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Chapitre 3 Le pouvoir de subversion des cultures pérennes

3.2 Les compromis et les consensus territoriaux

La caféiculture n'aurait sans doute jamais pu atteindre l'ampleur qu'elle a aujourd'hui si les modèles qu'elle porte n'avaient triomphé aussi largement. En quelques dizaines d'années, à la notion de "pays Édé", le Dak Lak est emblématiquement devenu "pays du café". Cette euphémisation identitaire par disparition de la dimension ethnique de cette province au profit d'une dimension purement économique n'est pas anodine. Parce que les autorités aussi bien coloniales que vietnamiennes ont tenté de parer la plante d'atours "neutres" purement fonctionnels, elle, et toutes les pratiques qu'elle nécessite, ont participé à la structuration de compromis entre différentes paysanneries d'une part et entre une paysannerie et l'État d'autre part.

Dans la transformation de l'organisation territoriale et sociale des plateaux se sont noués des compromis et des consensus à différentes échelles. Alors que traditionnellement les analyses inter-ethniques insistent sur la dimension conflictuelle, nous tenterons de comprendre par quelle "magie" du territoire, les plateaux du Centre Viêt Nam après plusieurs dizaines d'années de fermeture et de guerre ont vécu presque quinze ans de paix sociale relative589. Alors que les conflits de 2001 viennent

rappeler les oppositions et des combats de légitimités non réglées, ils ne devraient cependant pas masquer le fait que pendant plusieurs dizaines d'années, se sont instaurés des compromis et des consensus entre différentes paysanneries et l'État au sujet du territoire.

Avant d'aller plus loin dans la réflexion, quelques clarification s'imposent. La différence qui est faite entre consensus et compromis porte sur les modalités de l'accord entre plusieurs parties. Alors que le compromis signifie un « arrangement dans lequel on se fait des concessions mutuelles », qui suppose dialogue, échange d'arguments et au final accord entre les parties590, le consensus n'implique pas une

négociation entre deux acteurs ; il renvoie à une convergence non explicitée en tant que telle, qui n'a pas fait l'objet d'un arrangement ouvert mais plutôt à une convergence d'intérêts entre plusieurs acteurs poursuivant chacun leurs propres logiques et aboutissant, sans concertation aucune, à une entente sur des pratiques où sur des conceptions identiques selon des stratégies pouvant être différentes. Cette distinction met l'accent sur des comportements qui ne rentrent pas dans la catégorie de la négociation et qui, pourtant, permettent d'expliquer un certain nombre de logiques des groupes paysans et de l'organisation territoriale.

Le jeu entre ces trois types d'acteurs intégrés dans deux types d'accord est la cheville ouvrière, le mécanisme central, qui s'est formé autour de la caféiculture et qui correspond à l'organisation du territoire contemporain du Dak Lak. Ces deux formes

589 D'après des informateurs fiables, les conflits de 2001 sont les premiers depuis la fin des combats avec le

FULRO au début des années 1990.

590 Pour reprendre la définition du compromis territorial telle que l'écrit Rodolphe De Koninck, celui-ci peut être

non-dit mais il est toujours conscient chez les deux acteurs. Voir De Koninck R. in Lévy J., Lussault M.(dir.), 2003, p. 192.

d'accord -un consensus et un compromis- mobilisent deux échelles géographiques et deux dimensions distinctes des relations entre autochtones, allochtones et État. Ces deux modalités de structuration de l'espace social du Dak Lak sont analysées successivement dans un premier temps en abordant les formes d'alliances objectives des paysanneries autochtones et allochtones contribuant à la reproduction des groupes et dans un second temps en s'intéressant au compromis noué entre l'État et les paysans allochtones majoritaires dans le Tây Nguyên.

