1 Les tissus parodontaux et péri-‐implantaires
1.2 Le tissu osseux
1.2.2 L’os péri-‐implantaire
1.2.2.3 Le phénomène de cratérisation
1.2.2.3 Le phénomène de cratérisation
De nombreuses études ont été menées par différents auteurs montrant l’existence d’un phénomène de résorption de l’os marginal péri-‐implantaire formant un cratère, survenant précocement, dans l’année suivant la mise en charge de l’implant.
Il a été décrit une résorption osseuse de 1,2 à 1,5 millimètres de profondeur au cours de la
première année après mise en fonction de l’implant, suivie d’une résorption minime n’excédant pas 0,2 millimètres par an les années suivantes. Ces mesures ont été obtenues
au niveau d’implants mis en fonction avec des piliers dont l’interface implant – pilier est de type « à plat ». (26, 9, 88). Il existe une composante horizontale à cette cratérisation. On a mesuré une résorption osseuse horizontale de 1,3 à 1,4 millimètres depuis l’interface implant – pilier (26). Cette perte osseuse est considérée comme acceptable ou du moins non pathologique, mais de nombreux auteurs se penchent sur ce sujet pour tenter de limiter la cratérisation. Une perte osseuse plus importante est considérée comme pathologique.
Les échecs précoces de l’ostéointégration sont imputables à une mauvaise sélection du patient (facteurs de risques, contre-‐indication), une mauvaise technique chirurgicale (échauffement de l’os etc.), l’application d’une surcharge occlusale sur l’implant non encore ostéo-‐intégré. Les échecs tardifs ont pour origine une péri-‐implantite induite par la plaque bactérienne ou une surcharge occlusale. (cf. : Chapitre 1.3)
La cratérisation est un phénomène multifactoriel. Les principales étiologies sont les suivantes (102, 26) :
• Une technique chirurgicale traumatique : l’échauffement de l’os pendant le forage
lié à une vitesse de rotation trop importante ou à une mauvaise irrigation ; le sous-‐ forage est à l’origine d’une importante contrainte exercée par l’implant sur l’os au moment de sa mise en place surtout si le col implantaire est évasé ; …
• Le positionnement de l’implant dans le sens vertical (155) : Il peut être supra-‐ crestal, crestal, ou infra-‐crestal, et a une influence sur la résorption osseuse précoce. Le positionnement crestal est à l’origine d’une perte osseuse plus importante que le positionnement supra-‐crestal.
• Le positionnement de l’implant dans le sens horizontal (32) : il faut respecter une distance de 3 millimètres entre les cols de deux implants et 2 millimètres entre le col
d’un implant et le collet d’une dent. Une distance plus faible favorise une résorption
osseuse. La résorption est plus importante entre deux implants qu’entre un implant
et une dent.
• La dimension de l’espace biologique (122) : l’espace biologique a une dimension relativement constante de 3 millimètres (cf. : chapitre 1.1.2.). Si la muqueuse est fine ou si elle est amincie expérimentalement et que les 3 millimètres ne sont pas disponibles, alors une résorption osseuse se produit afin que le système d’attache puisse se former.
• Une vascularisation pauvre de cette zone osseuse marginale. A l’inverse, au niveau
parodontal, la crête osseuse marginale bénéficie d’une irrigation sanguine en provenance du ligament parodontal. Celle-‐ci permet d’offrir aux tissus parodontaux une ligne de défense immunitaire supplémentaire contre les micro-‐organismes qui pénétreraient par le sulcus.
• L’existence d’un « micrograp », traduit littéralement par micro-‐espace, entre
ce microgap conditionnent sa contamination et donc la réaction inflammatoire avec pour conséquence un effet plus ou moins néfaste sur le tissu osseux (155). (cf. : chapitre 4.1.1)
• Les micromouvements qui se produisent entre l’implant et le pilier lors de la
mastication.
• Le serrage et desserrage répété de la vis de cicatrisation ou du pilier.
• La géométrie du col implantaire et de l’interface implant – pilier conditionnent la
diffusion des contraintes occlusales en direction du complexe os -‐ implant ostéointégré. Les contraintes sont classiquement concentrées au niveau du col implantaire et de l’os marginal mais des modifications de la géométrie de ces composants permettent une meilleure répartition des contraintes.
• Une surcharge occlusale : Un mauvais réglage occlusal à l’origine d’une surcharge à
un effet direct sur l’os au sein duquel les contraintes sont inévitablement propagées. Une surcharge occlusale importante peut empêcher l’ostéo-‐intégration et conduire à un échec précoce, ou à une désostéointégration par résorption osseuse péri-‐ implantaire, conduisant alors à un échec tardif.
• Un phénomène de corrosion : l’utilisation d’un matériau non résistant à la corrosion
pour le pilier implantaire crée une inflammation du fait du relargage local de particules et donc une résorption osseuse.
Figure 9 : Radiographie d’implants en position de 46 et 47, prises en post-‐opératoire (à gauche), et à 1 an après mis en fonction (à droite). On observe la cratérisation en comparant le niveau
osseux depuis le col de l’implant.
