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Chapitre II: La médecine traditionnelle Sénégalaise

III. Le rôle des plantes médicinales dans la MTS

1. Généralités

En Afrique, les causes des maladies ont été souvent attribuées à des esprits ou des démons (mauvais esprits). Les plantes font partie d’un ensemble de soins ayant la vertu de repousser les mauvais éléments affectant les humains. La pharmacopée traditionnelle revêt un aspect sacré qui a longtemps été démystifié et combattu par la médecine moderne.

Même si la médecine traditionnelle ne peut pas se réduire à la seule utilisation des plantes médicinales, la grande majorité des recettes traditionnelles et des traitements traditionnels sont à base de plantes médicinales.

La politique nationale de santé du Sénégal fait apparaitre une insuffisance de médicament et un éloignement des structures sanitaires, voir même leur inexistence, dans certaines zones. Cette politique alliée à la cherté des médicaments semble avoir provoqué dans le pays un retour massif à la pharmacopée traditionnelle. Les couches sociales les plus démunies font de plus en plus recours à cette thérapie à basée à de plantes médicinales.

Le Sénégal possède une importante biodiversité avec 2500 espèces connues, dont 600 espèces de plantes médicinales utilisées dans la médecine traditionnelle par rapport aux 20 000 espèces recensées par l’OMS (Document stratégie de conservation de la biodiversité, 1998).

Cultivées dans un champ, cueillies dans la brousse ou dans la forêt, fraîches, réduites en poudre, transformées en pilules mises en bottes ou dissoutes dans des potions, les plantes médicinales occupent une place très importante dans la MTS.

2. Le marché des plantes médicinales

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2.1 Généralités (14)

La récolte des plantes médicinales est pratiquée sur presque toute l’étendue du territoire sénégalais. On est cependant passé d’une utilisation personnalisée à un système d’approvisionnement basé sur le marché de la demande. Ce qui se traduit forcement par le non- respect des plantes, l’exploitation excessive, la récolte abusive et les problèmes de conservation.

Au niveau des marchés, d’importantes quantités y sont vendues annuellement par les herboristes qui souvent, échappent au contrôle des agents du service des Eaux et Forêts. La vente de plantes médicinales de manière ambulante sans autorisation est un autre phénomène constaté depuis ces dernières années et, qui se développe de plus en plus.

Selon le Colonel Papa Momar FAYE, l’ensemble des emplois fournis par la médecine traditionnelle et la pharmacopée sénégalaise peut être estimé à environ 20 000, répartis comme suit :

D’après ce même auteur, la collecte, le transport et la commercialisation des plantes médicinales se font plus intensément sur certains sites par rapport à d’autres. Les récoltes de plantes médicinales ont lieu surtout dans les régions de Kédougou, Kolda, Sédhiou, Tambacounda, Ziguinchor et elles sont acheminées vers Touba, biotope dépourvu de forêt classée qui constitue le point de chute de toutes les plantes médicinales.

Il constatait que paradoxalement, les tradipraticiens et herboristes de Dakar, Fatick, Kaolack, Louga, Matam, Saint-Louis et Thiès en manque de recettes, viennent se ravitailler dans cette station.

Le Centre International de Commerce des plantes médicinales estime le marché à plusieurs milliards de dollars et la demande mondiale de plantes médicinales croît fortement de 15 % par année.

Selon les statistiques de la Direction des Eaux-Forêt-Chasses et de la Conservation des Sols (DEFCCS), l’exploitation contrôlée des différentes parties de PM (racines, feuilles et écorces) est de 467 tonnes pour un montant total de recettes de 14 000 000 FCFA (Rapport annuel 2004 et 2005).

Cote tradipraticiens et herboriste, il a été noté du fait de l’intérêt grandissant accordé à la pharmacopée et de la poussée démographique, 2083 tonnes, toutes espèces (endémiques, inscrites sur la liste rouge de l’UICN, intégralement, partiellement, prisées, non protégées, menacées, rares) et toutes parties confondues, un chiffre d’affaires de 513 000 000 FCFA d’après une étude menée en février 2008 par le Centre de Suivi écologique.

D’après une autre étude de janvier 2006 commanditée par l’Union Internationale pour la conservation de la nature et ses Ressources a permis de constater que l’Etat du Sénégal dans

Intitulés Nombre

Herboristes 7 500

Aides et Collecteurs exploitants 2 500

Tradipraticiens 10 000

la gestion de ce potentiel économique navigue à perte, car le commerce des PM au Sénégal génère annuellement plus de 1.47 milliard de francs CFA.

Par contre, on note une réelle menace qui pèse sur ce patrimoine dont les usages traditionnels locaux ne sont pas les seuls en cause puisque certaines plantes font aussi l’objet d’exportation en très grande quantité vers l’Asie, l’Europe et les Etats-Unis. Ces plantes médicinales souvent méconnues des agents des douanes, de la police, de la gendarmerie et par quelques agents des Eaux et Forêts sont victimes de trafic et destinées à la bio-piraterie en raison d’un manque de cadre de communication axée sur leurs valeurs économiques et écologiques.

Aujourd’hui, dans les quatorze régions que compte le Sénégal, sept sont affectées, soit la moitié du pays, par de très fortes menaces sur la disparition ces plantes médicinales

Figure 34 : Photographie de vendeuses de plantes médicinales et d’objets fétiches au marché de Touba Mosquée (par Sérigne DIOP)

2.2 Les herboristes du Sénégal (14)

Un herboriste est un professionnel qui vend des plantes médicinales et des préparations à partir de plantes médicinales et ingrédients naturels utilisées comme médicaments. Il a une connaissance approfondie des plantes surtout médicinales. Il récolte et prépare des préparations à base de plantes. Son lieu de travail est appelé herboristerie ou pharmacie traditionnelle ou encore pharmacie wolof chez les sénégalais.

L’herboristerie traditionnelle est en train de subir de profondes mutations environnementales irréversibles dans les villes, du fait des réelles menaces qui pèsent sur l’écosystème végétal et du mode de vie en zone urbaine qui est devenu mixte avec des comportements à la fois modernistes et/ou traditionalistes.

Les herboristes du Sénégal se sont organisés en réseaux pour pouvoir régler leurs problèmes quotidiens de survie, ce qui a pour conséquence de générer de fortes pressions sur la biodiversité du Sénégal.

On trouve sur les étals des herboristes, des poudres, des feuilles, des racines, des écorces, parfois des boissons, confitures et toute une gamme de produits dérivés des PM qui sont très utilisées dans la pharmacopée. Ils entretiennent une relation très étroite avec les tradipraticiens qui sont souvent eux-mêmes des herboristes.

Figure 35: Photographies d’un étal de plantes médicinales du Sénégal (par Sérigne DIOP) et d’une herboristerie traditionnelle (source : levoyageur)

Figure 36 : Photographies d’un herboriste à Dakar (disponible sur flickr.com) et d’une herboristerie traditionnelle à Touba Mosquée (par Sérigne DIOP)