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Les contours du concept de la productivité

SECTION 1 LES THÉORIES SUR LA POLITIQUE ET LA PRODUCTIVITÉ

2.1 D ÉFINITIONS ET THÉORIES ÉCONOMIQUES DE LA PRODUCTIVITÉ

2.1.2 Les contours du concept de la productivité

En agriculture, la productivité est un indicateur phare soutenu qui comprend plusieurs concepts qui expliquent la croissance de la productivité agricole (Hayami et Ruttan, 1985). Quant aux économistes, ils estiment que la productivité découle de l’amélioration d’efficacité technique, technologique, efficacité pure, allocative et du changement intervenu des rendements d’échelle (Kumbhakar et Lovell, 2000).

2.1.2.1 L’efficacité

L’efficacité consiste à la réalisation du maximum de résultats avec le minimum d’effort ou de moyen, en effet, la capacité d’arriver à ses buts. Ainsi, elle est définie comme la capacité à réaliser des objectifs et elle est exprimée en pourcentage puisque la valeur est obtenue en mettant en rapport deux objectifs de même nature. Le concept de l’efficacité prise dans son sens large dépend de la réalisation de l’objectif que se fixent les auteurs. L’efficience fait plus appel à la productivité des facteurs et s’appréhende dans le même sens de l’efficacité technique ou productive. Un grand nombre de définitions peuvent lui être associées, mais une convergence semble se

59 | P a g e dégager autour d’elles : l’efficacité ou la performance productive est le résultat d’une meilleure productivité dans une exploitation issue d’un arbitrage judicieux de la combinaison des facteurs. En d’autres termes, le concept repose essentiellement sur la capacité d’une unité à produire de façon efficace avec les ressources nécessairement limitées dont elle dispose. L’aspect judicieux de la combinaison des facteurs de production fait pencher le sens du concept vers l’aspect technique de production. L’accent est donc mis sur la productivité des facteurs qui peut être influencée par d’autres éléments qui peuvent être repérés à partir des recherches empiriques. À un niveau donné d’output, le vecteur Q° a un ensemble image qui est sa section en inputs : X (Y° = {x/(x, y°)ϵy}. La frontière efficace de la section en input X (Q °) est le sous- ensemble : X*(Y°) = {X/Xϵ X (Y°), λX ∉ X(Y°), ∀λϵ[0,1[}. L’efficacité technique d’un

couple (X, Y°) ∈Y est mesurée par le nombre réel : E (X, Y°) Min { λ/λ Xϵ X* (Y°)}.

Si le couple (X, Y°) ∈Y est techniquement efficace, alors E (X, Y°) = 1, s’il est inefficace, E (X, Y°) < 1. En d’autres termes, plus E (X, Y°) est faible, plus le couple (X, Yo) est inefficace. Le degré d’inefficacité est la différence entre l’efficacité maximale c’est-à-dire l’unité, et l’efficacité observée. Cette notion d’efficacité technique (ET) se décompose en deux éléments distincts si l’on tient compte du type de rendements dans lequel la production a lieu : une efficacité pure (ETP) et une efficacité d’échelle (EÉ).

2.1.2.2 L’efficacité d’échelle

Elle constitue une utilisation des facteurs de production dans des proportions optimales compte tenu de leur prix. Elle détermine si l'unité de production opère à une échelle optimale ou non. L'échelle optimale est entendue ici comme étant la meilleure situation à laquelle peut parvenir l'unité de production en augmentant proportionnellement la quantité de tous ses facteurs. C’est en effet, le produit de deux ratios qui varie entre 0 et 1 et cela équivaut pour l’efficacité technique, l’efficacité technique pure et l’efficacité d’échelle.

2.1.2.3 L’efficacité pure

L'efficacité technique pure reflète la manière dont les ressources de l'unité de production sont gérées. Elle correspond au rapport intrant potentiel/intrant actuel.

Finalement, l’efficacité d’échelle caractérise l’écart existant entre les performances constatées et celles qui seraient obtenues dans une situation de rendements d’échelle constants. Le rendement d’échelle constant correspond à un

60 | P a g e équilibre concurrentiel de long terme où le profit est nul. À long terme, tous les facteurs de production peuvent être ajustés par le producteur pour réduire son inefficacité.

2.1.2.4 L’efficacité technologique

Elle indique un changement dans la technologie disponible. L’efficacité technologique résulte de l’adoption d’innovation ou de régression technologiques.

2.1.2.5 L’efficacité de répartition ou allocative

Appelée aussi efficacité prix, traduit sa capacité à utiliser les intrants dans leur proportion optimale compte tenu de leur prix respectif ou à produire une combinaison optimale d’extrants compte tenu de leurs prix respectifs. Ces concepts d’efficacité sont ceux qui intègrent le concept d’efficience introduit par Leibenstein (1966) qui conduit son observation sur les exploitations qui n’exploitent pas les ressources de façon optimale. En ce qui concerne les exploitations, l’efficacité traduit la capacité à réaliser un résultat attendu, identifiable, mesurable. L’efficacité technologique reflète en occurrence les avancées technologiques, tandis que l’accroissement de l’efficacité technique traduit le processus de production, la manière par laquelle les agriculteurs arrivent à utiliser les ressources de façon optimale.

