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Langage et critique sociale

Dans ce chapitre, je pars du constat que le concept de genre suppose une forme de construction sociale, ce qui me conduit à essayer de comprendre à quoi renvoie l’idée de « construction », et en quoi cette idée s’inscrit dans une perspective politique et critique. Cela exige de préciser ce qu’on entend par « critique sociale », et en quoi cette approche fait place à la contingence, aux différences et à la possibilité du changement (section 1). Cela implique aussi d’explorer le paradigme constructiviste, pour comprendre dans quelle mesure l’idée d’une construction sociale s’inscrit dans la lignée des théories critiques. Cette étude nous permet d’apporter une première réponse à la question de savoir ce qu’apporte l’analyse de la performativité de certains discours et de certaines catégories à l’élaboration d’un concept critique et féministe du genre (2).

1. De la critique au constructivisme

J’ai proposé une première définition du concept de genre en introduction, et j’ai indiqué que je cherchais, dans ce travail, à élaborer un concept féministe de genre. Mais qu’est-ce qui fait du concept de genre un concept critique féministe ? On pourrait penser que la réponse à cette question est assez évidente : comme le montrent les polémiques dont il a fait l’objet et les critiques réactionnaires qui ont été adressées à la « théorie du genre109 », le genre est un concept critique et féministe dans la mesure où il permet de

développer une perspective constructiviste qui remet en cause la naturalité et la nécessité du binarisme sexuel et de l’hétérosexualité. Mais cette première réponse demande à être précisée et approfondie, pour les raisons suivantes.

Pour commencer, on peut remarquer que, si le concept de genre est un concept constructiviste, qui renvoie toujours à l’idée d’une construction sociale, il peut être mobilisé dans des discours très variés, qui ne sont pas tous « constructivistes » au sens strict, et qui peuvent être au contraire essentialistes et naturalisants.

Historiquement, le concept de genre a été inventé dans la première moitié du XXe

siècle par les médecins spécialistes de l’« hermaphrodisme », qui cherchaient à réassigner un sexe typique aux enfants intersexué·es, c’est-à-dire à combiner opérations chirurgicales, traitements hormonaux et suivi psychologique pour que l’individu·e ait un appareil génital mâle ou femelle et un comportement social et sexuel conforme, selon les médecins, à cet appareil génital, c’est-à-dire qu’ille se considère, se comporte et soit identifié·e ou bien comme un homme, ou bien comme une femme, ce qui implique notamment qu’ille ait des relations hétérosexuelles110. Les médecins qui pratiquent ces

opérations défendent alors l’idée que le sexe biologique n’est pas contraignant pour déterminer l’identité sexuelle et la sexualité des individu·es, et qu’il constitue une matière plastique sur laquelle on peut intervenir111. C’est ce qui conduit à la diffusion du concept

de « genre » dans les années 1950, proposé par le psychiatre Robert Stoller, repris par John Money dans le livre qu’il consacre à l’histoire de Bruce/Brenda112. Je ne reviendrai

pas sur le détail de cette affaire, largement développée dans la littérature féministe sur le

109 Pour une analyse de ces critiques, voir par exemple GARBAGNOLI Sara et PREARO Massimo, La croisade

« anti-genre »  : du Vatican aux manifs pour tous, Paris, Textuel, « Petite encyclopédie critique », 2017.

110 Cf. DORLIN Elsa, Sexe, genre et sexualités : introduction à la théorie féministe, Paris, Presses

Universitaires de France, « Philosophies », 2008, p. 34.

111 Cette généalogie du concept de « genre » est bien connue et elle a été souvent glosée dans la théorie

féministe et les études de genre. Pour une présentation synthétique, voir DORLIN Elsa, Sexe, genre et sexualités : introduction à la théorie féministe, op. cit., p. 34-37.

112 MONEY John et EHRHARDT Anke A., Man & woman, boy & girl: Gender identity from conception to

genre, mais je souhaite souligner que, comme le dit Elsa Dorlin, « [l]a naissance du concept de genre est étroitement liée à l’histoire de Bruce/Brenda113 » : la notion de

« genre », et la distinction entre sexe et genre, n’est pas née dans un contexte féministe114,

mais dans un contexte médical hétéronormatif et violent pour les minorités de genre. Ce n’est pas parce que l’on considère que le genre est construit et que le sexe est plastique qu’on cesse de considérer le binarisme sexuel et l’hétérosexualité comme naturelles et normales. On pourrait même se demander si la création du concept de genre n’a pas constitué une réponse à la fragilisation de l’idéologie du binarisme sexuel par l’existence de l’intersexuation, qui contredit l’idée qu’il n’existe « naturellement » que deux types de sexes distincts et complémentaires dans la reproduction. En effet, le concept de genre, introduit par les médecins, maintient le binarisme social homme/femme et soutient des interventions médicales qui produisent le binarisme génital mâle/femelle. Alors que le phénomène de l’intersexuation aurait pu bouleverser l’idéologie du binarisme sexuel, la création du concept de genre et ses usages médicaux et psychologiques ont permis de renforcer cette idéologie et lui ont donné de nouveaux moyens de s’imposer115.

De plus, le concept de genre a été inventé pour désigner ce qui est construit, par opposition à ce qui ne l’est pas. Dire que le genre est construit n’est donc pas suffisant pour le définir, c’est un pléonasme. Il importe ainsi de clarifier ce qu’on veut dire quand on affirme que le genre est « construit », et d’intégrer cette proposition dans un cadre théorique féministe, qui lui donne son sens et sa radicalité, pour développer une position proprement féministe sur la construction du genre. En effet, on peut dire qu’a minima, même dans les discours les moins constructivistes, le genre est toujours compris comme la manifestation sociale du sexe biologique : de même que tou·tes les êtres humain·es auraient le besoin biologique de se nourrir, mais ne se nourriraient pas de façon identique selon les sociétés, les cultures et les époques, de même le sexe serait une réalité naturelle et biologique, mais qui prendrait des formes et des significations différentes selon les contextes (certaines sociétés seraient « matriarcales » et d’autres « patriarcales », par exemple). Dans cette perspective, on appelle « genre » tout ce qui renvoie, socialement et

113 DORLIN Elsa, Sexe, genre et sexualités : introduction à la théorie féministe, op. cit., p. 35

114 C’est Ann Oakley qui reprend en 1972 cette distinction et le concept de genre, dans une perspective

féministe : OAKLEY Ann, Sex, Gender and Society, Farnham, Ashgate, 2015.

115 C’est la question que pose Dorlin dans Sexe, genre et sexualités : introduction à la théorie féministe, op.

cit., p. 45 : notant la contradiction dans les pratiques médicales de réassignation de sexe des enfants intersexes (il faut intervenir pour maintenir un ordre « naturel », qui précéderait toute intervention justement), elle affirme que « [l]e genre devient, dans ces conditions, le fondement ultime du sexe, entendu comme la bicatégorisation sexuelle des individus ».

culturellement, à une différence sexuelle qu’on ne remet pas en question. On peut alors ou bien considérer que le genre résulte directement du sexe (le sexe est la cause du genre), ou bien laisser une place à l’historicité et à la contingence (le sexe est le fondement du genre mais c’est un fondement lointain, le genre a pris une forme d’autonomie au cours de l’histoire, les réalités recouvertes par le terme de « genre » sont aujourd’hui très éloignées de leur fondement originel et les différences culturelles montrent que la compréhension et l’usage qu’on fait de la catégorie de genre sont variables et contingents). Dans cette perspective « minimale », le genre est une construction sociale, même s’il a un fondement non-social, naturel. Dans une perspective plus radicalement constructiviste, on considère qu’il n’y a pas de fondement non-social à la construction sociale du genre : on peut alors ou bien contester la distinction entre sexe et genre, ou bien maintenir cette distinction mais en considérant que le sexe est tout autant construit que le genre, ou bien considérer que le sexe n’est pas construit mais qu’il n’a aucun rapport avec le genre, qu’il n’en constitue ni la cause ni le fondement.

On voit que, dans cet éventail de perspectives, parler de « genre » renvoie toujours à une forme de construction sociale, même si les discours qui le mobilisent peuvent être antithétiques, et même s’ils ne se conçoivent pas tous comme « constructivistes », bien au contraire. Cela signifie que tenir un discours sur le « genre » suppose toujours d’avoir une certaine compréhension de la manière dont le genre est construit. C’est la deuxième raison, avec l’origine médicale du concept de genre, qui me pousse à examiner, dans ce chapitre, la question du constructivisme : si dans la plupart des discours qui le mobilisent, qu’ils soient féministes ou non, le concept de genre renvoie à une construction sociale, mais que ce phénomène peut être interprété dans des perspectives différentes, voire contradictoires, alors il est important de rendre compte du processus de construction du genre et de le clarifier. Déjà pour mieux comprendre en quoi il consiste. Ensuite, pour faire le tri entre tous les discours sur la construction du genre et élaborer un discours féministe sur le genre : la distinction entre sexe et genre a souvent été reprise dans des cadres hétéronormatifs et réactionnaires, qui font du sexe une réalité anhistorique et naturelle, et du genre un ordre social figé et nécessaire. Comme le rappelle Dorlin, l’origine médicale de la distinction entre sexe et genre et les usages non féministes qui peuvent en être faits est une des raisons pour lesquelles le concept de « genre » a été critiqué par de nombreuses féministes françaises, comme un outil dépolitisant, voire susceptible de soutenir des discours sexistes et réactionnaires, en leur donnant une apparence plus respectable. Dorlin cite en exemple Colette Guillaumin, qui exprime sa

méfiance à l’égard du concept de genre et fait le parallèle entre la popularisation de la distinction entre le sexe et le genre et entre la race et l’ethnie, pour affirmer que l’introduction d’un terme constructiviste permet de renforcer l’idée que le sexe ou la race sont naturels et non construits. Pourquoi, sinon, garderait-on la distinction entre les deux116 ? Une analyse constructiviste et féministe du genre implique donc de clarifier les

rapports entre sexe, genre et sexualité.

