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Etat des Connaissances

III. LE VACCIN GRIPPAL

Le vaccin trivalent inactivé actuel permet de prévenir la grippe chez approximativement 70 à 80 % des personnes en bonne santé de moins de 65 ans. Les bénéfices de la vaccination dans la prévention de la grippe, l’hospitalisation ou même la mortalité l’emporte largement sur le possible risque d’effets secondaires ou de réactions exceptionnelles associées au vaccin [23].

1. Composition du vaccin et choix des souches vaccinales

La composition du vaccin est réactualisée chaque année en fonction des données virologiques recueillies par les 110 centres de référence nationaux repartis dans le monde et analysés par les 4 centres de référence mondiaux [3]. Deux fois par an, ces données sont soigneusement examinées par des experts appartenant aux différents centres de références dépendant de l’organisation mondiale de la santé OMS.

Les souches virales circulant dans l’hémisphère nord sont examinées en février afin de déterminer celles qui pourraient être responsables de la maladie l’hiver suivant. De même les virus circulant dans l’hémisphère sud sont examinés chaque septembre. En se basant sur ces données, les experts de l’OMS décident quelles souches devront être incluses dans le vaccin grippal de la saison suivante, anticipant ainsi une concordance adéquate entre la composition du vaccin et les souches circulantes. A partir du moment où ces décisions sont prises, les industries ont approximativement six mois pour fabriquer les vaccins et les distribuer sur le marché [24].

Actuellement 2 sous-types du virus Influenza A H3N2 et H1N1 et une souche du virus Influenza B sont responsables de l’apparition de la grippe humaine, ils sont par conséquent inclus dans le vaccin antigrippal (voir figure 3).Ces souches entrant dans la composition du vaccin devront être approuvées par l’autorité nationale compétente de chaque pays concerné [25].

Figure 3 :

Epidémiologie des virus Influenza A et B humains. Trois différents types d’hémagglutinine du virus influenza A (H1, H2 et H3) et deux sous-types de neuraminidase (N1 et N2) ont été identifiés chez l’homme durant

Les laboratoires du NIBSC (National Institute for Biological Standards and Control) en Europe, du CBER (Center for Biological Evaluation and Research), du Mount-Sinai Hospital aux Etats-Unis, et le CSL (Commonwealth Serum Laboratories) en Australie sont les laboratoires qui fournissent les lots de semences virales, les antigènes et les sérums ainsi que leurs contrôles de qualité en cours de fabrication et au stade de produit fini [25].

Les virus sont cultivés pendant 2 à 3 jours dans la cavité allantoïdienne des œufs de poule embryonnés, puis sont récoltés. Les particules virales sont centrifugées dans une solution à gradient de densité, afin de les concentrer et de les purifier.

Les virus sont ensuite inactivés par le formaldéhyde ou la β propiolactone, puis fragmentés par un détergent ; les HA et les NA purifiés, et leurs concentrations sont standardisées par quantification de l’hémagglutination obtenue. Aux environs de Juin/Juillet, les souches sont testées pour assurer une pureté, une efficacité et un rendement adéquat. Après cela les 3 souches : 2 souches d’Influenza A et une souche de l’Influenza B - produites séparément – sont combinées dans un même vaccin. Actuellement, la capacité de production dans le monde est d’un peu prés 300 millions de vaccins trivalent par an.

2. Immunogenicité – effet protecteur :

L’administration intramusculaire du vaccin inactivé contre la grippe entraine la production d’anticorps de type IgG circulants dirigés contre l’hémagglutinine virale ainsi qu’une réponse des lymphocytes T cytotoxiques.

La production d’anticorps et leur persistance après la vaccination dépendent de plusieurs facteurs notamment l’âge de la personne vaccinée, son exposition antérieure et postérieure aux antigènes et la présence éventuelle d’une immunodéficience. Les taux d’anticorps, qui sont corrélés à la protection vaccinale atteignent généralement leur sommet deux semaines après la vaccination et l’immunité persiste généralement moins d’un an. Toutefois chez les personnes âgées, les taux d’anticorps peuvent descendre sous le seuil de protection en quatre mois. Ainsi la période optimale pour la vaccination se situe entre octobre et la mi-novembre [26].

3. Efficacité vaccinale

Le vaccin contre la grippe doit être administré chaque année pour offrir une protection optimale. En raison de la dérive antigénique continuelle des virus, La composition du vaccin est modifiée chaque année en fonction des souches les plus courantes en circulation afin de protéger la population contre de nouvelles infections [26].

L’efficacité du vaccin grippal inactivé varie en fonction de l’âge, de l’immunocompétence de la personne vaccinée, de l’incidence de l’infection et du degré de concordance entre les antigènes utilisés dans le vaccin et les souches grippales en circulation dans la population [27] (voir tableau 3). Lorsque la concordance est bonne, le vaccin contre la grippe prévient la grippe confirmée au laboratoire chez environ 70 à 90% des enfants et des adultes en bonne santé [22,28].

Tableau 3: Efficacité du vaccin inactivé contre la grippe [9].

Population Efficacité

Adultes sains et la plupart des enfants

Insuffisance rénale chronique

Transplantation rénaux

Hémodialyse

Greffe de la moelle osseuse

Cancer HIV infection 80-100% 66% 18-93% 25-100% 24-71% 18-60% 15-80%

Chez les personnes âgées bien portantes, qui vivent en institution la vaccination prévient la pneumonie, l’hospitalisation et le décès par pneumonie de 42 à 46% ou pour toute autre cause de 60 % [29] et entraîne de surcroît des économies directes au chapitre des soins de santé.

Pour les adultes actifs en bonne santé, bien que se ne soit pas un groupe à risque de complications liées à la grippe, le vaccin réduit les principales

conséquences de l’infection à savoir l’absentéisme et la diminution de la productivité [30].

4. Indications et recommandations vaccinales

Le vaccin contre la grippe peut être administré à tous les enfants à partir de 6 mois, adolescents et adultes en bonne santé pour qui il n’existe aucune contre-indication. La vaccination est fortement recommandée chez les personnes qui présentent un risque élevé de complications liées à la grippe et celles qui pourraient leur transmettre la grippe [26].

La vaccination annuelle des personnes à risque (voir tableau 4) est recommandée non seulement en raison de la modification de la composition du vaccin et à cause de la durée de l’immunité post-vaccinale mais aussi parce qu’il a été démontré que la vaccination répétée annuellement augmente l’efficacité du vaccin contre le risque de décès [3].

Tableau 4 : Groupes cibles de la vaccination grippale annuelle [22,27]

Personnes à haut risque de complications liées à la grippe

Personnes qui pourraient transmettre la grippe à des sujets à risque élevé de

complications liées à la grippe

-Personnes âgées de 65 ans et plus. -Résidents des maisons de santé et d’autres établissements de soins de longue durée.

-Adultes et enfants de plus de 6 mois atteints d’affections cardiaques ou pulmonaires asthme inclus.

- Adultes et enfants de plus de 6 mois atteints de certaines maladies métaboliques chroniques (ex diabète), de néphropathie,

d’hémoglobinopathie ou d’immunodéficience (infection à HIV, immunosuppresseurs).

- Enfants (6 mois à 18 ans) traités par l’aspirine au long cours (risque du syndrome de Reye s’ils contactent la grippe).

- Les femmes qui seront au 2ème et 3ème trimestre de grossesse pendant la saison grippale.

- Tous les enfants de 6 à 23 mois.

-Contacts familiaux (enfants de plus de 6 mois) avec une personne à risque élevé de complications grippales.

-Professionnels de santé (médecins et infirmiers) et tout professionnel en contact régulier et prolongé avec des sujets à risques.

-Personnes qui gardent régulièrement des enfants de 0 à 23 mois, que ce soit à la maison ou à l’extérieur (crèche).

5. Effets secondaires :

Il se produit souvent une douleur au point d’injection (10 à 60% des cas) qui peut durer jusqu’à 2 jours chez les adultes [27].

Des effets systémiques tels que la fièvre, sensations de malaise et myalgies peuvent se présenter surtout chez les personnes qui reçoivent le vaccin pour la première fois [22]. Ces réactions peuvent débuter entre les 6 à 12 heures qui suivent la vaccination et peuvent durer entre 1 et 2 jours. Le vaccin inactivé ne contient pas de virus vivant et ne peut donc pas causer la grippe [27].

Le syndrome de Guillain-Barré a été diagnostiqué chez des adultes à la suite de l’administration du vaccin contre la grippe porcine en 1976 avec une incidence pour 1cas sur 100 000 personnes vaccinées. Le risque de développer ce syndrome suite à l’immunisation avec le vaccin grippal actuel, s’il existe, est extrêmement faible par rapport au risque de grippe sévère chez les jeunes adultes en bonne santé [26].

6. Contre-indication :

Le vaccin antigrippal ne doit pas être administré aux personnes qui ont eut une réaction allergique de type anaphylactique à la suite de l’administration d’une dose dans le passé ni à celles qui présentent une allergie vraie aux protéines de l’œuf ou aux autres constituants du vaccin [26,28].

Une infection bénigne avec ou sans fièvre ne constitue pas une contre-indication à l’administration du vaccin, surtout chez les enfants souffrant d’une infection bénigne des voies respiratoires supérieures ou de rhinite allergique [27].

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