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Les déterminants de la productivité agricole

SECTION 1 LES THÉORIES SUR LA POLITIQUE ET LA PRODUCTIVITÉ

2.1 D ÉFINITIONS ET THÉORIES ÉCONOMIQUES DE LA PRODUCTIVITÉ

2.1.7 Les déterminants de la productivité agricole

Les paragraphes suivants expliquent les principaux déterminants de la productivité agricole. La productivité agricole désigne l’efficacité avec laquelle les agriculteurs combinent des inputs pour produire des outputs. C’est un facteur important

79 | P a g e de rentabilité et d’efficience productive du secteur agricole. Selon Solow (1957), la croissance de la production est largement due à un accroissement de la productivité.

En revanche, Hayami et Ruttan (1985) ont montré que la production agricole peut s’accroitre de deux manières. Premièrement, la croissance de la production est due à une augmentation de l’utilisation de la terre, du capital, du travail et des consommations intermédiaires. Deuxièmement, la croissance de la production agricole est occasionnée par des avancées dans les techniques de production. En outre, la littérature, sur les déterminants de la productivité agricole nous renseignent, les leviers sur lesquels les parties prenantes doivent agir afin d’accroitre la performance agricole. Globalement, la productivité agricole est améliorée au niveau des inputs qui entrent directement dans le processus de production, mais aussi à travers un environnement propice au développement du secteur.

Wiebe K. (2003) démontre dans une étude sur la qualité des sols et conclut la dégradation des terres peut poser de sérieux problèmes de production dans les zones où les sols sont fragiles. Ainsi, Gisselquist R.A.R (1999) a mis en relief la géographie et la productivité agricole en Inde. Son analyse montre que les différences dans les rendements céréaliers, entre le nord, le centrent et le sud de l’Inde est fortement lié à la variation géographique régionale. Cet auteur montre également que les précipitations et la température dans les États tropicaux et secs influencent les rendements des céréales alimentaires supérieurs. Si nous approximons l’apport de Wiebe à celui de Gisselquist nous concluons que la productivité agricole est par ailleurs géographique et qu’elle pourrait poser un sérieux problème alimentaire dans les zones où les sols sont fragiles, mais constituerait également une menace à l’échelle mondiale si nous intégrons l’accord de l’OMC comme une politique mondiale dans les échanges commerciaux.

Par ailleurs, Rozelle et al. (1999) abordent la productivité agricole au contexte géographique des flux migratoires dont l’analyse retient de plus en plus l’attention des chercheurs. À ce titre, Rozelle et al. (1999) ont essayé d’établir des liens entre les transferts de fonds, la migration et la productivité agricole chinoise. La migration du travail est, en effet, un phénomène important qui influe sur le développement économique des nations. L’étude à travers une régression économétrique simple révèle que la migration a un impact négatif sur la productivité agricole tout en considérant que le flux migratoire de la population rurale vers les centres urbains diminuant fortement la main-d’œuvre agricole. Cependant ils analysent que les effets négatifs de ce phénomène sur la productivité sont exténués par les transferts de fonds des migrants

80 | P a g e qui contribuent significativement à amoindrir l’insécurité alimentaire. En effet, la migration est un phénomène qui ne pourrait pas permettre certainement à l’agriculture d’avoir un bon cadre qui permet aux agriculteurs de produire dans des conditions optimales, de se nourrir décemment et de commercialiser dans les meilleures conditions une partie de leur production.

Antle J.M. (1983), quant à lui, il s’intéresse aux infrastructures agricoles, soucieux de l’environnement de pratique de l’agriculture, pour démontrer l’importance de la mise en place des infrastructures dans l’accroissement de la productivité agricole. Comme attendu, l’impact des infrastructures sur la productivité agricole s’est révélé positif. Le développement de l’agriculture d’un pays est largement tributaire par l’existence d’infrastructures de qualité, notamment dans le transport, les aménagements hydroagricoles et la communication. Cela dit, il est aussi, important de moderniser et de développer les pratiques culturales. Dans ce sens, Alston (2010) a réalisé une revue exhaustive de la littérature relative à l’innovation et à la recherche-développement dans la croissance de la productivité agricole. Il aboutit à la conclusion que le taux de rendement des investissements dans la recherche-développement est en particulier élevé.

