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2. Le cadre conceptuel et les indicateurs intrants/extrants pour mesurer l'efficience dans

2.1. Le Modèle d’évaluation de l'efficience de l'enseignement

L’enseignement est l’une des missions les mieux comprises par les citoyens. Il est désormais traité comme un investissement par la théorie économique du capital humain et n’est pas sans conséquence sur la productivité de la combinaison productive et in fine la croissance de la production. Un bon système d’enseignement est favorable à la croissance économique.

Le calcul d’un score d’efficience de l’enseignement exige une définition des intrants et des extrants qui définissent la fonction de production de l’enseignement. Aux fins de l'évaluation de l'efficience, il est très important de veiller à ce que les intrants sélectionnés soient appariés avec des extrants appropriés qui leur correspondent le mieux et qui leur soient adaptés, et vice-versa. Idéalement, les populations et les niveaux d'enseignement couverts par chaque intrant/extrant doivent correspondre, et plus fondamentalement chaque intrant sélectionné doit avoir une influence directe sur son extrant parallèle. Ne pas choisir la combinaison appropriée des intrants/extrants, pourrait se traduire par des scores d'efficience biaisés et erronés.

L’OCDE publie dans ces rapports intitulés "Regards sur l’éducation : Les indicateurs de l’OCDE" (en anglais Education at a Glance "EAG") de riches données sur les systèmes d’enseignement de différents pays. Ces données peuvent être utilisées pour calculer les scores d’efficience, mais aussi pour spécifier la fonction de production d’enseignement. Parmi ces

144 données on peut citer : 1- les Ressources financières et humaines investies dans l'enseignement supérieur par chaque pays, 2- l'Accès et la participation de la population à l’enseignement supérieur, 3- le taux d’obtention d’un diplôme d’enseignement supérieur, 4- le pourcentage d’adultes diplômés de l’enseignement supérieur, ou Elles correspondent à des intrants et à des extrants, à des variables de stock et à des variables de flux.

2.1.1. Les extrants en matière d’enseignement

Que produit une université ? Elle produit des étudiants diplômés. Trois types d’indicateur peuvent mesurer alors les extrants d’une université : le taux d’obtention d’un diplôme à l’issue d’un programme d’enseignement supérieur de type A (licence-master), le taux d’obtention d’un diplôme à l’issue d’un programme de recherche de haut niveau (doctorat) et le taux d'emploi des diplômés âgés de 25 à 34 ans. Le taux d’obtention d’un diplôme est un indicateur purement quantitatif. Le taux d’obtention d’un diplôme de haut niveau est un indicateur plutôt qualitatif. Le taux d’emploi des diplômés est un indicateur de débouchés.

Le taux d’obtention d’un diplôme correspond bien au travail des théoriciens de la croissance endogène. Ces derniers approximent le capital humain par le niveau d’étude. Ce niveau d’étude est mesuré par le diplôme. Plus un système d’enseignement supérieur délivre de diplômes plus le niveau de capital humain de la population s’élève et plus elle est productive. Deux indicateurs proposés par l’OCDE peuvent alors être utilisés : le taux d’obtention d’un diplôme et le pourcentage d’adultes diplômés. Le taux d’obtention d’un diplôme informe sur la capacité du système d'enseignement supérieur d'un pays à produire annuellement des adultes hautement qualifiés (EAG 2014, p. 69). Il mesure le pourcentage d'un groupe d'âge d'une population qui devrait obtenir annuellement un diplôme d'enseignement supérieur. C’est un indicateur de flux. Il se différencie ainsi du pourcentage d’adultes diplômés qui mesure à un moment quelconque la part de la population qui a déjà atteint un certain niveau d'enseignement supérieur. Le taux d’obtention d’un diplôme est un flux alors que le % d’adultes diplômés est un stock. La variable de flux, taux d’obtention d’un diplôme, est privilégiée ici comme extrant.

L’indicateur, taux d’obtention d’un diplôme à l’issue d’un programme de recherche de haut niveau (doctorat) mesure la qualité des diplômes obtenus annuellement par la population. Il complète l’indicateur de taux d’obtention d’un diplôme de type A, défini par l'OCDE comme comprenant les études universitaires de niveau licence et master.

