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Chapitre II. La chaîne du Mayombe

5 Le Néoprotérozoïque de la chaîne du Mayombe

5.1 Le Groupe de Sounda

Il a été ainsi nommé par Fullgraf et al. (2015a) en référence à la série de Sounda définie au Gabon par Dévigne (1959) bien qu’ils ne renferment pas les mêmes formations. Le Groupe de Sounda comprend les formations contemporaines du rifting néoprotérozoïque (Fullgraf et al., 2015a), à savoir (i) les intrusions granitiques de Mfoubou et de Mont Kanda ; (ii) le complexe basique de Nemba ; (iii) le Sous-groupe de Kakamoéka ; et (iv) le Sous-groupe de Mvouti. Les roches constituant ce Groupe sont les témoins de la distension tectonique enregistrée entre 1000 Ma et 900 Ma.

5.1.1 Les intrusions granitiques de Mfoubou et de Mont Kanda

Les granites de Mfoubou et de Mont Kanda affleurent au Sud-ouest de la chaîne du Mayombe à la limite entre la chaîne et le Bassin Côtier. Ils ont été nommés et cartographiés par Cosson (1955). Ils se présentent sous forme d’intrusions circulaire et ovale mesurant respectivement 14 km de long et 10 km de large et, 24 km de long et 10 km de large (Fullgraf et al., 2015a). A ces massifs est associé le granite de Tongodo (Cosson, 1955 ; Dadet, 1969) ou de Bibabamba (Vicat et Pouclet, 2000) situé à 2 km au NE de Mont Kanda, où il recoupe les terrains du Sous-groupe de Kakamoéka (anciennement Bikossi) (Fullgraf et al., 2015a). L’étude de ces massifs est rendue possible par les carrières exploitant le granite pour granulats (carrières de Nkougni pour le massif de Mfoubou, et de Louvoulou pour le granite de Mont Kanda).

Le granite de Mfoubou présente un cœur non déformé et d’une bordure ayant accommodé la déformation pan-africaine en développant une foliation N150 à N160 pendant de 25 à 30° vers NE (Djama, 1988). Trois faciès ont été distingués dans le granite de Mfoubou : le faciès folié de bordure et les faciès centraux gris et rose. La caractérisation géochimique des échantillons prélevés dans les faciès centraux a permis à Djama (1988) de mettre en évidence, grâce aux spectres des terres rares, la tendance alcaline du granite. L’analyse des éléments majeurs révèle un caractère sub-alcalin ou monzonitique. La nature alcaline de ce granite a été confirmée par les travaux de Vicat et Pouclet (2000). Les récentes analyses faites par Fullgraf et al. (2015a) classent le granite de Mfoubou ainsi que celui de Mont Kanda dans le rang de granites métalumineux à peralumineux, sub-alcalins et principalement intraplaques. Un âge U-Pb sur zircons de 1050 ± 25 Ma a été obtenu par la méthode de dissolution chimique des grains (ID-TIMS) (Djama, 1988 ; Djama et al., 1992).

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Le granite de Mont Kanda a été défini par Cosson (1955) comme un batholite intrusif dans les séries de la Loémé et de la Bikossi (Dadet, 1969 ; Vicat et Pouclet, 2000). Il présente les mêmes caractéristiques structurales que le granite de Mfoubou, c’est-à-dire folié en bordure et isotrope au cœur. Sur le plan géochimique, Dadet (1969) l’identifie comme un granite alcalin acide et potassique. Vicat et Pouclet (2000) de même que Fullgraf et al. (2015a) en font un équivalent du granite de Mfoubou. Ils le décrivent comme un massif recoupant les gneiss paléoprotérozoïques du Super-groupe de la Loémé ainsi que les roches supra-crustales du Sous-groupe de Kakamoéka. Ils notent aussi que la relation entre ce pluton et le Groupe de la Bikossi n’est pas encore établie mais serait de nature tectonique. Des âges U-P obtenus par des analyses ponctuelles SHRIMP des zircons issus des échantillons du granite situent sa mise en place autour de 932 ± 8 Ma (Fullgraf et al., 2015a).

Sur la base des similitudes géochimiques entre le granite de Mfoubou et le granite de Mont Kanda, Fullgraf et al. (2015a) ont attribué à ces deux massifs la même gamme d’âge (env. 930 Ma). Ces granites se mettraient en place au Mésoprotérozoïque dans un contexte extensif, ici documenté dans le Mayombe congolais, mais aussi connu dans la chaîne ouest-congolienne en RDC (cf granite de Noqui : Tack et al., 2001).