Par ailleurs, expliquer non seulement que le genre est construit, mais aussi comment il est construit donne davantage d’outils de lutte. Choisir de travailler sur le genre depuis son processus de construction, pour comprendre comment il en vient à exister et à s’imposer, constitue une démarche féministe : si l’on s’accorde à dire qu’il existe des inégalités et de la violence de genre (on discrimine et on violente des personnes sur la base du genre, parce qu’elles sont identifiées à une certaine catégorie de genre ou au contraire parce qu’elles n’y correspondent pas) et qu’on cherche à lutter contre ces phénomènes117, il me paraît à la fois plus cohérent, plus productif et moins dangereux de

partir de ces phénomènes pour analyser sur quelle compréhension du genre ils s’appuient et quel ordre du genre ils mettent en place, plutôt que d’avoir une conception préalable du genre, indépendante de ces phénomènes. Une telle définition préalable et indépendante du genre me paraît au mieux inutile, au pire dangereuse : elle est inutile dans la mesure où la conception du genre qu’on va élaborer, si elle est déconnectée des phénomènes de violence et d’oppression, ne nous permettra pas d’analyser et de comprendre ces phénomènes ; elle est dangereuse dans la mesure où, en supposant que le genre existe indépendamment de ces phénomènes de violence et d’oppression, on risque de chercher à les expliquer par le genre, de leur donner un fondement qu’ils n’ont pas et de ne plus voir comment il est possible de les empêcher.

116 Colette Guillaumin citée in DORLIN Elsa, Sexe, genre et sexualités : introduction à la théorie féministe,

op. cit., p. 40 : « L’introduction du genre dans les sciences humaines répond à une politique : présenter les traits de genre comme symboliques ou arbitraires en laissant au sexe anatomique le rôle de réel incontournable. Les précédents de ce type d’opérations (telle la tentative de remplacement de “race” par “ethnie”) indiquent, pour le moins, leur ambiguïté ». Sur la question de la race, il est vrai que, comme le souligne Magali Bessone, « le risque d’essentialisme est présent dans tous les termes qui fonctionnent comme substitut de celui de race, y compris celui de culture ». D’autant plus que ces termes, comme « ethnie », confortent « le néoracisme en lui conférant une invisibilité face aux outils de la lutte antiraciste, adaptés au racisme universaliste et non au racisme différentialiste. » (BESSONE Magali, Sans distinction de race ? : une analyse critique du concept de race et de ses effets pratiques, Paris, Vrin, « Philosophie

concrète », 2013, p. 16)

Ce renversement de perspective (considérer le genre depuis son processus de construction) ouvre une piste conceptuelle intéressante : il permet d’élaborer un concept de genre qui ne renvoie pas à une réalité figée, mais au processus au cours duquel la réalité se construit et s’élabore. Cela signifie, par exemple, que le concept de genre qu’on doit chercher à dégager renvoie moins aux « hommes » et aux « femmes » qu’aux processus qui font exister ces catégories (par exemple : par quels procédés les individu·es sont-illes réparti·es dans ces deux groupes ? Ces catégories ont-elles une existence institutionnelle et légale ?). Cela implique de partir non pas des catégories mais du processus qui les construit en les opposant, qui en fait un binarisme. Ainsi, pour faire du genre un outil féministe et critique, il faut préciser la perspective constructiviste qu’on adopte sur le genre, et développer ses implications politiques et conceptuelles. Pour cela, il convient déjà d’expliciter ce qu’on entend par « critique sociale » et de comprendre les liens entre une position constructiviste et la critique sociale en général.