Certaines étiologies de la cratérisation sont directement liées au pilier implantaire. Il devra avoir une interface implant-‐pilier le plus favorable possible à la conservation de l’os marginal, et permettre la formation d’un manchon épithélio-‐conjonctif stable et imperméable aux micro-‐organismes
1.3 Pathologies péri-‐implantaires (87)
Les pathologies péri-‐implantaires et plus précisément la péri-‐implantite est souvent la cause des échecs tardifs de la thérapeutique implantaire. L’autre cause d’échec tardif est la surcharge occlusale sur laquelle, contrairement à la péri-‐implantite, le clinicien peut avoir une action permettant d’éviter la perte osseuse. La péri-‐implantite entraîne une perte de l’intégrité des tissus mous et durs péri-‐implantaires.
Un consensus émanant du sixième workshop européen de parodontologie permet de faire le point sur les pathologies péri-‐implantaires (87).
Ø Définition et diagnostic
Deux types de pathologies péri-‐implantaires d’origine infectieuse sont décrits :
− La mucosite péri-‐implantaire : Il s’agit d’une lésion inflammatoire localisée à la
muqueuse péri-‐implantaire, cliniquement diagnostiquée par une rougeur et un
œdème de le muqueuse associés à un saignement au sondage qui est le signe le plus
probant de la présence de la mucosite. Le sondage effectué de façon conventionnelle avec une force légère ne crée pas de lésion tissulaire. Un saignement au sondage peut être considéré comme un facteur prédicteur d’une perte d’attache péri-‐
− La péri-‐implantite : La lésion muqueuse est accompagnée d’une perte marginale du
tissu osseux de support. Une suppuration péri-‐implantaire et une augmentation de
la profondeur de poche peuvent être retrouvées cliniquement.
Ø Prévalence
Peu d’études relatent de la prévalence des mucosites et péri-‐implantites.
La présence de mucosite, diagnostiquée par un saignement au sondage sans atteinte du niveau osseux, serait retrouvée chez 80 % des patients, au niveau de 50 % de leurs implants. La présence de péri-‐implantite, c’est à dire d’un saignement au sondage associé à une perte osseuse marginale après un an de fonction, a été diagnostiquée chez 28 % à 56 % des patients, au niveau de 12 % à 43 % de leurs implants.
Ces résultats ont été obtenus par des études ne portant à chaque fois que sur un seul système implantaire.
Ø Facteurs de risque
Certains facteurs de risque majeurs ont clairement été identifiés comme étant associés à la présence de pathologies péri-‐implantaires :
− Une mauvaise hygiène bucco-‐dentaire − Des antécédents de parodontite − La consommation de tabac
D’autres facteurs de risque peuvent être cités mais leur association aux pathologies péri-‐ implantaires est moins évidente :
− Le diabète
− La consommation d’alcool
Il existe des contradictions dans la littérature concernant le fait que la susceptibilité
génétique et les caractéristiques de certaines surfaces implantaires puissent être des
Ø Traitement
1.3.1.1.1..1 Traitements non chirurgicaux de la mucosite et de la péri-‐implantite
Un petit nombre de séries de cas montreraient un effet bénéfique du traitement mécanique
non chirurgical dans le cas de mucosites. L’adjonction d’un bain de bouche antiseptique
favoriserait la diminution du saignement au sondage.
Dans le cas de péri-‐implantites, ces traitements mécaniques auraient montré un effet bénéfique. L’utilisation de bains de bouche antiseptiques n’aurait que peu d’effet mais en revanche, l’utilisation d’antibiotiques locaux ou systémiques permettrait de réduire le saignement au sondage et la profondeur de poche.
Le petit nombre de cas étudiés ne permet que de conclure à un effet non prédictible des traitements non chirurgicaux en cas de péri-‐implantite.
1.3.1.1.1..2 Traitements chirurgicaux des péri-‐implantites
Les traitements chirurgicaux permettent d’accéder à la surface de l’implant afin de débrider
la lésion et de décontaminer la surface implantaire. L’objectif est de résoudre
l’inflammation. Des études menées sur l’animal ont mis en évidence l’efficacité de ces
traitements. Chez l’homme, de tels traitements se sont avérés efficaces à long terme en cas
de parodontite, mais aucune donnée à long terme n’est disponible pour la péri-‐implantite.
L’étude d’une série de cas aurait montré l’efficacité d’un traitement chirurgical associé à un
traitement antibiotique par voie systémique.
Par ailleurs, aucune étude n’a pour le moment pu montrer un bénéfice supplémentaire de
l’association de traitements régénérateurs (greffes osseuses, utilisation de substituts osseux
ou régénération osseuse guidée).
Malheureusement, malgré une certaine efficacité des traitements proposés, une fois les lésions tissulaires survenues et l’implant émergeant dans la cavité buccale, la péri-‐implantite
faits sur le pilier qui ne doit absolument pas favoriser la rétention de plaque pour qu’en cas de lésion de faible importance, la péri-‐implantite puisse être stabilisée et la résorption tissulaire limitée.
ü L’identification des patients présentant des contre-‐indications est capitale pour ne
pas s’exposer à des complications ultérieures difficilement gérables.
ü Les traitements proposés à l’heure actuelle, n’ont pas montré de résultats très probants pour limiter la progression d’une péri-‐implantite.