• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 1 : LE CONCEPT DE TOURISME

B. Les dictionnaires

Tableau N° 1

Quelques définitions extraites des dictionnaires Mots

Dictionnaires TOURISME TOURISTE

LE LITTRÉ, 1872 Goût, habitude de touriste. On sait que le tourisme scientifique a suscité chez les femmes une très active curiosité, Jour. Offic. 14 juil. 1872, P. 4000, 3e col.

Se dit des voyageurs qui ne parcourent des pays étrangers que par désœuvrement, qui font une espèce de tournée dans des pays habituellement visités par leurs compatriotes. Se dit surtout des voyageurs anglais en France, en Suisse et en Italie

DICTIONNAIRE DU FRANCAIS CONTEMPORAIN (DFC), LAROUSSE, 1966

1 Action de voyager pour son plaisir ou pour se cultiver. 2 Ensemble des problèmes financiers, culturels, techniques, posés par les déplacements massifs des touristes.

Personne qui voyage pour son agrément ou pour se cultiver.

GRAND LAROUSSE DE LA LANGUE FRANCAISE (GLLF), 1978

1 Action de voyager pour son agrément ou pour se cultiver. 2 Ensemble des questions d’ordre technique, financier, ou culturel que soulève, des touristes.

3 Industrie ayant pour objet la satisfaction des besoins du touriste.

Voyageur qui visite un pays pour son plaisir.

LE PETIT ROBERT,

2000 1 Le fait de voyager, de parcourir pour son plaisir un lieu autre que celui où l’on vit habituellement (même s’il s’agit d’un petit déplacement ou si le but principal du voyage est autre). 2 Ensemble des activités liées aux déplacements des touristes et PAR EXT.(ADMIN., ECON.) au séjour des étrangers.

Personne qui se déplace, voyage pour son plaisir.

LE PETIT

LAROUSSE, 2003 1 Action de voyager, de visiter un site pour son plaisir.

2 Ensemble des activités, des techniques mises en œuvre pour les voyages et les séjours d’agrément. Agence de tourisme. 3 Avion, voiture de tourisme, à usage privé.

1 Personne qui pratique le tourisme. 2 Classe touriste : classe à tarif réduit sur les services des transports aériens.

Source : Dictionnaires référencés

L’histoire de la langue française est faite d’emprunts à d’autres langues tout comme le français contribue à la richesse lexicale d’autres langues, c’est dans ce contexte que le mot « tourist » du vieux français « tour » fit son apparition dans la langue anglaise en 1792, et ce n’est qu’en 1816 qu’il apparut dans la langue française. Historiquement, il précéda le mot « tourism » qui apparut en 1811 et quant à la traduction française du mot « tourisme » sa première attestation est de 1841.

Historiquement, le tourisme naît de la révolution industrielle. On lui doit deux filiations à savoir la villégiature aristocratique, et la pratique du tour.

Le mot villégiature, de l’italien villeggiatura, vient de villegiare, qui signifie aller à la campagne, à la mer pour y séjourner afin de profiter du repos. Aussi consiste-t-elle à effectuer « un transfert de sédentarité » (URBAIN, 1993, p. 29, cité par CUVELIER, 1997). C’est donc un état de stabilité puisque l’on change simplement de résidence. En revanche, la sortie éventuelle dans les environs du lieu de résidence temporaire est assimilée à de l’“excursionnisme”.

Quant au « tour » mis en pratique au 18e siècle par les aristocrates anglais qui parcouraient le continent au départ de Calais, d’où ils gagnaient Paris, la Provence ou les Alpes, notamment par la voie du Mont Cenis, accessoirement l’Italie et la Grèce, pour revenir enfin par Vienne, Berlin, Dresde, la vallée du Rhin, les Pays-Bas et la Belgique, et cela pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Il avait une valeur initiatique et une fonction éducative. Cette itinérance trouve son prolongement aujourd’hui dans les circuits touristiques.

En 1872, le mot touriste s’applique strictement pour qualifier les voyageurs anglais en France, en Suisse et en Italie, d’où le grand « tour », cette allusion faite aux Anglais est méprisante. En outre, Le Littré ne distingue pas les voyageurs. La notion de déplacement intervient, du lieu d’origine vers un lieu autre d’où « pays étrangers ». Cela revient à affirmer que l’on ne peut pas être touriste dans son pays. Ce n’est plus le touriste anglais stricto sensu qui parcourt uniquement les pays sus-cités ; mais le voyageur qui se rend à l’étranger.

Ce voyage se fait dans un but de curiosité et par désœuvrement. La curiosité est enrichissante, c’est la confrontation avec l’autre. C’est un de ces effets de la rencontre de l’autre qui, si elle déforme de temps à autre, n’en forme pas moins l’être en lui ouvrant les yeux sur de nouveaux horizons extérieurs et même intérieurs. Convergence et divergence s’observent alors en tous points de vue. C’est une expérience unique et profonde, qui bouscule les mœurs laissant libre l’espace d’une espèce de métamorphose.

En revanche, voyager par désœuvrement pose question. Cela présuppose que les touristes étaient assimilables à des inactifs, des oisifs qui se déplaçaient pour passer le temps. Ce n’était pas un libre-choix, c’était mécanique ; c’était un sentiment de malaise lié à l’inactivité qui était à l’origine du voyage. Or, le voyageur anglais était un aristocrate et non un désœuvré, pour qui le voyage avait une fonction éducative. Nos voyageurs ne se rendaient que dans des pays connus, sur les pas de leurs compatriotes. Cela ne relevait pas de l’initiative personnelle. Nous l’assimilons à la pratique d’un groupe social.

En 1966, la pensée a considérablement évolué ; on retrouve dans le DFC, des termes tels l’agrément, le plaisir, la culture. C’est un déplacement choisi, voulu avec pour motif principal l’agrément, le corollaire étant cette curiosité intellectuelle (« se cultiver »). Le deuxième aspect abordé est celui posé par la « touristification » des lieux vu sur les plans financier, culturel et technique.

La même idée est reprise par le GLLF, et Le Petit Robert. Est considérée comme touriste toute personne qui se déplace, visite un pays, pour son plaisir. Deux notions à retenir : le déplacement et le plaisir. En 2003, dans Le Petit Larousse, surgit enfin, la notion de « pratique ».

Les dictionnaires de géographie, quant à eux, sont très peu friands de la notion « tourisme » ; aussi occupe-t- elle une portion réduite (demi-colonne) au sein de ceux qui la mentionnent par principe1.

Documents relatifs