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Les grands traits d’évolution au niveau des CAP

3. LES DIPLÔMES ET LA FORMATION

3.1. Les diplômes et leur évolution

3.1.3. Les grands traits d’évolution au niveau des CAP

De 1950 à 1974, deux CAP dans le domaine de la couverture

En 1950, deux CAP nationaux sont créés, l’un orienté vers les couvertures métalliques, l’autre vers les couvertures en ardoise. Le règlement d’examen précise que les épreuves pratiques ont lieu à des dates différentes pour permettre aux candidats de passer les deux diplômes la même année. Les deux CAP comportent une partie armatures métalliques et travaux de zinguerie.

Pour le CAP couvreur-zingueur, les épreuves pratiques prévoient la réalisation d’une portion de couverture en zinc avec la possibilité d’un entre-deux en ardoise ou en tuile. Les épreuves orales comporte une épreuve de technologie où sont abordées, outre les couvertures en zinc, les couvertures en plomb, en cuivre, en aluminium.

Pour le CAP couvreur-ardoisier, les épreuves pratiques prévoient la réalisation d’une portion de couverture en ardoise, avec une rive, un arêtier ou une noue. En technologie, le programme est le même mais est plus complet sur l’ardoise et plus général sur les autres matériaux.

Durant 25 ans, la co-existence de ces deux CAP confirment l’idée selon laquelle les différences sont telles entre la couverture par éléments et la couverture en « bande » ou en « plaque » que la maîtrise des techniques courantes dans ces deux champs peut être assimilé à une double professionnalité.

De 1974 à 1989 : le CAP de couvreur et le CAP de revétisseur étanchéiste

A ces deux CAP succède en 1974 le CAP couvreur visant les travaux de réalisation et d’entretien des différentes toitures rencontrées dans le bâtiment, sauf l’étanchéité des toitures-terrasses. Le titulaire du CAP doit pouvoir :

assurer la mise en œuvre sur des combles de formes simples (plan carré-arêtier), des différents matériaux utilisés couramment dans la profession ;

réaliser les ouvrages de récolte des eaux de pluie et en assurer l’évacuation

Le programme de l’examen précise que les épreuves pratiques comportent :

des opérations de formage, d’assemblage et de pose d’éléments métalliques ;

des opérations de préparation telles que voligeage, litonnage, tasseautage ;

des opérations de pose de matériaux naturels ou artificiels (ardoises, tuiles, bardeaux bitumés ! etc.) Le programme d’examen précise que les épreuves pratiques portent sur les éléments de couverture de préférence en zinc ou ardoises posées au crochet ou tuiles plates. Dans les épreuves de technologie, sont évoqués les bardeaux bitumés, les éléments en amiante-ciment, les bacs autoportants mais pas les tuiles canal. Le programme du diplôme tend à oublier les matériaux traditionnels mais pas de mentionner les produits industriels. Concernant les ouvrages, le programme d’examen précise :

« L’étude portera sur les principaux ouvrages de la profession en tenant compte de l’évolution des techniques. Elle intéressera les ouvrages dits « traditionnels-évolués », les éléments préfabriqués et débouchera également sur des notions d’industrialisation. L’accent sera mis sur la normalisation et la standardisation des éléments. »

A la fin des années 1980, la création d’un unique CAP avec un large spectre d’activités, mise sur une simplification de l’activité de pose et c’est donc tout naturellement qu’il exclut les matériaux bruts ou aux formes hétérogènes.

De 1988 à 2000 : CAP couverture et CAP étanchéité du BTP

Le programme du CAP couverture de 1988 abandonne définition de l’emploi et monographie du métier au profit d’un paragraphe intitulé « analyse de l’activité » dans lequel il ne subsiste aucune référence aux aspects spécifiques du métier. Le passage d’un intitulé de diplôme se référant au métier « CAP couvreur » à un intitulé se référant à une activité « CAP couverture » est bien symptomatique d’une conception qui oriente la construction de tous les référentiels de diplôme de cette époque :

« e titulaire du CAP couverture est amené à exercer des activités au niveau de l’ouvrier qualifié dans le cadre de la réalisation rationnelle d’un ouvrage de couverture. »

Suit l’énoncé de procédures très générales applicables à toutes activités. L’identité professionnelle de référence est celle de l’ouvrier qualifié et pas celle de l’ouvrier de métier :

• préparation des séquences opératoires,

• choix des matériaux et des procédés,

• réglage des machines,

• aménagement des postes de travail,

• autonomie, culture technique, compréhension des contraintes de qualité et de productivité de l’entreprise.

