1 Les tissus parodontaux et péri-‐implantaires
1.1 Le tissu muqueux
1.1.1 L’espace biologique parodontal
Le système d’attachement muqueux péri-‐implantaire forme une barrière efficace entre l’extérieur de l’organisme, la cavité orale, et l’intérieur de l’organisme, le tissu osseux péri-‐ implantaire. Cette barrière présente certaines divergences avec l’espace biologique parodontal.
1.1.1 L’espace biologique parodontal
1.1.1.1 Anatomie et dimensions
La jonction entre le tissu dentaire et le tissu gingival a été étudiée pour la première fois par Sicher en 1959, qui a décrit la présence d’une attache épithéliale et conjonctive. En 1961, l’espace biologique, qui comprend le sulcus, l’attache épithéliale et l’attache conjonctive, a été étudié par Gargiulo et son équipe. Ils ont montré que cet espace avait une épaisseur relativement constante de 2,73 millimètres en tout, dont 2,04 millimètres pour le système d’attachement (58). Ces données ont été confirmées par Vacek qui en 1994 trouve que la profondeur du sulcus est de 1,34 ± 0,84 millimètre , l’attache épithéliale mesure 1,14 ± 0,49 millimètre, et l’épaisseur des fibres conjonctives supra-‐crestales est de 0,77 ± 0,32millimètres (42). Les différents auteurs ont pu noter que la hauteur de l’attache épithéliale est plus variable que la hauteur de l’attache conjonctive.
1.1.1.2 Histologie
1.1.1.2.1 La gencive marginale et le sulcus
Le sulcus est un espace virtuel ouvert vers la haut, délimité par l’émail dentaire, et par l’épithélium sulculaire. Ce dernier est en continuité avec l’épithélium de la cavité buccale d’une part, et avec l’épithélium de jonction d’autre part, qui lui, délimite le fond du sulcus.
L’épithélium oral qui forme la gencive attachée et la gencive marginale libre est un
épithélium Malpighien para-‐kératinisé. Il s’agit d’un épithélium pavimenteux stratifié
keratinisé dont les cellules des dernières couches de kératine conservent un noyau pycnotique. La lame basale a une forme festonnée comprise entre les papilles conjonctives sous-‐jacentes, et les crêtes épithéliales sus-‐jacentes.
L’épithélium du sulcus est en continuité avec l’épithélium de la gencive marginale mais il
s’agit cette fois-‐ci d’un épithélium pavimenteux stratifié non kératinisé. Il existe à ce niveau là encore des crêtes épithéliales et des papilles conjonctives.
1.1.1.2.2 L’attache épithéliale
L’épithélium jonctionnel ou attache épithéliale est un épithélium stratifié pavimenteux non
kératinisé. Il est composé de quelques cellules seulement dans sa partie apicale, et d’une
épaisseur de 15 à 20 cellules dans sa partie coronaire, c’est-‐à-‐dire au fond du sulcus. Les cellules sont allongées et parallèles à la surface de l’émail. Elles sont organisées en une couche basale à l’origine du renouvellement cellulaire et des couches suprabasales qui évoluent vers le fond du sulcus où les cellules desquament. La lame basale, en continuité avec celle de l’épithélium créviculaire est ici rectiligne. Elle forme, au niveau apical de l’épithélium de jonction, une boucle en épingle à cheveux et semble remonter le long de l’émail auquel elle adhère. Il existe en effet, entre les cellules de l’épithélium jonctionnel et
l’émail, une structure très semblable à une lame basale que l’on trouve entre un épithélium
en direction de l’émail. La différence avec une lame basale est l’absence de fibres d’ancrages
en provenance de l’émail. (24)
La formation de cet épithélium jonctionnel a lieu lors de l’éruption dentaire. L’épithélium adamantin réduit est progressivement remplacé par l’épithélium de jonction. Si la gencive libre est excisée après éruption complète de la dent, pour une chirurgie parodontale par exemple, les cellules de l’épithélium buccal ont la capacité, lore de la cicatrisation, de
coloniser cet espace et de se différencier en cellules d’épithélium jonctionnel. La nouvelle
attache épithéliale sera identique en tous points à l’attache initiale.
Figure 2 : Schéma d’une coupe longitudinale du système
d’attache épithélio-‐conjonctif parodontal (issu de (86)) Figure 3 : Coupe histologie longitudinale du système d’attache épithélio-‐conjonctif parodontal (issu de (86)) Oral sulcular epithelium, OSE : Epithélium oral sulculaire ; Oral epithelium, OE : Epithélium oral ; Junctional epithelium, JE : Epithélium de jonction ; E : Email ; Connective tissu, CT : Tissu conjonctif ; Bone : Os ; CEJ : Jonction amélo-‐cémentaire.
ü L’épithélium jonctionnel est véritablement attaché à l’émail par des
hémidesmosomes.
ü Après une chirurgie, la nouvelle attache épithéliale formée est indiscernable de celle
1.1.1.2.3 L’attache conjonctive
Le tissu conjonctif est l’un des principaux composants du tissu gingival. Il est composé majoritairement par (85) :
• Des fibres de collagène de type I, III, IV, VII, V qui représentent 60 % du volume,
• Des fibroblastes ; 5 % du volume
• Des vaisseaux et des fibres nerveuses ; 35 % du volume
• Une matrice extracellulaire ou substance amorphe composée de macromolécules carbohydrates
• Des mastocytes, des macrophages, des cellules inflammatoires dont la présence
résulte d’un état sub-‐inflammatoire permanant créé par les polymicrotraumatismes
qui se produisent sur le système dentaire.
• Des fibres élastiques, des fibres de réticuline, des fibres oxytalans
Les fibres de collagène forment des faisceaux de fibres ayant une organisation régulière. Il existe 3 types de faisceaux au niveau parodontal (86, 24) :
• Des faisceaux de fibres circulaires et semi-‐circulaires : qui courent au sein de la gencive marginale et forment un réseau circulaire autour des dents.
• Des faisceaux de fibres dento-‐gingivales et dento-‐périostées : qui sont insérées dans
la portion de cément comprise entre la jonction amélo-‐cémentaire et l’os alvéolaire : ce sont les fibres de Sharpey. Elles vont se diriger perpendiculairement à la surface dentaire et en éventail, vers le tissu conjonctif de la gencive marginale et
de la gencive attachée.
• Des faisceaux de fibres trans-‐septales : qui sont situées en inter-‐proximal, entre deux dent, et sont insérées à la fois au niveau du cément de la dent mésiale et distale, passant au-‐dessus du septum osseux, au niveau de la papille.
Les fibres de collagène, qui ont une insertion dans le cément et l’os et une orientation
perpendiculaire et oblique à la surface dentaire forment une barrière mécanique à la
migration apicale de l’épithélium, ainsi qu’à la pénétration bactérienne.
ü Les fibres de Sharpey, présentent une insertion au niveau du cément acellulaire où elles ont une extrémité minéralisée. Elles réalisent un véritable ancrage du tissu conjonctif à l’organe dentaire par l’intermédiaire du cément.