3.2.1 L'alliance objective de deux logiques paysannes

L'alliance objective des logiques autochtones et allochtones au moment où elles sont en contact produit des effets inattendus en terme de contribution à un même phénomène mais pour des raisons différentes. En clair, le défrichage et l'ouverture des terrains se sont produits dans les plateaux à la faveur de la conjonction de deux pratiques agricoles des autochtones et des allochtones, à l'insu des premiers mais au profit des seconds. Cette répartition des tâches où le premier coupe l'arbre alors que le second le replante est une forme de division ethnique du travail favorisée lors de la colonisation. Ces différences et ces hiérarchies fondées sur des observations ont été intégrées dans un ensemble de pratiques permettant de nouer des consensus entre populations différentes sans que jamais les termes de l'alliance n'aient été négociés entre eux.

a) Une division ethnique du travail

Afin d'exposer l'analyse selon laquelle il existe des consensus entre paysanneries autochtones et allochtones, il n'est pas inutile de revenir sur la manière dont les colons, selon le principe de structuration hiérarchique des identités, appliquent une division ethnique du travail : tout en haut se placent les colons détenteurs de la "Civilisation" ; viennent ensuite les Kinh, serviteurs et auxiliaires de ces derniers et embauchés comme coolies destinés aux travaux des champs ou comme petits commerçants locaux ; enfin les autochtones, cantonnés dans le milieu rural, sont assignés à des travaux agricoles plus sommaires, comme le défrichage forestier.

Dans son ouvrage sur Les terres rouges en Indochine Yves Henry nous livre une analyse sur la répartition différenciée du travail entre autochtones et Kinh. Pour justifier la hiérarchie trois arguments essentiels sont distingués. Le premier porte sur la continuité du travail des autochtones.

« Les Moïs, Muong et autres habitants des hautes régions s'embauchent en hiver après la récolte et avant la préparation des nouveaux rÉy :

ils ne travaillent généralement que quelques jours de suite »

pour acheter des biens de consommation courante aux annamites591.

S'ajoute l'argument concernant un penchant pour le défrichage donnant une efficacité certaine dans le travail grossier du déboisement. La productivité supérieure reconnue aux "Montagnards" contribue à les placer à une certaine place dans l'organisation du travail.

« Il y a cependant des travaux que le Moï préfère, en particulier l'abattage de la forêt ; les désherbages lui plaisent beaucoup moins (…) il a pour le défrichement un rendement très supérieur à l'annamite »592.

En bonne logique hiérarchique, en raison de la faible malléabilité des autochtones, ceux-ci sont subordonnés aux auxiliaires coloniaux.

« Il est très rare de pouvoir compter sur eux comme source sûre de main d'œuvre ; ils sont très irréguliers, donc difficiles à instruire. Aussi, les colons n'y font appel qu'à défaut d'annamites. (…) Les Moïs du Kontum-Darlac prennent la tâche des défrichements complets. Ils travaillent par petits groupes de trois à dix, ce qui oblige les plantations importantes, afin d'éviter des complications de comptes, à donner les défrichements à des tâcherons annamites qui eux les répartissent en détail aux Moïs »593.

Pour s'en tenir à ces quelques arguments relatifs à l'organisation coloniale de la production qui en réalité n'a touché qu'une partie réduite de la population, tout est en place pour que la répartition du travail entre autochtones et Kinh se fasse sur un double statut social inégalitaire : alors que les Kinh sont salariés comme coolies dans les plantations, les autochtones y travaillent aussi mais dans le cadre de la corvée, c'est-à- dire de la fourniture de travail obligatoire et non rémunéré. De plus s'opère via ce système une complémentarité car les autochtones fournissent le premier travail de défriche alors que les allochtones s'occupent à la suite des soins fournis à la plantation. Les colons organisent par cette division ethnique du travail une rationalisation à leur profit en assignant à chaque groupe des activités qui leur sont propres. Cette hiérarchie sociale permet alors aux colons de maintenir leur pouvoir et d'organiser un monde social sur lequel ils gardent le contrôle. Cette distribution en dominations emboîtées des rôles est reproduite par les autorités du Viêt Nam méridional d'après 1945 dans le plan de développement économique des Pays Montagnards du Sud où NguyÔn §ª note que les autochtones ne seront appelés dans les plantations que pour les besoins

591 Henry Y., 1932, p. 41. Le terme de rÉy dans son sens premier signifie la technique d'essart-brûlis. Dans la

pratique et de manière plus informelle, ce terme renvoie à un champ sans préjuger du type de culture et de pratiques effectuées sur la parcelle en question.

