Situation des zones à enjeux selon la programmation agrienvironnementale de 2007-2014
1. La reconnaissanc e de l’environnement dans l’activité agricole
A part l’avis de certains agriculteurs qui considèrent que leur activité est
compatible avec la protection de la nature, la pluparts des agriculteurs estiment que les pollutions occasionnées par l’activité agricole sont à faible impact sur les milieux
naturels (par rapport aux autres activités de nature industrielle). Certains,
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la démarche agrienvironnementale- souhaitent avoir une connaissance parfaite (pouvant aller jusqu’aux connaissances techniques) de ces enjeux dans leurs exploitations.
La nécessité de prouver l’impact de l’agriculture sur l’environnement
La plupart des agriculteurs refusent de reconnaitre l’idée de l’existence de
pollutions agricoles. Selon eux, il est difficile de faire une opposition entre l’agriculture et la préservation de la nature. Pour cette catégorie d’agriculteurs, l’activité agricole
est traditionnellement inscrite dans la préservation de la nature, elle contribue à la
production d’externalités positives et à la pérennisation des milieux naturels.
Concernant l’emploi des intrants, la plupart considèrent qu’ils sont peu polluants s’ils sont utilisés selon des dosages raisonnés. La fertilisation est souvent considérée comme une nécessité technique et comme une pratique incontournable pour le rendement. Par conséquent, toute mesure de réduction des intrants devrait être
prouvée. La preuve devrait inclure des justifications sur la raison de cette réduction
et sur les retombées environnementales escomptées.
Pour certains, le problème de la pollution par les intrants ne concerne pas
l’agriculteur mais concerne plutôt les fournisseurs de ces produits qui doivent fournir
des solutions écologiques respectueuses de l’environnement.
Pour cette catégorie d’agriculteurs, l’engagement dans des mesures
environnementales nécessite une compensation équivalente des risques de perte
qu’ils peuvent encourir.
La consistance de l’environnement dans l’exploitation agricole
Certains agriculteurs conscients des enjeux environnementaux en général, mettent le point sur la nécessite de mieux connaitre les différentes manifestations de
ces enjeux au niveau de leurs exploitations. Cette requête peut aller jusqu’à la
volonté d’acquérir des connaissances techniques ou d’experts naturalistes. Pour
cette catégorie d’agriculteurs, la connaissance détaillée des zones et des espèces
menacées dans le champ est primordiale et fait partie du savoir requis pour l’exercice de son activité. Ils estiment que ce savoir leur permet d’avoir une capacité de proposition des mesures de protection. Pour eux, la multiplicité des sources
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savoirs nécessaires. La mission informative de l’animateur se situe de plus au
niveau de l’explication des enjeux environnementaux au lieu de la présentation de la
liste des mesures environnementales proposées.
La protection de l’environnement comme responsabilité morale
Selon cette catégorie d’agriculteurs, la vocation de l’agriculture serait de préserver l’environnement. Pour eux, l’agriculteur devrait prendre des initiatives et
s’impliquer davantage dans les démarches environnementales. Cela nécessite la proposition de mesures incitatives pérennes et accessibles qui permettent d’offrir des
alternatives raisonnables. Dans cette catégorie d’agriculteurs certains déclarent avoir
entrepris individuellement des démarches environnementales en dehors des MAE.
. L’intégration de l’environnement dans le métier de l’agriculteur
Par rapport au métier de l’agriculteur, la protection de l’environnement constitue
un défi d’intégration du référentiel et des valeurs écologiques dans l’exercice quotidien de l’activité.
Le poids des pratiques agricoles traditionnelles
Les pratiques traditionnelles constituent un facteur très important qui influencent
sur la décision de l’engagement dans une démarche agrienvironnementale. Plusieurs
justifications sont avancées contre la conversion environnementale. Parmi les arguments avancés figurent les considérations liées à la vocation non polluante de
l’agriculture et à l’existence de certaines pratiques agricoles anciennes de préservations de l’environnement.
Le savoir-faire et l’expérience historique accumulée justifient la préférence de
maintenir les pratiques agricoles existantes. Se considérant en situation maîtrise parfaite de l’environnement de leur activité agricole, certaines agriculteurs soulignent le risque d’un déséquilibre lié à l’intégration des pratiques environnementales
(compétences et efforts additionnels).
Enfin, certains agriculteurs expriment leur prudence à l’égard de l’intégration de
nouvelles techniques qui risquent de les rendre plus dépendants du conseil agricole
et de ses solutions qui peuvent être parfois onéreuses (en termes d’apprentissage et
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L’environnement comme référentiel de travail agricole
Dans un contexte caractérisé par la remonté du discours environnementaliste,
la nécessité d’asseoir un véritable référentiel de protection de l’environnement imposable à tous les agriculteurs devient primordiale. De l’avis de certains, ce référentiel a pour vocation de mettre les « choses à plat » et d’établir une certaine
« transparence » permettant de justifier le système des compensations et des
sanctions. La protection de l’environnement est devenue un élément qui rentre dans
la valeur commerciale des produits agricoles. Par la multiplication des produits
certifiés bio et autres, la motivation d’intégrer des démarches environnementales
devient liée à une volonté de labélisation. Tant que les différentes applications des démarches attestent d’une diversité d’instrument et d’un saupoudrage de normes, l’agriculteur sera moins rassuré quant à la légitimité de ces démarches et leurs
apports pour son exploitation (cette raison semble justifier le fait que la plupart des agriculteurs au Bas-Rhin ont opté pour des démarches d’agriculture biologique).
L’environnement comme valeur éthique
Au-delà des ambitions de labélisation, l’environnement est perçu comme valeur
sociale à portée éthique et imposable à tous les membres de la profession agricole.
L’agriculteur est conscient des enjeux environnementaux, devrait adopter une conduite professionnelle respectueuse de l’environnement. Pour cette catégorie d’agriculteurs, l’animation des MAE devraient mettre le point sur le côté éthique de la
démarche environnementale. Ils proposent d’accomplir la récompense financière par
une récompense sociale, en contribuant à des actions de promotions des biens agricoles produits dans des exploitations engagées dans les MAE. Cette vision coïncide avec les applications de la responsabilité sociétale dans les organisations.