3. Mécanismes de régulation des ING
3.2. La sumoylation
3.2.2. La réaction de sumoylation
de celui de l'ubiquitination, notamment par l’implication d’une cascade similaire d'enzymes.
En revanche, alors que l'ubiquitination est principalement impliquée dans la stabilité des
protéines, en régulant leur dégradation par le protéasome, la sumoylation régule de
nombreuses fonctions (traffic intracellulaire, interactions protéiques, interaction
ADN-protéine, activité transcriptionnelle...). La protéine SUMO a été découverte en 1990, et ce,
20 ans après la découverte de l’ubiquitine. Ce délai est dû à la nature instable du lien entre
les protéines cibles et SUMO. C'est grâce à RanGap, une protéine fortement sumoylée et
dont la sumoylation est particulièrement stable, que la découverte eu lieu (Matunis et al.,
1996).
3.2.1. La famille des protéines SUMO.
Les protéines SUMO sont de petites protéines de l’ordre de 10-12 KDa. Bien qu’elles
présentent une structure tri-dimensionnelle similaire à celle de l’ubiquitine, leurs séquences
peptidiques présentent moins de 20% d’homologie avec celle de l’ubiquitine et la
distribution de leurs charges de surface est différente. Les protéines SUMO ont été très
conservées au cours de l’évolution et sont retrouvées depuis la Levure jusqu’à l’Homme. Les
organismes les moins évolués, tels que la Levure, le Nématode ou la Drosophile, ne
présentent qu’un unique gène SUMO. En revanche, les organismes comme les plantes ou les
vertébrés présentent plusieurs gènes SUMO. Chez l’homme, quatre protéines SUMO
(SUMO1-SUMO4) ont été caractérisées à ce jour.
3.2.2. La réaction de sumoylation.
Les protéines SUMO sont exprimées sous une forme immature. Ainsi, la réaction de
sumoylation commence par une étape de maturation des protéines SUMO, qui correspond
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au clivage de leur extrémité C-terminal. Ce clivage est assuré par des enzymes
carboxy-hydroxylases de la famille SENP (sentrin-specific protéase) et permet de découvrir le
di-peptide de glycine qui va permettre l’interaction de SUMO avec l’enzyme d’activation E1
(Figure 9). La deuxième étape, dite d’activation, consiste en la création d'une liaison
thioester de haute énergie (étape ATP-dépendante) entre SUMO et la cystéine catalytique
de l’enzyme E1 activatrice (hétérodimère SAE1/SAE2). Dans une troisième étape, dite de
conjugaison, SUMO est transférée depuis l’enzyme d’activation E1 sur la cystéine catalytique
de l’enzyme de conjugaison E2 Ubc9. Ici encore, il existe une différence notable avec
l’ubiquitination puisqu’à ce jour, Ubc9 est la seule enzyme de conjugaison E2 caractérisée
pour la sumoylation alors qu’il existe de multiples E2 pour l'ubiquitination. Enfin, dans une
dernière étape dite de ligation, Ubc9 transfère SUMO sur la protéine substrat par la
formation d’une liaison isopeptidique entre la glycine de l’extrémité C-terminale de SUMO et
la lysine de la protéine substrat. Contrairement à l’ubiquitination, l’intervention d’une
enzyme de ligation E3 n’est pas indispensable, tout du moins in vitro. De nombreuses
enzymes de type E3 ligases ont été récemment caractérisées pour SUMO. Ces études
montrent que les E3 sont nécessaires pour une sumoylation efficace des protéines in vivo.
Elles permettraient d’une part de stabiliser l’interaction entre Ubc9 et son substrat, et
d’autre part de conférer la spécificité du substrat. Actuellement, trois familles d’E3 ligase ont
été caractérisées : la famille des protéines PIAS, celle des protéines RanBP2 et celle du
groupe polycomb Pc.
