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Le scénario de référence et le scénario central

Le scénario de référence choisi pour cette ACB est celui pour laquelle la CPDG ne voit pas le jour. Le scénario central correspond à la situation où la CPDG est construite et mise en opération, soit la situation actuelle. Cependant, comme le projet est encore très récent, nous devons établir un certain nombre d’hypothèses, notamment sur la quantité de ciment qui sera produite annuellement par la nouvelle cimenterie et les parts de la production qui seront envoyées dans les différentes régions visées par Ciment McInnis. Nous savons que la capacité de production de clinker quotidienne est de 6000 tonnes10. Selon le USGS Minerals

Yearbook, les cimentiers arrêtent leur production pour y faire de la maintenance entre vingt et quarante jours par années. Nous prendrons donc la valeur médiane de cet intervalle qui est de 30 jours. Ainsi, nous supposerons que la quantité qui sera vendue est égale à la quantité maximale pouvant être produite par l’usine pendant 335 jours. Ce qui représente une production de 2 010 000 tonnes de ciment par années. Il s’agit peut-être d’une hypothèse optimiste en regard du taux d’utilisation actuelle des cimenteries québécoises, qui se situe à près de 60 %. Toutefois, la nouvelle cimenterie est à la fine pointe de la technologie et donc certainement plus compétitive. De plus, elle vise non seulement le marché québécois, mais aussi les autres régions du nord-est de l’Amérique du Nord. Nous examinons l’impact de cette hypothèse dans l’analyse de sensibilité.

Pour ce qui est des quantités vendues par Ciment McInnis dans les différents États fédérés du nord-est de l’Amérique du Nord, ils seront déterminés en fonction de la répartition de la capacité des différents terminaux présentés à la Figure 5. Nous pouvons voir qu’il y a six terminaux à la disposition de Ciment McInnis. Au Québec, il y a le terminal de Sainte-

10 Cette information provient d’une illustration des installations de la cimenterie, présentée sur le site internet de la compagnie Ciment McInnis le 30 septembre 2018.

Catherine sur la Rive-Sud de la région métropolitaine de Montréal. Ce terminal à une capacité d’entreposage de 36 000 tonnes11 de ciment. En Ontario, il y a le terminal d’Oshawa qui

possède une capacité d’entreposage de 14 000 tonnes12 de ciment. Aux États-Unis, dans la

région de l’État de New York et de la Nouvelle-Angleterre, deux terminaux sont à la disposition de l’entreprise. Il y a le terminal situé à Providence dans le Rhode Island qui a une capacité d’entreposage de 30 000 tonnes13 de ciment. Il y a aussi le terminal situé dans

le Bronx dans la région métropolitaine de New York qui aura une capacité d’entreposage de 43 000 tonnes14 . De plus, dans les maritimes, le cimentier possède deux terminaux

ferroviaires. Un situé à Moncton et l’autre à Bedford. Les deux sites possèdent une capacité d’entreposage de 1400 tonnes15. En supposant que le cimentier vendent à travers les différents

territoires de manière proportionnelle à sa capacité d’entreposage, 29 % des ventes seraient faits au Québec, 11 % en Ontario, 1 % dans la région de l’Atlantique et 59 % dans la région de l’État de New York et de la Nouvelle-Angleterre.

Le taux d’actualisation sociale utilisé dans le scénario central est celui proposé par le ministère des Transports, de la Mobilité durable et l’Électrification des Transports (MTQ) soit un taux annuel de 2,37 %. Ce taux se base sur la demande et l’offre de capitaux des agents économiques québécois. Il s’établit comme une moyenne pondérée de plusieurs taux d’intérêt qui reflètent les coûts d’opportunité du projet suivant la provenance des fonds investit.16

Un paramètre très important à considérer lorsqu’on réalise une ACB est l’horizon temporel de l’analyse. Idéalement, l’horizon d’analyse est égal à la durée de vie du projet. En revanche, les ACB pour les différents projets routiers réalisés par le MTQ sont limités à un horizon

11 Ce nombre vient d’un article publié dans le journal La Presse, publié le 13 septembre 2016 par André Dubuc. Le terminal comprend 2 silos. Le premier a une capacité de 24 000 tonnes et le second de 12 000 tonnes.

