• Aucun résultat trouvé

La quantification du phénomène migratoire au Burkina Faso

2.2 Les réponses des ménages face aux conditions climatiques

3. Pourquoi le Burkina Faso?

3.2 Une histoire migratoire sous-estimée

3.2.3 La quantification du phénomène migratoire au Burkina Faso

Comme dans la plupart des pays en développement, les sources de données pouvant permettre la quantification du phénomène sont disparates. En dehors des données de la Banque Mondiale sur les transferts et les données sur les migrations bilatérales de l’OCDE, les données migratoires sont présentes dans les enquêtes ménages, et recensements de la population menées par l’Institut National de la Statistique et de la Démographie du pays, en collaboration parfois avec les institutions internationales comme la Banque mondiale, l’Organisation Internationale pour les Migrations et autres entités s’intéressant à la migration. Il a néanmoins existé sur le plan régional, une tentative de mettre en place des enquêtes entièrement dédiées à la migration. Il s’agit du Réseau des Enquêtes Migration et Urbanisation en Afrique de l’Ouest (REMUAO) réalisées en 1993 dans 9 pays d’Afrique de l’Ouest (INSD, 2009) 29.

Le dernier recensement de la population et de l’Habitat en 2006, qui constitue le dernier questionnaire d’ampleur nationale montre que la migration au Burkina Faso se fait d’abord de manière interne.

29Nous proposons en annexe une idée générale de l’Etat des bases de données migratoires en Afrique de l’Ouest et plus précisément au Burkina Faso.

42

Figure 1-10 Zones intensives en migration au Burkina Faso Source: RGPH 2006

Comme le montre la Figure 1.10, les grandes régions de départ sont celles où les conditions climatiques sont plus ou moins défavorables comparativement aux autres régions. En tête arrive la région du Nord avec 18,4% des sortants, et la région de la Boucle du Mouhoun avec 10,5% des sortants. Cette région portant le nom du fleuve « Mouhoun » ou précédemment « Volta Noire » a été longtemps fui comme développé plus tôt dans cette partie en raison de la maladie de l’onchocercose. Cette dernière longtemps connue comme une zone de cultures du coton a été une forte zone d’attraction de populations. Entre 1960 et 1996, la densité de la population est passée de 10.96 habitant au km2, à 44.79 habitants, s’accompagnant d’une augmentation des surfaces cotonnières cultivées (Hauchart, 2005). Le succès de la culture cotonnière va créer dans la région une surexploitation de la ressource naturelle, qui s’associe à des techniques de cultures peu adaptée, et un lessivage des sols qui entraineront une baisse

43 progressive des déplacements de populations jusqu’au solde migratoire négatif qu’enregistre le dernier RGPH.

Les régions d’accueil sont les zones de forte activité économiques que sont la région du Centre et celle des Hauts Bassins abritant deux capitales politique et économique qui sont respectivement Ouagadougou et Bobo Dioulasso. Selon le dernier RGPH, la région du centre accueillait en 2006 35,7% des migrants, et celle des Hauts Bassins 17,9%.

Sur le plan international, la Côte d’Ivoire reste la première destination des émigrés Burkinabè avec 77,4%. On retrouve également le Ghana avec 6,6% des émigrés, le Mali avec 6,5%, le Bénin avec 1,6%, le Gabon avec 1,4%, puis le Niger, les pays européens, avec 1,2%. Les autres destinations recueillent moins de 1% et sont les pays comme le Cameroun, le Cap-vert, le Congo, la Gambie, la Guinée Bissau et Conakry, le Libéria, la Mauritanie, le Nigéria, la RDC, le Sénégal, la Sierra Léone, le Soudan, le Tchad, le Togo, l’Amérique, l’Asie et une cas pour les autres pays africains (INSD, 2009).

Plus récemment et selon la CEDEAO, les destinations des migrants Burkinabè se sont un minimum diversifiés. Comme le montre le Tableau 1.2, l’Italie apparaît au 5ème du

rang des destinations, ce qui s’explique par l’importante migration des populations de la région du Centre-Est Burkinabè, qui ont travaillé pendant longtemps, dans la culture de la tomate en Italie. Au delà de cet état de fait, la migration Burkinabè semble se dérouler vers sa destination historique qu’est la Côte d’Ivoire, et dans la région couverte par la CEDEAO.

44

Burkina Faso

Destination Nombre

Côte d’Ivoire 1 310 892

Autres pays africains 167 834

Niger 29 881

Mali 22 365

Italie 11 651

Bénin 10 606

Nigéria 8 307

Vers les pays CEDEAO 1 382 524

Vers d’autres pays 195 747

Tableau 1-2 Les 7 principaux pays de destination des migrants Burkinabè en 2010 Source : CEDEAO, (Devillard, A, & Noack, 2016)

Le dernier recensement de la population a également permis de confirmer le caractère masculin de la migration, principale force de travail, vu que 83,1% des migrants internationaux sont des hommes.

Les fruits de la migration constituent une manne financière non négligeable pour le pays. La Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) estimait en 2012 à plus de 96 milliards de FCFA les transferts des migrants au bénéfice des ménages Burkinabè. Ce montant est néanmoins faible comparativement aux autres pays de la zone économique et monétaire dont fait partie le Burkina Faso, qui arrive en 2011 en avant dernière position des pays les plus récepteurs de transferts derrière le Sénégal, le Mali, la Côte d’Ivoire, le Togo et le Bénin, et devançant le Niger et la Guinée Bissau.

De manière générale, les transferts de fonds de migrants sont une importante source de capitaux pour les pays en développement et notamment africains, comme soutenu plus tôt dans ce document. Ils représentaient en 2002 149,4 milliards USD, soit 83,7% des investissements directs étrangers (IDE), et le triple de l’aide publique au développement (OCDE, 2006). Cette tendance est confirmée au Burkina Faso, comme le montre la Figure 1.11 où les données des indicateurs de la Banque Mondiale montrent

45 une constante croissance des transferts reçus par les ménages du pays en provenance de ménages non résidentes dans le pays ou « Personal transfers)30 en USD.

Figure 1-11 Evolution des "personal transfers" Source: WDI Banque Mondiale31

30Selon le Fonds Monétaire International (FMI) les transferts de fonds sont comptabilisés dans la balance des paiements de trois manières différentes : la rémunération des salariés se composant du salaire brut des travailleurs résidents à l’étranger depuis moins de 12 mois, les envois de fonds des travailleurs résident à l’étranger depuis plus de 12 mois à leur pays d’origine, la richesse nette des émigrés qui passent les frontières pour travailler. Dans les enquêtes ménages, les questions posées concernent les fonds reçus par des ménages non résidents dans le pays, depuis plus de 12 mois, et pourraient donc correspondre aux transferts des travailleurs migrants ou « personal transfers » des indicateurs de la Banque Mondiale.

31Les données sont disponibles depuis 2005, et s’arrêtent en 2014 0 50 100 150 200 250 300 350 400 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 En mil lio ns US D