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Cas particulier des représentations sociales intergroupes : rapport au processus

PARTIE 2 : Repères théoriques

3. Cas particulier des représentations sociales intergroupes : rapport au processus

3.1. Introduction des processus sociocognitifs

Concernant les processus identitaires développés dans les théories de l’identité en psychologie sociale, Deschamps et Moliner en (2012) parlent de trois grandes familles de processus : égocentrés, sociocentrés et intermédiaires (p.24).

Les processus égocentrés « concernent plus particulièrement le traitement des informations relatives aux individus. » (Deschamps & Moliner, 2012, p. 37). Ce sont par exemple, les processus de la comparaison sociale et l’attribution.

Les processus sociocentrés « concernent le traitement des informations relatives aux groupes sociaux. Ils permettent aux individus d’élaborer et d’organiser leurs connaissances de ces groupes. » (Deschamps & Moliner, 2012, p. 24) Ce sont par exemple, les processus de catégorisation, catégorisation sociale, stéréotypes et différenciation catégorielle.

Enfin les processus intermédiaires « concernent l’information relative aux individus, mais qui tiennent compte des appartenances de ces mêmes individus à différents groupes sociaux. » (Deschamps & Moliner, 2012, p. 57) C’est par exemple, le processus d’attribution sociale.

Nous partons du constat que le formateur qualifie par un ou des adjectifs, le groupe en présence et les individus qui le composent. Ainsi, on peut penser qu’il crée inconsciemment des catégories dans lesquelles il classe les différents groupes. Dès lors nous nous intéressons au processus de la catégorisation :

Le processus de catégorisation renvoie à une activité mentale qui consiste à organiser et à ranger les éléments d’information –appelées données- qui sont collectés dans le milieu

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environnant. Elles (…) sont regroupées en ensembles – ou classes – plus ou moins vastes. Le regroupement s’opère, parce que ces objets partagent un certain nombre de caractéristiques communes. (Salès-Willemin, 2006. p.1)

3.2. La catégorisation sociale

Lorsque le processus de catégorisation concerne des personnes on parle de catégorisation sociale.

Le concept de catégorisation sociale renvoie d’une part à l’analyse de contenu des catégories et à leur organisation et d’autre part aux processus psychologiques en jeu lors d’une opération de catégorisation ou consécutivement à une telle opération.

Le contenu des catégories correspond aux traits qui s’appliquent aux éléments composant la catégorie ainsi qu’aux relations entre ces éléments. (…) Dans ce cadre, la catégorie renvoie au groupe social ; les traits typiques les plus communément associés sont appelés stéréotypiques. (…)

Le processus de catégorisation renvoie soit à une opération de constitution de catégorie (par regroupement des éléments similaires et différenciation des éléments dissemblables), soit à une opération d’affectation d’un élément dans une catégorie (par identification des propriétés de l’élément et mise en correspondance avec des éléments constitutifs de la catégorie). (Salès-Willemin, 2007. p.8)

Deschamps et Moliner attirent notre attention sur le fait que : « s’il y a systématisation de la perception de l’environnement, il y a aussi simplification, (…). De sorte qu’au travers de la catégorisation, les similitudes ou les différences entre les objets catégorisés deviennent plus marquées qu’elles ne sont en réalité. » (2012. p.25)

Les formateurs ont en charge d’accompagner, d’enseigner, de transmettre… à des groupes en formation. Ces groupes sont constitués d’individus plus ou moins différents ayant comme caractéristique commune possible, leur inscription dans un même dispositif de formation. Nous intéressant à la représentation sociale qu’ont les formateurs de ces groupes, et compte tenu que les résultats obtenus l’an passé reflètent majoritairement des caractéristiques individuelles, il nous semble pertinent d’étudier le processus de catégorisation sociale. En effet, nous pouvons supposer qu’un individu répondant aux critères du « bon » stagiaire, peut être repéré par le formateur comme pouvant permettre la constitution d’un « bon groupe » et inversement.

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Nous inscrivant théoriquement et méthodologiquement dans une approche structurale des représentations sociales, il nous semble pertinent d’évoquer plus spécifiquement la structuration des catégories.

