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MODALITÉS D’ÉLABORATION ET D'ACTUALISATION*

LES BACCALAUREATS PROFESSIONNELS

Les premières expérimentations concernant la préparation au baccalauréat professionnel ont commencé à la rentrée scolaire 85/86. Elles concernaient 1 157 jeunes qui se sont présentés au baccalauréat en 1987. Depuis, ce diplôme connaît un développement très important :

1 157 candidats en 1987, 6 175 candidats en 1988, 18 856 candidats en 1989, 31 802 candidats en 1990

• Historique

Trois rapports ont joué un rôle déterminant dans la création du baccalauréat professionnel.

- Un rapport sur «les bacheliers dans l'industrie», remis au ministre de l'Éducation nationale en 1983 par des représentants de l'Union des industries métallurgiques et minières. Ce rapport reposait sur deux constats :

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• les bacheliers F intéressent le monde professionnel, mais c'est une «denrée» en voie de disparition ;

• nos entreprises ont tendance à recruter massivement des titulaires de BTS et de DUT, mais elles n'offrent pas toujours les emplois auxquels ces jeunes aspirent, ni la carrière correspondante.

Le document mettait le doigt à juste titre sur la faiblesse des sorties au niveau IV de formation, à côté des sorties très nombreuses au niveau V (BEP et CAP) et en très forte augmentation au niveau III (BTS et DUT). Un rapport sur « les emplois industriels de niveau IV» réalisé par le CEREQ à l'occasion d'un thème de travail du groupe des enseignements technologiques. Le travail du CEREQ, qui portait notamment sur l'analyse des évolutions en cours au sein des industries de process (notamment la chimie, la sidérurgie et le secteur agro-alimentaire) et de la métallurgie (notamment à travers l'apparition de la nouvelle catégorie professionnelle de technicien d'atelier), confirmait l'analyse précédente: on voit émerger dans un certain nombre de secteurs de nouvelles catégories professionnelles qui ne correspondent plus aux capacités identifiables à travers le BEP et le CAP et qui ne peuvent pas non plus être confondues avec les fonctions de techniciens de type BTS-DUT. Le rapport de la mission Éducation-Économie présidée par M. Bloch. Parmi les propositions remises au ministre de l'Éducation nationale par les membres de la mission Éducation-Économie auxquels il avait été demandé de faire des propositions susceptibles de rapprocher le système éducatif de son environnement économique, figurait la proposition de créer un nouveau diplôme que la mission suggérait d'appeler baccalauréat professionnel. Il semblait en effet aux membres de la mission que si l'on voulait donner à ce nouveau diplôme un effet attractif, il convenait de l'appeler baccalauréat.

• Quelques caractéristiques du baccalauréat professionnel.

Par rapport aux autres diplômes de l'enseignement technique, le baccalauréat professionnel présente trois grandes originalités.

- Il n'est accessible qu'après un premier diplôme professionnel (de type BEP ou CAP acquis en deux ans après la troisième). Ce choix fondamental a permis d'en faire un diplôme de réussite. Il représente en effet une possibilité de poursuite d'études positive pour des élèves qui n'ont pas toujours choisi avec plaisir la préparation au BEP et qui auparavant n'avaient que très peu de possibilités de poursuites d'études, sinon en rejoignant par le biais des classes d'adaptation des filières dont ils avaient été exclus et où ils retrouvaient les mêmes difficultés que celles qui avaient causé leur exclusion. Ce choix a fortement contribué à décloisonner les lycées professionnels.

- Il intègre l'alternance. C'est la première fois qu'un diplôme de

l'Éducation nationale reconnaît dans sa structure le caractère incontournable de l'alternance, à travers l'organisation obligatoire de périodes de formation en entreprise (entre 12 et 14 semaines sur

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les deux années de préparation) et leur prise en compte dans l'examen par une épreuve spécifique. Ce choix correspond a deux

grands types de préoccupations :

• rapprocher le monde de l'école et le monde de l'entreprise. On demande de plus en plus de jeunes diplômés ayant aussi une expérience professionnelle; l'institution de périodes de formation en entreprise est une manière d'aider les jeunes à se constituer un début d'expérience professionnelle et de permettre aux entreprises de découvrir des jeunes qui n'ont pas peur du travail ;

• reconnaître le caractère formateur de l'entreprise. Une formation ne peut plus être complète dans un centre de formation: il y manque le contact avec la réalité professionnelle et de plus en plus souvent le contact avec le travail en grandeur réelle, qui passe par des formes qu'il n'est plus possible de reproduire en centre de formation. Il n'est plus pensable, en particulier, d'introduire dans les établissements de formation des équipements à fort débit qui reproduiraient les conditions d'une production réelle.

- Il innove sur le plan pédagogique.La préparation au baccalauréat professionnel n'est pas définie à partir d'horaires d'enseignement hebdomadaire mais à partir d'horaires globaux pour les deux années (même si des horaires hebdomadaires moyens ont rapidement fait leur apparition). De même l'enseignement n'est pas défini à partir des disciplines traditionnelles, mais à partir de domaines de formation qui sont au nombre de quatre :

• un domaine scientifique technologique et professionnel, où les disciplines scientifiques apparaissent comme étant au service de l'ensemble de la progression pédagogique. C'est la raison pour laquelle un enseignement défini à partir de répartitions hebdomadaires immuables ne correspond pas à l'esprit de ce diplôme ;

• un domaine de communication et d'ouverture sur le monde ; • un domaine artistique ;

• un domaine éducation physique et sportive .

Enfin si les horaires d'enseignement sont calculés sur la base de 30 heures hebdomadaires, il est prévu en plus de 3 à 6 heures, dans l'établissement, d'activités à caractère personnel. Ce choix correspond à la volonté de développer les capacités d'autonomie des élèves.

• Situation à la rentrée 1991

31 spécialités de baccalauréat professionnel existent à la rentrée 91, cinq spécialités étant organisées autour d'options. L'ensemble des secteurs professionnels est pratiquement couvert. Les nouvelles demandes de création de baccalauréat devraient pouvoir être traitées dans le dispositif existant, en utilisant les richesses et la souplesse du diplôme, ou en développant le système des options si nécessaire.

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• Quelques problèmes.

Deux problèmes principaux subsistent.

- L'accès à l'emploi et à la poursuite d'études : le choix d'avoir donné à ce nouveau diplôme le titre de baccalauréat, avec tous les droits afférents à ce titre, a pu conduire à penser qu'il devait conduire naturellement à la poursuite d'études. Il semble pourtant que la réussite de ce diplôme sera assez directement déterminé par sa liaison à l'emploi et donc la qualité de l'insertion de ses titulaires : le baccalauréat professionnel doit être un bon passeport pour l'emploi ; il n'est pas un passeport universel pour la poursuite d'études.

- Le baccalauréat professionnel et le niveau d'accès à l'emploi: les baccalauréats technologiques et les brevets de technicien renvoient, dans leur réglementation, à l'activité de technicien, puisque ces diplômes attestent que «leurs titulaires sont aptes à exercer une

activité de technicien » Par contre, le baccalauréat professionnel

« atteste que ses titulaires sont aptes à exercer une activité

professionnelle hautement qualifiée». L'évolution de la définition de

ces différents diplômes correspond aussi bien à la conscience qu'il n'existe pas de relation automatique entre niveau de formation initiale et niveau d'accès au premier emploi, qu'à la volonté de ne pas « leurrer » les candidats à ce diplôme par rapport à leur insertion professionnelle: si 80 % de jeunes atteignent le niveau du baccalauréat, cela ne peut pas vouloir dire que 80 % des emplois seront devenus des emplois de techniciens !