Chapitre 1 : Effet de l’environnement radiatif naturel sur les composants à
1.5 Les composants MOSFET et IGBT
1.5.1 Le MOSFET
1.5.1.1 Présentation générale
Dans le domaine de l’électronique de puissance, l’avènement de la technologie MOS
au niveau industriel date du début des années 70 et a permis le développement de transistors
MOS qui sont utilisés dans de nombreuses applications pour des gammes de tensions allant de
10 à 600 Volts pour un calibre en courant allant de quelques 100 mA à quelques ampères. Les
structures MOS ont un comportement de type unipolaire et possèdent donc des temps de
commutation rapides. En effet il ne présente pas de retard associé à la recombinaison de
porteurs minoritaires dans la phase de blocage contrairement aux composants bipolaires. Les
temps de commutation sont de l'ordre de 100 ns. La contre partie réside dans des tenues en
tension moyenne en raison d’une région de drift N- non modulée en conductivité qui
entraînerait, pour des tensions élevées, des chutes de tensions à l’état passant élevées.
En technologie planar classique, c’est le transistor DMOS (D pour double diffusé) qui
est aujourd’hui encore le composant MOS de puissance de base. Il se décline en une
configuration verticale (VDMOS) ou latérale (LDMOS). La structure VDMOS est de
conception multicellulaire. La Figure 1-18-a en représente une cellule élémentaire. Le calibre
en courant du composant est directement lié au nombre de cellules mises en parallèle. Cette
dimension multicellulaire apparaît donc comme fondamentale dans le cadre de nos travaux de
recherche puisqu'une particule ionisante incidente impactera une seule cellule élémentaire
dont la résistance à une perturbation est bien plus faible que celle de l’ensemble. Il existe
différentes formes de cellules élémentaires liées à la géométrique du caisson P : hexagonale
(HEXFET), carrée alignées ou non alignées, triangulaire ou à bandes parallèles. Nos études se
sont principalement concentrées sur des motifs hexagonaux.
Outre ces différentes géométries du caisson P de surface, il existe de nouvelles
architectures dont les MOS à superjonction et semi-superjonction – telles que le coolMOS
TMd’Infineon ou le MDmesh de STMicroelectronics commercialisées en 1999 et 2000
respectivement. Les technologies utilisées diffèrent de la technologie planar classique par la
réalisation des caissons P+ comme l’indiquent les Figure 1-18 b et c. Ces structures
permettent de dépasser « les limites du silicium » [MOR04] définie par le compromis
résistance passante spécifique/tenue en tension. Il faut toutefois noter que la technologie de
réalisation est plus complexe que dans le cas des structures VDMOS classiques.
Figure 1-18: structure de cellule de type (a) VDMOS classique, (b) VDMOS à Superjonction (type coolMOSTM Infineon) et (c) transistor MOS à semi-superjonction
A titre d’illustration, la Figure 1-19 montre l’évolution des technologies des MOS de
puissance. La figure (a) correspond à une structure hexfet classique et la figure (b) à une
semi-superjonction type stripfet. D’autre part, ces représentations 3D montrent bien l’aspect
multicellulaire de la conception qui peut varier d’une technologie à une autre.
Figure 1-19: coupe schématique 3D de la structure (a) MOS classique et (b) MOS semi-superjonction
P-mesh N-source
Gate finger Drain
Substrat Back metal
1.5.1.2 La structure et le fonctionnement parasite du MOSFET
Dans les structures de type MOSFET et en particulier le VDMOS de puissance, il
existe un transistor bipolaire parasite NPN comme indiqué sur la
Figure 1-20. La source N+ constitue l’émetteur, le caisson P, la base et la couche
épitaxiée N- avec le substrat N+ forment le collecteur. Ce transistor bipolaire parasite
normalement inactif peut être mis en conduction lors de commutations rapides (fort [dV/dt])
ou bien par le passage de radiations ionisantes. Sa mise en conduction couplée au mécanisme
d’avalanche peut alors provoquer un emballement irréversible en courant que l’on appelle le
second claquage. Le principe de fonctionnement nécessite d’être en polarisation inverse avec
une zone de charge d'espace suffisamment étendue permettant de générer des porteurs par
avalanche. Le phénomène est initié par la captation de trous diffusant latéralement sous la
source dans le caisson P jusqu’à polariser en direct la jonction émetteur-base du transistor
bipolaire (cf. Figure 1-20). Une fois ce dernier actif, des électrons sont injectés de l’émetteur
vers la région épitaxiée par effet bipolaire. Si la condition de champ électrique est suffisante
dans la région épitaxiée, cette arrivée d’électrons a pour conséquence de précipiter le
phénomène d’avalanche. En effet, les électrons traversant la zone de charge d'espace
acquièrent une énergie cinétique suffisante pour arracher un électron à un atome du réseau
cristallin, créant ainsi une paire électron-trou lors des collisions. Le phénomène s’auto
entretient : l’avalanche fournit de plus en plus de trous au bipolaire parasite, provoquant une
injection d’électrons du bipolaire de plus en plus importante qui alimente l’avalanche et ainsi
de suite. Le très fort courant résultant qui passe dans une seule cellule conduit à la destruction
du composant par emballement thermique. Dans le cas d’une particule incidente, les trous
proviennent dans un premier temps de la trace d’ionisation créée par le passage de cette
dernière. Si le courant provenant du filament d’ionisation est trop faible et/ou si le champ
électrique dans la zone de charge d’espace est insuffisant, le bipolaire parasite s’éteint et le
phénomène se traduit simplement par un courant transitoire suivit du retour à l’état initial
bloqué. Le transistor bipolaire parasite doit donc être désensibilisé à l’aide d’un design
spécifique de la structure du VDMOS. Pour cela, une zone P+ fortement dopée est implantée
sous la zone de source permettant de diminuer la résistance latérale et de retarder la mise en
Figure 1-20: structure d'une cellule de VDMOSFET illustrant le mécanisme de mise en conduction du transistor bipolaire parasite NPN par une particule ionisante