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LE JOURNAL DU CHAUX-DE-FONNIER ULYSSE DUBOIS 1830-1845

Dans le document Autour des Archives de la vie ordinaire (Page 137-158)

Il importe de situer l’auteur du Journal dans la société chaux-de-fonnière, où les relations étaient entretenues par des visites, des rencontres et la vie des sociétés. Le père d’Ulysse Dubois, Pierre-Frédéric, un notable originaire du Locle et de La Chaux-de-Fonds, avait épousé aux Planchettes, le 9 mai 1798, Marianne Matthey, de l’Etang. Membre de la Cour de Justice au lieu de son domicile, il devint « moderne maître bourgeois » de Valangin le 30 janvier 1801. Etant un des députés envoyés au maréchal Berthier, en 1807-1808, il prit une part active à cette mission délicate. Président de la Société des orgues de La Chaux-de-Fonds, Pierre-Frédéric procéda à la remise de l’instrument à la commune, en 1818. Il mourut le 21 janvier 1825, à 59 ans. « Le conseil de commune a autorisé sa veuve et son fils de faire poser une pierre sur sa fosse, de la grandeur qu’ils jugeront convenable, et sans rétribution, en considération des services qu’il a rendu à la Commune. »1 Ulysse Dubois, né le 13 février 1803, vécut en pension aux Planchettes une dizaine d’années plus tard. A 21 ans, il devint juge suppléant et, le 24 août 1827, « justicier » de la Cour de Justice de La Chaux-de-Fonds.

Trois ans après, il paria avec Julien Humbert que, « si à la fin de 1834 il n’étoit point marié, il devroit payer six bouteilles de vin de Champagne qui seroient bues entre ceux qui étoient présents ». Dans le cas contraire, Humbert payerait les bouteilles. Une convention fut signée en bonne et due forme ! En définitive, c’est le 27 mai 1837 qu’Ulysse épousa Françoise Robert-Nicoud, née le 5 octobre 1816. Le Journal la mentionne dès juin 1836, lorsque sa mère vint habiter la maison Dubois. Visiblement par crainte d’un charivari, à cause de la différence d’âge, le mariage fut béni au Locle par le pasteur de La Chaux-de-Fonds. Pendant le dîner à Valangin, des jeunes gens lancèrent des pétards2. Deux filles assurèrent une descendance : Laure-Elise, née le 20 novembre 1838, filleule d’Oscar et de Laure Jacot, puis Julie, née le 5 janvier 1842, filleule de Louis Challandes, maire de La Chaux-de-Fonds et de son épouse3.

N. B. L’auteur du Journal orthographiait son nom : Du Bois. – Par commodité nous avons choisi : Dubois. – La ponctuation a été adaptée à l’usage actuel. – Les références renvoient aux dates du Journal, et point aux pages des cahiers. – Quelques fonds cités sont déposés aux Archives de l’Etat de Neuchâtel.

1 Archives de la Bourgeoisie de Valangin, reg. 22, pp. 2-3, 1801 ; reg. 24, p. 152, 23 février 1808. – J. J. Brandt fils, notaire, vol. 5, p. 546, 29 août 1818. – Musée neuchâtelois,1879, pp. 201 et 204 : « Une ambassade du Val-de-Ruz chez le prince Berthier ». – Etat Civil, EC 3642, p. 76, No10, 24 janvier 1825.

2 Journal, 30 janvier 1831 ; 4 avril 1830 ; 10, 12 juin, 7 juillet 1836. – Voir aussi Jean COURVOISIER,

« Mariages et menaces de charivari en 1807 et en 1838 », Musée neuchâtelois,1986, pp. 138-142. – Arnold ROBERT, La Chaux-de-Fonds, son passé, son présent, 1894, p. 78.

