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Le probleme de la chaleur

Dans le document en economie et en nance (Page 70-73)

3.3 Problemes dierentiels

3.3.1 Le probleme de la chaleur

Appliquons la methode du paragraphe 3.2.2 a la discretisation d'un probleme de Dirichlet simple. Soit D le carre unite ouvert, @D son bord. Le probleme consiste a trouver une fonction harmonique sur le carre, de valeur xee sur le bord.

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:

z(x) = 0 ; 8x2D

z(x) = b(x) ; 8x2@D : (3.1) Choisissons un pas de discretisation h (inverse d'un entier), et examinons la version discretisee du probleme sur une grille de pas h.

G = fx2D : x= (hi;hj); i;j = 1;:::;dg;

ou d = (1=h 1). Cette version discretisee est un systeme lineaire de d2 equations a d2 inconnues. A chaque point x de la discretisation correspond une equation, qui fait intervenir les quatre voisins y1;y2;y3;y4 de x sur la grille de discretisation. Les equations des points dont un des voisins est sur le bord etant particulieres, on obtient des equations de trois types.

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Les equations du type 1 sont celles correspondant aux points qui ont leurs 4 voisins a l'interieur du carre, celles du type 2 aux points qui ont un voisin (y4) sur le bord, celles du type 3 aux 4 points qui ont deux voisins (y3 et y4) sur le bord. Ce systeme est bien mis sous la forme (I A)z =b. La technique d'approximation par cha^ne de Markov avec etat absorbant (paragraphe 3.2.2) s'applique ici de maniere particulierement na-turelle, puisqu'on peut prendre pour probabilites de transition pxy les coecients axy

du systeme.

pxy = 14 8x;y 2G ; kx yk=h ;

= 0 dans tous les autres cas:

(La normek:kest la norme euclidienne). Supposons que l'on souhaite obtenir la valeur de la solution au pointx0 de la discretisation. Le point de depart de la cha^ne simulee sera x0. L'evolution de la cha^ne est la suivante. Pour chaque point de la discretisation ayant ses 4 voisins a l'interieur du carre, l'un de ces 4 voisins est choisi au hasard comme point suivant et la simulation continue. Si le point de depart a un voisin sur le bord, alors avec probabilite 1=4 la trajectoire s'arr^ete et la valeur retournee pourZ0 est la valeur de b sur ce voisin. Si le point de depart a deux voisins sur le bord, alors avec probabilite 1=2 la trajectoire s'arr^ete et la valeur retournee est la moyenne des valeurs de b sur ces deux points. En resume on laisse evoluer une marche aleatoire symetrique dans hZZ2, jusqu'a ce qu'elle atteigne le bord de D. L'algorithme estime z(x0) par la moyenne empirique des valeurs prises par la condition de bord b sur les valeurs nales d'un grand nombre de trajectoires independantes partant de x0.

Quel est au juste le r^ole de la geometrie du reseau et de la discretisation de pash? Il n'est pas tres important. La marche aleatoire symetrique sur hZZ2 decoulait de la discretisation du laplacien. Sa propriete importante est d'estimer localement le lapla-cien, en un sens probabiliste que nous explicitons ci-dessous.

Proposition 3.6

Soitfe1;:::;edgune base orthonormee de IRd. Soit(Xn)n2IN la mar-che aleatoire symetrique sur ZZd, de pasXn+1 Xn =Gn ou les Gn sont independants

et IP[Gn =ei] = 12d :

Soit 'une fonction deux fois contin^ument dierentiable sur IRd. Alors :

hlim!0+ 2d

Cette proposition n'a bien s^ur rien de profond. Elle explicite pourtant un lien important entre l'analyse numerique et les probabilites. Ce lien est le suivant. Pour calculer le laplacien d'une fonction en analyse numerique, on fait la somme de dierences nies de la fonction, calculees dans les 2d directions de l'espace. En probabilite on tire au hasard une de ces dierences nies pour se deplacer dans sa direction. En esperance, cela revient au m^eme a une constante pres. La traduction probabiliste du fait que la moyenne des dierences nies, (ponderee par 1=h2) converge vers le laplacien, est le fait que la marche aleatoire symetrique de pas h, convenablement acceleree (en 1=h2) converge vers le mouvement brownien standard dans IR2. Le rapport entre le mouvement brownien standard et le laplacien est fondamental.

Proposition 3.7

Soit ' une fonction deux fois contin^ument dierentiable sur IRd. Soit fW(t);t0g le mouvement brownien standard dans IRd. Alors pour tout t0 :

tlim!0+ 1 t

IE['(W(t+t))jW(t) =x] '(x) = 12'(x):

On comprendra donc qu'il n'est pas vraiment utile de discretiser par un reseau carre pour resoudre le probleme de Dirichlet (3.1). On obtiendra un resultat analogue en remplacant la marche aleatoire symetrique sur hZZ2 par une discretisation de pas t= h2 du mouvement brownien. Le principe de l'algorithme reste le m^eme : pour evaluer la solutionz(x) au pointxdu domaine, on calculera la moyenne, sur un grand nombre de trajectoires partant de x, des valeurs prises par b au point ou la trajectoire atteint pour la premiere fois le bord.

Apres avoir en quelque sorte court-circuite l'etape de discretisation, nous pouvons nous poser la question du rapport entre la resolution du probleme de Dirichlet par le mouvement brownien et le probleme physique initial. En termes physiques le probleme (3.1) s'enonce de la facon suivante. Supposons queDsoit une plaque metallique (bonne conductrice de chaleur). Fixons la temperature sur le bord deDa la fonctionb, et lais-sons s'etablir l'equilibre thermique. Quand cet equilibre sera atteint, la temperature au point x de la plaque sera z(x). Mais qu'est-ce qui transmet l'energie des bords de la plaque vers le point x pour equilibrer sa temperature? C'est l'agitation aleatoire des particules a l'interieur de la plaque. Ces particules ne se deplacent pas selon un mouvement brownien d'un point du bord vers un point quelconque du domaine car elles ne sont mobiles que localement. Mais la transmission d'energie entre particules se fait par des cumuls de petites interactions aleatoires locales et il n'est pas irrealiste de modeliser cette transmission par un mouvement brownien. En d'autres termes, la methode de Monte-Carlo que nous venons de voir, au-dela de ses aspects numeriques, peut ^etre vue comme une modelisation aleatoire du phenomene physique, et constitue une alternative a la modelisation deterministe par le laplacien. Ce n'est bien s^ur pas une concidence que le m^eme terme \diusion" apparaisse en physique, en analyse et en probabilites (m^eme si les sens qui lui sont donnes dans ces trois disciplines peu-vent sembler a priori n'avoir que peu de rapport entre eux). Sur cette coherence entre modelisation deterministe et aleatoire, problemes dierentiels et simulation de proces-sus de diusion, on pourra se reporter a la troisieme partie de Kloeden et Platen [54]

ainsi qu'a Talay [91] et aux autres articles du m^eme ouvrage.

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Le rapport entre le mouvement brownien et le laplacien se generalise aux processus de diusion. Cela fournit le principe de methodes de Monte-Carlo pour la resolution de nombreux problemes dierentiels. Nous en donnerons plusieurs exemples dans les paragraphes suivants. Auparavant, nous presentons l'algorithme de simulation le plus simple des processus de diusion.

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