Kussa M.U. (2012) pour sa part, s’est intéressé aux effets de la santé des agriculteurs sur la productivité agricole en Éthiopie. Il constate que les agriculteurs malades ont, en moyenne, un score de 33,5 % pour ce qui est de l’efficience technique, contre 48,9 % pour les ménages en bonne santé. L’auteur montre, ainsi, que la mise en place d’un dispositif sanitaire adéquat aide à accroitre la productivité des agriculteurs. En effet, quant aux revues des déterminants économiques ayant été identifiés par les études empiriques comme les variables ayant les plus grands impacts sur la productivité agricole font état de trois principaux facteurs économiques exerçant une influence majeure sur sa croissance. Ces trois facteurs font l'objet d'un large consensus parmi les économistes à travers le monde. Il y a l'investissement en matériel et outillage ; le développement des compétences et l'ouverture au commerce et les investissements en termes des dépenses publiques agricoles (Harris F.M.A., 1999). À ceux-ci, il pourrait s'ajoutent plusieurs autres ayant les effets indirects et qui suscitent encore des débats quant à l'importance de leur influence sur la croissance de la productivité (Gamache R., 2005). Habituellement, la croissance de la productivité affiche une corrélation élevée avec l'investissement en matériel et outillage. Les pays qui ont les taux d'investissement élevés en matériel et outillage par rapport au PIB ont

81 | P a g e aussi des taux de croissance élevés dans l'ensemble. Ce réajustement permet de corriger l'effet de la convergence conditionnelle ou le « rattrapage » toute chose égale par ailleurs, on peut s'attendre à ce qu'un pays pauvre connaisse une croissance plus rapide qu'un pays riche (Harris, 1999). Cette corrélation vaut autant pour les pays développés que pour les pays en développement et elle tient sur de longues périodes. Par ailleurs, les changements de technologie par les investissements en matériel et outillage ont une grande importance dans la croissance de la productivité agricole (Nkamleu GB., 2004). En outre, le développement des compétences constitue également un moteur de la croissance à travers deux canaux. Dans un premier temps, des travailleurs plus qualifiés favorisent l'innovation et la production de nouvelles technologies. Les individus détenant des compétences plus élevées ont une propension à transmettre à leur entourage, ils contribuent ainsi à l'accroissement de la productivité des autres travailleurs (Harris, 1999). Cependant, Gamache (2005) identifie quelques éléments qui peuvent permettre le développement des compétences à influencer la productivité, parmi lesquels le taux de fréquentation scolaire, la formation continue, l'expérience des travailleurs et l'échange d'information. En ce qui concerne les autres facteurs économiques qui influencent la productivité, on présentera ici l'innovation, la diffusion des technologies. Dans la littérature, selon Schumpeter, l'innovation s'assimile au progrès technique, ce qui consolide théoriquement le rôle de l'innovation dans la croissance de la productivité. Le progrès technique peut se définir comme une nouvelle manière de produire qui permet d'obtenir plus de produits avec les mêmes quantités de facteurs de production (Beitone et al., 2008). À partir d'un modèle néoclassique Sadoulet E. & de Janvry A. (1995), démontre le lien entre la productivité et le progrès technique à partir d'un modèle néoclassique traditionnel où la fonction de production décrit la façon dont les ressources sont transformées en produits. Ils arrivent à la conclusion que deux éléments essentiels empiètent sur la productivité : la taille de l'exploitation et les couts de transactions.

À la lumière de ces quelques paragraphes, Aghion et Howitt (1992,2006) concluent que les facteurs de productivité sont nombreux et les pays n’en bénéficient pas tous au même titre à cause de l’interdépendance entre les facteurs institutionnels et non institutionnels.

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