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Partie 2 : Rigidités et marché du travail : les relations théoriques

II- Les pouvoirs de négociation

1. Le modèle WS-PS (wage setting – price setting)

Ce modèle a été institué par Layard, Nickell et Jackman (1991) puis repris et développé par Cahuc et Zylberberg (1999).

Il se base sur l’existence d’imperfections sur le marché du travail, celles-ci empêchent le salaire de se fixer au niveau d’équilibre. L’imperfection de la concurrence et de l’information sur le marché du travail explique le chômage involontaire, les chômeurs seraient donc prêts à accepter un salaire inférieur à celui des travailleurs afin d’obtenir un emploi.

Les employeurs et les salariés ont des objectifs contraires. Les travailleurs ont pour objectif d’obtenir un salaire le plus élevé possible inversement, les entreprises veulent payer des salaires les plus bas possible. Le salaire obtenu par les travailleurs est le résultat d’une négociation entre les syndicats et le patronat. C’est le résultat de cette confrontation qui génère un chômage d’équilibre.

Déterminons les équations du modèle en logarithme.

1.1 L’équation PS : du côté des entreprises.

Les entreprises déterminent les prix de la façon suivante : Les prix dépendent principalement de deux choses :

- Des coûts de production, dans le cas présence ce coût est représenté par les salaires .

- Du taux de marge (b) des entreprises qui dépend du taux de chômage .

La conjoncture économique joue un rôle important dans la détermination des marges de l’entreprise et le pouvoir de négociation des entreprises. Plus la conjoncture se dégrade, plus le chômage est élevé et moins les entreprises peuvent augmenter les prix donc leurs marges. En situation de bonne conjoncture le chômage est faible, les entreprises peuvent se permettre d’augmenter leurs prix donc leurs marges.

Dans l’équation précédente représente le pouvoir de négociation du patronat. Plus la valeur de est élevée, plus les entreprises sont en position de fore pour augmenter leurs prix donc leurs marges et inversement lorsque la valeur de est faible.

1.2 L’équation WS : du côté des syndicats.

Rigidités du marché du travail et chômage : quelles relations ? Page 32 Les salaires dépendent de deux éléments :

- Des prix : lorsque les prix sont élevés les syndicats vont demander une

augmentation de salaire à cause du principe de l’indexation des salaires sur les prix. - Ils dépendent négativement du chômage . Plus le chômage est élevé moins les

syndicats sont en position de force pour demander une augmentation des salaires. Par contre lorsque le chômage est faible les syndicats se retrouvent en position de force ce qui est plus favorable à une demande d’augmentation des salaires.

Dans l’équation , représente le pouvoir de négociation des syndicats. Plus sa valeur est élevée, plus le pouvoir des syndicats est élevé et donc plus ils peuvent obtenir des salaires élevés. Nous pouvons ajouter que le pouvoir de négociation du patronat dépend de facteurs exogènes au modèle. Nous pouvons par exemple citer :

- La productivité du travail. Lorsque la productivité augmente cela entraine une augmentation du pouvoir de négociation et une hausse des salaires.

- Des prélèvements sociaux, si ils augmentent le pouvoir de négociation du patronat diminue et les salaires baissent.

L’élasticité des salaires par rapport au chômage est mesurée par . Cela signifie que si le chômage augmente de 1% les salaires baisseront de %.

1.3 La détermination du salaire réel.

Nous allons déterminer le salaire réel à partir des deux équations précédentes ( et ) : car nous étions en logarithme, ainsi .

L’équation devient donc :

Nous observons une corrélation positive entre le salaire réel et le chômage. Plus le chômage est élevé, moins la conjoncture est favorable. Les entreprises vont négocier à la baisse leurs marges d’où une baisse des prix donc une augmentation du salaire réel.

L’équation devient :

Soit une relation négative entre le salaire réel et le chômage. Lorsque le chômage est élevé les syndicats sont en position de faiblesse ils ne peuvent donc pas négocier des salaires à la hausse, ces derniers sont donc faibles.

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Figure 23: Le modèle WS-PS.

Au point , la rencontre des négociateurs (le patronat et le syndicat) détermine un salaire réel d’équilibre auquel correspond un chômage d’équilibre qui dépend des pouvoirs de négociation de chacun des partis.

Le résultat de la négociation salariale dépend des forces des parties en présence, il peut aussi être lié à l’habileté de chacun à négocier. Nous ne pouvons donc pas déterminer à l’avance le résultat de la négociation. D’Autume (2001) aborde le résultat de la négociation en utilisant la théorie du marchandage de Nash ce qui permet d’attribuer une pondération aux pouvoirs de chacun. Lorsque le paramètre prend la valeur 1, le syndicat dispose d’un pouvoir de négociation supérieur et inversement lorsque le paramètre prend la valeur 0. Ainsi, lorsque les syndicats ont un pouvoir de négociation plus important et donc peuvent négocier des salaires à la hausse le chômage serait supérieur.

D’Autume (2001) aborde également ce modèle selon l’importance que les syndicats accordent au niveau de l’emploi. Si cette importance est élevée les syndicats vont négocier des salaires moins élevés. Selon cet auteur il serait même possible de parvenir au plein emploi.

Cet auteur aborde également les effets d’une augmentation du salaire de réserve. Cette augmentation permettrait d’améliorer la situation des outsiders. Selon lui les gains retirés en cas de réussite de la négociation seraient inférieurs (l’écart entre l’utilité retirée du salaire et celle du salaire de réserve étant moindre). Mais les gains rattachés à l’augmentation du salaire seraient plus élevés.

Price setting : Wage setting :

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