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PARTIE 2 : Repères théoriques

1. Représentations Sociales : de la théorie fondatrice de Moscovici au modèle bi-

1.2. Les attitudes et représentations sociales

1.2.1. La notion d’attitude :

La notion d’attitude en psychologie sociale a donné lieu à de multiples définitions. D’après Maisonneuve la plus concise est de J. Stoetsel : « : l’attitude désigne en psychologie sociale la manière dont une personne se situe par rapport à des objets de valeur. » (1982. p.111)

Cette définition a donc un sens plus large que celui de Serge Moscovici que nous avons évoqué en amont.

Tafani & Souchet, (2001) dégagent trois points essentiels qui feraient consensus chez la plupart des auteurs en psychologie sociale :

1) (…) c’est un processus qu’il est impossible d’observer directement puisqu’il est interne à l’individu.

2) la partie observable du processus attitudinal réside dans le caractère évaluatif des réponses que le sujet manifeste à l'égard de l'objet d'attitude (Mc Guire, 1985; Zanna et Rempel, 1988; Yzerbyt et Corneille, 1994). (…)

3) les réponses du sujet à l'égard de l'objet attitudinal peuvent se regrouper en trois classes - cognitives, affectives et comportementales – (…) (Rosenberg et Hovland, 1960). (p. 59)

S’intéresser à la notion d’attitude nous paraît pertinent pour mettre du sens sur nos observations premières. En effet, si les formateurs attribuent des adjectifs aux groupes qu’ils accompagnent, nous pouvons penser que cela induit des changements dans leurs pratiques. Accéder aux attitudes des formateurs, les mesurer, nous permettraient d’apporter un éclairage sur le rapport qu’ont les formateurs avec les groupes. Toutefois l’étude de l’attitude n’étant

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pas l’objet d’étude central de notre recherche et l’attitude étant composée de trois dimensions nous nous proposons de nous concentrer sur une de ces dimensions.

Pour Salès-Wuillemin, Stewart et Dauntun (2004) qui s’appuient sur le modèle de Rosenberg et Hovland (1960) trois dimensions attitudinales peuvent être distinguées chez le sujet :

La dimension cognitive (aussi appelée perceptuelle, informationnelle ou stéréotypique) réfère aux connaissances que le sujet a sur l’objet attitudinal et dont le sujet le conçoit. ( …)

La dimension affective (appelée également sensation ou dimension émotionnelle) est en rapport avec les sentiments d’amour de haine, d’acceptation ou de rejet, c’est-à-dire ce qu’éprouve le sujet vis-à-vis de l’objet attitudinal. (…)

La dimension conative enfin, correspond à la façon dont le sujet se comporte vis-à-vis de l’objet attitudinal. (p. 45)

Notre étude étant centrée sur la représentation sociale qu’ont les formateurs des groupes de stagiaires en formation, et en particulier sur sa structuration, nous tenterons d’approcher les éléments constitutifs de la dimension cognitive. Étudier la structuration d’une représentation sociale, telle que définie par Abric, a pour but de déterminer l’organisation et le fonctionnement de la représentation sociale. Le groupe de stagiaires étant probablement un objet de représentation et un objet attitudinal pour les formateurs, s’intéresser à la dimension cognitive nous paraît pertinent pour affiner la description des connaissances que les formateurs ont des groupes de stagiaires.

1.2.2. Attitudes et Représentations Sociales

Nous l’avons vu précédemment (Partie 2, chap.1.1.1, p. 37) pour Moscovici (1961) l’attitude est une des trois dimensions autour desquelles s’organisent les représentations sociales (les deux autres étant l’information et le champ).

Le concept d’attitude et les théories des représentations sociales, s’inscrivent dans des traditions théoriques différentes (Salès-Willemin and al. 2004, p.44). Les méthodologies de chacun des deux champs leur sont propres bien que de nombreuses recherches s’intéressent à la façon dont elles coexistent et/ou s’imbriquent.

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Dans leur étude expérimentale Salès-Willemin & al. (2004) s’intéressent à l’activation d’une représentation sociale par l’attitude.

D’un point de vue méthodologique, ils activent chacune des trois dimensions attitudinales (cognitive, affective et conative) au moyen d’échelles de mesure d’attitude, celle de Thurstone pour la première, celle de Likert pour la seconde et enfin celle de Guttman pour la dernière. Il conviendra de nous positionner du point de vue méthodologique entre ces trois échelles pour mesurer l’attitude des formateurs vis-à-vis des groupes ou sous-groupes éventuels de stagiaires. En effet, nous intéressant plus particulièrement à la dimension cognitive de l’attitude et compte tenu de notre méthodologie, la pertinence de l’échelle est à définir.

Dans leur étude expérimentale sur l’activation d’une représentation sociale par l’attitude Salès-Willemin & al. (2004), d’un point de vue théorique concluent que :

En ce qui concerne l’approche théorique des liens existant entre attitude et représentation sociale, cette étude confirme l’existence d’un ancrage de l’attitude au sein de la représentation sociale, elle met par contre en évidence que cet ancrage ne se situe pas qu’au niveau de la dimension évaluative, il semble également se faire au niveau conatif et cognitif. (p. 53)

Ce point de vue, même s’il nous intéresse d’un point de vue méthodologique, ne développe pas suffisamment comment s’imbriquerait l’attitude et les représentations sociales. Ainsi nous nous appuyons sur l’architecture de la pensée professionnelle développée par Piaser et Ratinaud (2010) qui s’appuient eux-mêmes sur l’architecture de la pensée sociale développée par Rouquette (2009) :

Ce modèle ordonne chacun de ces concepts selon « un critère de variabilité et de labilité : dans un ensemble social donné, les opinions sont les plus diverses et plus changeantes que les attitudes, celles-ci à leur tour plus dispersées et plus modifiables que les représentations, le niveau idéologique étant finalement le mieux partagé et le plus stable. (p. 9)

Enfin, plus récemment, concernant l’architecture imbriquée des représentations sociales, des attitudes et des points de vues, Sammut, (2016) conclut :

L’étude des représentations sociales est transversale aux différents niveaux d’analyse du comportement social humain. Les représentations sociales fournissent aux individus les ressources discursives requises pour traduire leurs tendances attitudinales en conduites

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concrètes qui sont socialement sensibles et remplies de significations pour eux-mêmes et pour les autres, compte tenu des contingences des situations particulières dans lesquelles ils se trouvent. (p. 484)

1.3. Orientation de notre recherche au sein des théories des représentations