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Les claviers virtuels optimisés, ambigus ou dynamiques.

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VITESSE DE SAISIE DE TEXTE

III. 1. Les claviers virtuels optimisés, ambigus ou dynamiques.

Pour les personnes utilisant les claviers virtuels, plusieurs voies de recherche ont été menées. Nous pouvons citer entre autres, les claviers optimisés, les claviers ambigus et les claviers dynamiques. Pour les personnes tétraplégiques utilisant des dispositifs de pointage tels, les pointages à la tête ou à l’œil ainsi que les trackballs au menton, les claviers optimisés peuvent être une solution. Ces derniers présentent un arrangement fixe de lettres, différent de celui que l’on connait (AZERTY ou QWERTY pour la langue anglaise). L’objectif de ce type de clavier virtuel est de diminuer la distance et le temps de déplacement du curseur afin de réduire le coût moteur et de gagner en rapidité de saisie de texte. Différentes dispositions de lettres ont été étudiées allant de la plus simple (AZERTY/QWERTY standard versus ordre alphabétique) (Mackenzie et al., 1999) aux plus compliquées (OPTI, GAG) (MacKenzie and Zhang, 1999) (Raynal and Vigouroux, 2005). Aucune étude, à notre connaissance, sur un échantillon significatif de personnes

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tétraplégiques n’a toutefois pu mettre en évidence l’influence de ces configurations sur la vitesse de saisie de texte. De plus, les résultats obtenus avec ces différents systèmes sur le plan des vitesses de saisie

de texte que ce soit auprès de la population valide ou de personnes en situation de déficiences sensitivomotrices des membres supérieurs (maladies neuromusculaires) restent mitigés face à la disposition standard AZERTY/QWERTY. La principale explication est le manque d’apprentissage sur ce type de designs versus le design standard que toute personne habituée à l’outil informatique a intégré pendant de longues années d’utilisation. Il manque, dans tous les cas, des études plus précises intégrant des séances d’apprentissage et sur des échantillons de personnes tétraplégiques plus importants afin de pouvoir conclure sur l’utilité de ces nouveaux designs sur la vitesse de saisie de texte.

Concernant l’accès par défilement, il a été montré qu’une organisation particulière des lettres est plus ou moins efficace selon les nombres de contacteurs utilisés (Harbusch and Michael, 2003). De même, une disposition adéquate des lettres apporte un gain sur le temps de sélection des touches lors d’un défilement à contacteur unique (Cantegrit and Toulotte, 2001). Néanmoins, ce gain reste limité en termes de vitesse de saisie de texte.

Enfin, pour les personnes tétraplégiques ou la population valide utilisant un clavier standard, peu d’études ont évalué un clavier standard physique optimisé. Nous pouvons citer les claviers Bépo ou Dvorak (Anderson et al., 2009) (Figure 11), mais ces claviers restent très confidentiels (les points de vente sont très rares), chers et avec une mise en place plus ou moins facile (nécessité d’installer des pilotes). De même, à

notre connaissance, aucune étude sur un échantillon significatif de personnes tétraplégiques n’a pu mettre en évidence l’influence de ces configurations sur la vitesse de saisie de texte.

Les claviers ambigus proposent plusieurs caractères par touche permettant ainsi de réduire le nombre de touches de saisie (Harbusch, 2003) (Kushler, 1998). C’est au système en tant que tel de désambiguer la saisie afin de produire le mot souhaité. Ces claviers sont ainsi bien adaptés aux interfaces de petite taille. Ils étaient couramment utilisés sur la téléphonie mobile (T9, par exemple) avant l’arrivée massive des smartphones. Ces claviers ambigus peuvent être utilisés soit en pointage direct, soit en accès par défilement. Au final, quelle que soit la méthode utilisée, il est souvent nécessaire de pratiquer plusieurs validations pour obtenir un caractère ce qui engendre une fatigue à l’utilisation et limite leur utilisation à FIGURE 11:ÀGAUCHE CLAVIER PHYSIQUE BEPO ; A DROITE CLAVIER PHYSIQUE DVORAK

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des cas bien précis (interfaces très petites, ou un accès par défilement qui permettra ainsi un temps de sélection plus rapide, mais plus d’appuis) (Antoine and Maurel, 2007). De même, aucune étude, à notre

connaissance, sur un échantillon significatif de personnes tétraplégiques n’a mis en évidence une influence de ces claviers ambigus sur la vitesse de saisie de texte.

Les claviers virtuels dynamiques présentent la particularité de réagencer automatiquement les lettres les plus pertinentes (Ward et al., 2000) (Merlin and Raynal, 2010) (Raynal and Vigouroux, 2005) (Antoine and Maurel, 2007) (Wandmacher et al., 2008) autour de la lettre sélectionnée par l’utilisateur et ceci à chaque saisie. Ces claviers sont parfois perturbants pour l’utilisateur du fait du réagencement permanent et sont difficilement automatisables par les utilisateurs. En effet, ces derniers ne peuvent pas prévoir où va apparaitre la lettre souhaitée et par conséquent anticiper sur le déplacement du dispositif de pointage.

Néanmoins, aucune étude, à notre connaissance, sur un échantillon significatif de personnes tétraplégiques ou en situation de déficiences sensitivomotrices des membres supérieurs accédant à l’outil informatique avec un dispositif de pointage direct ne permet d’affirmer que ce type de clavier améliore ou pas la vitesse de saisie de texte. Par contre, ce type de dispositif semble indiqué pour une

population de personnes accédant à l’outil informatique par défilement automatique. En effet, comme les utilisateurs sont contraints par la position automatique du défilement et sa temporisation, ils peuvent explorer plus facilement l’espace situé à proximité de la position du défilement plutôt que d’explorer l’espace total du clavier.

En clinique, l’optimisation des claviers virtuels par réagencement des lettres est surtout réalisée par les professionnels pour les personnes qui accèdent à l’outil informatique par défilement. Mais les professionnels de santé, principalement les ergothérapeutes, s’appuient plutôt sur des optimisations réalisées par des utilisateurs ou d’associations d’utilisateurs plutôt que des produits de la recherche, sûrement par méconnaissance. Nous pouvons citer deux exemples d’alphabets optimisés : code voyelles/consonnes et le code ALIS de l’Association du Locked in Syndrome, basé sur l’ESARIN (Figure 12). L’ESARIN est le classement des lettres dans leur ordre de fréquence d’apparition dans la langue française à savoir : ESARINTULOMDPCFBVHGJQZYXWK.

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