3 Journal, 20 novembre, 8 décembre 1838 ; 5 janvier, 2 février 1842.

La profession de Dubois apparaît dans quelques brefs passages du Journal. Ainsi, le le 9 janvier 1830, l’artisan va au Crêt du Locle « rectifier une erreur d’émail vendu » ; le 29, il « passe au feu ». En avril, il reçoit et paye « deux caisses émail de Genève ». L’année suivante, il « passe au feu », puis le 19 août il « pile 41/2livres émail après midi » ; le 24, Léo Lesquereux vient observer son ami « achever de passer au feu ». Précision importante en 1832, Dubois « passe au feu quelques cadrans ». Décision surprenante, le 18 octobre, il écrit : « Je me suis occupé avec Brutus Courvoisier à prendre note des différents objets concernant mon établissement que je lui remets ». Au matin du 8 novembre, Dubois donne « à Brutus Courvoisier le restant de son attirail d’émailleur » ; le 18, il « passe au feu » pour la dernière fois. Une semaine après, le notaire Oscar Jacot rédige l’acte de remise de l’atelier. Afin que tout se passe bien, en décembre encore, le vendeur aide « Brutus à émailler ». Sans doute avait-il repris de son père la profession4 qu’il abandonna en 1832.

Comme membre de la Cour de Justice et de diverses commissions, Dubois était très occupé : il devient curateur d’une veuve, procède à l’inventaire de Perret et Cie, ou pose des scellés. Le 9 mai 1831, il assiste à l’abrégé de la Chambre de charité, au comité d’horlogerie et à la commission des incendies. Dans le domaine politique, jugé trop conser-vateur par Auguste Bille, Dubois fait place à un député plus libéral dans la députation de La Chaux-de-Fonds à une assemblée des communes du ressort de Valangin5(février 1831). Néanmoins, dès le premier tour, Dubois est ensuite élu au Corps législatif de la principauté, le 30 juin. Souffrant de « crises nerveuses », il ne pouvait pas se rendre à toutes les séances ; en octobre, il demanda d’être libéré de ses fonctions. Le commissaire royal, Adolphe de Pfuel, le renvoya au Conseil d’Etat. Après l’avoir entendu, le président Chambrier n’insista pas pour retenir celui qui souffrait de la

« maladie des nerfs ». Quant aux autres problèmes de santé, le député se fait arracher des dents, puis une racine. Quelques mois avant son mariage, Gustave Irlet lui « enlève une petite loupe à la lèvre, mais qui s’est reformée de suite ». Tous les maux sont mentionnés, même les rhumes ! Après un dîner « chez MrMontandon avec Mrde Castella », il consulta ce médecin fixé à Neuchâtel, puis il constata : « Je lui dois des honoraires »6!

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4 Journal, 9 et 29 janvier, 5 et 6 avril 1830 ; 21 janvier, 12 février, 19 et 24 août 1831 ; 2 mars, 18 octobre, 8, 14 et 21 novembre, 14 décembre 1832. – Alfred CHAPUIS, Histoire de la pendulerie neuchâ-teloise,p. 462, en note : Dubois, Pierre-Frédéric, cité de 1792 à 1799, livre des cadrans de pendules.

5 Journal, 16 juillet 1830 ; 29 mars, 1er, 5 et 9 mai 1831. – Arthur PIAGET, Histoire de la Révolution neuchâteloise,t. 3, 1919, p. 162.

6 Journal, 30 juin, 24-29 septembre, 5, 10-12 octobre, 11, 16, 17 novembre 1831 ; 20 septembre 1832 ; 24 décembre 1836 ; 13 juin 1837 ; 9 novembre 1844. – J. F. P. de Castella fut médecin de l’Hôpital Pourtalès de 1811 à 1855.

