• Aucun résultat trouvé

4.1 Le processus derrière une publication

4.1.3 Le choix d’une publication et les retouches

Évidemment, toutes les photos qui sont prises de Camille ne sont pas publiées sur son mur Instagram @camille_dg. Comme nous l’avons observé sur le terrain, nous avons pris près de 30 photos de Camille, et celle-ci n’en a publié que trois dont seulement une sur la page Instagram @camille_dg. Lorsque l’on parle du processus photographique, celui-ci

implique donc un processus de sélection des photos et de retouches. Pour les photos dites « non professionnelles », nous nous sommes assis ensemble quelques minutes et elle a choisi les photos qui semblaient lui plaire le plus. Elle les a, par la suite, retouchées dans son application Lightroom, et elles ont été publiées quelques minutes plus tard sur chacune des pages respectives (si la photo est prise par son drone ou sa GoPro, elle procède de la même manière, comme elle nous l’a mentionné dans l’entrevue).

Pour ce qui est des séances photo professionnelles réalisées par Camille, elle nous a expliqué que la photographe prend les photos, fait une présélection et lui envoie un

moodboard. Camille choisit alors les photos qu’elle aime via le moodboard, la photographe

les retravaille, les lui renvoie et c’est à ce moment que Camille les publie (généralement toutes ces étapes se déroulaient la même journée, et le processus était loin d’être instantané).

Notre expérience sur le terrain nous a permis d’observer le processus de sélection de très proche. Comme nous l’avons mentionné plus haut, pour chacune des mises en scène de la séance de yoga, la façade était très importante pour Camille. Lors de l’entrevue, nous lui avons demandé comment elle choisissait une photo qu’elle décidait de publier. Elle nous a spontanément répondu : « Parce que je la trouve belle ». Sur le terrain, le processus semble cependant un peu plus complexe que sa réponse. Pour choisir la photo (figure 2 voir p. 46) qui allait être publiée sur la page Instagram @bloglecahier, l’esthétique de la photo dans son ensemble semblait a priori beaucoup la préoccuper. Elle devait choisir entre neuf photos. Sa façade devait être parfaite et elle se devait être satisfaite de sa pose et avoir tous les éléments désirés bien placés (coussin, mur blanc et tapis). Elle semblait donc avoir des éléments bien précis en tête pour sa mise en scène. Comme nous pouvons le voir dans

la figure 2 (voir p. 46) Camille Dg fait une pose de yoga sur un matelas. On y voit bien le mur blanc et le coussin Veuve Clicquot. Comme nous l’avons déjà précisé, cette photo a été retouchée dans l’application lightroom avec ses paramètres de retouches préenregistrés (plus précisément, des retouches de couleurs).

Pour choisir la photo allant être publiée sur la page Instagram @yogatribes, la façade devait aussi lui plaire. Elle semblait chercher, en particulier, un moment pris dans l’action où l’on voyait d’autres influenceurs pratiquant le même mouvement qu’elle. Elle devait ici choisir parmi 15 photos. Elle cherchait, là aussi, une photo d’elle qu’elle aimait, et où, l’organisateur de l’événement était mis en valeur. Après quelques minutes, Camille est tombée sur une photo et m’a dit : « Envoie-la moi, je vais la passer dans lightroom ». Comme nous pouvons le voir sur la figure 3 (voir p. 58) Camille a choisi une photo, pose assise, ou l’on peut la voir de profil. Les écouteurs Sound Off sont bien présents et on peut voir apparaître d’autres influenceurs dans la même position avec les mêmes hoodies jaunes. Comme pour la photo précédente, Camille a passé celle-ci dans son application Lightroom avec ses retouches personnalisées. Tout au long du processus de sélection, elle semblait sceptique de son choix final, soucieuse apparemment de la possibilité de perdre la face (elle ne semblait pas satisfaite de ses mouvements) : « En tout cas, je suis loin d’être une yogi », m’a-t-elle dit.

Pour choisir la photo (figure 4 voir p. 49) qui allait être publiée sur la page Instagram @camille_dg, le processus a été, comme nous l’avons relevé plus haut, beaucoup plus simple, car nous avons pris une photo dans un style qu’elle est beaucoup plus à l’aise de publier, c’est-à-dire une photo en mode portrait, une façade qu’elle montre très souvent. Elle a dû choisir parmi cinq photos prises en rafale et m’a tout de suite dit :

« Ah c’est bon, elle, je l’a trouve belle ». Encore une fois, l’application Lightroom a cependant été appliquée automatiquement à la photo. On voit sur cette photo le souci de mettre en valeur le sponsor de l’évènement avec la flute de champagne Veuve Clicquot qu’elle tient dans la main droite, ainsi, bien entendu, que le hoodie jaune portant le nom de la marque.

Ces deux opérations terrain (l’entrevue et l’observation participante) nous ont ainsi permis d’observer tout le processus de mise en scène qui s’opère derrière la sélection d’une photo. Que ce soit pour une photo professionnelle ou non professionnelle, Camille finit toujours par retoucher la totalité d’entre elles, ne serait-ce que par l’application Lightroom, qui est systématiquement appliquée. De l’esthétique au décor, de la posture à l’émotion exprimée, en passant par la luminosité et la saturation, tous les éléments présents sur une photo semblent aussi assez soigneusement pensés. Cette opération nous a aussi permis de mieux comprendre les usages de la photographie de cette influenceuse, notamment selon ses motivations de publication.

Dans le cadre de cet événement, Camille a utilisé la photographie pour 1) montrer qu’elle avait participé à une activité de yoga, et 2) pour remercier son commanditaire à propos de cette activité et 3) pour mettre en valeur le commanditaire. Nous pouvons voir qu’elle a adopté trois stratégies différentes pour se mettre en scène soit : la photo avec une pose statique (figure 2 voir p. 46), le photo en en action (figure 3 voir p. 48) et la photo portrait (figure 4 voir p. 49).

Documents relatifs