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Chapitre 4 : LE CADRE METHODOLOGIQUE

5. Les critères de rigueur : validité et fiabilité

Patton (2002) précise que les techniques de recueil de données doivent répondre aux exigences de reproductibilité : quelqu’un d’autre utilisant le même guide d’entretien doit obtenir une information similaire, de vérité : les réponses ne doivent pas être issues d’idées prédéfinies ou de données préexistantes, de crédibilité : les questions posées et la manière dont elles sont posées doivent être en rapport avec le phénomène, de transparence : les méthodes doivent être transcrites telles que le lecteur puisse identifier comment elles ont été collectées et analysées.

Tout au long de notre recherche, nous avons pris des précautions afin d’assurer sa validité. La validité d’une recherche synthétique qualitative repose sur un certain nombre de critères de rigueur permettant d’en garantir la validité interne et externe (Devers, 1999).

Le premier critère de rigueur porte sur la validité de construit. Pour ce faire, nous nous sommes assurés que l’ensemble des concepts retenus représente bien l’ensemble des domaines de l’intégration des soins. L’importance des concepts retenus dans l’état des connaissances a répondu aux exigences de l’approche synthétique qualitative choisie pour cette recherche.

Le deuxième critère de rigueur porte sur la crédibilité, la fidélité et l’authenticité des résultats. Les mesures prises pour garantir ce biais ont été tout d’abord la multi variété des sources de données et des méthodes de collectes issues de sources différenciées dite de triangulation des méthodes, via trois types de croisement :

- Le croisement des niveaux dans le choix des groupes-clés d’appartenance des personnes rencontrées : niveau de production de l’offre, niveau d’utilisation de l’offre et niveau de l’appréciation de l’offre par des représentants des usagers (membres de la table de concertation des aînés du Centre-du-Québec ;

- Le croisement des méthodes de recueil des données : entrevues individuelles, entrevues de groupe, observations non participantes et matériel documentaire permettant de corroborer ou d’invalider les données issues des entretiens ;

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- Analyse croisée du chercheur principal, de la directrice de recherche et de la codirectrice de recherche permettant la discussion sur l’analyse des résultats immédiatement et après le recueil et à distance, au moment du traitement des données.

La rencontre en trois temps du médecin responsable de la gérontopsychiatrie de Sherbrooke, portant notamment sur la vérification de la modélisation de la trajectoire du patient est également une garantie de la fidélité des résultats.

Le journal de bord méthodologique a été vérifié de manière régulière par le directeur de recherche, ce qui a assuré le contrôle de qualité de ces données. Lors de l’étape de codage des données, un double contrôle a été assuré par le médecin gérontopsychiatre, co-directeur de recherche, ayant contribué à la validité du codage.

Enfin, sur le critère de transférabilité des résultats, c'est-à-dire la possibilité de généraliser les résultats pour d’autres terrains futurs de développement du programme de gérontopsychiatrie, nous pouvons dire d’une part que l’utilisation des enseignements de l’étude du cas d’exploration combinée à l’analyse du contexte du cas d’exploitation est de fait une transférabilité des résultats et d’autre part que cette transférabilité pourra également être possible, à partir des résultats de l’analyse de leur contexte particulier, à l’implantation d’une nouvelle surspécialité en région non universitaire, dans un milieu ne disposant pas encore de surspécialiste.

Le dernier point, et non des moindres, consiste en la recherche d’objectivité du chercheur. Nous avons porté une attention particulière à l’identification et l’utilisation de notre subjectivité issue de notre expérience professionnelle, de nos valeurs et engagements personnels afin de les rendre visibles28. Une recherche qualitative, en effet, mobilise l’intersubjectivité des

personnes rencontrées et particulièrement celle du chercheur, dans une position de double herméneutique (Guba et S. Lincoln, 1994). Il s’agit d’une force sur laquelle le chercheur peut s’appuyer pour identifier les données pertinentes, pour mettre en lien et interpréter données et contexte en profondeur.