Les étudiants diplômés le sont pour trouver un emploi et améliorer leurs perspectives de rémunération. L’indicateur « taux d'emploi des diplômés âgés de 25 à 34 ans » permet de tenir compte de cette dimension de la production universitaire. L’université produit une formation en vue de permettre aux diplômés de trouver un travail de qualité. Un taux d'emploi plus élevé des

145 nouveaux diplômés dans le groupe d’âge des jeunes (25 à 34 ans) est la preuve d’une plus grande adaptation entre l'offre de formation du système d'enseignement supérieur d'un pays et les exigences en matière de compétences requises sur le marché d'emploi de ce pays.

2.1.2. Les intrants en matière d’enseignement

Pour produire des étudiants diplômés il faut des étudiants et des ressources financières et humaines. Le premier type d’intrant est l’étudiant : sa quantité et sa qualité.

Le taux d'accès mesure la proportion de la population qui entre annuellement pour la première fois dans l'enseignement supérieur (un flux). Il est préféré au taux de scolarisation qui mesure, à un point quelconque dans le temps, la proportion de la population qui est déjà inscrite dans l'enseignement supérieur.

Le taux d’accès annuel de la population à l'enseignement supérieur est un flux alors que le taux de scolarisation de la population dans l'enseignement supérieur à une année donnée est un stock. Comme nous avons choisi comme extrant, le taux d’obtention de diplôme, qui est une variable de flux, nous avons choisi comme intrant le taux d'accès qui est aussi une variable de flux. Le taux d'accès indique à la fois l'accessibilité actuelle du système d'enseignement supérieur d'un pays et la valeur perçue pour la population de poursuivre un enseignement supérieur.

A noter que le taux d'accès comme intrant ne reflète que la quantité d'étudiants qui entrent dans l'enseignement supérieur, et il est alors important de le compléter par un autre intrant reflétant la qualité des étudiants entrants. Cet intrant pourrait être les scores par pays publiés par le programme PISA. Le Programme international de l'OCDE pour le suivi des acquis des élèves "PISA" (Program for International Student Assessment) vise à évaluer les performances des systèmes d'enseignement secondaire au niveau international. Pour ce faire, le programme PISA mesure la performance d'un échantillon représentatif des élèves du secondaire âgés de 15 ans dans chaque pays, pour trois thématiques : les mathématiques, les sciences et la lecture. Ce sont ces élèves qui vont accéder à l'enseignement supérieur dans deux ou trois années (selon l'âge typique d'entrée dans chaque système d'enseignement supérieur). C'est la raison pour laquelle nous considérons les scores PISA de l'année 2006 en tant que proxy pour la qualité des étudiants qui entrent à l'université en 2008. De même, nous considérons les scores PISA de l'année 2000 en tant que proxy pour la qualité des étudiants qui entrent à l'université en 2002. Les scores PISA obtenus par chaque pays évalué sont présentés par l'OCDE pour trois thématiques séparés (Mathématiques, Sciences, Lecture). Nous calculons la moyenne de ces trois scores pour obtenir un seul indicateur reflétant la qualité d'entrée des étudiants dans l'enseignement supérieur.

Le deuxième type d’intrant utilisé est le montant des dépenses totales de l’enseignement supérieur par étudiant. L’OCDE, dans sa base de données (EAG) recueille dans chaque pays des

146 données sur les dépenses annuelles des établissements d’enseignement supérieur tous services confondus provenant de sources publiques et privées (dépenses totales de l'enseignement supérieur). Les dépenses totales de l'enseignement supérieur comprennent les trois types de dépenses suivants (EAG 2014, p. 224) : les services auxiliaires, les dépenses au titre des services d’éducation et les dépenses au titre des activités de recherche et développement9.

La variable dépenses totales par étudiant dans l'enseignement supérieur a été préférée à la variable dépenses dans l’enseignement supérieur en pourcentage du PIB car il s’agit d’approximer les ressources financières réelles (les montants en monnaie) affectées aux différents systèmes d'enseignement supérieur et relativisées par rapport à la taille des systèmes (nombre des étudiants), plutôt que de refléter des différences dans la richesse des pays tel qu'il est exprimée par le PIB. L'utilisation des dépenses exprimées en % du PIB comme intrant pourrait largement sous-estimer ou surestimer les ressources financières réelles affectées à l'enseignement supérieur, ce qui se traduirait par des scores d'efficience biaisés. Précisément, les pays riches avec un PIB élevé verront leurs dépenses sous estimées lorsqu'elles sont exprimées en pourcentage du PIB, et les pays moins riches avec un faible PIB verront leurs dépenses sous estimées. A titre d'exemple, un pays à faible PIB, mais un montant élevé de dépenses de l'enseignement supérieur verra ses dépenses exprimées en % du PIB fortement gonflées par rapport à un autre pays qui pourtant dépense exactement le même montant, mais qui a un PIB plus élevé. D'où notre préférence pour l'utilisation des dépenses en montant de monnaie et non pas en pourcentage du PIB. Le nombre des étudiants considéré est celui à temps plein équivalent, et pour une meilleure comparabilité entre les pays, la base de données (EAG) exprime les dépenses en ($ PPA). Les dépenses en devise nationale sont divisées par l’indice de parité de pouvoir d’achat (PPA) pour le PIB afin d'obtenir leur équivalent en dollars américains ($). (EAG 2014, p. 224).