A partir de 1832, le Chaux-de-Fonnier est le correspondant local de la Caisse d’épargne de Neuchâtel, puis devient membre de la direction six ans plus tard7. Ancien d’Eglise, il ne manque pas de signaler qu’il tenait la coupe de communion au culte. Il obtient son congé en septembre 1837, sans que cela affecte son zèle. Ulysse fait ainsi des tournées pour solliciter des souscriptions en faveur de la création d’un second poste pastoral8. En mars 1835, le mémoraliste « assista tout le jour à l’expertise et au verbal de l’incendie de la maison de ville, comme membre de la Chambre d’assurance ». En mai de l’année suivante, il se rend à l’assemblée de cette Chambre. Lors d’une absence momentanée, Oscar Jacot est remplacé par son ami Ulysse dans la fonction de secrétaire de l’Assemblée générale de la commune. En juin, les deux messieurs travaillent aux archives du lieu, toute la journée. Une autre fois Ulysse, seul, va pendant trois heures, chez le pasteur Piquet, afin de copier les données du « registre des naissances des natifs de 1817, pour les rôles militaires »9.

Ces activités valent à Dubois d’être nommé lieutenant civil de La Chaux-de-Fonds par le Conseil d’Etat ; il est installé dans sa charge le 27 juillet 1837, après avoir prêté serment. Ce jour-là, Louis Challandes, maire de 1823 à 1844-1845, répondit à son nouveau lieutenant qui avait adressé quelques mots à la Cour de Justice. Le dimanche suivant, un cortège amena Dubois au temple, pour occuper la place qui lui était officiellement réservée. Dès lors, il présida la Cour en l’absence du maire, auquel il rendait compte de ses actes. Ainsi reçoit-il la déclaration d’une fille-mère « sur le petit lit », ou bien il préside l’assemblée générale de la commune. Une contestation désagréable l’attend après un refus d’accorder un passeport à des personnes habitant hors de la juridiction. On le nomme président de laSociété qui avait ses locaux dans la maison de ville. Ulysse est au mieux avec le maire qui s’absentait assez souvent, par exemple pour une cure de bains, en famille. C’est pour cette raison, sans doute, que Louis Challandes offrit à son lieutenant un sucrier d’argent en guise d’étrenne pour 1838, douze cuillères à crème l’année suivante, enfin en 1841, une théière, du rhum et de la moutarde10.

Parmi les activités occasionnelles de Dubois, il faut noter l’aide au

« receveur Matthey qui avoit à débrouiller certains articles du rentier » (sorte d’ancêtre du registre foncier). Il est « commissaire de la commune à l’examen

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7 Journal, 10 décembre 1831. – Philippe GODET, La Caisse d’Epargne de Neuchâtel, 1812-1912, 1912, pp. 316, 328.

8 Journal, 9 juillet 1837 ; 28 décembre 1834 ; 14 octobre 1833.

9 Journal, 12 et 13 mars 1835 ; 26 mai 1836 ; 3 mai, 4 juin 1835 ; 2 mars 1836.

10 Journal, 24, 26, 27 juin, 2 juillet 1837 ; 25 juillet, 19 octobre 1837 ; 4 mars, 21 avril 1838 (société) ; 7 août, 1erjanvier 1838 (le maire) ; 1erjanvier 1839 ; 2 janvier 1841.

des candidats à la place de lecteur public » (le crieur), fait l’inventaire de registres notariaux et des papiers des greffes, puis il se rend avec le maire à la dédicace du nouvel hôtel de ville du Locle. Nous regrettons que soit resté introuvable jusqu’ici le « portrait du guerrotipe », exécuté aux Eplatures par les frères Dubois, les 1er et 2 septembre 1842. Peut-être le daguerréotype s’est-il effacé avec le temps. Du moins disposons-nous des portraits de ses parents, finement dessinés de profil par le miniaturiste Jean-Jacques Müller, au début du XIXe siècle. Ulysse Dubois se rendit à Neuchâtel avec son épouse et Oscar Jacot pour l’arrivée du Roi et de la Reine de Prusse – avec les majuscules indispensables, figurant dans tout le manuscrit. Plus de sept pages sont consacrées à cette mémorable visite royale11.

En 1843, le lieutenant civil relève que « la Cour de Justice est allée après midi chez M. le Maire pour l’engager à ne pas postuler la chatellenie de Boudry qui est vacante ». Louis Challandes resta à son poste, mais ce n’était que partie remise. L’année suivante, après le culte célébrant la fête du roi, et lors du dîner servi à la maison de ville, le maire annonça « sa prochaine retraite, en répondant à la santé qui lui avoit été portée ». Cette déclaration attristante provoqua « des larmes qui couloient de presque tous les yeux ».

