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Chapitre 3 Cadrage théorique

3.1 Le dispositif : un outil opérationnel de régulation

régulation

Dans cette section, nous exposons la notion de dispositif et l’intérêt de son usage comme outil conceptuel dans cette thèse. Le premier point cerne les définitions du terme dans l’usage commun. Les deux points suivants exposent les travaux relatifs à la notion de dispositif en sciences humaines et l’évolution du concept et de son usage. Dans le quatrième point, une focalisation est opérée sur le concept de dispositif et son économie dans le domaine de la formation. Un dernier point résume ce que l’on retient de ce panorama sur le dispositif puis discute son intérêt dans cette thèse et le niveau auquel celui-ci sera utilisé.

3.1.1

Le terme de dispositif dans l’usage commun

Dans les dictionnaires français d’usage commun, le terme dispositif dérive du latin dispositus « qui prépare ». Il est défini par trois significations :

1 Une signification technologique : « Ensemble de pièces constituant un mécanisme, un

appareil quelconque ; ce mécanisme, cet appareil. » (Larousse, 2004, p. 371)41. « Manière dont sont disposées les pièces, les organes d’un appareil ; le mécanisme lui-

même. » (Robert, 2009, p. 754)42

41 Larousse, (2004). Le petit Larousse illustré. Paris : Larousse.

42 Rey, A. & Rey-Debove, J. (2009). Le nouveau petit Robert. Dictionnaire alphabétique et analogique de la

2 Une signification de stratégie : a) « Ensemble de mesures prises, des moyens mis en

oeuvre dans un but déterminé. » b) « Agencement des moyens qu’adopte une formation militaire pour exécuter une mission. » (Larousse). « Ensemble des moyens disposés conformément à un plan. » (Robert)

3 Un sens juridique au sens strict : « Partie d’un jugement dans laquelle est exprimée la

décision du tribunal, précédée des motifs qui justifient la décision prise. » (Larousse).

« Enoncé final d’un jugement ou d’un arrêt qui contient la décision de la juridiction (le

préambule, les motifs et le dispositif d’un jugement). Par extension, le dispositif d’une

loi, d’un décret, d’un arrêté. » (Robert)

Il est à noter d’emblée que le terme dispositif n'appartient pas, à l'origine, au champ de l'éducation et de la formation.

Même si ces dictionnaires travaillent en séparant les différentes significations d’un mot, les sens premiers du terme dispositif le situent dans une même dimension fonctionnelle, d'ordre

technique et pratique. En effet, le dispositif prépare, agence, dispose, organise rationnellement les choses (pièces, moyens, jugements) pour une action donnée. Autrement

dit, le lien qui rassemble ces trois sens renvoie à une économie. Il s’agit bien d’un ensemble organisé de pièces, d’organes, de mesures, de moyens, de praxis ou de savoirs dont le but est de faire fonctionner un mécanisme ou d’orienter les gestes et les décisions des hommes dans un sens déterminé.

Enfin, il est à remarquer que le dispositif sépare les choses des hommes. La focale se trouve placée sur l’ensemble des choses et leur disposition. Ce n’est qu’en second et, par conséquence à l’économie des choses, qu’apparaît l’homme ou qu’est appelée son intervention.

3.1.2

Le dispositif chez Michel Foucault

L’usage sociologique du terme « dispositif » trouve son origine dans le repérage réalisé par M. Foucault, à partir du milieu des années 1970, lorsqu’il commence à s’occuper de la « gouvernementalité » ou du « gouvernement des hommes ». Il n’en donne pas une définition au sens propre. Dans un entretien de 197743, il explique ainsi le sens et la fonction méthodologique du terme :

C’est, premièrement, un ensemble résolument hétérogène comportant des discours, des institutions, des aménagements architecturaux, des décisions réglementaires, des lois, des

43 Le jeu de Michel Foucault dans Foucault, M. (1994). Dits et écrits 1954-1988, III 1976-1979. Paris :

mesures administratives, des énoncés scientifiques, des propositions philosophiques, morales, philanthropiques ; bref, du dit aussi bien que du non-dit, voilà les éléments du dispositif. Le dispositif lui-même c’est le réseau qu’on peut établir entre ces éléments. Deuxièmement, ce que je voudrais repérer dans le dispositif, c’est justement la nature du lien qui peut exister entre ces éléments hétérogènes (...) Bref, entre ces éléments discursifs et non discursifs, il y a comme un jeu, des changements de position, des modifications de fonctions, qui peuvent, eux aussi, être très différents.

