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I. INTRODUCTION

I.3. Facteurs de Risque

I.3.3. Les inégalités socio-économiques

En France comme dans le Monde entier, il est bien démontré qu’il existe une corrélation entre problèmes de surpoids et zones de précarité sociale.(6),(11)

Il a été montré une relation inverse entre le statut socio-économique et le risque de surpoids et d’obésité.

Les conditions sociales et économiques interagissent et influencent l’état de santé des populations. En 2008, l’OMS formulait la définition des déterminants sociaux de la santé de la manière suivante : « Les déterminants sociaux de la santé sont les circonstances dans lesquelles les individus naissent, grandissent, vivent, travaillent et vieillissent ainsi que les systèmes mis en place pour faire face à la maladie », ces circonstances étant déterminées par des forces politiques, sociales et économiques.

En 2009, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) soulignait que si l’on observe des inégalités sociales de santé (morbidité, mortalité, santé perçue, santé fonctionnelle) dans tous les pays à des degrés divers, les inégalités de mortalité demeurent dans notre pays plus importantes que dans d’autres pays européens et se sont aggravées au cours des dernières décennies.(12)

De nombreuses recherches se sont attachées à identifier les facteurs de ces inégalités de santé. Parmi ceux qui ont été avancés on trouve : les conditions de vie, et notamment de travail, les modes de vie et comportements à risque, l’effet de la structure sociale ; ces facteurs ayant un rôle cumulatif au cours de la vie. La causalité inverse existe également, selon laquelle l’état de santé explique en partie les différences de revenus.

En France, comme dans beaucoup de pays à économie développée, la prévalence de l’obésité et du surpoids est plus élevée chez les enfants des catégories socio-économiques inférieures. L’Enquête Nationale de Santé en milieu scolaire réalisée en 2014-2015 auprès des élèves scolarisés en grande section de maternelle, en CM2, et en 3ème, met en évidence de fortes

inégalités sociales.

Cette enquête montre que la prévalence de l’obésité selon le groupe socioprofessionnel des parents est toujours plus élevée parmi les enfants « d’ouvrier » que parmi ceux de « cadre ». La proportion d’enfants obèses s’élève ainsi respectivement à 5,8 % pour les ouvriers contre 1,3 % pour les cadres en grande section de maternelle et 5,5 % contre 1,4 % en CM2. (13)

Figure 6 : ENS 2014-2015 : Prévalence de la surcharge pondérale et de l'obésité selon le groupe

socioprofessionnel des parents d'enfants en grande section de maternelle.

Les inégalités socioéconomiques touchent particulièrement la région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA).

Selon l’ORS PACA sur les données INSEE de 2013, la région PACA se caractérise par l’importance des bas revenus, et par un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale (14,6% vs 13,6%). (17)

En 2013, 17,3% des habitants de Provence-Alpes-Côte d’Azur vivaient sous le seuil de pauvreté, contre 14,5% en France. La région était la 4ème de France la plus touchée, derrière la Corse (20,2%), le Languedoc-Roussillon (20,1%) et le Nord-Pas-de-Calais (19,4%).

En PACA, la pauvreté a progressé de 9 % dans la région entre 2006 et 2013 (+ 9,8% en France). Ce qui caractérise le plus cette région, c’est sa différence de niveaux de vie qui fait partie des plus importante de France.

Les inégalités sociales les plus marquées sont relevées dans le département des Bouches-du- Rhône alors que le département des Hautes-Alpes est le moins touché.

Dans les Bouches du Rhône les situations de pauvreté y sont plus fréquentes que dans le reste de la région. En 2015, 1 habitant sur 5 (19,7 %) disposait de bas revenus dans le département, second chiffre le plus élevé de la région (17,6 %) derrière le Vaucluse (20,9 %). (14)

De même, le taux de pauvreté des jeunes âgés de moins de 30 ans atteignait 27,1 % dans le département, un chiffre plus élevé que dans la région (25,2 %) et qu’en France (22,8 %). Les personnes disposant de faibles revenus étaient particulièrement nombreuses à Tarascon (29 %), Marseille (25 %), Arles (24,7 %) et dans certaines communes du pourtour de l’étang de Berre, comme Port-de-Bouc (36,7 %) ou Miramas (23,6 %).

En effet, le territoire de l’étang de Berre n’échappe pas à ces inégalités socio-économiques. Il comprend les secteurs de 4 équipes de PMI (Istres, Marignane, Martigues et Vitrolles). Selon les données de l’INSEE en 2015 la population sur ce territoire était de 313 343 habitants. (18). Les indices de précarité par secteur de PMI en 2013 étaient les suivants, du moins précaire, au plus précaire : Marignane : 0,72 ; Istres : 0,78 ; Vitrolles : 0,88 ; Martigues : 1,04. Un indice de précarité supérieur à 1 signifie que le secteur est plus précaire que l’ensemble du département.

A l’intérieur même de chaque secteur, si l’on considère les taux de pauvreté des différentes communes, on observe d’importantes variations : de 7% à Carry-le-Rouet à 21,7% à Port-de- Bouc. Sur l’ensemble des Bouches-du-Rhône, ce taux atteint 18,6% en 2015.

Les inégalités sociales sont très marquées dans les Bouches-du-Rhône. Le niveau de vie des plus modestes y est très faible et les revenus des plus aisés y sont supérieurs à la moyenne régionale. En 2014, le rapport de revenus entre les 10 % des ménages les plus pauvres et les

10 % les plus aisés dans le département était de 8,2, le plus élevé de la région (6,8 dans la région).

Au dernier trimestre 2017, 10,7 % des habitants des Bouches-du-Rhône âgés de 15 à 64 ans étaient au chômage, soit le troisième taux le plus élevé de la région (10,4 %) derrière le Vaucluse et les Alpes-de-Haute- Provence. La ville de Marseille, les communes du pourtour de l’étang de Berre et celles de Camargue étaient particulièrement touchées par le chômage.

Au-delà de la précarité financière qu’il engendre, le chômage a de nombreuses conséquences sur la santé : il favorise notamment l’apparition ou l’aggravation de certains problèmes de santé (maladies cardiovasculaires, cancers, dépression…).

En 2016, dans le département des Bouches-du-Rhône, on estimait à près de 86 500 le nombre d’assurés du régime général âgés de 20 ans ou plus traités pour un diabète, soit une prévalence standardisée de 6,5 %, la plus élevée de la région. Les communes du pourtour de l’étang de Berre et de Marseille se distinguaient du reste du département par des prévalences particulièrement élevées. (14)