2.1.2.6 L’efficience

L’efficience donne une indication de la capacité des exploitations à utiliser la technologie existante de la meilleure manière. Elle est composée des trois concepts d’efficacité. L’efficience est une mesure des moyens mis en œuvre dont la productivité est la mesure la plus simple de l’efficience, c’est-à-dire du rapport entre les ressources mises en œuvre et les résultats obtenus. Dans son acceptation générale, l’efficience se définit comme « le rapport entre ce qui est réalisé et les moyens mis en œuvre » ou bien comme « l’expression d’une comparaison entre les résultats et les efforts consentis ou les ressources consacrées à la poursuite d’un objectif » (Leibenstein, 1966). Dans sa définition la plus large, une exploitation est efficiente en matière de couts si elle les minimise pour une quantité donnée d’output (efficience-coût) et elle est efficiente pour ce qui est de ses profits si elle les maximise pour une combinaison donnée d’input et d’output (efficience revenue). L’efficience est aussi la maximisation des résultats ou la minimisation des moyens. C’est en fait une productivité, une rentabilité. La productivité est alors un indicateur d’efficience. L’efficience est fréquemment appréciée en termes de cout de production, de profit ou de productivité et est mesurée pour produire un bien ou un service.

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2.1.2.7 Le rendement

En agriculture, la productivité résulte de deux types de considérations : le rendement et l’efficience. En économie, le rendement est l’équivalent physique de la productivité. Par exemple, le rendement d’un travail est le ratio quantités produites par nombre d’heures de travail. On peut appeler rendement d’un bien ou d’un service sur le marché, le ratio quantité vendue par nombre d’heures mises pour le vendre. Le rendement d’un champ de maïs est le ratio du nombre de tonnes à l’hectare. En agriculture, le rendement agricole est la production par surface de terrain cultivé (généralement par hectare). Bernard et Colli (1996) révèlent qu’en français le terme « productivités » est substitué plus tard à celui qui était utilisé dès le milieu du XIXe siècle, d’abord à propos de (rendement à l’hectare), puis pour apprécier les résultats du travail humain (rendement d’un mineur de fond). Ces auteurs justifient la préférence accordée au mot productivité par des raisons d’ordre étymologique. Il serait, en effet « plus conforme à la réalité moderne puisqu’il remplace la notion de restitution par celle de production et de création ». Mais les autres soulignent que le terme « rendement est cependant resté attaché aux lois dites « des rendements croissants ou décroissants ». Il convient en outre de relever ici toute ambigüité du terme « rendement » qui désigne alternativement un rendement physique comme il a été dit ici, et un rendement monétaire (ce que rapporte quelque chose et particulièrement, un profit, un bénéfice). Bien qu’ayant des définitions différentes dans la littérature, force est de constater que ces concepts signifient souvent la même chose pour les différents cadres et sont souvent employés l’un pour l’autre sur le terrain. Le caractère abstrait de ces termes est l’absence de convention relative à leur élaboration qui entraine une certaine confusion dans la littérature. Cependant, malgré ces difficultés de définition, ces notions gardent leur importance, car elles permettent aux cadres d’évaluer la pertinence de leurs décisions et de tester dans le temps la viabilité de leurs choix stratégiques.

2.1.2.8 La performance

Selon Landsheere G. (1979), la performance désigne « […] un résultat individuel par opposition au résultat ou au rendement collectif ». Legendre R. (1993) précise que la notion de performance se rapporte au « rapport entre l’accomplissement réel, à savoir les résultats obtenus avec l’utilisation d’un niveau de ressource de référence au regard d’attentes fixées et de résultats projetés qui peut être un niveau de ressources standard ou étalon, un niveau de ressources de comparaison non standard,

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un niveau de ressource fixé comme objectif indépendant de toute comparaison ». Ainsi, la notion de performance à une forte connotation économique. En essayant de faire le lien entre ces différents concepts, nous pouvons dire que l’efficience est une mesure interne de la performance qui est une notion plus large, car elle englobe souvent l’efficacité, et souvent l’efficience. La performance peut constituer également un dépassement, un déploie et une mesure du succès perçu par le public. Le concept d’efficience est néanmoins plus restrictif que celui d’efficacité, car ce dernier concept touche à des aspects informels et inclut finalement l’efficience (ci-dessous schéma détaillé de la performance).

Schéma 2 de performance

Source : Minéry S et al.(2017)

En effet, améliorer la productivité, ce n'est pas forcement travailler dur ou plus, mais travailler intelligemment. La productivité permet ainsi de mesurer l'efficacité du système productif, pour comparer la production réalisée et les quantités de facteurs de production utilisés. De toutes ces définitions, nous retenons dans le cadre de cette étude que la productivité se définit comme le rapport entre ce qui est produit et les unités d'input qui ont été consommées pour y parvenir à un meilleur score de production. Cependant, que nous renseignent les approches théoriques sur la productivité agricole ?