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Les crues historiques du bassin versant de la Meurthe

bassin versant de la Meurthe

I. Les inondations historiques dans le bassin versant de la Meurthe

4. Les crues historiques du bassin versant de la Meurthe

Le croisement des sources instrumentales et documentaires permet de proposer une chronologie des inondations qui ont impacté le bassin versant de la Meurthe. Il est important de rappeler à ce stade que les années sans événement signalé ne peuvent être considérées de manière certaine comme des années sans inondation. Il s’agit des années pour lesquelles aucune mention à ce type d’événement n’a pu être trouvée, ce qui conduit à déduire qu’il n’y a probablement pas eu de crue d’ampleur majeure.

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Les inondations qui ont concerné le bassin versant de la Meurthe sont principalement liées au débordement des cours d’eau, en raison de différentes influences climatiques : les crues océaniques se caractérisent par des perturbations venant de l’océan atlantique qui se succèdent et qui amènent des précipitations régulières pendant plusieurs semaines, conduisant à une saturation des sols et à une réactivité du bassin en cas de poursuite des épisodes pluvieux ; les crues de dégel qui provoquent une fonte du manteau neigeux qui joue alors un rôle décisif dans la formation des crues ; les crues d’orages qui génèrent des précipitations intenses et des réponses rapides des cours d’eau. Le type de crue sera précisé dans le cadre de l’étude monographique des épisodes les plus impactant.

Concernant les mois d’apparition des inondations, elles se déroulent le plus souvent entre novembre et mars, mais elles peuvent apparaître toute l’année. La figure IV.33 présente la répartition des crues au cours des différents mois de l’année. La statistique est réalisée séparément pour les épisodes signalés par les hauteurs d’eau (en bleu) et ceux mentionnés dans les sources documentaires (en vert). La répartition des épisodes réalisée à partir des hauteurs d’eau répond à la saisonnalité hydrologique attendue. Par contre, les crues mentionnées dans les sources documentaires présentent une répartition plus disparate au cours de l’année.

Ces événements sont narrés au cours du temps en fonction du contexte socio- économique de l’époque et en fonction des dommages causés. Une fréquence élevée des épisodes qui se sont déroulés qui sont décrits dans les sources documentaires pour le mois de juillet pourrait s’expliquer dans la mesure où ils devaient engendrer des dommages importants aux prairies et aux récoltes.

La chronologie des crues les plus importantes et les plus dommageables recensées dans le bassin versant de la Meurthe est présentée dans les figures IV.34 et IV.35. La période des XVIème et XVIIème siècles est très lacunaire. Nous nous intéressons plus particulièrement aux

épisodes qui se sont déroulés depuis le XVIIIème siècle et qui sont présentés sur la figure IV.35.

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Figure IV-34 : Chronologie des crues dans le bassin versant de la Meurthe depuis le XVIème siècle

Figure IV-35 : Chronologie des crues dans le bassin versant de la Meurthe depuis le XVIIIème siècle

Le XVIIIème siècle est marqué par trois événements majeurs : 1734, 1740 et 1778. Ce siècle se caractérise également par une fréquence des crues en juillet. Ce constat déjà abordé d’une manière plus générale dans la partie précédente (voir Fig. IV.33) a également été fait par Frécaut (1971) sans qu’il puisse déterminer s’il s’agit d’une caractéristique hydroclimatologique de la période ou simplement d’un biais statistique lié à l’inventaire des sources documentaires plus fourni pour ces crues.

Si le XIXème siècle n’enregistre qu’un seul événement de type 3 (1824), on note par contre une fréquence des événements de catégorie 2 particulièrement élevée : 1831, 1844, 1861 et 1880 et 1895. Ce siècle est marqué par des débordements très fréquents, avec régulièrement plusieurs inondations signalées la même année :

 En janvier 1880 se produit une violente crue qui génère des dommages importants. On signale en octobre 1880 une autre très forte crue, les rivières débordent, les prairies sont submergées. La prairie de Tomblaine est sous les eaux ;

 Le 10 novembre 1882, on signale une inondation générale de la vallée de la Meurthe de Lunéville à Custines, puis une seconde fin décembre de cette même année ;

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 En janvier 1895, deux crues de la Meurthe inondent des quartiers de Nancy. Deux autres crues importantes se produiront à nouveau en mars puis en novembre ;

 En 1896, on signale deux crues importantes, en mars et en octobre.

Ce siècle se caractérise également par la fréquence des épisodes de débâcle qui marquent la fin du Petit âge glaciaire. De nombreux écrits témoignent en effet du gel des cours d’eau et des conséquences des débâcles glaciaires durant ce siècle. Dans une lettre datée de janvier 1830 (AD Meurthe-et-Moselle, 3 S 560) adressée au Préfet de la Meurthe, le Directeur général des ponts et chaussées l’invite à prendre toutes les dispositions nécessaires pour maintenir libres des glaces les ponts qui tendent à les obstruer. On signale cette même année que des cantonniers à la charge de la ville ont été employés pour déblayer les glaces des ruisseaux et que le passage des ponts de Malzéville et de Rosières-aux-salines a été interrompu aux voitures pendant la durée de la débâcle (AD Meurthe-et-Moselle, 3 S 560). On peut lire dans un rapport de l'ingénieur ordinaire datant du 6 janvier 1880 (AD Meurthe-et-Moselle, 3 S 770) que « par suite des froids excessifs du mois de décembre, les rivières de Meurthe et de Moselle ont gelé sur presque tout leur parcours dans l’étendue de notre service, et la glace a généralement atteint une épaisseur de 0,40 à 0,50 m. La débâcle s’est produite en quelques heures, dans les journées du 1er et du 2 janvier avec une violence inouïe ». A Lunéville, le 29 janvier 1891, la Meurthe est gelée et il faut engager le cassage des glaces des turbines dont l’épaisseur moyenne est de 0,77 m (AM Lunéville, série O). Dans un courrier du 30 janvier 1891 (AM Lunéville, série O) adressé à M. le Général commandant la 2ème Division de cavalerie, le maire de Lunéville s’engage à rembourser les matériaux fournis au service de la Guerre et employés au pétardement du canal des turbines (explosifs).

Les XXème et XXIème siècles se caractérisent par des inondations majeures aux dommages très importants causés notamment par les crues de 1919, 1947, 1983 et 2006. L’implantation des aménagements en zone inondable au cours de ces deux derniers siècles a conduit à augmenter les enjeux et les populations exposées au risque d’inondation, rendant le territoire plus vulnérable. Les événements de catégorie 2 sont également fréquents durant cette période. Néanmoins, si les dommages des événements de 1935 et 1982 ont pu être évalués, grâce aux archives modernes pour 1935, et aux arrêtés de catastrophe naturelle pour 1982, ce n’est pas le cas des crues de 1941, 1955 et 1958. La série W des archives contemporaines (après 1940) n’a en effet pas pu être consultée en raison de la fermeture des archives départementales de Meurthe-et-Moselle. Le classement en catégorie 2 de ces trois événements repose pour le moment uniquement sur les hauteurs d’eau et un reclassement en fonction des dommages pourrait être réalisé ultérieurement pour ces trois événements.

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II. Exposition au risque et organisation de la défense contre les