Troisièmement, par dispositif, j’entends une sorte — disons — de formation qui, à un moment donné, a eu pour fonction majeure de répondre à une urgence. Le dispositif a donc une fonction stratégique dominante. (...) J’ai dit que le dispositif était de nature essentiellement stratégique, ce qui suppose qu’il s’agit là d’une certaine manipulation de rapports de force, d’une intervention rationnelle et concertée dans ces rapports de force, soit pour les développer dans telle direction, soit pour les bloquer, ou pour les stabiliser, les utiliser. Le dispositif, donc, est toujours inscrit dans un jeu de pouvoir, mais toujours lié aussi à une ou à des bornes de savoir, qui en naissent, mais, tout autant, le conditionnent. C’est ça le dispositif : des stratégies de rapports de force supportant des types de savoir, et supportés par eux. (Foucault, 1994 [1977], pp.299-300)

En résumé, ces propos permettent d’appréhender le dispositif en trois points. Tout d’abord, le dispositif constitue un réseau incluant un ensemble hétérogène d’éléments discursifs ou non discursifs. Ensuite, un jeu est possible entre ces éléments, produisant des changements de position, des modifications de fonctions. Enfin, le dispositif a une fonction stratégique concrète s’inscrivant dans des rapports de force résultant du croisement des relations de pouvoir et de savoir.

Le dispositif chez M. Foucault, comme dans l’usage commun, ne désigne donc pas un simple mécanisme ou une mesure isolée mais renvoie bien à « un ensemble de pratiques et de

mécanismes (tout uniment discursifs ou non discursifs, juridiques, techniques et militaires) qui ont pour objectif de faire face à une urgence pour obtenir un effet plus ou moins immédiat. » (Agamben, 2007, pp.20-21)44. Il explique aussi la genèse du dispositif qu’il décrit ainsi :

Je verrais deux moments essentiels dans cette genèse. Un premier moment qui est celui de la prévalence d’un objectif stratégique. Ensuite, le dispositif se constitue proprement comme tel, et reste dispositif dans la mesure où il est le lieu d’un double processus : processus de surdétermination fonctionnelle, d’une part, puisque chaque effet, positif et négatif, voulu ou

44 Agamben, G. (2007). Qu’est-ce qu’un dispositif ? (M. Rueff, Trad.). Paris : Editions Payot & Rivages.

non voulu, vient entrer en résonance, ou en contradiction, avec les autres, et appelle à une reprise, à un réajustement, des éléments hétérogènes qui surgissent çà et là. Processus de perpétuel remplissement stratégique, d’autre part. (Foucault, 1994 [1977], p.299)

Se trouve ici précisée l’économie du dispositif. Pour M. Foucault, il est clair que le dispositif prend d’abord sens par l’impératif stratégique. Cet impératif oriente la ou les lignes de forces du dispositif. Il y a en effet prédominance d’un objectif stratégique, non seulement dans la mise en place du dispositif mais également dans son évolution, dans le but de gérer, de gouverner et d’orienter les comportements et les pensées des hommes. En outre, Foucault met distinctement en relief les dimensions de visibilité et d’énonciation du dispositif en parlant d’un processus de surdétermination fonctionnelle. Pointant l’émergence et la prise en compte d’effets non prévus et non voulus qui obligent à des réajustements, il dévoile ainsi la

dimension dynamique du dispositif.

Pour autant, M. Foucault pressent que le dispositif ne peut être circonscrit à ses dimensions de visibilité, d’énonciation et à ses lignes de forces. Il découvre une nouvelle dimension où le dispositif implique un processus de subjectivation. G. Deleuze (1989)45 commentant cette notion de dispositif chez Foucault explique que :

Cette dimension du Soi n’est nullement une détermination préexistante qu’on trouverait toute faite. Là encore, une ligne de subjectivation est un processus, une production de subjectivité dans un dispositif : elle doit se faire, pour autant que le dispositif le laisse ou le rend possible. C’est une ligne de fuite. Elle échappe aux lignes précédentes, elle s’en échappe. Le Soi n’est ni un savoir, ni un pouvoir. C’est un processus d’individuation qui porte sur des groupes ou des personnes, et se soustrait des rapports de force établis comme des savoirs constitués : une sorte de plus-value. Il n’est pas sûr que tout dispositif en comporte. (Deleuze, 1989, p. 187)

Cette échappée vers les personnes laisse présager d’une « fabrication » ou d’une transformation des sujets par le dispositif.

