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III- V sur SOI liaison avec isolant

2.3 Une accordabilité record de 90 nm

FIGUREII.32 – Design du dispositif laser complet.

Des lasers accordables basés sur la conception présentée précédemment ont été fabriqués et testés. Nous avons obtenu une accordabilité record de

90 nm, comme on le voit sur la figure II.33, avec une puissance autour de

FIGUREII.33 – Laser entièrement intégré avec une accordabilité

de 90 nm qui fut un record en 2018.

FIGUREII.34 – Caractérisation statique du laser. Seuil à 30 mA,

et puissance de sortie de 9 mW après amplification avec un SOA intégré.

Ce laser présente de plus de bonnes caractéristiques statiques comme on

le voit sur la figureII.34. Le seuil est autour de 30 mA, et la puissance de sor-

tie après amplification par un SOA intégré est de 9 mW, mesurée avec une photodiode large, après clivage et traitement anti-reflet de la puce.

Le filtre Vernier était prévu pour une accordabilité de 120 nm. Nous consta- tons néanmoins que la plage d’accordabilité effectivement obtenue est limi- tée à 90 nm, malgré le fait que le filtre Vernier passif seul s’accordait bien sur

120 nm (voirII.27).

Lors de ces mesures, il a été constaté qu’il est difficile d’accorder le laser

FIGUREII.35 – Décalage vers le rouge de l’effet vernier.

sur des longueurs d’ondes inférieures à 1550 nm. Cette tendance était visible sur un échantillon de quelques dizaines de lasers testés. En général, quand on tente d’accorder des modes en dessous de 1550 nm, on voit une raie la- ser "naitre", mais elle n’arrive pas à remporter la compétition avec les modes à l’autre extrémité de l’effet Vernier vers les longueurs d’onde supérieure

à 1580 nm. La courbe de la figure II.35 montre un dispositif pour lequel

il n’était pas possible d’obtenir des longueurs d’onde laser en dessous de 1558 nm.

Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce phénomène. Ce qui est fortement probable c’est que la cause viendrait d’un décalage de la courbe de gain vers les hautes longueurs d’onde, comme cette limite est constatée uniquement sur les conceptions complètes intégrant le milieu à gain, et non sur les filtres passifs seuls. Deux hypothèses majeures peuvent expliquer ce shift :

— Tout d’abord la photoluminescence de cette plaque était mesurée à 1550 nm. Mais d’après la théorie des lasers à semi-conducteurs, l’effet laser à tem- pérature ambiante peut se décaler jusqu’à 30 nm vers le rouge, car le gap effectif est réduit quand on passe à une théorie d’interaction entre porteurs. Ceci expliquerait déjà une position de la courbe de gain nette qui serait centrée à 1580 nm au lieu de 1550 nm ;

— Plus classiquement les effets thermiques ordinaires (dus à l’effet Joule de l’injection de porteurs), c’est-à-dire les élévations locales de tempéra- ture, peuvent décaler encore plus la courbe de gain vers les grandes lon- gueurs d’onde. Sur le signe de cet effet, il s’agit principalement d’une

réduction du gap avec la température. Cet effet s’explique par la dilata- tion thermique de la maille cristalline avec l’échauffement. Comme on

le voit sur le schéma de la figureII.36, lors de la formation des bandes

d’un semi-conducteur, quand la distance augmente entre les atomes dans le cristal notamment à cause de la dilatation thermique ceci en- traine une diminution du gap. Ceci est dû au croisement entre les ni- veaux des bandes issues des orbitales atomiques de différentes nature (s,p) avant la formation des bandes du semi-conducteur à un équilibre thermique donné.

FIGUREII.36 – Effet de l’augmentation de la température sur le

gap.

FIGURE II.37 – Mesure de la température d’un SOA à 50 mA

(seuil du laser) et à 150 mA de courant injecté.

La courbeII.37montre l’échauffement du SOA intégré dans la cavité en

échauffement de 28,5◦C. Les coefficients de "redshift" à cause des effets ther-

miques sont de l’ordre de 1 nm/◦C [redshifts]. Ceci donne environ 28 nm

de décalage vers les grandes longueurs d’onde expliqué par les effets ther- miques d’injection.

Ces deux hypothèses expliqueraient avec une forte probabilité le décalage du peigne de longueurs d’onde vers le "rouge". Mais il faut noter que tous les éléments passifs de la conception sont centrés à 1550 nm, donc un décalage du gain vers le rouge, amène le laser à fonctionner dans des conditions non optimales. J’ai donc essayé de trouver des astuces pour ramener la courbe de gain vers les courtes longueurs d’onde.

FIGUREII.38 – Effet de l’augmentation de la densité des por-

teurs sur le gap et sur le gain.

Une forte densité d’injection serait capable de décaler le gain net matériau

dans un semi-conducteur vers les courtes longueurs d’onde. La figureII.38

illustre ce phénomène. Quand le remplissage des bandes augmente avec la densité, le gap entre les maximum des deux fonctions d’onde augmente, ce qui explique le décalage vers le bleu.

En effet dans un laser le gain est “clampé” aux pertes, et ne devrait plus changer après le seuil, ni la densité des porteurs par conséquent. Sauf que dans notre configuration lorsque le filtre Vernier est désaligné par rapport au peigne Fabry-Perot, on peut perdre l’effet laser même au-delà du seuil, car la réflectivité (anneaux + miroir) est modifiée d’un côté de la cavité, les pertes sont donc aussi modifiées, et n’égalent plus le gain. J’ai utilisé cette astuce pour passer d’une accordabilité de 76 nm à 90 nm. J’ai pompé le laser

avec des courants supérieurs à 250 mA : on voit sur la figureII.33que ceci a

permis de débloquer les modes 1546 nm et 1548 nm, mais pour cela il a fallu injecter un courant de 280 mA dans la jonction. Ceci est assez critique car le laser peut être endommagé par échauffement.

2.4

Largeur de raie de l’oscillateur local intégré en III-V sur