1.2. Qu’est-ce que la « critique sociale » ?

1.2.1. La référence à Marx

Si l’on peut faire remonter plus loin la généalogie de la critique sociale, on peut affirmer cependant que la référence à Marx est absolument structurante et fondamentale pour la tradition critique. Toutes les pensées qui s’inscrivent dans la « critique sociale » considèrent la pensée de Marx comme une origine, même si c’est pour entretenir un rapport distant ou polémique avec le marxisme. Et c’est normal, puisque Marx a conçu le rôle de la philosophie et de la théorie en général comme un rôle d’abord social et politique, et a repris la notion de « critique » en ce sens. Marx a rompu avec le cercle des hégéliens de gauche, à Berlin, parce qu’il considérait qu’ils se contentaient d’interpréter le monde sans chercher à le transformer118. Engagé dans des journaux d’opposition, dans la Ligue

118 « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de diverses manières ; ce qui importe c’est de le

transformer. » (MARX Karl et ENGELS Friedrich, « Thèses sur Feuerbach », traduit de l’allemand par

Maximilien Rubel in Philosophie, MARX Karl, Paris, Gallimard, « Folio », 1994, 11e thèse, p. 235) Sur cette

rupture, voir LÖWY Michael, « De la gauche hégélienne au communisme » in Lire Marx, DUMÉNIL Gérard,

LÖWY Michael et RENAULT Emmanuel, Paris, Presses Universitaires de France, « Quadrige », 2009, p. 9- 26. Löwy souligne la « radicalisation rapide de la pensée du jeune Marx », qui s’éloigne théoriquement des hégéliens de gauche dès 1843 (p. 14).

des communistes entre 1847 et 1852, puis dans l’Association Internationale des Travailleurs, « Première Internationale », dont il rédige le texte initial en 1864, il est très influencé par Hegel mais n’écrit pas de système philosophique de l’État comme lui. S’il propose une théorie économico-politique plus systématique dans Le Capital, ses principaux écrits politiques sont rédigés sur le vif, en réaction à une situation politique concrète : il analyse des mouvements révolutionnaires, comme la révolution de 1848 ou la Commune de Paris, et il intervient dans des débats au sein des mouvements ouvriers allemand et russe. De sorte que sa théorie politique part généralement d’une observation, d’une analyse et d’une réelle connaissance des faits et de l’actualité. C’est ce que défend Michael Löwy : la pensée de Marx est une pensée en mouvement qui part de luttes, de révoltes et d’expériences révolutionnaires réelles119. Cette pensée se caractérise par une

simultanéité du travail théorique et des interventions pratiques, une unité de la théorie et de la pratique, qu’Antonio Gramsci a appelée « philosophie de la praxis120 ».

Attribuer un tel rôle politique à la philosophie a des conséquences sur le rapport de la philosophie à son objet. Dans l’introduction à Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel, Marx présente sa démarche de la manière suivante :

« Guerre à l’état des choses allemand ! [...] En lutte contre cet état de choses, la critique n’est pas une passion de la tête, elle est la tête de la passion. Elle n’est pas un scalpel anatomique, mais une arme. Son objet est son ennemi, qu’elle veut non pas réfuter mais anéantir. [...] Il s’agit de faire le tableau d’une sourde oppression que toutes les sphères sociales exercent les unes sur les autres, d’une maussaderie générale mais inerte, d’une étroitesse d’esprit faite d’acceptation et de méconnaissance, le tout bien encadré par un système de gouvernement qui, vivant de la conservation de toutes les vilenies, n’est lui-même que la vilenie au gouvernement. [...] La critique qui s’attaque à cette matière est un corps à corps et, dans un corps à corps, qu’importe que l’adversaire soit du même rang, noble ou intéressant ; l’important c’est de le toucher. Il s’agit de n’accorder aux Allemands aucun instant d’illusion ni de résignation. Il faut rendre l’oppression réelle encore plus oppressive en lui ajoutant la conscience de l’oppression [...].

119 Pour Löwy, c’est ce qui explique que la pensée politique de Marx constitue moins un système qu’un

ensemble d’« idées-forces qui traversent la plupart de ses textes politiques : les infamies du capitalisme, la lutte de classe des exploités, la révolution comme auto-émancipation des travailleurs, le communisme comme possibilité d’une société sans classe ». (LÖWY Michael in Lire Marx, op. cit., p.7)

120 « On arrive ainsi à l’égalité ou à l’équation entre “philosophie et politique”, entre pensée et action, et

donc à une philosophie de la praxis. Tout est politique, même la philosophie ou les philosophes […] et la seule “philosophie” est l’histoire en acte, c’est-à-dire la vie même. » : GRAMSCI Antonio, Cahiers de prison, II : Cahiers 6, 7, 8, 9, traduit de l’italien par Monique Aymard et Paolo Fulchignoni, Paris, Gallimard,

« Bibliothèque de philosophie », 1983, p. 202. Cette expression constitue, pour Löwy, « la meilleure définition » de la « nouvelle façon de penser » ouverte par les Thèses sur Feuerbach (LÖWY Michael in Lire Marx, op. cit., p. 27).

De toute évidence, l’arme de la critique ne peut pas remplacer la critique des armes : la force matérielle doit être remplacée par une force matérielle, mais la théorie se change, elle aussi, en force matérielle, dès qu’elle saisit les masses. La théorie est capable de saisir les masses121. »

Dans cet extrait, qui mobilise les lexiques du corps et de la guerre, on voit que

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