12 Un communiqué de presse de Ciment McInnis, publié le 29 mars 2017, mentionne que le terminal d’Oshawa aura une capacité d’entreposage de 14 000 tonnes.

13 Un communiqué de presse de Ciment McInnis, publié le 2 août 2016, mentionne que le terminal dans le Rhodes Island aura une capacité d’entreposage de 30 000 tonnes.

14 Un communiqué de presse de Ciment McInnis, publié le 19 avril 2017, mentionne que le terminal du Bronx aura une capacité d’entreposage de 43 000 tonnes.

15 Information provenant de la Radio de la Baie des Chaleurs.

16 Il s’agit d’une moyenne pondérée entre les coûts d’opportunité de la consommation, de l’épargne et de l’investissement des entreprises. Ces coûts d’opportunité sont respectivement de 1,70 %, 2,93 % et 2,93 %. Les facteurs de pondération sont de 46 % pour la consommation, 4 % pour l’épargne et 50% pour les investissements des entreprises.

temporel de 30 ans. Le MTQ utilise cette limite de l’horizon en raison de l’incertitude des hypothèses causée par de potentiels changements sociaux, économiques et technologiques durant la vie du projet. Dans le cas de la CPDG, de nombreuses incertitudes de ce genre sont aussi présentes. La plus grande incertitude économique qui pèse sur le projet est la variation de la demande dans les différentes régions exploitées à travers l’horizon d’analyse. Cette variation de la demande de ciment peut amener une variation du prix et de la quantité du ciment vendu et donc influencer grandement la rentabilité privée et sociale du projet. À ce stade, il est important de comprendre que, par hypothèse, les prix utilisés dans cette analyse seront considérés comme constants en terme réel. Il faut aussi mentionner que le calcul des variations de prix et de quantité mesurées par rapport au scénario de référence repose sur l’hypothèse que la CPDG vend son ciment dans différents marchés séparés et parfaitement concurrentiels. De plus, des incertitudes technologiques peuvent influer sur la demande et l’offre de ciment à travers l’horizon d’analyse. Par exemple, l’apparition d’imprimantes en trois dimensions pour la construction de maison qui utilise intensivement le béton pourrait accroître la demande de ciment à travers le monde et particulièrement dans les régions visées par la CPDG. L’apparition d’autres capacités de production avec de meilleures technologies que les équipements de la CPDG peuvent voir le jour et influencer négativement la rentabilité du projet. Étant donné ces incertitudes, nous avons choisi de restreindre notre analyse à 15 années d’opérations. Cet horizon temporel est plus court que celui utilisé par le MTQ, en raison d’une incertitude plus grande sur les hypothèses, que dans le cas des projets routiers. L’horizon temporel du projet se situera donc entre 2014 et 2031 soit les trois années de la construction et les 15 ans d’opérations qui suivent. L’année de référence de l’analyse, est 2014, c’est-à-dire, que les coûts et les bénéfices seront mis à la valeur présente de 2014. Comme les fours à ciment ont généralement une durée de vie de 30 à 50 ans, nous inclurons dans l’analyse une valeur résiduelle des équipements après 15 ans d’opérations. Une variation de cette hypothèse sera présentée dans l’analyse de sensibilité.

Les profits opérationnels de la CPDG seront considérés comme un bénéfice dans cette analyse. Les pertes de profits des autres cimenteries seront considérées comme un coût. Le profit opérationnel sur une tonne correspond à la quantité vendue multipliée par le prix du ciment moins les coûts variables de production qui sont, par hypothèse, fixe dans cette analyse. Le Tableau 12 présente un portrait du scénario de référence et du scénario central.