2.1.3. Le modèle d’efficience de l’enseignement

Le modèle d’efficience de l’enseignement supérieur est donc le suivant. Il comporte trois variables d’extrants et trois intrants (Figure 1). La Figure 1 illustre ce modèle de calcul des scores

9 "Les services auxiliaires sont les services fournis par les établissements d'enseignement supérieur en

marge de leur mission principale d'éducation. Il s'agit principalement des services à caractère social à l'intention des étudiants. Ils comprennent les résidences d'étudiants, la cantine et les soins de santé. Les dépenses au titre des services d’éducation sont celles en rapport direct avec l'enseignement que dispensent les établissements, soit la rémunération des enseignants, l'occupation des infrastructures, le matériel pédagogique et les manuels, et la gestion des établissements. Les dépenses au titre des activités de recherche et développement (R&D) comprennent toutes les dépenses afférentes aux activités de recherche menées par les universités et autres établissements d'enseignement tertiaire, qu'elles soient financées par des fonds institutionnels ou par des bourses ou des contrats proposés par des entités publiques ou privées."

147 d’efficience de l'enseignement pour l'année 2012. A la différence de ce qui est pratiqué dans la littérature, les variables d’extrants ne sont pas de la même année que les variables d’intrants afin de tenir compte du temps d’apprentissage. Il est supposé qu’il faut un temps minimal de trois années pour que les universités puissent produire des diplômés (niveau licence) à partir de la date d'entrée des étudiants à l'université. De même, l'impact de ressources utilisées par les universités pour former les étudiants se concrétiseront par des taux d'emplois qu'à partir du moment où les étudiants décident de sortir de l'université et d'accéder au marché du travail.

Il est aussi tenu compte de ce temps de l’apprentissage pour la variable de qualité des étudiants entrants. Les étudiants dont la qualité a été évaluée à l'âge de 15ans en 2006 (par les scores PISA – intrant qualité) entreront dans l'enseignement supérieur à partir de 2008 (intrant quantité), c'est à partir de ce moment que les ressources financières (troisième intrant) seront utilisées pour former ces étudiants, qui pourront après trois années d'études, à partir de 2010, obtenir leur premier diplôme universitaire de niveau Licence (production du premier extrant). Ces diplômés vont décider soit d'entrer directement sur le marché du travail (production- deuxième extrant reflété par le taux d'emploi-) ou poursuivre davantage leurs études à des niveaux encore plus élevés d'enseignement supérieur (Masters), en 2011 et 2012, voir même obtenir un diplôme à l’issue d’un programme de recherche de haut niveau (notre troisième extrant).

Ainsi, pour tenir compte du temps nécessaire d’apprentissage des étudiants, l’efficience de l’enseignement pour l’année 2012 va être calculée sur la base des trois intrants (scores PISA de l’année 2006, taux d’accès et dépenses totales par étudiant en moyenne pour les années 2008- 2009-2010), qui vont déterminer les trois extrants (taux d’obtention de diplômes de niveau licence-master, taux d'obtention de diplômes de niveau doctorat, et taux d’emploi des nouveaux diplômés en moyenne pour les années 2010-2011-2012). L’évaluation de l’efficience en 2006 va être calculée sur la base des intrants (scores PISA de 2000, taux d’accès et dépenses totales par étudiant en moyenne pour les années 2002-2003-2004) et des extrants (taux d’obtention de diplômes de niveau licence-master, taux d'obtention de diplômes de niveau doctorat, et taux d’emploi en moyenne pour les années 2004-2005-2006).

148 Figure 1

Un schéma d'un cadre conceptuel pour mesurer l'efficience de l'enseignement, en 2012, des systèmes d'enseignement supérieur (trois intrants, trois extrants)