Décédé à 57 ans, M. Foucault n’aura pas le temps d’étudier les variations modernes des procès de subjectivation. Néanmoins la philosophie du dispositif qu’il développe ouvre une orientation pour appréhender la nouveauté.

Tout dispositif se définit ainsi par sa teneur en nouveauté et créativité, qui marque en même temps sa capacité de se transformer, ou déjà de se fissurer au profit d’un dispositif de l’avenir, à moins au contraire d’un rabattu de force sur les lignes les plus dures, les plus

45 Deleuze, G. (1989). Qu’est-ce qu’un dispositif ? In Michel Foucault philosophe, Rencontre internationale

rigides ou solides. En tant qu’elles s’échappent des dimensions de savoir et de pouvoir, les lignes de subjectivation semblent particulièrement capables de tracer des chemins de création, qui ne cessent d’avorter, mais aussi d’être repris, modifiés, jusqu’à la rupture de l’ancien dispositif. (Deleuze, 1989, p.190)

3.1.3

L’évolution de la notion de dispositif vers un concept de

l’entre-deux

Dans les années 1980 et 1990, les contemporains de M. Foucault revisitent les aspects de ses analyses dans plusieurs domaines des sciences sociales : la sociologie du marché, les modes d’organisation du travail et des nouveaux outils de gestion, les assemblages sociotechniques émergeant avec le développement de l’informatique et de l’Internet, les politiques publiques avec l’instrumentation de l’action publique, etc. Le colloque international de Louvain-la- Neuve de 1998 intitulé « Dispositifs et médiation des savoirs » et la publication de ses actes en 1999 dans le numéro 25 de la revue Hermès sous le titre « Le dispositif - Entre usage et concept » marque l'épanouissement de la réflexion sur le dispositif.

Dans leurs « contributions à une théorie du dispositif » H. Peeters et P. Charlier46 rapportent que la notion connaît alors une certaine stabilisation :

La notion de dispositif est avant tout perçue comme concept de l’entre-deux. Certains auteurs font ressortir son caractère de figure intermédiaire visant à trouver une position entre, d'une part, une approche totalisante mettant en avant l'idée d'une structure, d'un ordre homogène, et, d'autre part, une approche rhizomatique, mettant en évidence une fluence généralisée, des ensembles complexes ouverts. (Peeters & Charlier, 1999, p.15)

Les argumentations pour définir le concept ont donc donné lieu à un travail de rapprochement d’entités traditionnellement considérées comme inconciliables et de dépassement de certaines oppositions ou dichotomies.

Trois grandes questions – sans chronologie de l’une par rapport aux autres – ont ainsi focalisé l’attention des chercheurs. Premièrement, la notion de surdétermination fonctionnelle et la capacité des dispositifs à sans cesse réinventer leur propre fonction stratégique ont été interrogées à travers l’actualisation des enjeux contemporains touchant à l’instrumentation de la gouvernementalité. Deuxièmement, une des dichotomies les plus questionnées a concerné l'opposition classique entre symbolique et technique et la place des médiations matérielles, techniques et symboliques dans la coordination des activités. Troisièmement, la question de la performativité des dispositifs a été examinée en particulier les espaces de négociation et de

jeu qu’ils ouvrent et leur capacité à reconfigurer les acteurs et leurs pratiques Avec un tel éclairage, les dispositifs apparaissent comme la « fabrique » même des acteurs, et le lieu où s’éprouvent leurs qualités.

Une présentation de la réflexion sur chacune de ces questions permet d’éclairer l’évolution de la notion de dispositif et de mieux cerner ce qu’il faut comprendre par concept de « l’entre- deux ».

3.1.3.1

La question de la surdétermination fonctionnelle et de la fonction

stratégique du dispositif

« Le dispositif foucaldien est souvent apparu comme le lieu de l’inscription technique d’un

projet social total, agissant par la contrainte, et visant le contrôle aussi bien des corps que des esprits. » (Beuscart & Peerbaye, 2006, p. 2)47 La dimension technique du dispositif demeure chez M. Foucault marquée de méfiance et de connotations normatives et disciplinaires, car appréhendée comme instrument d'aliénation, de contrôle social ou de pouvoir. Sans réduire la dimension de pouvoir afférente au dispositif, la réflexion sur le concept de dispositif montre alors un déplacement et une revalorisation de cette dimension technique par la mise en lumière d'autres processus. (Peeters et al., 1999).