Figure 5 - L’emplacement des différents terminaux utilisés par Ciment McInnis présenté dans le scénario central

Source : Ciment McInnis

Tableau 12 - Les hypothèses du scénario de référence et du scénario central

Scénario de référence Scénario central

• La CPDG n’est pas construite. • Les prix et les quantités du ciment

sont identiques à la dernière obser- vation dans les données.

• La construction de la CPDG débute en janvier 2014 et se termine en dé- cembre 2016.

• La production de ciment de la CPDG débute en juillet 2017 produisant 2 010 000 tonnes par année pour tout l’horizon temporel de l’analyse. • La CPDG fonctionne à pleine capa-

cité.

• Les prix et les quantités sont affectés en raison de l’ajout de capacité de la CPDG qui sera entièrement vendu au

Québec, en Ontario, dans les pro- vinces de l’Atlantique ainsi que dans la région de la Nouvelle-Angleterre et de l’État de New York.

• Les quatre régions sont considérées comme des marchés géographiques indépendants.

• Les parts vendues dans chacun des marchés sont proportionnelles à la répartition de la capacité d’entrepo- sage de Ciment McInnis tel qu’exposé à la Figure 5.

4.3 Utilisation des élasticités pour projeter la variation du prix et

de la quantité de ciment

Les estimations des élasticités permettent de faire des projections sur le prix du ciment et les quantités qui seront vendues dans les différents marchés exploités par la CPDG. La formule suivante (Barla, 2019) servira à projeter la variation du prix dans les différents marchés en fonction d’un ajout de capacité de production de ciment équivalente à la répartition géogra- phique présentée dans le scénario central :

F % = ( GIJHK

LMN LO)100

où ΔP% est la variation du prix du ciment en pourcentage, K est l’ajout de capacité de pro- duction en tonne métrique de la CPDG, QI est la quantité initiale produite avant l’ajout de

capacité, εd est l’élasticité-prix de la demande et εo est l’élasticité de l’offre. Pour prédire la

variation de la quantité, j’utilise cette formule :

où ΔQ% est la variation de la quantité en pourcentage. Les valeurs utilisées dans les deux formules ci-dessus seront les dernières valeurs observées dans les données pour chacun des marchés exploités par la CPDG. Les Tableaux 13 à 15 illustrent ces valeurs pour chacune des régions en supposant que la répartition des ventes corresponde au scénario central et que la CPDG produise à 100% de sa capacité. Les valeurs pour les provinces Maritimes correspon- dent à celles du Québec parce que les informations sur le marché du ciment dans cette région sont plus difficiles à acquérir et que, par hypothèse, les ventes de Ciment McInnis sont faibles dans cette région en raison d’une faible demande. Nous faisons donc l’hypothèse que le mar- ché des provinces des Maritimes est intégré au marché québécois et que les agents écono- miques de ces provinces n’ont pas statut dans cette analyse.

Tableau 13 - Calcul du prix et de la quantité du ciment avec la CPDG au Québec

Tableau 14 - Calcul du prix et de la quantité du ciment avec la CPDG en Ontario

Paramètres Valeurs

Élasticité prix de la demande -0,95

Élasticité de l'offre 12,5

Ajout de capacité de la CPDG 582 900 tonnes Quantité initiale au Québec 2 597 000 tonnes Variation de prix causée par la CPDG 1,94% Variation de la quantité causée par la CPDG 1,85% Prix de la tonne de ciment avec la CPDG 138,61 $ Quantité de ciment vendu au Québec avec la CPDG 2 644 944 tonnes

Paramètres Valeurs

Élasticité prix de la demande -0,95

Élasticité de l'offre 12,5

Ajout de capacité de la CPDG 221 100 tonnes Quantité initiale en Ontario 5 412 000 tonnes Variation de prix causée par la CPDG -0,35% Variation de la quantité causée par la CPDG 0,34% Prix de la tonne de ciment avec la CPDG 118,84 $ Quantité de ciment vendu en Ontario avec la CPDG 5 430 000 tonnes

Tableau 15 - Calcul du prix et de la quantité du ciment avec la CPDG aux États-Unis

4.4 Les impacts de la cimenterie de Port-Daniel-Gascon, leurs

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