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2 ACTIVITÉ EXPÉRIMENTALE ET ACTIVITÉ TECHNOLOGIQUE

TECHNOLOGIQUES AUX DIFFÉRENTS NIVEAUX DE FORMATION

2 ACTIVITÉ EXPÉRIMENTALE ET ACTIVITÉ TECHNOLOGIQUE

NIVEAUX DE FORMATION

LAURENT JOURDAN, MICHEL AUBLIN

1. INTRODUCTION

L'intitulé du thème proposé était formulé de la façon suivante: "les apports spécifiques des activités expérimentales dans les différentes filières, aux différents niveaux de formation". S'agissant de l'enseignement de la technologie, cette formulation pose un double problème : l'activité technologique peut-elle se réduire à une simple activité expérimentale ? Peut-on aborder dans un même exposé l'enseignement de la technologie dans l'ensemble des filières et aux différents niveaux ? Afin d'en réduire l'étendue, cet exposé concernera principalement les apports spécifiques des activités technologiques dans le cadre général de l'enseignement technologique, à l'école, au collège et au lycée.

2 . ACTIVITÉ EXPÉRIMENTALE ET ACTIVITÉ TECHNOLOGIQUE

Les récentes propositions concernant les projets de rénovation du lycée et du collège, mettent l'accent sur l'importance qu'il convient d'accorder à l'enseignement de la technologie en l'associant souvent aux sciences expérimentales. Le texte du CNP sur l'enseignement des sciences expérimentales et ses rapports avec la technologie témoigne de la proximité des sciences et des techniques, mais il traduit également une extrême confusion à l'égard de la technologie.

Il ne s'agit pas d'opposer la science et la technologie dont les activités et les apports spécifiques s'enrichissent et se complètent, ni de présenter la

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technologie comme le prolongement naturel des sciences appliquées. Par son ouverture sur le monde contemporain et par la prise en compte des contraintes de cet environnement, la technologie dépasse la seule application des sciences. Elle sollicite des aptitudes et des comportements propres qui ne sauraient réduire les apports spécifiques des activités technologiques à ceux des activités expérimentales.

Si les sciences expérimentales et la technologie se complètent et se fécondent mutuellement, elles recouvrent des domaines d'études différents qui font appel à des compétences et à des démarches spécifiques. En ce sens, elles constituent deux disciplines distinctes qui se complètent dans la mesure où les sciences font appel aux techniques pour se développer et se concrétiser et la technologie s'appuie sur des outils scientifiques pour produire des biens et des services. Elles se fécondent dans la mesure où l'évolution des sciences est liée aux performances des moyens techniques permettant à la connaissance de progresser et que le développement des technologies est alimenté par les outils théoriques provenant des sciences fondamentales ou des sciences appliquées. Cette proximité n'autorise pas la confusion : les sciences et la technologie poursuivent des finalités différentes et, par là même, développent des compétences différentes.

L'amalgame entre science et technologie tient, en partie, selon les pays et les époques aux acceptions différentes du mot "technologie". Ainsi le sens "américain" du terme (sciences appliquées) diffère de celui généralement retenu en France (étude des objets et des systèmes techniques), quoique dans notre langage familier une confusion subsiste, ou est entretenue selon les enjeux du moment, entre "science", "technique" et "technologie".

Le grand Larousse de la langue Française propose les définitions suivantes :

SCIENCES. Le mot apparaît en 1080 ; il désigne alors un ensemble de

connaissances dues à l'expérience, au savoir-faire et menant à des réalisations pratiques.

TECHNIQUE. Le mot apparaît en 1684 ; c'est alors un adjectif. Il ne

devient un nom qu'en 1744 pour désigner un ensemble de procédés propres à un métier, à un art, permettant d'obtenir un résultat concret.

TECHNOLOGIE. Le mot apparaît en 1656 et ne prend son sens actuel

qu'en 1876. C'est l'étude des outils, des procédés et des méthodes employés dans les diverses branches de l'industrie.

Lorsqu'ils entrent dans notre vocabulaire courant, ces mots ont des sens très voisins : tous recouvrent la notion de savoir-faire en vue d'une réalisation pratique. Cependant, certains esprits opposent souvent le savoir systématique, rationnel et général de la science à un savoir sommaire et empirique qui serait celui de la technologie.

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S'il est vrai que la technologie s'apparente à une science par son esprit, par la manière méthodique de poser un problème, par la rigueur de sa démarche, par la généralité de ses concepts, par le recours aux modèles mathématiques, par la précision de ses observations et de ses mesures, la technologie dépasse la seule application des sciences par sa finalité : l'étude et la réalisation de produits (matériels ou immatériels) ou de services, destinés à satisfaire les besoins exprimés par l'homme.