592 Idem, p. 42. 593 Idem, p. 41.

occasionnels comme le débroussaillage, l'abattage, l'essouchage594. Par ce mécanisme

de ségrégation des activités productives qui est ensuite reproduit, se construit un univers distinct entre "Montagnards" et "Vietnamiens" qui participe à la production d'une division ethnique de l'espace justifiant l'exclusion des autochtones du milieu urbain, des plantations et leur maintien dans les espaces forestiers. En effet, en distinguant d'un côté le travail d'essouchage et le travail de la plantation, les hiérarchies sociales et spatiales sont entérinées. Les colons se trouvent devant un paradoxe dont ils semblent ne pas avoir conscience : en produisant de l'exclusion et des hiérarchies ils ont toutes les chances de voir les autochtones refuser le modèle de l'enrichissement dont ils sont pourtant les fervents missionnaires.

Cette division ethnique du travail, mise en place au plus grand bénéfice des colons, se perpétue au-delà de la colonisation sous la forme de défrichements et de la vente de ces terrains aux nouveaux migrants venus dans le cadre des nouvelles zones économiques.

b) La mobilité participant au cloisonnement territorial

Lorsque la question des minorités est abordée au Viêt Nam en général, et dans les plateaux du Centre en particulier, nombreux sont ceux qui s'étonnent du fait que des groupes autochtones ont la propension à vendre leurs terrains reproduisant ainsi la division ethnique du travail. Ces ventes ont pour effet, malgré une entrée temporaire de capital monétaire, une perte définitive d'espace, c'est-à-dire de capital foncier en adoptant le point de vue du principe territorial. C'est ce que note Tran Dac Dân lorsqu'il constate que « même les montagnards sont actifs dans le marché foncier »595. Pour

expliquer ces comportements, certains invoquent le plus souvent le manque d'éducation, une supposée nonchalance… Autant de raisons qui cachent en fait la non- conformité à un référent, une règle implicite -le mode territorial- à la base du compromis territorial tel qu'il s'impose au cours du XXe siècle dans le Tây Nguyên. On a affaire à une entente implicite d'intérêts divergents entre paysanneries autochtones et allochtones. En effet, elle est fondée sur des objectifs identiques mais selon des modes différents : alors que la reproduction du groupe social repose sur la poursuite de la mobilité (des champs agricoles, l'habitation étant fixe) qui peut être analysée comme un mode circulaire de pratique du territoire, à l'inverse pour les migrants cette reproduction se fait par l'application du mode territorial.

Se perpétue alors la division sociale du travail avec d'un côté les "défricheurs de forêts" et de l'autre coté les paysans "sédentaires", chacun des deux groupes poursuivant sa propre logique ; ils s'entendent sur les actes -l'un défriche et poursuit son mode circulatoire alors que l'autre occupe cette terre défrichée contre compensation monétaire (c'est-à-dire l'occupation et la mise en valeur territoriale)- mais pas sur le sens qu'ils y projettent : s'organise ainsi une alliance objective de deux

594 Viêt-Nam (État du), 1952, p. 29. 595 Tran Dac Dan, 2001, p. 226.

logiques contradictoires dont précisément le but est pour les cultivateurs sur essart- brûlis de reproduire et de conserver du capital social par l'acquisition puis l'échange de capital foncier contre du capital économique alors que pour les Kinh la conservation du capital social passe par l'acquisition de capital foncier et l'accumulation économique.