Cette revalorisation porte entre autre sur la redéfinition du rapport aux objets techniques. Un nouveau rapport aux objets caractérise la société contemporaine. Il n’est plus orienté seulement sur le mode de l'instrumentation ou de l'aliénation, mais sur le mode de la

fréquentation ou de l'expérience affective et corporelle. (Peeters et al., 1999 ; Berten,

1999) 48.

La réflexion sur le concept de dispositif porte également sur la logique organisationnelle propre à la technique, que l’on désigne sous le terme de « rationalité instrumentale ». Si le dispositif garde une visée d'efficacité, d'optimisation des conditions de réalisation, l'usage du concept marque « un changement par rapport à la régulation technocratique classique. Il

introduit le recours à de nouveaux moyens d'action, notamment la délégation et la

décentralisation » (Peeters et al., 1999, p. 18). Une nouvelle gestion du changement ne se

manifestant plus prioritairement sur le mode de la coercition se dévoile dans laquelle il est attribué à l'individu une certaine faculté d'exercer sa propre intelligence ou sa propre moralité (Fusulier & Lannoy, 1999 ; Lochard, 1999)49. Dans cette nouvelle perspective, le dispositif

47 Beuscart, J.-S. & Peerbaye, A. (2006). Histoires de dispositifs, Terrains & travaux, 11, 3-15. 48 Berten, A. (1999). Dispositif, médiation, créativité : petite généalogie, Hermès, 25, 33-47.

49 Fusulier, B. & Lannoy, P. (1999). Comment « aménager par le management », Hermès, 25,181-198 et

est de moins en moins décrit et analysé comme unifié autour d’un projet social initial. En faisant ressortir qu’il constitue davantage une ressource pour l’action, en perpétuelle reconfiguration, « le dispositif se définit dans une fonction de support, de balise, de cadre

organisateur à l'action. Il procède essentiellement à des mises en ordre qui soutiennent

l'action de l'individu, il crée des effets de signification qui procurent des ressources pour un

autopilotage. » (Peeters et al., 1999, p. 19)

On ne peut s’empêcher ici de faire un rapprochement entre une gestion bureaucratique du système éducatif et les nouvelles régulations des politiques éducatives. On se trouve en effet proche d’une régulation institutionnelle telle que définie par J. Barroso.

A l’idée de « surdétermination fonctionnelle », il est alors préféré celle d’une

indétermination des dispositifs. (Beuscart et al., 2006, p. 2) En effet, « si le dispositif

organise et rend possible quelque chose, il n'en garantit cependant pas l'actualisation. Il fait simplement exister un espace particulier préalable dans lequel ce “quelque chose” peut se produire. » (Peeters et al., 1999, p.19) Il se présente alors davantage comme potentialité.

Une autre facette de l’indétermination du dispositif est mise en évidence par l’aspect productif d’un certain nombre de dispositifs. L’inventivité et la créativité se révèlent dans la mise en place des dispositifs.

Non seulement chaque dispositif inclut des savoirs multiples, transversaux, ramifiés, mais encore, le dispositif lui-même devient un milieu producteur de savoir : échappant maintes fois à l'intention qui l'a fait naître, il est alors détourné, utilisé pour des usages imprévus, remanié pour servir à résoudre tel ou tel problème. (Berten, 1999, p.35)

Enfin, une dernière argumentation penche vers cette indétermination du dispositif. En effet, l'extension et la généralisation du dispositif dans la société post-moderne s’accompagnent d’une tendance inéluctable à la rationalisation. Or « on ne peut lutter contre l'extension du

pouvoir qu'en s'armant soi-même de pouvoir, en utilisant son savoir comme un contre- pouvoir. Et surtout, comme le pouvoir crée lui-même des dispositifs cognitifs, le contre- pouvoir crée du savoir qui ne manquera pas d'être utilisé pour augmenter encore la normalisation. » (Ibid., pp. 35-36) Penser le dispositif de cette manière rend l'analyse

dispositive isomorphe à l'analyse stratégique. Pour sortir de ce dilemme, il y a nécessité de concevoir « qu'une partie du savoir sédimenté dans les dispositifs est un savoir disponible

pour les individus eux-mêmes » (Ibid., p.36) Alors, comme dans un mouvement de balancier,

on passe d’une conception du dispositif objectif, impersonnel, extérieur aux individus, au dispositif subjectif impliquant les sujets de manière volontaire. Cela nous amène à interroger

la place des médiations matérielles, techniques et symboliques du dispositif dans la coordination des activités humaines.

