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Les cyclones tropicaux

1.2 Cas du Bassin Sud Ouest de l’Océan Indien

1.2.2 Les cyclones historiques et la saison cyclonique 2001/2002

Plusieurs cyclones hantent la mémoire des Réunionnais, et ce, depuis les premiers occupants de l’île qui essuyèrent en 1657 un cyclone qui les dépouilla de tous leurs biens.

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Ensuite les archives font état de bons nombres de cyclones plus ou moins intenses jusqu’à 1948. En effet, le « cyclone 48 » considéré par les anciens comme le cyclone du siècle, surement à cause de son caractère meurtrier (165 victimes), a vraisemblablement soufflé à plus de 250 km/h ; la destruction d’un pylône de radio prévu pour résister à des vents de 300 km/h faisant gage de preuve. Combinées à ces vents intenses, de fortes pluies ont engendré des dégâts colossaux. Plus tard en 1962 le cyclone JENNY arrive si vite que la population n’a pas le temps de se mettre à l’abri. Un avion reste même bloqué sur le tarmac de la piste de l’aéroport Roland Garros avec des passagers à son bord. On dénombrera 36 morts avec des dégâts importants dus essentiellement au vent. GISELLE en 1964, DENISE en 1966, FLORINE en 1981, CLOTILDA en 1987, COLINA en 1993 ou encore HOLLANDA en 1994, sont autant de noms de tempêtes ou cyclones qui ont marqué les mémoires des habitants de La Réunion. Cependant deux noms résonnent de manière plus cinglante dans la mémoire collective : HYACINTHE et FIRINGA. Le cyclone tropical HYACINTHE touche La Réunion en janvier 1980. Pendant près de deux semaines, ce météore va déverser sur l’île des quantités exceptionnelles de pluie hissant La Réunion au rang des records mondiaux de précipitation (records mondiaux de pluie cumulée sur une période de 12 h, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 et 15 jours). En effet malgré une intensité « classique » et à cause d’une trajectoire atypique (3 passages près des côtes avec une intensité crescendo ; 2 boucles) l’île reste sous l’emprise des masses pluvieuses très actives associées au système pendant 12 jours. Les dégâts sont considérables et on dénombre 25 victimes, triste record jamais plus atteint depuis JENNY en 1962. Quand FIRINGA touche l’île le 29 janvier 1989, c’est un cyclone tropical en pleine maturité. C’est le sud de l’île qui sera le plus touché avec des pointes de vent enregistrées à 216 km/h et une pression relevée au Port de 962 hPa. Les dégâts sont énormes et on dénombre 4 victimes.

La saison cyclonique 2001/2002 a été particulièrement active (Fig. 1.13) en se classant au deuxième rang parmi les saisons les plus actives de ces 30 dernières années (26 jours de présence d’un cyclone tropical mature sur zone). L’élément le plus remarquable et le plus caractéristique de cette saison aura été l’intensité moyenne anormalement élevée atteinte par l’ensemble des différentes perturbations, avec une proportion exceptionnelle de systèmes dépressionnaires s’étant développés en cyclones tropicaux.

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Figure 1.13 : Saison cyclonique 2001/2002 dans le BSSOI (source Météo-France)

En effet sur les 11 systèmes baptisés (donc ayant atteint le stade de tempête tropicale), 9 ont évolué vers le stade de cyclone tropical ce qui représente une proportion considérable par rapport à la moyenne de 4,85/9. Cette caractéristique de la saison 2001/2002, à avoir des systèmes ayant tendance à s’intensifier, est confortée par le nombre de cyclones (5) qui ont pu s’intensifier jusqu’au stade de cyclone tropical intense dont même un, HARRY, a atteint le stade très redouté de cyclone tropical très intense. Cette saison aura aussi marqué une rupture par rapport aux précédentes, en terme de longévité. En effet elle a été précoce (ANDRE, premier système baptisé en fin octobre) et à la fois tardive (KESINY, dernier système baptisé en début mai) aboutissant à une saison de six mois et demi. Les cyclogénèses se sont régulièrement réparties tout au long de la saison avec une relative concentration en fin janvier. La zone de cyclogénèse habituellement privilégiée des Chagos est demeurée improductive alors que sur le Canal du Mozambique un seul système dépressionnaire s’est formé. Une grande majorité des cyclogénèses s’est formée sur l’est du BSOOI ou en dehors : 6 se sont

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formés à l’est de 80°E dont 4 à l’est de 90°E en zone de responsabilité australienne. Le caractère plutôt méridien des trajectoires (Fig. 1.13) associé à une concentration des cyclogénèses à l’est du bassin, ont épargnés les zones habitées concentrées principalement dans l’ouest du bassin. En effet compte tenu du potentiel destructeur représenté par un tel nombre de cyclones et de phénomènes particulièrement intenses, cette saison cyclonique aura été relativement clémente. Ainsi les 5 systèmes dépressionnaires à s’être formés à l’ouest de 80°E ont tous influencé plus ou moins directement Madagascar et les Mascareignes, mais épargnés l’Afrique Australe. De plus Madagascar, malgré sa taille, a même échappé à un impact direct du cyclone tropical très intense HARRY. Par contre les Mascareignes, la région la moins chanceuse de cette saison cyclonique 2001/2002, ont subi de plein fouet l’impact du cyclone tropical intense DINA, qui a fait sur son passage des victimes sur l’île Maurice et engendré des dégâts colossaux sur La Réunion. Ce météore a douloureusement rappelé à la population les dangers extrêmes et les effets dévastateurs de ces phénomènes climatiques que sont les cyclones. Ainsi l’étude de DINA, premier phénomène cyclonique majeur depuis FIRINGA, apparaît comme essentielle !

Nous venons d’examiner dans une première partie les différents éléments nécessaires à la formation d’un cyclone tropical, ainsi que les processus majeurs responsables de son maintien et de son intensification. Nous avons ensuite présenté les caractéristiques du bassin sud ouest de l’Océan Indien où le cyclone tropical intense DINA a vu le jour. Dans le

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Chapitre 2