On comprend dès lors mieux comment des groupes d'essarteurs ont souhaité poursuivre leur mode circulatoire où le temps se marque par l'espace parcouru596. Cette

circulation est « une liberté paradoxale qui transforme le dénuement matériel en bien- être et qui ne peut se vérifier que par le déplacement fréquent. On ne se sent effectivement libre qu'à la condition de ne pas s'encombrer de bagages tout en bénéficiant de la possibilité d'acquérir (cueillir, prendre) le nécessaire partout où l'on se trouve »597. Ainsi, les groupes pratiquant le mode circulatoire dans leurs activités

agricoles trouvent dans le nouveau contexte des plateaux leurs subsistances en cédant les terrains au fur et à mesure qu'elles circulent. La conséquence est alors le cloisonnement autour d'elles des territoires parcourus. Cette alliance contradictoire peut permettre d'entrevoir comment les paysanneries alliées à l'État dans le cadre du compromis territorial ont tiré de la ressource du territoire. Elle explique également comment s'est entretenue une transaction territoriale unissant les autochtones et les allochtones au profit de ces derniers sans que finalement les termes n'aient jamais été négociés entre eux. Ce pacte tacite au détriment de la forêt rendait en principe service à tous les protagonistes : l'État obtient de fait la mise en valeur agricole, le contrôle et l'implantation de paysans-soldats ; les paysanneries allochtones obtiennent des surfaces de terrains à exploiter et les autochtones poursuivent leurs modes de gestion du territoire et peuvent acquérir des biens de consommation.

Compte tenu des jugements de valeurs qui sont appliqués aux pratiques agricoles à longues jachères d'une grande partie des groupes autochtones dans les plateaux du Centre Viêt Nam, on verra quels sont les arguments avancés pour faire cesser ces pratiques et comment sous les effets convergents et de la forte croissance démographique et des programmes de sédentarisation des minorités598 et de la course

de vitesse engagée pour l'acquisition de terre destinée à la plantation de caféiers, ce compromis est devenu de plus en plus dissymétrique ; car les populations autochtones ont été privées d'espaces d'abord par l'obligation de "sédentariser" leurs pratiques agricoles, ensuite par la déforestation massive des fermes agro-sylvicoles (N«ng-l©m

tr-êng) réduisant d'autant les espaces de circulation599 et enfin par la vente et

l'occupation des terres en faveur des migrants.

596 L'ouvrage de Georges Condominas montre un exemple de perception du temps matérialisé par le

déplacement des parcelles de culture et par la consommation d'espaces forestiers, Condominas G., 1982. Voir également les commentaires du même auteur dans un documentaire vidéo, Condominas G., Nous

avons mangé la forêt…, Centre audio-visuel de l'Université Toulouse-le-mirail, 80 mn.

597 Retaillé D., 1997.

598 Le directeur du Département de l'Agriculture et du Développement Rural de Dak Lak estime actuellement à

31 % le nombre de personnes appartenant à des groupes minoritaires non encore sédentarisées. Phan M-u BÝnh, 1999, p. 33. L'application de la politique de sédentarisation ne préjuge en rien de la capacité des autochtones à poursuivre des défrichements.

599 On verra un peu plus loin la responsabilité de l'État dans le processus de déforestation notamment dans la

Ce consensus territorial, sans qu'il ne soit jamais énoncé en tant que tel, a fonctionné jusqu'à ce que les terres disponibles soient épuisées. L'État a tout intérêt à laisser fonctionner ce mécanisme même s'il conduit à un malentendu et porte en germe des conflits d'autant plus violents qu'ils reposent sur le partage de la ressource qu'est l'espace foncier. On verra d'ailleurs lorsqu'on abordera ces questions en détail au sujet de Dak Lak de quelle manière ce consensus est profondément dissymétrique car il fonctionne au détriment des autochtones sous la forme d'un rétrécissement des espaces de circulation.

Parmi les raisons qu'il est possible d'avancer pour expliquer l'absence d'intervention de l'État dans les relations paysannes on peut de manière préliminaire en citer une première. Le laisser-faire de l'État -identique à celui des colons- est dû à la croyance qu'il est possible par l'échange commercial "d'éduquer" les minorités aux bienfaits du commerce et à l'attrait des biens de consommation courante. Par les revenus immédiats que les cultures commerciales pérennes procurent, celles-là sont conduites insensiblement vers l'économie de marché socialiste telle qu'elle est prônée par l'État et donc vers une participation à l'activité économique du pays.

