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LES FACTEURS PSYCHOSOCIAUX RELIÉS À LA DYSMORPHIE MUSCULAIRE

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Résumé

L’objectif de cette étude consiste à explorer les processus sous-jacents menant à la dysmorphie musculaire (DM). Étant donné que la DM partage plusieurs similarités symptomatologiques avec les troubles des conduites alimentaires (TCA), le modèle socioculturel de Stice (1994), originalement conçu pour expliquer les crises de boulimie, sera appliqué aux symptômes de la DM. Le modèle propose que les influences socioculturelles mènent à l’insatisfaction corporelle (au désir d’être plus musclé) qui mène aux crises de boulimie (dans ce cas-ci à la DM) directement et indirectement en passant par deux voies : la voie des affects négatifs et la voie comportementale. Pour ce faire, trois cent quatre-vingt-six hommes ont été recrutés parmi les étudiants et les employés de l’Université Laval et ont rempli des questionnaires en ligne. Des analyses acheminatoires ont été effectuées pour tester le modèle initial de Stice et un modèle modifié. Les résultats indiquent que le modèle de Stice a un bon ajustement, mais la voie des affects négatifs n’est pas significative. Un modèle proposant le rôle modérateur du narcissisme vulnérable sur le lien entre le désir d’être plus musclé et les affects négatifs présente un bon ajustement et représente un meilleur modèle que l’original. Les influences sociales mènent donc au désir d’être plus musclé qui lui mène directement à la DM. En plus de l’effet direct, le désir d’être plus musclé a des effets indirects en passant par les affects négatifs (lorsque le narcissisme vulnérable est élevé) et les stratégies pour augmenter la musculature. Ceci suggère que la DM partage plusieurs facteurs et processus similaires à ceux des TCA.

Introduction

Les hommes subissent de plus en plus de pressions sociales afin d’avoir un corps mince et musclé. Ce corps idéal est, entre autres, mis de l’avant par les médias qui en font grandement la promotion (Ricciardelli, Clow, & White, 2010). Il n’est donc pas surprenant, dans ce contexte, que les hommes soient de plus en plus insatisfaits de leur corps, n’atteignant pas les standards promus. D’ailleurs, certaines études montrent que l’insatisfaction des hommes par rapport à leur corps atteindrait des niveaux similaires à ceux des femmes, qui elles, ont été associées à plusieurs reprises à des problématiques liées à l’image corporelle et à l’alimentation (Frederick et al., 2007; Neighbors & Sobal, 2007; Ricciardelli & McCabe, 2004). Ce désir d’être plus musclé peut s’intensifier en sévérité et ainsi, mener au trouble de la dysmorphie musculaire (DM). La DM a été définie par Pope et al. (1997) comme étant une préoccupation excessive par rapport à la musculature et l’adoption de comportements alimentaires et d’exercices physiques associés à la poursuite de la muscularité.

Récemment, la DM a été officiellement catégorisé, dans le manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux, 5ème édition, comme un spécificateur de la dysmorphie

corporelle, cette dernière faisant partie du spectre du trouble obsessionnel compulsif (DSM- 5; American Psychiatric Association, 2013). D’ailleurs, il existe une forte comorbidité entre la DM et les troubles obsessionnels compulsifs et les troubles de dysmorphie corporelle (Chung, 2001; Maida & Armstrong, 2005; Olivardia, Pope, & Hudson, 2000). La DM serait donc une forme de dysmorphie corporelle dont l’objet de préoccupation est les muscles. En effet, l’une des caractéristiques clés des troubles de dysmorphie corporelle consiste en une obsession envahissante concernant l’apparence physique et des comportements répétitifs en rapport à cette préoccupation. Les muscles seraient l’objet d’une obsession menant à de l’entrainement excessif et à des conduites alimentaires rigides. Les conduites alimentaires dysfonctionnelles ne seraient pas au cœur du trouble, mais plutôt comme une conséquence de la DM et un moyen de réduire l’anxiété associée à l’apparence physique.

Malgré que les perturbations alimentaires soient considérées secondaires dans le diagnostic (Olivardia, 2001), encore plusieurs auteurs font le parallèle entre la DM et les TCA (Grieve, 2007; Grieve, Truba, & Bowersox, 2009; Lopez et al., 2015; Mosley, 2009;

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Murray et al., 2010; Murray et al., 2012; Murray et al., 2013). Par exemple, l’étude de Murray et al. (2010) dresse un portrait bien similaire entre la DM et les TCA. Cette revue critique de la littérature concernant la catégorisation de la DM soulève que l’âge d’apparition se situe autour de l’adolescence pour les deux troubles et que la surreprésentation d’un genre tant pour les TCA que la DM est directement en fonction de la pression sociale ressentie. En effet, les hommes étant bombardés par un idéal mésomorphique développeraient une pathologie alimentaire et corporelle qui vise à augmenter la musculature alors que les femmes tenteraient de se soumettre à l’idéal de minceur promu.