Cette expérience peut aussi constituer un biais de lecture orientée par les expériences de l’interviewer qu’il est nécessaire de contrôler par plusieurs méthodes : identification préalable

28 L’expérience professionnelle à laquelle nous faisons référence est celle d’une infirmière (de 1980 à 1988) et d’une

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des préjugés, double lecture ou triple lecture (dans le cas de cette recherche disposant de deux directeurs de recherche d’expériences croisées académique et clinique)

En effet, au préalable et avant de commencer le travail de recherche, les préjugés du chercheur sur les conditions d’intégration d’une nouvelle pratique clinique dans un réseau de santé ont été identifiés et mis par écrit afin de les tenir à distance. Ensuite, la subjectivité du chercheur a été utilisée lors des entrevues avec conscience de leur utilisation pour mobiliser chez l’interviewé ce qui lui « tient à cœur » dans sa pratique, ses engagements personnels et ses batailles. Cette utilisation a permis de recueillir un matériel riche de sens pour la recherche.

Là également, l’utilisation de sources variées et croisées de données issues d’intervenants multiples permettent de garantir une mise à distance utile pour l’authenticité des résultats et l’objectivité de l’analyse du chercheur. L’identification par le chercheur de sa propre subjectivité dans son journal de bord, toujours supervisé régulièrement par le directeur de recherche a constitué une autre méthode de mise à distance.

UTILITE ET LIMITES DE LA RECHERCHE

L’utilité de cette recherche se situe à deux niveaux. Elle a permis en premier lieu de déterminer finement les concepts à l’œuvre dans l’implantation dans un nouveau terrain d’une surspécialité dans deux réseaux de soins intégrés existants, celui de la santé mentale et celui de la gériatrie. Elle permet également d’identifier des lignes directrices pour l’ensemble de la communauté médicale de la gérontopsychiatrie en émergence. Les résultats de cette recherche sont en effet attendus par les professionnels pour guider leurs actions de développement et proposer un cadre plus efficace de leur fonctionnement en particulier pour augmenter l’accessibilité de ces soins spécialisés à la population. Enfin, ces lignes directrices pourront sans doute éclairer les décideurs lors des choix politiques, au niveau local et régional.

Cependant, la limite principale de cette recherche est essentiellement celle du temps imparti à un mémoire n’ayant pas permis l’exploration d’autres terrains québécois avec autant de profondeur que l’étude de cas réalisée dans le contexte de cette recherche. Cette extension aurait été utile pour croiser des données d’exploration inter-cas et aurait mieux garanti la transférabilité des résultats à d’autres contextes régionaux.

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LES GARANTIES D’ÉTHIQUE DE LA RECHERCHE

La démarche de ce mémoire se conforme aux exigences en matière d’éthique de la recherche selon les règlements, directives, politiques et procédures décrites par l’Université de Montréal et du Comité d’Éthique et de la recherche du CSS-IUGS.

En effet, ce protocole de recherche a été soumis à l’appréciation de trois comités d’éthique : celui de l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM), du comité d’éthique de la recherche en santé (CERES) de cette même université et, pour cette recherche multicentrique selon la réglementation ministérielle du 1er février 2015, du comité d’éthique et

de la recherche (CER) du CSSS-IUGS de Sherbrooke, lequel a constitué le coordonnateur multi site pour la veille des conditions d’éthique de cette recherche.

Les autorisations des professionnels en responsabilité : médecin responsable du programme de gérontopsychiatrie, directeur des services professionnels ont été obtenus préalablement.

La participation aux entrevues a été volontaire. Le consentement29 de chacun des

professionnels et représentants d’usagers, quel que soit le type d’entrevue, a été demandé de manière individuelle après information préalable et détaillée du projet de recherche et assurance de la confidentialité des données, de la durée et du lieu de stockage.

Chaque participant a été informé30 par un document qu’il a reçu dans un délai adapté

avant l’entretien pour qu’il puisse en prendre connaissance et donner son consentement de manière éclairée. Ce consentement a été systématiquement recherché au moment de la rencontre. Le chercheur a sollicité les questions et y a répondu, lorsqu’il y en avait avant l’entretien31, et a

recueilli l’accord du participant sur l’enregistrement du contenu de l’entretien et des conditions de conservation précisées dans le document d’information et de consentement reçu préalablement.

29 Voir en annexe 7, 7 bis et 7 ter les documents d’information et de consentement. 30 Ibid.

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Chapitre 5 : RESULTATS ET DISCUSSION