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D- Les affections dégénératives

3) La spondylose

La spondylose, également appelée « bec de perroquet », correspond à la formation d’ostéophytes, c’est-à-dire d’excroissances osseuses à proximité des articulations, sur l’aspect ventral du corps vertébral au niveau de l’articulation intervertébrale, excroissances qui peuvent former un pont entre deux vertèbres adjacentes (Butler et al., 2017, Henson, 2009). Elle peut également être située plus latéralement en région lombaire (Denoix, 2007). Elle touche généralement les chevaux de sport de plus de dix ans (Audigié et al., 2008). La prévalence de cette affection est relativement faible : une étude menée sur 670 chevaux dorsalgiques montre que seulement 3.4% d’entre eux présentaient de la spondylose. Cette prévalence est cependant sous-estimée car la spondylose n’est pas forcément responsable de dorsalgie et donc peut être présente chez des individus « sains » chez qui on ne fait pas d’examens complémentaires (Meehan et al., 2009). Les signes cliniques, lorsqu’ils sont présents ne sont absolument pas spécifiques de l’affection rencontrée. Une étude menée par Meehan et al. en 2009 rapporte les signes cliniques suivants : diminution de la mobilité vertébrale en région thoracolombaire, contracture du muscle longissimus dorsalis, raideur du dos. Cependant, au vue du peu de chevaux dans cette étude présentant des signes cliniques (13), ces signes ne peuvent être réellement attribués à cette pathologie. Cependant, chez les chevaux de haut niveau, la spondylose altère leur performance (Butler et al., 2017).

La pathogénie de la spondylose n’est pas encore totalement connue. Elle impliquerait des stress mécaniques exercés sur la partie périphérique du disque intervertébral, l’annulus fibrosus (Meehan et al, 2009).

La spondylose touche la colonne vertébrale principalement entre T10 et T14. En effet, c’est à cet endroit de la colonne que l’on a une rotation axiale et une flexion latérale importante, ce qui exerce une tension excessive sur l’annulus fibrosus créant ainsi des ostéophytes (Meehan et al., 2009, Townsend et Leach, 1984). Cette affection va généralement toucher plusieurs

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vertèbres : Meehan et al. ont estimé qu’une moyenne de 2.3 vertèbres étaient touchées par cheval. Généralement, une vertèbre présente une spondylose très importante (formation d’un pont entre deux vertèbres, ou de deux ostéophytes adjacents très proches l’un de l’autre), et les autres vertèbres crâniales et caudales présentent des lésions de spondylose moins importantes (cf fig. 41)

Figure 43: Vue radiographique de profil de T11 à T17 des corps vertébraux d’un Pur-Sang anglais croisé de 8 ans. La partie crâniale du cheval se trouve sur la gauche du cliché. Nous pouvons voir la présence de

spondylose très importante entre T12 et T13 (flèche blanche), et de spondylose moins importante entre T13 et T14 (flèche noire). (D’après Meehan et al., 2009)

Cette répartition des lésions s’explique par le fait que lorsqu’une vertèbre présente des lésions importantes de spondylose, les forces de rotation axiale et latéro flexion appliquées sur les vertèbres voisines sont modifiées via la musculature du dos. Une tension excessive s’applique alors sur l’annulus fibrosus des vertèbres voisines, entrainant alors la formation d’ostéophytes (Meehan et al., 2009).

Le diagnostic de spondylose se fait dans un premier temps à l’aide de la radiographie. On réalise des vues de profil afin de mettre en évidence les ostéophytes. Cependant, des vues obliques peuvent également parfois révéler la présence de spondylose, ainsi il est recommandé d’inclure la partie ventrale des corps vertébraux lors de la réalisation de clichés obliques (Butler et al., 2017). On retrouvera sur le cliché radiographique la présence d’une formation osseuse sur l’aspect ventral des vertèbres. Une ligne radiotransparente sera présente entre l’ostéophyte caudal de la vertèbre n et l’ostéophyte crânial de la vertèbre n+1, donnant l’impression d’être la continuité de l’articulation intervertébrale (Butler et al., 2017) (cf fig. 42), sauf pour les cas où il y a la formation d’un pont entre les deux vertèbres.

La scintigraphie peut également être utilisée pour diagnostiquer la spondylose. Cela se traduira par la présence de zones focales hyperfixantes d’intensité modérée à forte en région ventrale des corps vertébraux (cf fig. 43) (Henson, 2009). Elle présente une faible sensibilité

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mais une grande spécificité. En effet, une étude a montré que pour 83 vertèbres présentant des lésions de spondyloses, seulement 28 d’entre elles (soit 33%) présentaient des signes à la scintigraphie. De même, sur 64 vertèbres présentant des signes scintigraphiques, seulement 43.7% d’entre elles présentaient également des signes radiographiques pouvant souligner la précocité de la détection des lésions par la scintigraphie. Ainsi, la scintigraphie n’est jamais utilisée seule, mais toujours en association avec la radiographie.

Figure 44: Vue radiographique oblique d’un cheval croisé cheval de trait Irlandais hongre de 8 ans des

vertèbres T12 à15. La partie crâniale du cheval se trouve sur la gauche du cliché. Nous pouvons voir clairement la ligne radiotransparente sur les lésions de spondylose entre T12 et T13 et T13 et T14 (cercles rouges) (modifié d’après Butler et al, 2017)

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Figure 45 : Clichés scintigraphiques et radiographiques d’un Cheval Selle-Français de 12 ans de saut d’obstacles, présentant des difficultés au galop à main droite et des réactions de défense à la réception des obstacles. Images du haut : vues scintigraphiques obliques gauche et droite respectivement. La partie crâniale du cheval se trouve sur la gauche pour le cliché de gauche et sur la droite pour le cliché de droite. On peut voir sur les deux obliques une augmentation marquée de la radioactivité au niveau des corps vertébraux de T12-T13 ainsi que des vertèbres voisines. Image du dessous : Radiographie latéro-latérale de la même région. On peut voir sur cette radiographie une spondylose de T9 à T14 avec une lésion plus marquée en T12-T13 (pointes blanches), correspond à la région hyperfixante vue à la scintigraphie (d’après Audigié et al, 2013).

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