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Les domaines d’activités

Dans le document Activité(s) et formation (Page 31-34)

Certains auteurs regroupent les pratiques sociales en champs de pratiques ou domaines d’activités : les activi-tés familiales, professionnelles, personnelles et so-ciales ; ou bien encore : les activités professionnelles, de loisir (sportif, artistique…), familiales et civiques. Ces divers domaines sont associés à des formes d’activité différentes : registre d’échanges et d’interactions prenant de façon prédominante la forme de cycles de don dans le milieu associatif et familial versus utilitarisme dans le travail, sérieux et responsabilité dans le milieu familial versus ludisme et amusement dans les loisirs, recherche d’efficacité pratique dans le travail versus quête émo-tionnelle et engagement artistique dans les loisirs, etc.

Les traits pertinents pour comprendre ces activités sont : a) les objectifs et valeurs poursuivis et encouragés, b) les contraintes sur les acteurs (obligation ou possibili-té de libre engagement), c) la nature et l’intensipossibili-té de cet engagement (travailler huit heures/jour ou participer à la

réunion hebdomadaire d’une association caritative), d) le modèle d’action prévalant (recherche du rendement ou quête de plaisir et d’émotions esthétiques…), e) le poids de cette activité dans l’économie de vie des ac-teurs (besoin vital de conserver son travail ou futilité de l’activité du philatéliste) ; g) les modalités de coordina-tion des accoordina-tions individuelles et les formes de sociabilité (degré de définition des rôles, rapports entre anciens et novices), h) les modes de définition des bonnes pra-tiques.

Le travail est évidemment une activité essentielle. Il est pourtant difficile d’en dresser les contours et d’en donner une définition consensuelle. On pourrait la carac-tériser comme a) déterminée (elle revêt un caractère d’obligation), b) finalisée par la production de moyens de subsistance directs ou indirects (salaire), c) produc-tive (de service et de biens), d) impliquant une coopéra-tion et interdépendance en raison d’un partage de l’activité globale de production qui renvoie à une organi-sation sociale, et d’une relation d’interdépendance entre acteurs. Cette activité signifie à la fois un asservissement pénible à des contraintes (horaires, organisation, hiérar-chie…) et une libération de ces contraintes (productivité offrant des moyens de se dégager des contingences vi-tales, créativité et accomplissement dans le travail lui-même, construction de liens sociaux, etc). Le travail a aujourd’hui une place qui, même si elle change, demeure importante et centrale. Il conditionne d’ailleurs partiel-lement la possibilité des autres activités en leur

procu-rant les moyens financiers, temporels… de leur exis-tence. C’est pourquoi d’ailleurs les questions de forma-tion se posent en priorité (mais pas exclusivement) par rapport à la formation professionnelle.

Un débat existe quant à la permanence ou non de ces domaines d’activités qui sont conçus comme des inva-riants anthropologiques (selon une perspective dite essentialiste) ou comme une construction au cours de l’histoire en lien avec les contextes sociaux (selon une perspective historiciste). Sans relayer ici ces débats, il suffit pour notre propos, de repérer que chaque domaine est associé à une activité présentant certains traits, qui ont changé dans le temps. C’est ainsi par exemple, que l’expérience de travailler sous sa forme moderne est apparue en Europe au XVIIIème siècle, et que si, dans l’Antiquité, existaient des activités qui aujourd’hui rece-vraient l’appellation de travail, elles n’avaient pas pour les acteurs de cette époque une telle signification. De même pour l’art, les activités familiales, les loisirs… Ces activités ont changé, des expériences et des pratiques nouvelles ont émergé, et la description qu’on peut en faire aujourd’hui est sans aucun doute datée. C’est donc par la tension entre traits invariants et traits changeants que peuvent être comprises ces activités. Ainsi par exemple, selon le philosophe Alain Caillois, le domaine

« des jeux » se subdivise en sous-domaines spécifiés par a) la compétition (agon), b) le hasard (alea), c) le vertige (illynx) et d) le jeu de rôles (mimicry). Et « le jeu » ren-voie à une expérience commune que l’on peut

caractéri-ser comme : a) incertaine, b) libre (elle n’est pas obliga-toire), c) fictive (elle établit un « jeu » entre elle et la vie sociale « réelle »), d) improductive (à la différence du travail elle ne vise pas une production de biens ou de services), e) réglée, et f) séparée (elle se distingue des autres activités humaines).

La formation offre des opportunités d’apprendre l’activité convenant et convenable dans chacun de ces domaines, contribuant à la viabilité de la vie collective et à l’épanouissement personnel. Cet apprentissage est basé sur l’idée d’une correspondance entre les activités so-ciales (signification et organisation collectives) et l’activité individuelle (intention, forme de pratique, expérience). Cette correspondance est à envisager à deux échelles de temps : à l’instant t en termes d’expérience vécue par les acteurs, et dans le temps en termes d’effets structuraux d’apprentissage et développement (ce que certains auteurs dénomment fonction psychologique du travail, des loisirs, du sport…).

Cependant, cette classification en domaines est trop globale : il suffit d’observer des employés dans l’atelier d’une entreprise pour identifier des moments de jeu et de détente dans le travail, et repérer des formes d’entraide collective non régies par la recherche du profit et des calculs d’intérêts personnels ; et l’activité de loisir est rarement moins sérieuse et tournée vers l’efficacité que le travail. Il faut donc nuancer et analyser de plus près ces activités pour en comprendre la signification.

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