Plusieurs études font aussi état de symptômes alimentaires chez la DM tels que la restriction alimentaire et les préoccupations par rapport au poids et la silhouette (Grieve, Truba, & Bowersox, 2009; Lopez, Polak, Gonzales, Pona, & Lundgren, 2015; Murray et al., 2012). À cet effet, une étude de Murray et al. (2012) compare des hommes ayant un diagnostic de DM et des hommes ayant un diagnostic d’anorexie mentale sur la symptomatologie alimentaire et l’exercice compulsif. Les hommes souffrant de DM ne se distinguent pas des hommes souffrant d’anorexie mentale par rapport à la restriction alimentaire, aux préoccupations par rapport au poids et à la silhouette et l’exercice compulsif. Ces résultats soulèvent donc que, non seulement les hommes présentant une DM ont des conduites et des préoccupations alimentaires problématiques similaires aux hommes présentant une anorexie mentale, mais aussi que l’exercice physique est aussi problématique pour ces deux troubles.

En plus d’une symptomatologie similaire, la DM partage aussi les facteurs centraux et communs des TCA. Murray, Rieger, Karlov et Touyz (2013) ont vérifié si les composantes du modèle transdiagnostique des TCA (Fairburn, 2003) étaient applicables à la DM. Ce modèle propose des composantes universelles entre les différents TCA. Ces auteurs ont vérifié si ces composantes (les problèmes interpersonnels, l’intolérance à la détresse, la faible estime de soi et le perfectionnisme) pouvaient prédire la symptomatologie de la DM. Il en ressort que la DM est prédit par tous les facteurs centraux et communs des TCA à l’exception de la présence des problèmes interpersonnels. Ces deux pathologies présentent donc un portrait commun.

Étant donné que la DM et les TCA partagent le même « cœur pathologique », il est probable que les mêmes processus sous-jacents soient impliqués quant à leur étiologie. Un des modèle conceptuel le plus répandu pour expliquer le développement des TCA est le modèle socio-culturel proposé par Stice (1994; 2002; voir figure 3). Ce modèle implique que l’internalisation des pressions sociales demandant d’atteindre un idéal de minceur mène à l’insatisfaction corporelle et subséquemment aux TCA. L’insatisfaction corporelle mène aux TCA en passant par deux voies. La première est la voie affective qui propose qu’il y ait une gestion des affects négatifs par les conduites alimentaires. La seconde voie est comportementale et propose que la restriction alimentaire mène au TCA. Malgré que le modèle de Stice n’ait pas été testé directement sur la DM et les préoccupations par rapport à la musculature, des résultats appuient en partie cette proposition.

Figure 3. Modèle socioculturel de Stice (2002).

Une étude de Lamanna et al. (2010) évalue un modèle qui se rapproche de celui de Stice sur des hommes et des femmes universitaires. Le modèle propose que les influences socio-culturelles mènent à l’insatisfaction corporelle qui, elle, prédit directement ou indirectement par les affects négatifs la DM et les TCA. Tout comme le propose Stice, les résultats de cette étude montrent que les influences socio-culturelles mènent à l’insatisfaction corporelle qui mène ensuite aux symptômes de DM. Toutefois, les affects négatifs n’étaient pas un médiateur significatif de la relation entre l’insatisfaction corporelle et la DM et la voie comportementale, telle que proposée par Stice, n’a pas été explorée dans cette étude. Il serait donc nécessaire de mieux comprendre l’ensemble des facteurs qui relient l’insatisfaction corporelle à la DM. Le modèle de Stice a déjà fait l’objet de

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l’insatisfaction corporelle et les affects négatifs (Gagnon-Girouard et al., 2009). Cette étude met en lumière l’effet de modération du névrosisme sur la relation entre l’insatisfaction corporelle et les affects négatifs. L’ajout d’un facteur de la personnalité pourrait donc permettre de mieux comprendre le lien entre l’insatisfaction corporelle, les affects négatifs et la DM. Le narcissisme a été étudié à plusieurs reprises en lien avec la DM. Entre autres, le narcissisme est lié à l’exercice excessif, l’utilisation de substances et différents comportements à risques (Bruno et al., 2014; Hill, 2015). Il semble toutefois que le narcissisme vulnérable soit plus étroitement lié aux affects négatifs (Miller et al., 2010), les hommes affichant un haut niveau de narcissisme vulnérable sembleraient donc prompts à vivre des affects négatifs, ce qui pourrait jouer un rôle modérateur pour la voie passant par les affects négatifs.

