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Les premiers systèmes de télécommunication à l’échelle mondiale étaient basés uniquement sur des technologies électriques utilisant les lignes télé- graphiques et téléphoniques. Ces technologies se sont imposées dès le 19ème siècle, et sont restées en monopole jusqu’en 1950 car ni une source optique cohérente ni un moyen de transmission approprié n’étaient disponibles pour développer des télécommunications optiques.

L’invention du laser et sa démonstration en 1960 ont résolu le premier pro- blème. L’attention s’est ensuite concentrée sur la recherche de moyens pour transporter la lumière sur une longue distance en analogie avec les lignes télégraphiques. Les fibres optiques à cette époque avaient des pertes si éle- vées qu’il suffisait que de quelques mètres de long pour perdre jusqu’à un facteur 100 de puissance. Elles étaient donc écartées pour des applications telles-que les télécommunications nécessitant des transmissions d’au moins quelques kilomètres. Il a été suggéré en 1966 que les pertes des fibres optiques pourraient être considérablement réduites en éliminant les impuretés dans

la silice [6]. Ceci a valu un prix Nobel à Charles Kao en 2009 pour ses réa-

lisations révolutionnaires concernant la transmission de la lumière dans les fibres optiques pour la communication optique. L’idée d’utiliser des fibres de verre pour la communication optique était révolutionnaire puisque les fibres sont capables de guider la lumière dans un environnement de manière simi- laire au confinement des électrons à l’intérieur des fils de cuivre. Cependant, avant que les fibres optiques ne puissent être utilisées pour la communica- tion optique, leurs pertes devaient être réduites à un niveau acceptable. Une percée a eu lieu en 1970 lorsque des chercheurs de Corning ont démontré une réduction des pertes de fibres à moins de 20 dB/km dans la gamme de

longueurs d’onde proche de 630 nm[7]. Deux ans plus tard, la même équipe

de Corning a produit une fibre avec une perte de seulement 4 dB/km en rem- plaçant le titane avec du germanium comme dopant à l’intérieur du noyau de la fibre en silice. Peu de temps après, beaucoup de laboratoires industriels sont entrés dans la course pour réduire encore plus les pertes des fibres. La course a été remportée en 1979 par un groupe japonais qui a réussi à réduire

gueurs d’onde proche de 1,55 µm [8]. Cette valeur de pertes est proche de la limite fondamentale fixée par le phénomène de diffusion de Rayleigh. Même les fibres actuelles présentent des valeurs de pertes similaires à celles-ci.

FIGUREI.1 – Atténuation et dispersion dans une fibre optique

La Figure I.1 montre deux caractéristiques spectrales importantes d’une

fibre optique qui sont l’atténuation et la dispersion chromatique. Ces deux paramètres sont à l’origine de la dégradation des signaux se propageant sur des longues distances. Depuis les années 1970 ces valeurs n’ont pas énor- mément changé, mais l’utilisation des différentes bandes de transmission a beaucoup évolué en fonction des distances de transmission visées, et des for- mats de modulation utilisés.

Outre les fibres optiques à faibles pertes, le passage des micro-ondes aux ondes optiques nécessite un laser compact et efficace qui peut être modulé pour transmettre les informations à transmettre dans les fibres. Le laser à semi-conducteur était le plus adéquat à cette fin. Heureusement, à peu près au même moment où Corning annonçait l’arrivée de sa fibre à faible perte en 1970, deux groupes de recherche ont fait la démonstration de lasers à semi- conducteurs GaAs fonctionnant à température ambiante, et ayant des ca- ractéristiques en terme de puissance et de consommation très prometteuses

pour les applications de transmissions [9] [10].

La disponibilité simultanée de sources optiques compactes et de fibres op- tiques à faible perte a conduit à un effort mondial pour le développement de systèmes de communication par fibre optique. Les systèmes de première gé- nération ont été conçus pour fonctionner à un débit binaire de 45 Mbit/s dans les gammes spectrales du proche infrarouge parce que les lasers Ga(Al)As émettent de la lumière à des longueurs d’onde proches de 850 nm. Les pertes

tique devait être régénéré tous les 10 km environ à l’aide de ce que l’on ap- pelle des répéteurs. Cela peut sembler une limitation majeure, mais c’était mieux que le câble coaxial qui exigeait une régénération tous les kilomètres environ.

La nouvelle ère des systèmes de communication par fibre optique était enfin arrivée. Mais ce n’est qu’après l’avènement d’Internet au cours de la décen- nie 1990 que cela est devenu évident. Un chiffre couramment utilisé pour les systèmes de communication est le produit de distance nominale BL, où B est le débit binaire et L est l’espacement des répéteurs, la distance après laquelle un signal optique doit être régénéré pour maintenir sa fiabilité.

FIGURE I.2 – Évolution du produit BL (bitrates x distance sé-

parant les répéteurs) en fonction des années. Les points rouges représentent les ruptures technologiques. L’arrivée de la fibre optique a marqué un nette accélération de la vitesse de crois-

sance déjà exponentielle

La figure I.2 montre comment le produit BL a été multiplié par 1018 au

cours des 180 dernières années grâce aux progrès technologiques. L’acro- nyme WDM dans cette figure représente le multiplexage en longueur d’onde, une technique utilisée pour améliorer la capacité des transmissions qui va être présentée dans la partie suivante. L’acronyme SDM est l’abréviation de multiplexage spatiale, une technique utilisée après 2010 pour faire continuer l’amélioration de la capacité des systèmes à fibres optiques en réponse à l’augmentation continue du trafic de données (avec l’avènement du strea- ming vidéo par des entreprises telles que YouTube et Netflix) et les limites de capacité fondamentales des fibres monomodes. Deux caractéristiques de

la Fig. I.2 méritent une mention particulière. Tout d’abord, la ligne droite

indique une croissance exponentielle due à l’utilisation de l’échelle semi- logarithmique. Deuxièmement, un changement soudain de la pente de la ligne vers 1977 indique que l’utilisation des fibres optiques a accéléré le taux de croissance exponentielle et a marqué l’émergence d’une nouvelle ère des

(d’après [11])