En novembre 1844, Challandes reçut de la Cour de Berlin le brevet de

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11Journal, 11 novembre 1839 ; 27 janvier, 1erjuin 1840 ; 1eroctobre 1841 ; 1er, 2, 24-28 septembre 1842.

Pierre-Frédérique Dubois Marianne Dubois

trésorier général de la principauté. Il resta toutefois en place à La Chaux-de-Fonds comme commissaire, jusqu’à la nomination d’un nouveau maire12. Dès la fin de janvier 1845, on murmura le nom du successeur. En février, celui-ci se révéla être le baron Frédéric de Chambrier, que Dubois accompagna chez divers notables du lieu. Le nouveau maire, installé le 4 mars, offrit un grand dîner aux notables, à l’hôtel de ville. Cinq jours plus tard, Chambrier, la Cour de Justice et le Conseil de commune se rendirent en cortège au temple. Notons que le maire se déplaça beaucoup entre La Chaux-de-Fonds et Cormondrèche où il s’occupait, entre autres, des vendanges. Ainsi, offrit-il une « boîte de raisin à son lieutenant »13.

Notre mémorialiste écrit 13 février 1844, « jour où j’ai accompli ma 41me année, Françoise m’a acheté un manteau Mackintosh, et les frères Perret m’ont fait cadeau d’une jolie calotte ». Avec quelques messieurs, il va tirer au pistolet. En septembre, il renouvelle « l’abonnement au Constitutionnel Neuchâtelois» (une sorte d’organe officiel). Une toque de velours offerte par son épouse marque la 42e année. Ensuite, Dubois est invité aux promotions « comme ancien membre de la Chambre d’éducation »14. Du 12 au 15 juin 1845, le mémorialiste descendit avec sa famille à l’hôtel des Alpes, à Neuchâtel, et fit visite au président du Conseil d’Etat, Frédéric de Chambrier (1785-1856). Maire et lieutenant de La Chaux-de-Fonds allèrent dîner le 13 juin, avec leur épouse, chez le président Chambrier où se trouvait aussi le maire de Valangin, encore un Chambrier. Le 14, la famille Dubois se rendit à l’Ile de Saint-Pierre.

Dimanche 15, après le culte au Temple du Haut (la Collégiale), Dubois reçut à l’hôtel des Alpes la visite du maire Chambrier, puis il dîna avec

« MrChallandes ». A 20 heures 1/2 toute la famille atteignit la maison15. En octobre, Ulysse Dubois prend le courrier pour Neuchâtel, où il fait des courses, puis va « coucher à Cormondrèche chez Mr le Président du Conseil d’Etat ». Le matin du 23, après avoir vu le pressoir, les encavages et le prieuré de son hôte, le lieutenant fait un tour dans les vignes de Sombacour, des Boubins et des Repaires. L’après-midi il se rend à Colombier pour une visite à la sœur de Françoise, alliée Rosat. Enfin, parti à 9 heures 1/2 de Cormondrèche avec la famille Chambrier, qui lui présente des vignes aux Parcs, à Neuchâtel, Dubois arrive chez lui le 24 octobre à 16 heures 1/216.

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12 Journal, 17 juin 1843 ; 15 octobre, 28, 30 novembre, 4, 5, 6, 10 décembre 1844.

13 Journal, 28 janvier, 4, 10, 13 février, 4 mars, 16 octobre, 1ernovembre 1845.

14 Journal, 13 février, 30 août, 23 septembre 1844 ; 13 février, 11 juillet 1845.

15 12-15 juin 1845. Alexandre de Chambrier (1788-1861), frère du président, était maire de Valangin.

16 22-24 octobre 1845.