5.1.2 Le Complexe basique de Nemba

Faisant partie autrefois de la série de la Bikossi (Dadet, 1969 ; Vellutini et al., 1983 ; Vicat et Vellutini, 1988), la séquence de « roches vertes » de la chaîne du Mayombe a été nommée par Fullgraf et al. (2015a) « Complexe de Nemba ». Cette dénomination fait référence à la localité de Nemba où ces roches sont bien exposées. Cette séquence a été interprétée comme un complexe ophiolitique par Vellutini et al. (1983). Mais cette hypothèse a été remise en cause par les données géochronologiques (Mpemba-Boni, 1990 ; Maurin et al., 1991 ; Fullgraf et al., 2015a) et géochimiques (Fullgraf et al., 2015a ; Djama et al., 2018). La datation par la méthode SHRIMP des zircons du méta-gabbro issu de cette séquence a révélé un âge à 915 ± 8 Ma interprété par Fullgraf et al. (2015a) comme l’âge de mise en place du Complexe basique. De ce fait, ce dernier se rattache à l’épisode distensif caractéristique des unités du Super-groupe Ouest Congolien. Toutefois, tenant compte des observations de terrain, la position stratigraphique du Complexe de Nemba au sein du Groupe de Sounda ainsi que sa relation avec les unités structurales adjacentes demeurent discutables. Sur le plan pétrologique, le Complexe

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basique de Nemba comprend : les amphibolites, des métabasaltes amygdalaires, des métagabbros et des épidotites regroupés en deux ensembles faciologiques (Fullgraf et al., 2015a).

5.1.3 Le Sous-groupe de Kakamoeka

Tout comme le « Complexe basique de Nemba », le Sous-groupe de Kakamoéka a fait son apparition dans la lithostratigraphie du Mayombe par le biais des travaux de Fullgraf et al. (2015a) dans cette région. Il regroupe les roches autrefois cartographiées comme des « porphyroïdes schistoïdes » et des « schistes rhyolitiques » (Cosson, 1955 ; Dévigne, 1959 ; Hossié, 1980 ; Vicat et Pouclet, 2000). L’ensemble est actuellement décrit comme étant constitué de dépôts volcano-sédimentaires comprenant : les conglomérats, les quartzites, les schistes graphiteux, les tuffs, les pyroclastites et les volcanites mafiques. Ces roches se retrouvent souvent empilées avec les gneiss et schistes paléoprotérozoïques. Elles sont observables le long du fleuve Kouilou entre le village de Kakamoéka et les gorges de Sounda. La base stratigraphique du Sous-groupe de Kakamoeka affleure dans plusieurs ruisseaux sur les pentes du Mont Mbaou (Fullgraf et al., 2015a). Les analyses géochimiques des roches pyroclastiques felsiques de cet ensemble confèrent une composition rhyolitique à dacitique de type alcalin à sub-alcalin. Les roches mafiques quant à elles présentent une composition de basalte andésitique et tholéiitique avec de rare composante alcaline (Fullgraf et al., 2015a). La datation U-Pb sur zircons par la méthode SHRIMP d’un échantillon de porphyre quartzo-feldspathique a donné un âge concordia à 903 ± 6 Ma qui a été interprété par Fullgraf et al. (2015) comme l’âge du volcanisme felsique. Un âge à 915 ± 17 Ma a aussi été obtenu par la méthode ICPMS-MC sur un autre échantillon du Sous-groupe de Kakamoéka. Ce dernier est comparable à l’âge obtenu dans le Complexe basique de Nemba. Il permet ainsi de rattacher ces deux ensembles.

5.1.4 Le Sous-groupe de la Mvouti

Le Sous-groupe de la Mvouti affleure dans le domaine central de la chaîne du Mayombe où il se trouve préservé dans le synclinal de Dimonika (Fullgraf et al., 2015a). La « série » de la Mvouti a été définie par Cosson (1955) comme marquant la base du Système des Monts Bamba (Tableau II. 1). Elle est essentiellement constituée de formations sédimentaires métamorphisées

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et recoupées par endroit par des dykes doléritiques. Ces formations ont été interprétées comme une séquence turbidique par Fullgraf et al. (2015a). Le contact entre le Sous-groupe de la Mvouti et les roches adjacentes est souvent de nature tectonique de type chevauchement et/ou faille inverse (Boudzoumou, 1986 ; Boudzoumou et Trompette, 1988). La datation des zircons détritiques issus d’un méta-grès quartzitique du Sous-groupe de la Mvouti donne des gammes d’âges allant de 900 à 3500 Ma pour les sources des zircons (Affaton et al., 2016). La limite supérieure est contrainte par le dépôt de la Diamictite inférieure au Sturtien (720-710 Ma) (Fullgraf et al., 2015a).

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