3.1.3.2

La question des médiations matérielles, techniques et symboliques

dans la coordination des activités humaines

Dans les années 1990, c'est dans le champ de la sociologie du travail et des organisations que la réflexion sur le concept de dispositif se met à l'oeuvre. D’un côté, les sciences humaines et sociales analysent les lieux et les actes professionnels qui se déroulent au contact de dispositifs techniques sophistiqués ou qui font un usage important d'outils informatiques de communication. Un modèle alternatif de l'action apparaît, où l'acteur n'a plus l’exclusivité des capacités d'agir et de contrôler, mais est amené à partager ces fonctions avec les objets, les artefacts, les outils et les machines. D’un autre côté, la sociologie des sciences et des techniques contribue à mettre en question les catégories d'objectivité et de subjectivité, notamment dans les relations aux objets que Latour, en particulier, envisage comme un type d'« actants » parmi d'autres, associés aux humains (Jacquinot-Delaunay & Monnoyer, 1999)50. Par exemple, L. Boltanski et L. Thévenot (1991)51 examinent la place des dispositifs outillant les acteurs dans les épreuves portant sur la qualification des actions. On assiste alors à une problématisation renouvelée du statut à accorder non seulement aux objets techniques mais également aux objets au sens large dans les interactions sociales et la coordination des activités humaines. Cette réflexion sur le concept de dispositif permet de dépasser l'approche foucaldienne et d'appréhender « les rapports entre le technique et le symbolique, entre le sujet

et l'objet, en mettant en évidence à la fois les logiques d'usages et le positionnement idéologique ambigu du dispositif, entre liberté et déterminisme. » (Jacquinot-Delaunay &

Monnoyer, 1999, p.12).

La dichotomie - heuristique - technique/symbolique met en valeur deux modalités des dispositifs que Berten (1999, pp. 36-37) définit ainsi :

- Des dispositifs sociaux, politiques, économiques, qui façonnent l'individu, l'orientent, lui inculquent des savoirs, mais aussi lui attribuent des pouvoirs et des savoir-faire. (...) (Ils) peuvent être caractérisés comme des dispositifs matériels, techniques, objectifs. Ils sont innombrables, instrumentaux, machiniques, administratifs, institutionnels (...) on peut trouver qu'ils sont serviables, pratiques, amusants, ou au contraire qu'ils impliquent servitude, uniformisation, normalisation. (...) Le technique est extérieur, matériel,

50 Jacquinot-Delaunay, G. & Monnoyer, L. (1999). Le dispositif - Entre usage et concept. Avant-propos il était

une fois, Hermès, 25,9-14.

instrumental. Il peut être une médiation ou une prothèse pour l'activité humaine, mais il faut qu'il reste alors sous la domination de l'homme.

- D'autre part des dispositifs psychologiques, moraux, réflexifs, que l'individu se donne à soi, pour se former, s'orienter, se connaître. (...) (Ils) ont souvent été présentés comme « symboliques ». Il ne s'agit bien sûr pas ici de productions imaginaires, purement subjectives. Il s'agit par exemple d'interprétations, de lectures, de mises en forme du donné. (...) Le symbolique au contraire fait partie de l'essence humaine : il est lié au langage et l'homme est être de parole. Il est lié à la communication, à l'intercompréhension, au monde vécu.

Là aussi, on est conduit à faire la relation avec les régulations des nouvelles politiques éducatives. La première modalité peut correspondre à une régulation institutionnelle et situationnelle, tandis que la seconde semble davantage se rapporter à une régulation normative telle que la pense L. Demailly.

Avec le développement des Nouvelles Technologiques de l'Information et de la Communication (NTIC) survient un renforcement des médiations techniques, dispositives et objectales. Cependant, « les “techniques d'information” relèvent à la fois des forces