La perception et la pratique des espaces, notamment la manière de vivre, de pratiquer et de se représenter le territoire, sont importante pour saisir les malentendus qui apparaissent entre les différents groupes. La superposition pratique des conceptions topocentrique et géométrique de l'espace, telles qu'elles ont été énoncées précédemment, participe à un cloisonnement généralisé du territoire. Partant de ces mécanismes de consensus entre paysanneries, on essayera dans l'analyse des mécanismes contemporains à Dak Lak de souligner les alliances possibles entre les autres paysanneries présentes comme les migrants spontanés appartenant à des groupes d'ethnies minoritaires allochtones afin de saisir comment les ressources sont exploitées. À l'échelle locale, en jouant sur la reconstruction des identités et des rôles attendus par les autochtones, s'est noué un consensus dissymétrique entre des populations indigènes et allogènes dans la mise en œuvre locale du compromis national. Ainsi, s'est créé un système entre les autochtones fournisseurs de terres, les allochtones transformant l'espace et l'État organisant son territoire. Entre l'État et des paysanneries il n'y a pas de confusion dans la manière de penser le territoire, il n'est plus question cette fois d'une alliance fondée sur des conceptions divergentes mais sur des pratiques complémentaires.

3.2.2 Des compromis entre l'État et l'ethnie majoritaire

Si à l'échelle locale ou provinciale, le consensus entre groupes de paysans a fonctionné, à l'échelle nationale d'autres formes d'alliances se sont nouées entre l'État et le groupe majoritaire. Le compromis entre l'État et la paysannerie Kinh tel qu'il a été analysé par Rodolphe De Koninck est intéressant dans notre optique car il exprime la manière dont le modèle social et économique s'impose dans les plateaux. Dans cette perspective, on insistera sur la place des cultures commerciales pérennes comme

mécanisme de redistribution des bénéfices de l'exploitation agricole aussi bien pour l'État que pour les paysans.

a) Une alliance entre la paysannerie majoritaire et l'État

Les travaux de Rodolphe de Koninck dans le cadre des recherches sur la colonisation agricole en Asie du Sud-Est ont bien montré comment se construit un compromis dont l'enjeu est le territoire entre la paysannerie et l'État. À l'échelle nationale, le compromis entre paysans des plaines et l'État a parfaitement fonctionné. Ces milliers de paysans-soldats Kinh ont rempli et remplissent toujours avec zèle leurs missions et cela d'autant mieux que celles-ci répondent à leurs ambitions familiale et personnelle. Cette adéquation entre stratégie nationale et familiale a permis l'ouverture de l'espace et l'implantation des nouveaux modèles socio-économiques. D'un point de vue politique, la notion de frontière en tant que soupape foncière pour les paysanneries des plaines et de conquête territoriale pour l'État a été démontrée dans de nombreuses publications où il est possible de constater comment les fronts pionniers ouverts pour la plupart en Asie du Sud-Est par les autorités sont une manière de régler le morcellement foncier des deltas rizicoles supportant des densités humaines fortes600. Cependant,

dans cette optique les minorités autochtones n'ont qu'un rôle passif dans un processus « de marginalisation et/ou d'intégration »601.

Le compromis territorial dont il est question porte explicitement sur une certaine forme de paysannerie, en l'occurrence la paysannerie des plaines, population dont sont issues les classes gouvernantes. L'alliance bâtie entre cette paysannerie et l'État au sujet de la conquête et de l'appropriation du territoire des plateaux est donc un compromis où les protagonistes partagent les mêmes représentations territoriales et sociales. En décortiquant les logiques de construction et d'appropriation territoriale602,

l'auteur propose comme élément de compréhension de la territorialité paysanne l'idée