• Aucun résultat trouvé

Chapitre I : Le Sénégal

II. Climats et diversité biologique du Sénégal

2. La biodiversité du Sénégal :

2.1. La richesse de la diversité biologique du Sénégal

Grace à sa situation géographique et climatique, le Sénégal dispose des conditions favorables à une diversification des écosystèmes et des espèces. Au plan écologique, le pays est subdivisé en six zones éco géographiques et présente quatre grands types écosystèmes : des écosystèmes terrestres, des écosystèmes fluviaux et lacustres, des écosystèmes marins et côtiers et des écosystèmes dits particuliers. Le pays présente en plus une richesse spécifique importante avec plus de 3500 espèces végétales et 4330 espèces animales. Parmi ces espèces végétales, 33 seraient endémiques du Sénégal.

En 1994, le Sénégal a signé et ratifié la Convention sur la Diversité Biologique et s’est doté d’un cadre formel qui lui permet d’appuyer, de formaliser et d’harmoniser sa stratégie et sa politique de conservation et de gestion des ressources naturelles.

Pour la conservation de ses écosystèmes abritant ces richesses, le Sénégal a érigé un système d’aires protégées comprenant six parcs nationaux, quatre réserves de faune et trois réserves spéciales, deux cent treize (213) forêts classées, une trentaine de réserves naturelles communautaires, ainsi que vingt réserves sylvo-pastorales.

Ce réseau d’aires protégées couvre une superficie totale de 11 934 663 ha (MEPN ; 1993), soit plus de 40% du territoire sénégalais et compte notamment quatre réserves de la biosphère, deux sites du patrimoine mondial de l’UNESCO et cinq zones humides d’importance internationale en référence à la Convention de Ramsar.

Les six parcs nationaux du Sénégal

(2):

Figure 16 : Photographies du Parc National des Oiseaux du Djoudj (à gauche) et du Parc National de la Langue de Barbarie (à droite)

Figure 17 : Photographies du Parc National des Iles de la Madeleine (à gauche) et du Parc National de Basse-Casamance (à droite)

Figure 18 : Photographies du Parc National du Niokolo Koba (à gauche) et du Parc National du Delta du Saloum (à droite)

2.2. Les facteurs et les conséquences de la dégradation des écosystèmes

En dépit de ces efforts de conservation, les écosystèmes du pays restent confrontés à certaines contraintes majeures liées notamment à :

 la fragmentation et à l’augmentation de la pression sur les ressources dans le mode de gestion des ressources naturelles,

 la dégradation des terres dans les écosystèmes considérés,

 la baisse de la capacité de la végétation et des autres ressources biologiques à se régénérer de manière spontanée et,

 la perte de la biodiversité.

De ce fait, la plupart des écosystèmes du Sénégal connaissent une dégradation importante et plusieurs espèces sont menacées. En effet, la superficie des forets a connu une baisse de 7 %, passant de 9 203 153 ha en 1990 à 8 558 153 ha en 2005 et celle des savanes boisées est passée de 5 300 876 ha à 5 100 876 ha soit environ une baisse de 6 %. Cette régression s’accompagne également d’une diminution des espèces. Une baisse d’environ 25 % des espèces végétales a été notée dans le Parc National du Niokolo Koba, il en est de même pour les mangroves et la végétation des îles sableuses, situés dans le Delta du Saloum entre Foundiougne et Kaolack. Dans la zone des Niayes, la réserve botanique de Nofloye a perdu 212 espèces entre 1957 et 1992.

Cette dégradation importante des écosystèmes, qui a pour conséquence majeure la perte de la diversité biologique, est causée d’une part par l’utilisation importante des écosystèmes dans divers domaines tels que l’alimentation, la médecine, l’industrie et l’énergie et, d’autre part par les facteurs anthropiques de dégradation que sont les feux de brousse, le surpâturage, la pression agricole, la fragmentation et la destruction des habitats, les pollutions…

Les conséquences liées à cette perte de biodiversité sont nombreuses et affectent l’environnement biophysique et les conditions de vie des populations. Cette perte a engendré une modification de la composition floristique, de la structure de la végétation et une diminution de la disponibilité en ressources biologiques. En effet, les feux et l’exploitation ont entrainé la destruction de certaines espèces de valeur au profit d’autres espèces.

Citons également deux puissants facteurs structurants qui sont venus modifier de façon très importante le potentiel des ressources naturelles et de la biodiversité du Sénégal pendant les quatre dernières décennies. Il s’agit de la sécheresse avec ses conséquences et une croissance démographique particulièrement élevée avec son lot de pression sur les ressources naturelles.

2.3. Les stratégies de conservation de la biodiversité du Sénégal

Pour marquer son engagement et mettre en place de nouveaux mécanismes de conservation, le Sénégal s’est souscrit à toutes les conventions internationales relatives à la protection de l’environnement. Dans cette objectif de préserver sa biodiversité, il a élaboré la Stratégie et le Plan National d’Actions pour la conservation de la Biodiversité (SPNAB). Cette SPNAB tourne autour de quatre objectifs stratégiques majeurs que sont :

- la conservation de la biodiversité dans les sites de haute densité,

- l’intégration de la conservation de la biodiversité dans les programmes et activités de production,

- le partage équitable des rôles, responsabilités et bénéfices dans la conservation de la biodiversité,

- l’information et la sensibilisation sur l’importance de la biodiversité et la nécessité de sa conservation.

Pour atteindre ces objectifs, des options stratégiques ont été définies par rapport aux problèmes globaux des différents écosystèmes et aux problèmes spécifiques de chaque site de haute densité de biodiversité.

Malgré le faible niveau d’exécution des options stratégiques, le Sénégal a atteint, quand même, des résultats non négligeables en matière de conservation des écosystèmes. L’objectif national, qui était de 12 %, a été largement dépassé. Les résultats portent essentiellement sur :

- la création d’une nouvelle génération de réserves (Aire Marine Protégée, Réserve Naturelle Communautaire, Réserve Communautaire de Biodiversité, Unité Pastorale…),

- le renforcement des capacités de gestion des aires protégées,

- l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’aménagement et de gestion participatifs.

Ces résultats sont l’œuvre de divers acteurs : Etat, population, société civile, ONG, associations diverses… Cependant, beaucoup reste à faire en termes de vulgarisation de la SPNAB, d’évaluation de l’impact des résultats obtenus sur la conservation, d’élaboration d’indicateurs au niveau national, de renforcement des capacités, d’intégration des connaissances, innovations et pratiques locales.

Mais malgré les efforts consentis dans la mise en œuvre de la SPNAB, de nombreuses difficultés ont été notées. Elles concernent essentiellement l’insuffisance dans la coordination de la mise en œuvre de la Stratégie, sa faible vulgarisation, l’absence de mécanismes de financement, l’insuffisance des capacités des acteurs, la faible participation des populations dans la mise en œuvre et l’absence de suivi-évaluation de la stratégie.

L’amélioration de la gestion de la biodiversité passe aussi par l’intégration de différents secteurs de développements économique et social. Ainsi, dans le souci d’une prise en compte des préoccupations environnementales dans toutes les politiques sectorielles, le Sénégal a mis en place une Commission Nationale pour le Développement Durable. De ce fait, les aspects de conservation et de gestion durable de la biodiversité sont progressivement intégrés dans les différents secteurs. Dans les secteurs de l’agriculture et de l’élevage, l’un des objectifs majeurs vise la préservation des ressources naturelles et de la biodiversité. Malgré cette intégration dans les différents secteurs, des faiblesses persistent toujours dans la prise en compte de la biodiversité.