La phénoménologie très proche de celle des TCA et les résultats prometteurs par rapport à une étiologie commune entre la DM et les TCA suggèrent l’application d’une compréhension de la DM basée sur les TCA. L’étude a pour objectif de tester l’applicabilité d’un modèle socioculturel de Stice aux symptômes de la DM. Le modèle testé, adapté pour rendre compte des spécificités de la DM, propose que les influences socioculturelles mènent au désir d’être plus musclé, qui lui, mène aux symptômes de la DM directement et indirectement en passant par deux voies, soit la voie des affects négatifs et la voie comportementale. De plus, le rôle de la personnalité dans le modèle explicatif de la DM sera exploré. Plus précisément, le rôle modérateur du narcissisme vulnérable sur la voie des affects négatifs sera exploré. Il est donc attendu que le modèle de Stice présente un bon ajustement et que celui-ci explique de façon adéquate les symptômes de la DM.

Méthodologie

Participants

Trois cent quatre-vingt-six hommes étudiants universitaires et employés de l’Université Laval ont été recrutés. L’âge moyen des participants est de 24,22 ans (ÉT=4,39). Les participants sont principalement caucasiens (91,8 %) et d’origine canadienne (90,0 %). Ils sont étudiants à temps plein (71,3 %) ou travaillent à temps plein (20,9 %) en majorité, tandis que certains travaillent à temps partiel (6,5 %) et 1,1 % sont sans emploi ou en arrêt de travail. L’IMC des participants s’échelonne de 14,92 à 34,09

avec une moyenne de 24,70 kg/m2 (ÉT=4,36). Parmi les participants, 88,9 % rapportait être

préoccupés par leur apparence (48,1 %) par rapport à leur musculature, 15,1 % par rapport à leur gras corporel et 36,8 % par rapport à leur musculature et leur gras corporel.

Procédure

Les participants ont été rejoints à l’aide de la liste de courriel des étudiants et des employés de l’Université Laval. Le courriel faisait mention du but de l’étude qui était de répondre à des questionnaires en ligne concernant les facteurs psychosociaux impliqués dans le développement de la DM, et proposait un lien les redirigeant aux questionnaires en ligne sur le site de sondage Surveymethods (www.surveymethods.com). Il était alors demandé aux participants de remplir la batterie de questionnaires sur une base volontaire et sans aucune compensation. Les participants ont répondu de façon anonyme aux questionnaires et un numéro de participant leur a été attribué selon leur ordre de participation. Les données étaient automatiquement saisies dans une base de données informatisée.

Instruments de mesure

Les données sociodémographiques, incluant l’âge, l’IMC, l’ethnie, l’occupation, le revenu brut annuel, ainsi que le niveau d’éducation des participants, ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire maison.

Pressions sociales. Une version traduite en français de la Perceived Sociocultural

Pressure Scale (PSPS; Stice, Ziemba, Margolis, & Flick, 1996) a été utilisée pour évaluer la pression perçue par les hommes d’avoir une silhouette mésomorphique par rapport à quatre différentes sources : leur parent, ami, conjointe et les médias. L’outil original consistait en huit questions, deux pour chaque source d’influence qui demandaient aux participants : (1) à quel point ils ont senti la pression de perdre du poids et (2) à quel point ils ont perçu un message clair demandant d’avoir un corps mince de la part de ses sources. Cette version a été validée auprès d’hommes universitaires. La version modifiée substitue les mots « perdre du poids » du premier énoncé pour « être plus musclé et mince » et le mot « mince » du deuxième énoncé pour « musclé et mince ». Les items sont sur une échelle de type Likert de 1 (jamais) et 5 (toujours). Le score moyen des deux items par source d’influence permet

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d’obtenir le score de la pression sentie d’être plus musclé. L’alpha de Cronbach rapportée dans la littérature pour l’échelle totale est de 0,86 et pour les sous-échelles sont de 0,95 (amis), de 0,92 (parents), de 0,88 (médias) et de 0,89 (conjoint(e); Tylka, 2011). La cohérence interne pour la présente étude est de 0,78 pour l’échelle totale (parents = 0,78; amis = 0,75; médias = 0,84; conjointe = 0,90).