En effet, d’après Salès-Willemin, (2007), « l’étude de la structuration des catégories a été appliquée à l’étude des relations intergroupes, ce qui a conduit les auteurs à s’intéresser non pas aux traits les plus caractéristiques, mais aux traits les plus communément associés par les groupes interrogés. » (p.10)

Brissaud - Le Poizat & Moliner, (2004) dans leur article, écrivent que :

« Plusieurs modèles théoriques rendent compte de la structuration des catégories (voir Cordier et Dubois, 1981 ; De la Haye, 1998 ; Corneille et Leyens, 1999). Parmi ceux-ci, les modèles par « prototype » postulent qu’une catégorie s’organise autour d’un schéma abstrait qui contient l’essentiel de l’information catégorielle. Les nouveaux exemplaires, rencontrés par les individus, sont comparés au prototype et assignés à la catégorie si leur degré de similitude est jugé suffisant. » (p.14)

Dès lors se pose la question de la possible existence pour les formateurs d’un groupe dit « idéal » de référence et/ou de prototypes de stagiaires qui leur permettrait de catégoriser les groupes et les individus. En effet, il s’agit d’établir dans quelle mesure cela pourrait expliquer l’évaluation qu’ils peuvent faire des groupes et des individus. Il nous faudra déterminer s’ils ont tendance à repérer des « prototypes » de stagiaires qui leur permettent par extension de catégoriser les groupes ou si inversement ils catégorisent les groupes et repèrent des prototypes de stagiaires au sein de ces groupes. Nous pouvons penser qu’en fonction du sens de la relation individus/ collectif au sein de la catégorisation opérée par les formateurs, les interactions peuvent être différentes lors d’actions formatives.

3.3. Catégorisation sociale et Représentations sociales

S’attacher à recueillir des éléments sur la structuration du système catégoriel semble adapté pour définir plus finement la représentation sociale qu’ont les formateurs des groupes de stagiaires. Mais avant ça, compte tenu que les concepts de catégorisation sociale et de représentation sociale émergent de deux courants de pensées très différents, il nous faut faire un point sur leur possible imbrication.

Depuis l’émergence de la théorie des représentations sociales (Moscovici, 1961), plusieurs auteurs se sont penchés sur les relations entre ces dernières et la notion de catégorie.

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Moliner est un des auteurs majeurs s’intéressant à cette idée nouvelle du lien entre représentation sociale et processus cognitifs.

Brissaud - Le Poizat et Moliner, (2004) dans leur article nous disent que :

Les études de représentations sociales soulèvent régulièrement la question des catégories. Mais elles le font de manières différentes. Certaines aboutissent, dans leurs conclusions, à la mise en évidence de systèmes catégoriels relatifs à l’objet étudié. (…) L’idée qu’une représentation puisse concerner un cas général et des cas particuliers, nous semble assez voisine de la proposition de Rosch (1978), relative au premier niveau d’organisation d’un système de catégories. (….) puisque ces cas particuliers appartiennent tous à une même catégorie, ils devraient présenter un certain nombre d’attributs communs, permettant de les assigner à cette catégorie. Dans le même sens, ils devraient aussi présenter des attributs spécifiant leurs particularités respectives. Du point de vue de la théorie du noyau, on peut donc faire l’hypothèse que certains attributs joueront le rôle d’éléments centraux principaux (communs à toutes les catégories) tandis que d’autres devraient apparaître comme des éléments centraux adjoints (spécifiques d’une catégorie). » (p.14-15)

Cet article nous permet d’appréhender quelles relations nous pouvons faire entre les deux théories et l’idée avancée par ces auteurs nous semble pertinente pour analyser nos résultats compte tenu que d’un point de vue méthodologique nous souhaitons nous appuyer sur les théories de la structuration des catégories et de la structuration des représentations sociales.

Pour conclure, dans un ouvrage dirigé par Rateau et Moliner (2009), ces auteurs évoquent de récentes recherches, encore en nombre insuffisant, qui montreraient que les représentations sociales et les processus sociocognitifs qui sont généralement étudiés de façon isolée pourraient être imbriqués, en particulier lorsqu’il s’agit de savoir comment des sujets se représentent les membres d’un groupe social avec lequel ils sont en interaction.

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4. Articulation théorique : de la catégorisation sociale aux attitudes des