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Le portrait des plantations

La Matapédia MRC

4.5.7 Le portrait des plantations

Pour des raisons historiques, sociales et environnementales, le reboisement a joué un rôle majeur dans l’aménagement de la foresterie bas-laurentienne au cours des trente dernières années (voir la section 4.5). Cette pratique, inspirée du modèle scandinave, devait alors permettre d’augmenter la production de bois ou encore de remettre en production certains territoires (à la suite de l’épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette, entre autres).

Au début des années 1980, on constate un déficit en régénération dans une portion des forêts publiques québécoises. Le gouvernement mise alors sur le reboisement afin de remédier à la situation. En 1983, le gouvernement provincial établit l’objectif de reboisement le plus ambitieux du Québec : 300 millions de plants reboisés annuellement à partir de 1989. On atteint en 1989 le sommet inégalé de 250 millions de plants à l’échelle de la province. Le reboisement se stabilise par la suite à près de 150 millions de plants. Comme l’illustre la figure 17, cette politique provinciale a eu une influence majeure sur l’utilisation du reboisement au Bas-Saint-Laurent.

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Figure 17 : Nombre de plants livrés au Bas-Saint-Laurent en forêt publique et privée entre 1964 et 2012

Reboiser, un geste positif ou négatif?

Le reboisement est considéré comme une technique simple afin d’assurer la régénération des sites où les essences économiquement désirées sont insuffisamment représentées. Toutefois, des études ont démontré que, dans certains cas, les plantations pouvaient avoir des impacts majeurs sur la biodiversité en raison de la sylviculture intensive qui y est pratiquée (Stephens et Wagner 2007; Lindenmayer 2009). Comme elles modifient la composition et la structure des peuplements, ces plantations ne sont pas en mesure de supporter une faune et une flore équivalentes à celles que supportait le peuplement initial. On assiste alors à la conversion de forêts naturelles en plantations, un enjeu reconnu par les normes de certification environnementale. L’augmentation et l’agglomération de superficies en plantations créent généralement des problèmes d’impacts cumulatifs à l’échelle du paysage (Brockerhoff et autres, 2008). Par exemple, en Finlande, le gain en productivité semble s’être réalisé aux dépens de plusieurs centaines d’espèces (Berg et autres, 1994).

Paradoxalement, le fait de reboiser un arbre n’est pas nécessairement négatif. En fonction des essences sélectionnées et du scénario sylvicole, certains peuplements reboisés sont aptes à remplir les mêmes fonctions écologiques qu’une forêt naturelle aménagée. Il est aussi possible d’envisager des mesures qui atténuent les impacts dans les peuplements reboisés (Hartley 2002; Paquette et Messier, 2010). Dans cette optique, le Bas-Saint-Laurent sert actuellement de territoire de référence à un comité d’experts provincial qui travaille à l’élaboration de scénarios de reboisement en mesure de répondre aux objectifs de l’aménagement écosystémique. Il est aussi primordial de mentionner que le Québec est l’un des rares producteurs forestiers à avoir banni les pesticides.

0 5 000 10 000 15 000 20 000 25 000 30 000 35 000

1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Année

Plants reboisés ('000)

AU Privée Publique

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Au Bas-Saint-Laurent, ce sont les reboisements monospécifiques en essences résineuses dans le domaine de la forêt mélangée qui pourraient avoir un impact sur la biodiversité.

La norme de certification environnementale du Forest Stewardship Council (FSC)

Dans le but de répondre aux exigences de la norme du FSC pour la région des Grands Lacs/Saint-Laurent, la Corporation de gestion de la certification forestière des territoires publics du Bas-Saint-Laurent (CGCBSL) a proposé deux critères afin de déterminer si une plantation correspond ou non à la conversion d’un peuplement naturel en une monoculture :

• s’il y a plus de 1 500 tiges de l’essence reboisée et qu’elles représentent plus de 75 % des tiges du peuplement (plantations de 20 ans et plus);

• ou si le coefficient de distribution (stocking) en essences reboisées est supérieur à 75 % et que celui de la régénération naturelle est inférieur à 25 % (plantations de 10 ans à 20 ans).

À ce jour, il semble que les recettes sylvicoles n’ont pas été suffisamment intensives et que les forêts reboisées ont conservé leur résilience (CGCBSL, 2011; OFBSL, 2003 et 2004). La CGCBSL évalue qu’il y a 4,53 % des forêts publiques en plantations qui peuvent être qualifiées de conversions de forêt naturelle (CGCBSL, 2013).

Par ailleurs, dans l’enjeu de composition végétale, on verra que l’historique des interventions sylvicoles a créé un enfeuillement du territoire et que le reboisement résineux, s’il est bien utilisé, pourrait contribuer à restaurer une des composantes de la forêt naturelle.

Les espèces hybrides et exotiques

Par ailleurs, il est possible de reboiser des essences hybrides ou exotiques lorsque des rendements supérieurs à ceux des espèces indigènes sont escomptés. Ces essences sont toutefois associées à des risques et à des impacts supérieurs comparativement aux essences indigènes. Notons que, selon l’Invasive Species Specialist Group (ISSG), les espèces exotiques utilisées en plantation au Québec ne sont pas considérées comme des espèces envahissantes.

Par ailleurs, comme on peut l’observer dans le tableau 12, ces plantations représentent une faible proportion des reboisements effectués.

À l’échelle de l’UA 012-54, les reboisements représentent 25 178 hectares, soit approximativement 16 % de la superficie (qui compte 161 753 hectares). Sur cette superficie reboisée, on trouve 1 754 hectares de plantations qui comprennent une proportion d’essences exotiques ou hybrides. La majorité des reboisements ont été effectués dans les périodes allant de 1983 à 1992 (9 515 hectares) et de 1993 à 2002 (9 488 hectares).

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Tableau 12 : Superficies reboisées, par essence, pour le Bas-Saint-Laurent Essences reboisées

Mélange d'épinette et autres résineux

Épinette de Norvège et autres résineux

350 1 728 536 257 2 872

Mélèze Européen et mélèze Japonais

1 : Les 6 107 ha de plantations des années 2008, 2009, 2010, 2011 et 2012 ont été classées dans la catégorie « Résineux indéterminés » puisque les codes d'essences n'ont pas encore été mis à jour dans la cartographie.

2 : Les vieilles plantations sans années déterminées ont été ajoutées à la période de 1982 et moins.

Réalisé en juillet 2013.

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