Ulysse Dubois, qui avait de la suite dans les idées, expose en 1847 que

« cédant aux sollicitations des membres de la Cour de Justice et d’un certain nombre de personnes de la localité », il priait le Conseil d’Etat de faire parvenir au roi un placet. C’était la demande d’être pourvu de l’office du maire de La Chaux-de-Fonds, devenu vacant par la retraite du baron de Chambrier. La réponse de Berlin fut positive. Dubois, nommé maire le 26 avril, fut installé le 11 mai 184717.

Après la Révolution de 1848, les autorités républicaines confièrent à l’ancien maire la présidence de la Commission de rachat des cens et des dîmes, à la Chaux-de-Fonds. Dubois reçut les registres nécessaires à l’accomplis-sement du travail. Une entête de lettre, datée 1853, apprend l’existence d’un « Bureau d’affaires / U. Du Bois et O. Jacot / Rue de la Promenade, 59 / Chaux-de-Fonds ... Notariat, Gestion de biens meubles et immeubles, Comptabilité, Ecritures ... objets saisis »19. Quant à Oscar Jacot, né en 1808, notaire de son état, il passa des actes en 1832 à 1857. Il était devenu lieu-tenant civil le 8 juin 1847, donc le bras droit de son ami, et se trouvait aussi être parrain d’Elise Dubois. Il présida une société de tir nommée

« Compagnie des mousquetaires du prix du Roi »20, ce qui était significatif.

L’association avec Ulysse Dubois n’a guère duré, puisque celui-ci mourut d’une maladie du cœur le 27 mars 1854. Quelle aurait été sa réaction deux ans plus tard, lors du soulèvement royaliste ? – impossible de l’imaginer.

Le journal

Actuellement, le journal d’Ulysse Dubois comprend seize cahiers, un par année, de 1830 à 1845. En existait-il d’autres ? – au moins un, offrant le récit des événements du 28 février 1848, transcrit par Arnold ROBERT dans La Chaux-de-Fonds, son passé, son présent (1894, p. 78). Chaque cahier de cinquante à soixante pages est formé de feuilles pliées en deux ; l’une d’elles tient lieu de couverture. Les dimensions varient légèrement de 41 sur 33 centimètres ou de 42,7 sur 34,2 centimètres. Les feuilles ont le filigrane E B à un angle et une crosse à l’opposé ; elles sortent donc de la fabrique de papier d’Erhard Borel, à Serrières. Le titre du premier cahier

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17Manuel du Conseil d’Etat, vol. 212, p. 639, 8 mars 1847. – Série Militaire, dossier 35. – Arnold ROBERT, La Chaux-de-Fonds, son passé, son présent,1894, p. 78.

18Fonds Louis Colomb, dossier 4/III, 21, 23 juin 1849. Les électeurs de La Chaux-de-Fonds avaient, dix ans plus tôt, refusé le projet de rachat proposé. – Journal, 27 août, 3 septembre, 20 novembre 1843.

19Fonds Louis Colomb, dossier 10/I, lettre du 9 décembre 1853.

20Registre matricule des notaires, vol. 3, p. 243, 22 octobre 1832. Arnold ROBERT, dans La Chaux-de-Fonds, son passé, son présent,1894, pp. 79-80.

est « Journal pendant l’année 1830 » ; en haut à droite, la fille aînée d’Ulysse a écrit « E. Mentha Du Bois ». Le texte paraît être une mise au point de notes prises au jour le jour. Il n’y a presque pas de ratures, de surcharges ou de textes en marge, et peu de problèmes de déchiffrement.

Les imparfaits s’écrivent encore en -oient au lieu de -aient. L’auteur donne les noms de famille des très nombreuses personnes qu’il fréquentait. Voici un exemple : les lignes concernant le 20 août 1830 : « Je suis allé au Conseil un instant le matin. J’ai passé au feu. Maman est allée en soirée chez le cousin Montandon. J’y ai goûté et veillé. Il y avoit MdCuche et MlleFallet, Md Sandoz Montandon, Md la M. B. [maître bourgeois] Jacot, Jules Schaffer et sa maman. Le grand tirage des Eplatures a commencé ce matin.