3. OBJETS ET RICHESSE DE LA TECHNOLOGIE

La technologie est consacrée à l'étude et à la réalisation d'objets et de systèmes techniques imaginés, conçus et utilisés par l'homme, pour répondre à ses propres besoins. Elle s'intéresse aux objets et aux systèmes dans leurs multiples dimensions :

- fonctionnelle : l'objet est considéré comme un ensemble de fonctions en interrelations, associées en vue de la réalisation d'une fonction technique globale ;

- technique: l'objet est appréhendé comme un ensemble d'éléments matériels associés ;

- scientifique : l'objet technique est le siège de phénomènes scientifiquement ou empiriquement connus ;

- économique : c'est un objet de consommation, résultat d' un système de production et d'un mode d'organisation du travail ;

- historique : l'objet technique porte le témoignage des évolutions historiques d'une civilisation ;

- sociologique : l'objet technique est un agent de changement social ; - culturelle : l'objet technique est marqué par la culture d'une société sur

laquelle il agit, en même temps qu'il l'influence.

Par sa richesse et sa diversité, par ses apports spécifiques et par son ouverture sur les objets réalisés par l'homme, l'enseignement de la technologie constitue une composante importante de la culture générale moderne ayant pour finalité globale :

- la compréhension de l'environnement technologique contemporain et l'appropriation des démarches de projet technique qui conduisent aux réalisations conçues par l'homme ;

- la compréhension de l'influence de la technologie sur la culture d'une société.

Cet enseignement propose des apports spécifiques, qui se distinguent de ceux qu'apporte la démarche expérimentale. Il repose sur :

- l'apprentissage de démarches et de méthodes propres à l'activité technique ;

- l'acquisition de savoirs et savoir-faire spécialisés ;

- le développement d'attitudes et de capacités, permettant d'assimiler et de mobiliser des connaissances dans l'action.

L'enseignement de la technologie devrait donc occuper une place privilégiée dans la formation initiale des jeunes, depuis l'école

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élémentaire jusqu'au baccalauréat. Les travaux de la COPRET ont assigné des objectifs à cet enseignement, aux différents niveaux, à partir des finalités rappelées ci-dessus.

Le CNP a engagé une réflexion sur le rôle de la technologie à l'école et au collège, mêlant sans les définir les termes de technologie, technique, sciences expérimentales, physique, .... au nom d'un nécessaire rapprochement des disciplines. A l'école et au collège, il est certainement indispensable de gommer les frontières qui spécialisent trop tôt ces disciplines mais cela ne doit pas dénaturer leurs finalités qui donnent à chacune d'elles son sens et sa cohérence et qui sous-tendent des attitudes, des démarches et des compétences complémentaires.

L'examen des finalités et des objectifs assignés à la technologie, à l'école élémentaire, au collège et au lycée (en classe de seconde), permet de saisir la cohérence qui caractérise cette discipline.

A l'école élémentaire

L'enseignement réunit les sciences et la technologie. Il a pour objectif de faire acquérir les méthodes propres à la démarche scientifique (observer, analyser, expérimenter puis représenter) et technologique (concevoir, fabriquer, transformer).

- Au cours préparatoire, l'enfant observe, classe, manipule, réalise. - Au cours élémentaire, des projets techniques sont conçus, organisés, réalisés.

- Au cours moyen, l'enfant apprend à construire des problèmes, formuler des hypothèses, raisonner et expérimenter pour parvenir à une solution. Dans la pratique, par manque de formation et d'équipement, mais aussi à cause de la confusion entre science et technologie, les activités proposées à l'enfant sont rarement technologiques. Dans ces conditions, les apports se limitent souvent à un éveil aux sciences expérimentales.

Au collège

La technologie est consacrée, en principe, à l'étude et à la réalisation d'objets et de systèmes techniques. L'âge des élèves conduit à privilégier l'objet technique plus accessible dans un premier temps.

À ce niveau de formation les objectifs sont les suivants : - mettre en œuvre une démarche de projet ;

- intégrer conception, réalisation, usage ;

- comprendre et maîtriser les évolutions techniques et technologiques (dans un environnement économique) ;

- connaître le monde du travail.

Malgré les efforts entrepris depuis plusieurs années pour former les professeurs et équiper les collèges, et malgré de nombreuses réussites spectaculaires, il reste encore beaucoup à faire pour que l'enseignement de la technologie atteigne sa pleine efficacité.

Au lycée:

La technologie proposée en seconde de détermination, vise à 1'acquisition des connaissances et des démarches propres à la compréhension et à

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l'utilisation de systèmes pluritechniques automatisés qui permettent de produire des biens matériels ou d'assurer des services.

Les objectifs poursuivis sont les suivants :

- acquérir des connaissances techniques décloisonnées et structurées ; - acquérir les capacités à poser et résoudre des problèmes techniques ; - initier les élèves à la productique et aux concepts structurels et

fonctionnels des systèmes automatisés ;

- faire prendre conscience des interactions entre les processus et leurs produits et de leurs évolutions en fonction des besoins de la société. Là aussi, au delà de réussites exceptionnelles, ces objectifs sont loin d'être tous maîtrisés. Ainsi on passe d'un éveil aux sciences et la technologie à l'étude des objets puis à l'étude des systèmes. Dans tous les cas, l'enseignement s'appuie sur des situations concrètes, l'élève est confronté à des produits répondant à un besoin à satisfaire. Il met en œuvre des démarches inductives à partir d'activités d'analyse ou de synthèse. Il est confronté à une obligation de résultat.

4 - LES SPÉCIFICITÉS DE L'ENSEIGNEMENT