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CHAPITRE V DISCUSSION

5.2 Les contributions méthodologiques et managériales

Mis à part les contributions théoriques discutées, notre étude peut être considérée comme étant novatrice au niveau de son apport théorique puisqu’il s’agirait une des premières études effectuées en lien avec l’outil NAS qui présente un volet qualitatif d’une aussi grande envergure. Si l’on se fie au cadre conceptuel élaboré et qui a su guider la présente étude (p. 47), nous pouvons observer que l’utilisation d’outils de quantification de charge de travail est en tête d’une série d’actions possibles, et qu’il est donc important de valider si les outils servant à la déterminer sont adéquats. Outre la validation au moyen de données quantitatives, la nature exploratoire de notre étude de cas, notamment en raison d’être un devis mixte séquentiel rétrospectif, a permis de de déterminer les raisons précises pour lesquelles les participants ont mentionné que les scores obtenus n’étaient pas représentatifs de leur charge de travail. Ce sont des informations qui n’auraient pas pu être déterminées au moyen d’un devis quantitatif uniquement, si l’on se fie à nos résultats.

Au niveau des apports managériaux, les résultats obtenus au sein du volet qualitatif sont grandement pertinents. Ce qui ressort de cette étude est la nécessité de bien cadrer le besoin de l’unité en question ainsi que ses caractéristiques avant d’implanter un tel

outil. Tout dépendant du besoin de l’unité, l’utilisation de l’outil NAS peut détenir plusieurs fonctions. Dans un premier temps, nous avons conclu que l’utilisation de l’outil NAS pour la détermination du ratio patient-infirmière ne serait pas pertinente, puisque la validité des scores obtenus est souvent remise en question. Notre étude a permis de faire surgir des informations liées au fait que souvent, l’outil n’était pas rempli adéquatement, notamment puisque certains ont avoué fausser les résultats. De plus, notre étude a su identifier la présence d’une incompréhension des items composant l’outil chez certains participants.

Un autre problème associé à la validité de l’outil, mais qui est davantage spécifique à notre étude de cas, est le fait que le score peut être modifié dans le système une fois généré. Cela vient enfreindre la validité de l’utilisation de l’outil de façon significative, puisque tel que soulevé par plusieurs participants, les résultats ont souvent été modifiés une fois générés afin qu’ils reflètent davantage la situation vécue. Il serait donc pertinent pour les gestionnaires d’enfreindre l’accès, ou du moins le limiter, à l’interface de l’outil pour le patient et la période donnée une fois le score généré.

Dans un deuxième temps, il est important pour les gestionnaires de bien divulguer l’intention d’utilisation d’un outil de quantification de charge de travail puisqu’une retenue à ce niveau semble réellement créer un environnement de travail nocif triomphé par la crainte et l’incertitude. Sans quoi, l’implémentation d’un tel outil risque d’être davantage contreproductif qu’autre chose. Tel qu’identifié au sein de la littérature, un nombre adéquat d’effectifs, une implication active des infirmières dans la prise de décision, la mise en place d’un leadership positif offrant du support aux infirmières ainsi que par l’entretien de bonnes relations et d’une communication efficace entre les infirmières et les autres professionnels de la santé sont tous des facteurs qui peuvent optimiser la présence d’un environnement de travail positif (Aiken et al., 2011 ; Cowden et al., 2011 ; Lartey et al., 2014 ; Twigg et McCullough, 2014). Il est donc

important pour les infirmières de pouvoir faire confiance au système et aux gens qui sont impliqués. De plus, puisqu’il semblerait que les infirmières plus âgées aient plus de difficulté de s’adapter aux avancements technologiques, il serait pertinent de leur offrir un soutien constant afin qu’elles se sentent confortables.

Dans un troisième temps, en ce qui a trait à l’utilisation de l’outil NAS pour le jumelage des patients, nous avons conclu qu’elle est pertinente, mais conjointement à la méthode d’assignation actuelle tel qu’évoqué précédemment. De nombreuses sont les études qui ont tenté d’identifier la meilleure méthode d’assignation des patients ainsi que des facteurs qui entrent en ligne de compte, un phénomène complexe étudié de longue date. Allen (2015) a identifié les facteurs suivants comme influençant le processus. Au niveau du patient, il s’agit des coordonnées sociodémographiques, de l’acuité, de la charge de travail ainsi que de la durée d’hospitalisation. Au niveau de l’infirmière, l’étude fait référence à la compétence, la relation patient-infirmière, les coordonnées sociodémographiques, les tâches additionnelles, la préférence ainsi que du quart de travail. Au niveau de l’environnement, il s’agit de l’effectif infirmier actuel, du ratio patient-infirmière, du lieu de travail, de la collégialité, de la disponibilité du support de l’effectif, du moment de la journée ou de la semaine ainsi que de la norme de la qualité des soins fournis aux patients. Tel qu’on peut le voir, plusieurs facteurs doivent être pris en considération afin de faire une attribution adéquate et réaliste des patients aux infirmières, et ils ne sont pas tous représentés au sein de l’outil NAS. C’est pourquoi nous proposons de l’utiliser à cet effet seulement si l’outil est déjà implémenté au sein de l’USI dans le but d’assigner le ratio patient-infirmière sur l’unité globalement.

Sur ce, il est raisonnable de penser que selon les résultats obtenus dans le cadre de notre étude, l’intégration de l’outil NAS au sein d’une unité de soins intensifs n’est pas sans conséquence, et dans ce cas-ci devrait potentiellement être révisée par les gestionnaires.

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