Dans la majorité des cas, la sumoylation aboutit à la liaison d’une seule protéine
SUMO sur le substrat. Cependant, de la même manière que pour l’ubiquitination, il existe
quelques études qui montrent que SUMO de S. cerevisiae (Smt3) ainsi que SUMO2 et
SUMO3 humaines peuvent former des chaînes aussi bien in vitro qu’in vivo (Bylebyl et al.,
2003; Tatham et al., 2001). La formation de ces chaînes résulte de la sumoylation de la lysine
15 de Smt3 ou de la lysine 11 de SUMO2 et SUMO3. SUMO1 ne possède pas cette lysine et
ne semble pas former de chaîne in vivo. Actuellement, les conséquences des chaînes de
SUMO2 ou de SUMO3 sur la modulation des fonctions des protéines substrat sont très peu
documentées. Cependant il semblerait qu’une sumoylation unique ou en chaîne puisse avoir
des conséquences complètement opposées. C’est par exemple le cas de la protéine
précurseur de la β-amyloïde (APP : « Amyloid Precursor Protein »). Dans le cadre de la
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maladie d’Alzheimer, APP est anormalement clivée et génère un peptide dit β-amyloïde (Aβ)
qui s’agrège pour former des plaques de β-amyloïde. De par leur neurotoxicité, ces plaques
sont à l’origine de la dégénérescence neuronale caractéristique de cette maladie. Ainsi, une
étude montre que la formation de chaine de SUMO3 sur APP réduit la production d’Aβ et
qu’à l’inverse, une sumoylation par une unique SUMO3 augmente la production d’Aβ (Li et
al., 2003). Il a également été montré que la formation de chaînes de SUMO3 sur les
protéines PML (« Promyelocytic Leukemia Protein ») est particulièrement importante pour la
structuration et la dynamique des corps nucléaires PML (Fu et al., 2005).
Enfin, comme l'ubiquitination, la sumoylation est un processus réversible et
dynamique puisqu'il existe des protéases qui clivent la liaison entre SUMO et son substrat.
Ces enzymes sont des isopeptidases de la famille SENP. Chez l’homme, il existe six SENP :
SENP1-3 et SENP5-7. Les différentes SENPs diffèrent par leur activité vis-à-vis des différentes
protéines SUMO. Par exemple, SENP3 et SENP5 désumoylent préférentiellement SUMO2 et
SUMO3 (Di Bacco et al., 2006; Gong and Yeh, 2006). Les SENP diffèrent également par leur
localisation subcellulaire. Par exemple, SENP2 et SENP5 sont respectivement enrichies au
niveau des pores nucléaires ou dans les nucléoles (Hang and Dasso, 2002; Nishida et al.,
2000; Nishida and Yamada, 2008; Zhang et al., 2002).
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Figure 9: Schéma général du processus de sumoylation. L’étape de maturation, correspond
au clivage de la partie C-terminale de la protéine SUMO pour donner une protéine SUMO
activée, arborant un dipeptide de glycine (GG). Le clivage est assuré par des enzymes
carboxy-hydrolases de la famille des Protéases Sentrine (SENP). L’étape d'activation, consiste
en la création d’une liaison thioester (étape ATP-dépendante) entre le dipeptide GG de
SUMO et la cystéine catalytique de l’enzyme E1 (hétérodimère SAE1/SAE2). L’étape de
conjugaison de SUMO permet le transfert de SUMO depuis l’enzyme E1, sur la cystéine
catalytique de l’enzyme E2 (Ubc9). Enfin le processus de sumoylation s’achève par l’étape de
ligation de SUMO, par l’enzyme E2, sur la lysine acceptrice d’une protéine cible. Dans la
grande majorité des cas cette dernière étape fait intervenir des enzymes E3 qui permettent
notamment de stabiliser l’interaction de l’enzyme E2 avec le substrat et de conférer la
spécificité vis-à-vis du substrat. Enfin, SUMO peut être clivée du substrat par les SENP.
Dans le document
La protéine ING2 : Nouvelles fonctions suppressives de tumeurs et régulation par sumoylation.
(Page 35-39)