• Aucun résultat trouvé

Le parcours de soins inscrit dans une temporalité

PARTIE II – CLINIQUE

A) Carole

2. Le parcours de soins inscrit dans une temporalité

Elle est alors transférée aux urgences en service de réanimation où elle est placée sous gastrostomie et bénéficie d’une greffe de peau.

Le service de réanimation est un service intra-hospitalier spécialisé accueillant des patients entre la vie et la mort. De nombreux moyens techniques permettent de rétablir et de maintenir les fonctions vitales temporellement préservées par des machines qui remplacent un ou plusieurs organes.

Carole a été ainsi transférée dans ce service à la suite de son arrêt cardio- respiratoire. Sous la violence du choc, son activité cardiovasculaire et respiratoire s’est interrompue c’est-à-dire que la circulation sanguin s’est arrêtée. Cela s’accompagne d’un arrêt ventilatoire* et d’une perte de connaissance – absence de réponse verbale, motrice et d’une ouverture des yeux volontaire.

À la suite de son coma, les médecins lui diagnostiquent une encéphalopathie anoxique associée à un traumatisme crânien grave. Carole présentait des séquelles de tétraparésie, des myoclonies d’origine indéterminée, des troubles cognitifs et mnésiques, des troubles de l’équilibre, un apragmatisme*, une hyperacousie, des difficultés d’expression orale et de l’anxiété.

Lorsque son état s’est stabilisé, elle intègre un C.M.P.R en internat où les objectifs principaux sont la récupération des capacités fonctionnelles et l’amélioration du quotidien des patients atteints d’un handicap congénital ou acquis. Les professionnels recherchent ainsi à limiter au maximum les séquelles et à réduire les incapacités.

Lorsque son séjour au C.M.P.R s’est terminé, elle intègre un Hôpital de Jour – H.D.J –, une structure rattachée à un hôpital, qui permet d’être accueilli pour quelques heures ou la journée, avec un retour à domicile chaque soir. Cela permet d’effectuer des bilans, d’être suivi par le neurologue de l’établissement et d’ajuster les traitements.

En octobre 2015, soit deux ans après son accident, elle est orientée auprès du F.A.M après une période de découverte de six semaines où elle a pu participer aux différentes activités proposées dans le but de savoir si les prestations étaient adaptées ou non à son accompagnement. Les professionnels évaluent aussi les besoins du patient grâce aux bilans. L’accompagnement au F.A.M est ainsi individualisé et s’articule autour de trois axes :

• La rééducation et les différentes thérapies qui favorisent la récupération et le réinvestissement cognitifs, sensoriels, moteurs et corporels – ergothérapie, orthophonie, psychomotricité, neuropsychologie.

• La réadaptation et la réinsertion par l’ouverture sur l’environnement extérieur, une meilleure autonomie par une remise en condition sociale et professionnelle – groupes et ateliers éducatifs, réadaptation écologique, ateliers professionnels, activités d’épanouissement personnel.

• La psychothérapie individuelle et/ou familiale selon les besoins et les demandes qui permet au sujet de retrouver ses repères identitaires et d’améliorer sa vie affective et relationnelle.

À la suite de sa période d’essai, il a été décidé, avec l’accord de la direction, des professionnels et de l’usager, qu’elle serait présente trois jours par semaine – lundi, mardi et jeudi – avec une reprise d’activité professionnelle durant une demi- journée, le vendredi. Elle arrive entre 9h30 et 10h et repart à 16h avec une société de transport.

Son emploi du temps a été pensé selon son projet thérapeutique et sa demi-journée de travail. Il est écrit dans son Projet d’Accompagnement Individualisé et Personnalisé – P.A.I.P – et sera réactualisé tous les ans avec la possibilité de le réviser à n’importe quel moment grâce à un avenant. Chaque patient doit donner son accord en le signant.

Sur décision commune, elle participe aux groupes « activités manuelles, logique, photographie, mémoire, réflexion, organisation et théâtre ». Sa prise en charge est complétée par une prise en charge individuelle hebdomadaire en orthophonie et en psychomotricité.

En dehors de l’institution, elle a une séance en kinésithérapie et en orthophonie une fois par semaine, en libéral, dans un centre médical situé dans son immeuble doté d’un ascenseur.

Actuellement, à l’âge de 34 ans, elle vit toujours avec son compagnon dans un appartement en région parisienne et bénéficie d’une auxiliaire de vie deux heures par jour. Elle est placée sous Tégrétol®, un thymorégulateur, et sous Modafinil®, un

Carole est une femme soignée, les cheveux longs blonds, coiffée, maquillée avec les ongles toujours vernis. L’apparence physique semble importante pour elle et elle semble aimer prendre soin d’elle.

Au sein de l’institution, elle présente peu d’expressions verbales spontanées, elle n’est jamais en désaccord. Elle a une personnalité plutôt introvertie, discrète avec peu d’envies et de besoins exprimés. Elle s’isole aux moments des pauses et n’initie pas la conversation avec les autres usagers de l’institution. Elle utilise beaucoup son portable, un moyen peut-être pour s’extraire psychiquement de l’institution.

3. Le bilan psychomoteur

Le bilan psychomoteur a été effectué par le psychomotricien en novembre 2015, à l’arrivée de Carole dans l’établissement. Il a été réalisé sur trois séances de 45 minutes à partir de tests standardisés et complétés par des observations cliniques.

Elle se montrait coopérative et disponible mais faisait preuve d’une appréhension marquée. Elle avait une bonne compréhension des consignes et parvenait à être claire et brève dans ses réponses.

Au niveau de la motricité fine, le déliement digital ainsi que le graphisme mettaient Carole en difficulté tout comme les épreuves de motricité globale dans les jeux de lancers – réceptions. Le psychomotricien ne notait pas de troubles praxiques.

L’équilibre statique et l’équilibre dynamique restaient très précaires avec des conduites locomotrices peu sécurisées et peu confiantes. Des chutes fréquentes étaient évoquées avec une marche autonome hésitante. Elle se déplace sans appareillage. Les changements de posture de base – passage du sol à la station debout - étaient limités et peu fluides avec une gestion partielle du vide. Les sauts, l’utilisation des escaliers et l’équilibre unipodal n’étaient pas possibles. L’engagement corporel était peu confiant et peu investi.

Elle ne présentait aucune difficulté visuo-spatiale et visuo-constructive.

À la suite du bilan psychomoteur, une prise en charge en psychomotricité est favorable. Elle bénéficie ainsi :

• d’une prise en charge groupale hebdomadaire en balnéothérapie avec une autre patiente de la M.A.S menée par le psychomotricien du F.A.M et la psychomotricienne de la M.A.S.

• d’une prise en charge individuelle hebdomadaire.

Son projet thérapeutique s’articule autour d’un travail d’autonomisation dans les changements de posture et le renforcement de la locomotion.

À la suite de travaux, la prise en charge groupale en balnéothérapie a été remplacée par une séance groupale en salle, au sein de l’établissement, depuis septembre. La balnéothérapie a repris ponctuellement à la fin du mois de février.