Internalisation de l’idéal musclé. Les deux sous-échelles d’internalisation

(internalisation générale et internalisation athlétique) de la version francophone du Sociocultural Attitudes Toward Appearance Questionnaire (SATAQ-3; Thompson, van den Berg, Roehrig, Guarda, & Heinberg, 2004) traduite et validée auprès d’adolescents par Rousseau et Valls (2010) ont été utilisées pour mesurer l’internalisation de l’idéal mésomorphique. L’internalisation générale contient neuf items et consiste à l’assimilation des standards de beauté diffusés par les médias à travers les magazines et la télévision (par ex., « J’aimerais que mon corps ressemble à celui des personnes qu’on voit à la télévision »). L’internalisation athlétique contient cinq items et renvoie à l’intégration des normes corporelles des figures sportives et athlétiques (par ex., « Je souhaite avoir l’air aussi musclé que les sportifs célèbres »). Tous les items sont sur une échelle de type Likert (où 1 = totalement en désaccord et 5 = totalement en accord) et la moyenne des items permet d’obtenir le score de chaque échelle. Un score élevé indique une plus grande acceptation de l’idéal de beauté véhiculé par la société. Les alphas de Cronbach sont de 0,83 pour l’internalisation générale et 0,81 pour l’internalisation athlétique (Rousseau & Valls, 2010). La cohérence interne pour cette étude était de 0,95 pour l’échelle générale et 0,86 pour l’échelle athlétique.

Affects négatifs. La sous-échelle affect négatif de la version francophone du

Positive and Negative Affect Scale (PANAS; Watson, Clark, & Tellegren, 1988) traduite et validée auprès d’athlètes par Gaudreau, Sanchez et Blondin (2006) a été utilisée pour évaluer les affects négatifs au cours du dernier mois. Ce questionnaire autorapporté contient dix items sur une échelle de type Likert (où 1 = Très peu ou pas du tout en accord et 5 = Extrêmement en accord) et la sommation des items donne un score total. La version originale a été validée auprès d’hommes universitaires. Un score total élevé indique une

affectivité négative élevée. L’alpha de Cronbach de cette sous-échelle est de 0,91 (Watson, Clark, & Tellegren, 1988). Pour ce qui est de la présente étude, l’alpha est de 0,88.

Stratégies visant à augmenter la musculature. Une version traduite de la Muscle

Building Techniques Scale (MBTS; Smolak, Murnen, & Thompson, 2005) a été utilisée pour évaluer la fréquence de l’implication dans des stratégies visant à augmenter sa musculature. Cinq techniques utilisées au cours de la dernière année (l’exercice, la musculation, manger plus, prendre des vitamines ou des suppléments et l’utilisation de stéroïdes ou d’autres drogues de performance) sont mesurées sur une échelle de Likert allant de 1 (jamais) à 5 (toujours). Un score total est obtenu en effectuant la somme de chaque item et un score élevé correspond à une plus grande fréquence de l’utilisation de stratégies visant à augmenter sa musculature. Cet outil présente une cohérence interne adéquate (α = 0,75; Smolak, Murnen, & Thompson, 2005). La cohérence interne pour la présente étude est de 0,75.

Narcissisme. La sous-échelle dimension vulnérable de la version francophone du

Pathological Narcissism Inventory (PNI; Pincus et al., 2009) traduite et validée auprès d’étudiants universitaires par Da Silva Luis (2014) a été utilisé pour mesurer les traits de personnalité narcissique (par ex., « Je suis le meilleur, car je me sacrifie pour les autres »). Ce questionnaire autorapporté est constitué de 52 items sur une échelle de type Likert (où 1 = je ne suis vraiment pas comme cela et 6 = je suis vraiment comme cela) et la moyenne des items permet d’obtenir un score de narcissisme pathologique. Les items sont répartis selon deux dimensions du narcissisme : la dimension grandiose (tendance à exploiter les autres, sacrifice de soi/amélioration de soi et fantaisies grandioses) et la dimension vulnérable (estime de soi contingente, le soi caché, dévaluation et droit à la rage) (Wright, Lukowitsky, Pincus & Conroy, 2010). Un score élevé indique un haut niveau de narcissisme. Les alphas de Cronbach obtenu lors de la validation originale (Writh et al. 2010) est de 0,93 pour la dimension vulnérable et de 0,84 pour la dimension grandiose. La cohérence interne pour la présente étude est de 0,93 pour la dimension vulnérable.