Le référentiel du diplôme se compose de deux parties :

• Une liste intitulée « savoir-faire professionnels » comprenant des capacités et compétences terminales énoncées dans des termes tellement généraux qu’ils renvoient à n’importe quelle activité

professionnelle. Il en est ainsi même pour la capacité « mettre en œuvre-réaliser » où on aurait pu s’attendre à trouver un vocabulaire renvoyant au métier et aux matériaux utilisés (tuiles, ardoises, gouttières…) mais où tout terme spécifique a disparu au profit d’un vocabulaire industriel de portée générale : trier et classer, tracer, utiliser rationnellement les outils, effectuer le découpage, effectuer l’assemblage des matériaux, appliquer les produits de traitement.

• Une liste de « savoirs technologiques associés » dont l’analyse révèlera qu’il s’agit surtout des savoirs requis dans les disciplines scientifiques.

A partir des années 2000, un retour vers une prise en compte du métier

Le fascicule édité par le ministère de l’Éducation nationale pour le CAP couverture de 1989 ne comportait pas de référentiel d’activité professionnelle et présentait directement le référentiel du diplôme. Un tableau occupant ¼ de page rappelait seulement le champ d’intervention du titulaire du diplôme – « les techniques du toit » – et en énonçait les tâches principales sous la forme d’une liste parfaitement standard et applicable à toutes les activités :

• Organiser le chantier

• Protéger

• Poser ou vérifier le support

• Tracer et mettre en œuvre

• Maintenir

En 2000, le référentiel du CAP de couvreur comporte, cette fois, un référentiel des activités professionnelles, précédé d’une introduction qui présente la « profession » et évoque ses évolutions, comme si la Commission professionnelle consultative (CPC) ayant élaboré et validé ce document, avait souhaité marquer la rupture avec l’esprit ayant présidé à la rédaction du référentiel précédent. La définition remarquable qui est donnée du couvreur, restaure l’image du métier et le qualifie en reconnaissant la place de la créativité, de la culture, du jugement.

« la fois du passé, du présent et de l’avenir, le couvreur puise son inspiration et sa maîtrise à toutes les sources du savoir. Il restaure et préserve les bâtiments anciens, répond aux exigences de bien-être d’aujourd’hui et innove par l’utilisation de produits issus de nouvelles technologies. »

Du point de vue des évolutions de la profession, les auteurs ont éprouvé le besoin de rappeler l’actualité des savoir-faire traditionnels, avant d’insister sur la diversité des ouvrages à réaliser et des techniques de mise en œuvre.

LE TRADITIONNEL EXISTE TOUJOURS. LES TECHNIQUES ET LES MATÉRIAUX ÉVOLUENT.

La couverture au sens général du terme est une activité qui évolue avec la pose de produits nouveaux et la mise en œuvre de matériaux relevant des dernières technologies. Les matériaux utilisés tels que l’ardoise, les tuiles, les métaux en feuilles ou en longues feuilles, les façonnés métalliques (zinguerie) continuent à faire largement appel à des savoir-faire traditionnels.

80 % des jeunes ne font que du neuf au cours de leur formation en alternance. Or les compétences pour le neuf sont plus aisées à acquérir: il faut apprendre à travailler vite et droit, on tombe assez vite dans la facilité et la routine. Pour l'ancien, il faut de la patience, il faut apprendre à aimer et à respecter ce qui n'est pas droit, à prévoir des calages pour que ça ne lève pas, pour réduire les bosses.

Cela explique le fait qu'au début, les jeunes n'apprécient pas de travailler sur de l'ancien, il leur faut du temps pour s'apercevoir que c'est finalement plus intéressant.