Le tems a été couvert et assez frais. »

Dans les Nouvelles Etrennes Neuchâteloises pour 1926, Gustave Borel-Girard avait consacré neuf pages aux « Notes extraites du journal du lieu-tenant Dubois de La Chaux-de-Fonds (1831) ». Il nous a paru nécessaire d’analyser le contenu de tous les cahiers.

La maison

Il est possible de localiser le domicile, en dehors du centre. Dubois dit en effet avoir fait « diverses commissions au village ». Les registres de l’Etablissement Cantonal d’Assurance Immobilière situent la maison à environ cinq cents mètres au nord-est du Grand Temple, à la rue, puis boulevard de la Citadelle, devenu rue de Bel-Air (au No 22). Sur des caves voûtées, la maison avait deux étages sur rez-de-chaussée, en 1846 ; elle mesurait environ 12,3 sur 10,8 mètres. Cet immeuble fut sensiblement amélioré en 1852 et modifié plus tard, notamment par l’adjonction d’une tour, en 1877, par Jules-Henri Mentha-Dubois. Une annexe en pierre de 6,3 sur 8,4 mètres abritait une « lessiverie », une forge et des caves. Dans le jardin adjacent, Madame Dubois et une servante firent un « carreau », en 1844, parmi d’autres plantés de légumes. Un soir de 1832, Dubois avait « travaillé à ranger le jardin pour y poser des caisses destinées à recevoir six ruches d’abeilles appartenant à Mr le Pasteur Jeanneret ». Il y eut transport des vieilles ruches au Valanvron en 184521. De nombreuses mentions font état de travaux à une citerne – pour l’alimentation en eau.

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21 Journal, 11 décembre 1832 ; 10 avril 1845 (jardin) – ECAI, La Chaux-de-Fonds, registre 45, fol. 67, Nos249, 250, 1302 ; registre 69 No605 ; registre 70, Nos2430, 2748. – Voir aussi Charles THOMANN, L’histoire de La Chaux-de-Fonds inscrit dans ses rues,1965, p. 36. – Journal, 10 avril 1844, 21 avril 1842 ; 6 avril 1832 ; 26 août 1845.

Les églises, les cultes

L’examen complet des cahiers révèle qu’Ulysse Dubois était très attaché à l’Eglise réformée, et aux pasteurs de La Chaux-de-Fonds. Cet « ancien d’Eglise » se rend au culte du matin et du soir, prend la Sainte-Cène et explique comment on accède aux deux extrémités de la table de commu-nion. Il tient lui-même les coupes (deux vont être renouvelées) et des sachets où sont recueillies les offrandes, le soir. Dans un tronc, après un service du matin, on trouva 10 louis et 14 batz. Pour le dimanche du Jeûne, le 20 septembre 1835, Dubois donne un long résumé du sermon du pasteur Jules-Félix Jeanneret qui a développé le texte du prophète Jonas : « Encore 40 jours et Ninive sera renversé ». « Cet éloquent et admirable discours », remarquable par sa franchise, dura « deux heures moins sept minutes » ! L’après-midi, la prédication du pasteur Edouard Piquet, sur Matthieu XXVI/6-12, dura une heure cinq. Entre les deux services, le paroissien prit un bouillon, puis alla à la veillée chez le pasteur Jeanneret22.

Lors de son installation, le pasteur de langue allemande prêcha sur le psaume XXVII/4 ; ensuite, il prêta serment d’obéissance au roi entre les mains du maire. En 1840, le jour du Jeûne, Dubois se rendit à 7 heures au service en allemand, et à 9 heures 1/2 au culte français. Durant 1 heure 55, le pasteur Jeanneret dénonça la mort de l’esprit religieux et

Lors de son installation, le pasteur de langue allemande prêcha sur le psaume XXVII/4 ; ensuite, il prêta serment d’obéissance au roi entre les mains du maire. En 1840, le jour du Jeûne, Dubois se rendit à 7 heures au service en allemand, et à 9 heures 1/2 au culte français. Durant 1 heure 55, le pasteur Jeanneret dénonça la mort de l’esprit religieux et

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