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Présentation des résultats

12- Le français et les autres langues en Algérie:

En dernier lieu, c’est le rapport qu’entretient la langue française avec les autres langues en Algérie qui est recherché à travers les enseignants interrogés.

Certains partisans du rejet du français en Algérie le justifient par le fait que, selon eux, le français est une langue qui menace les autres langues présentes en Algérie. Afin de dégager les images associées à cette idée par les enseignants interrogés, nous leur avons adressé cette question : « le français en Algérie est une langue qui présente un danger et qui menace les autres langues en Algérie ?»

Dans une autre question, nous souhaitons voir si les enseignants interrogés partagent l’avis qui dit que le français est une langue qui devrait être enseignée au même titre que les autres langues étrangères ou non.

L’idée qui dit que les jeunes d’aujourd’hui s’intéressent plus à l’anglais qu’au français est partagée par plusieurs personnes. Afin de voir si le public concerné partage ou ne partage pas cette image, nous leur avons adressé cette question : « Les jeunes d’aujourd’hui s’intéressent-ils plus à l’anglais qu’au français ? »

Milieu social des répondants

Il est clair que les habitants de la ville d’Oran sont issus de catégories sociales différentes.

Il est difficile de dire si cette hétérogénéité concerne ou ne concerne pas trop le groupe de personnes que nous avons choisi pour cette étude sur les représentations sociolinguistiques qui se font de la langue française en l’occurrence les maîtres de français.

D’un côté, ils partagent tous la même fonction ce qui réduit relativement tout de même cette différence, mais il n’en demeure pas moins que l’origine des uns et des autres et les rapports qu’ils avaient à la langue française peuvent être dans certaines situations très déterminants.

Nous allons essayer de prendre en considération cet élément dans la mesure du possible dans le but de mieux comprendre le fonctionnement et surtout l’origine des représentations.

Milieu linguistique

Il est évident que la catégorie concernée dans cette étude est francophone pour la simple raison que la langue française constitue son outil de travail, la langue avec laquelle et pour laquelle ils ont été formés.

Il est également évident que les maîtres interrogés parlent tous la langue arabe ou plus précisément « l’arabe algérien » ou « arabe dialectal », voire ce qu’on pourrait appeler peut être « l’oranais ».

Une bonne partie des maîtres maîtrise également l’arabe classique ou moderne notamment les jeunes.

Dans quelques situations, on peut rencontrer d’autres enseignants qui, en plus peut-être des deux langues citées plus haut, parlent une des variétés de tamazight.

La langue anglaise et, dans de très rares cas, l’allemand, pourraient être également plus ou moins maîtrisés dans certains cas.

Statut socioculturel

En dépit du caractère anonyme du questionnaire qui s’inscrit dans le cadre d’une enquête dont l’objectif est purement scientifique et même si nous avons expliqué que toutes les informations recueillies demeureront confidentielles, il est difficile d’avoir, dans certains cas, tous les détails concernant certaines variables étant donné que beaucoup de maîtres interrogés refusent dans certains cas de donner des détails sur leur parcours scolaires, mais, fort heureusement, les autres variables, à savoir le sexe, l’âge, la zone et l’expérience professionnelle sont systématiquement mentionnées. Le refus de ces enseignants de donner des détails relatifs à leur parcours scolaire peut être expliqué par une volonté délibérée de ne pas divulguer leur niveau réel. En effet, une partie des ces enseignants n’est pas allée au-delà de la quatrième année de l’enseignement moyen (collège). Autrement dit, ces maîtres n’ont même pas fait d’études secondaires étant donné qu’à un certain moment de son histoire, l’école algérienne a connu un manque drastique en matière d’enseignants.

Présentation des résultats et commentaires

Après avoir distribué le questionnaire aux enseignants de français exerçant dans quelque soixante écoles/ou dans une soixantaine d’écoles d’écoles primaires sur l’ensemble des écoles existantes à Oran, nous avons pu récupérer 106 documents remplis.

Sur ces 106 questionnaires, 25 sont remplis par des enseignants et 81 documents sont remplis par des enseignantes.

Le nombre d’enseignantes est plus élevé que celui des enseignants.

Dans cette partie, nous avons essayé de reprendre les résultats de l’enquête avec un maximum de détails, à savoir le nombre d’enseignants qui partagent des représentations positives et le nombre de ceux qui partagent des images négatives tout en soulignant les enseignants qui n’ont pas émis d’avis.

Nous reprenons également les résultats en fonction des variables afin de voir comment les variables de sexe et d’âge peuvent parfois influencer les représentations, ce qui permet d’enrichir l’analyse.

Le questionnaire adressé aux enseignants est réparti sur les 10 domaines suivants : le français en Algérie, le français et le colonialisme, le français une langue utile en Algérie, le français une langue du savoir, des sciences, etc. en Algérie, le français une langue de communication, le français une langue de culture, le français une source de richesse et une langue qui permet une promotion sociale en Algérie, quelques qualificatifs associés au français en Algérie, le français comme langue en Algérie, les usagers de la langue française en Algérie et enfin le français et les autres langues en Algérie.

Après le dépouillement, nous avons jugé utile de répartir les résultats sur trois domaines principaux, qui sont répartis également sur plusieurs sous domaines : Le français et le colonialisme, le français en Algérie et enfin le français une langue utile en Algérie.

Le troisième domaine, « le français une langue utile en Algérie », reprend également cinq sous domaines qui reprennent chacun de une à cinq questions.

Le français et le colonialisme

Le français en Algérie est associé, dans plusieurs situations, à la présence coloniale française qui a duré 132 ans (1830-1962).

Après l’indépendance, les Algériens ont toujours assisté à des spectacles de clivages par rapport à la présence de la langue française en Algérie.

Certains l’ont bien adoptée et intégrée, sans aucun complexe ou problème, comme appartenant au patrimoine national.

D’autres, par contre, ont tout fait pour l’éradiquer, ne serait-ce qu’à travers des discours très hostiles envers cette langue et envers ses locuteurs en Algérie.

Plusieurs anecdotes peuvent illustrer cette vision :

Nous avons déjà cité, à titre d’exemple, la réponse radicale du grand écrivain et dramaturge Kateb Yacine en réaction, entre autres, à des attaques qui l’accusaient de vouloir maintenir l’hégémonie coloniale à travers le recours à la langue française dans ses écrits.

Une autre anecdote, plus hostile et plus violente encore, démontre cette violence envers la présence du français en Algérie.

Il s’agit, en effet, de la réaction de l’un des écrivains arabophones suite au lâche assassinat de Tahar Djaout. Selon ses propos, la disparition de Tahar Djaout est une perte pour sa famille et pour la France, sans plus.

Selon cet auteur, qui n’est que le représentant de tout un mouvement idéologique, la mort de Tahar Djaout, qui est incontestablement un des martyrs de la démocratie en Algérie notamment lors de la décennie noire, ne peut être qualifiée de patriotique pour une simple raison : Djaout qui a écrit dans une langue qui s’appelle « la langue française ».

Cette situation se traduit, sur le terrain, à travers différentes représentations : positives et négatives.

rapport à ce domaine, nous leur avons proposé trois questions avec trois possibilités de réponses, à savoir oui, non ou autre: