autorités compétentes du test et de l’organisation du dépistage permettront d’améliorer régulièrement ses modalités d’utilisation.