Désir d’être plus musclé. La version francophone de la Drive for Muscularity

Scale (DMS; McCreary & Sasse, 2000) a été utilisée pour mesurer les attitudes et les comportements qui reflètent une préoccupation par rapport à l’augmentation de la

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musculature (par ex., « Je crois que mes bras sont trop petits »). Ce questionnaire contient 15 items sur une échelle de type Likert (où 1 = Jamais et 6 = Toujours) et la moyenne des items permet d’obtenir un score de désir d’être musclé. Les items sont répartis sur deux sous-échelles : l’image corporelle orientée vers les muscles (attitudes) qui contient sept items et les comportements orientés vers les muscles (comportements) qui contient huit items. Un score élevé indique un plus grand désir d’être musclé. Cet outil a été validé auprès d’adolescents et d’hommes universitaires. Les alphas de Cronbach sont les suivants : 0,87 (échelle totale), 0,88 (sous-échelle image corporelle) et 0,81 (sous-échelle comportements) (McCreary & Sasse, 2000). La cohérence interne pour la présente étude est de 0,90 pour l’échelle totale, de 0,91 pour l’échelle image corporelle et de 0,88 pour l’échelle comportements.

Symptôme de DM. Une version francophone du Muscle Dysmorphic Disorder

Inventory (MDDI; Hildebrandt, Langenbucher, & Schlundt, 2004) a été utilisé pour évaluer les symptômes de la DM. Ce questionnaire autorapporté est constitué de 13 items sur une échelle de type Likert (où 1 = jamais et 5 = toujours) et permet d’évaluer les cognitions, les émotions et les comportements liés à l’image corporelle. Cet outil comporte trois sous- échelles : le désir d’avoir une silhouette plus musclée (préoccupation d’être trop petit et insuffisamment musclé), l’anxiété par rapport à l’apparence et au dévoilement du corps (croyances négatives par rapport à son corps) et l’altération du fonctionnement (conséquences négatives de la routine d’entrainement). La moyenne des sous-échelles permet d’obtenir un score global de la DM. La validation auprès d’hommes pratiquant la musculation (Hildebrandt, Langenbucher, & Schlundt, 2004) montre une bonne cohérence interne tant pour les sous échelles (α = 0,77 à 0,85) que pour le score global (α = 0,81). La cohérence interne pour la présente étude est de 0,79 pour l’échelle totale et les sous- échelles avaient une bonne cohérence interne (α = 0,76 à 0,86).

Analyses statistiques

Les analyses ont été réalisées à l’aide des progiciels SPSS et MPlus (Muthén & Muthén, 2012). Tout d'abord, des analyses corrélationnelles ont été effectuées pour vérifier la présence de liens significatifs entre les variables du modèle. Pour répondre aux objectifs de l’étude, le modèle explicatif de la DM a été testé à l’aide d’analyses acheminatoires

(path analysis) sur l’ensemble des participants. L’ajustement des modèles, c’est-à-dire leur capacité de représenter adéquatement les données recueillies, a été testé à l’aide des indices suivants : l’indice d’ajustement comparatif (Comparative Fit Index; CFI), l’indice de Tucker Lewis (Tucker Lewis Index; TLI), l’erreur quadratique moyenne de l’approximation (Root Mean Square Error of Approximation; RMSEA), le résidu quadratique moyen standardisé (Standardized Root Mean Square Residual; SRMR) et le χ2

normé. Des valeurs supérieures à 0,90 et 0,95 pour le CFI et le TLI indiquent un ajustement satisfaisant et excellent (Hoyle, 1995), tandis que pour des valeurs de 0,80 et moins pour le RMSEA et le SRMR sont acceptables (Browne & Cudeck, 1993). Le χ2 normé doit s’avérer

non significatif pour indiquer un bon ajustement. Les données manquantes ont été estimées à l’aide de la méthode de maximum de vraisemblance à information complète (full information maximum likelihood – FIML; Enders & Bandalos, 2001). Les procédures de bootstrap ont été utilisées afin de tester les effets indirects. Pour ce faire, 1000 échantillons aléatoires ont été générés afin d’obtenir un intervalle de confiance bootstrap à 95 % (Edwards & Lambert, 2007).

Résultats

Les moyennes et écart-types des différentes variables sont présentés dans le tableau 2. Le tableau 3 fait état de la présence de relations significatives entre les variables socioculturelles, le désir d’être plus musclé, le narcissisme, les affects négatifs, les stratégies pour augmenter la musculature et les symptômes de la DM.

Des analyses acheminatoires ont été réalisées à l’aide de MPlus afin de tester le modèle original de Stice. Les indices d’ajustement indiquent que le modèle a un bon ajustement (CFI = 0,999, TLI = 0,992, RMSEA = 0,024, SRMR = 0,012). Le χ2 normé est

de 1,214 (1 dl), p = .271), ce qui suggère un bon ajustement. Toutefois, l’effet indirect du désir d’être plus musclé sur la DM passant par les affects négatifs n’est pas significatif (β =

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