• Aucun résultat trouvé

Chapitre 3 : Structure et fonctionnement du syndicat officiel 88 

3.3 Fonctionnements du syndicat officiel 110 

3.3.3 Distribution des intérêts 126 

3.3.3.4 La protection sociale complémentaire 131 

Après 1978, les populations chinoises ont connu une période de marchandisation rapide et de désétatisation.

La remise en cause de l’ancien système de protection sociale et l’augmentation des charges de santé et d’éducation ont fait tomber les salariés urbains dans les bas-fonds de la société. Ils ont été frappés par le chômage, la maladie et la pauvreté. Le nouveau système d’assurance sociale n’est pas capable d’offrir une protection suffisante. La situation est encore plus misérable pour les chômeurs qui ne sont pas à même de retrouver un emploi stable (Rocca, 2000). Les institutions gouvernementales comme les syndicats, la Fédération des femmes, les comités de résidents jouent un rôle considérable, et ont transformé les problèmes sociaux en crise chronique, par la mise en place du système du déplacement, de la formation et de l’assurance mutuelle.

Le tournant dans la politique économique a construit une polarisation de la société dans laquelle la plupart de la population ne profite pas du développement économique et de l’augmentation de la richesse et s’enfonce dans la pauvreté.

Les systèmes d’aides fournis par le syndicat P ne semblent être qu’une simple protection supplémentaire et sont loin de satisfaire la demande sociale. Ils empêchent les employés urbains de tomber dans la pauvreté absolue, mais les mauvaises conditions de vie et les difficultés ne peuvent pas être résolues par ce type d’assistance.

Conclusion

Sun Liping a fourni un commentaire étonnant sur le concept de crise du gouvernement chinois. À son avis, depuis les années 1990, en raison de la surestimation des risques de déstabilisation et de crise politique, nous nous sommes habitué à penser que « la stabilité devait l'emporter sur tout le reste » (Xiao Shu, 2007). Pour la stabilité, la réforme sociale n'a pas réalisé de progrès significatif. Dans le traitement des diverses contradictions sociales, le gouvernement ne souhaite pas établir un mécanisme social ouvert. La participation démocratique et les canaux d’expressions sont de plus en plus rigidifiés.

Dans les années récentes, bien que les conflits du travail aient connu une forte augmentation, la société chinoise est restée stable. Par rapport aux pays occidentaux, il n'existe pas de mouvements sociaux bien organisés, exerçant une réelle influence. En raison de l'absence du droit à la liberté d'association et à la répression d’Etat, nous n’avons observé que des protestations individuelles, inorganisées et dispersées. Même s’il y a des protestations à grande échelle, ce sont des événements indépendants, qui n’arrivent pas à former une pression nationale. Par ailleurs, la force coercitive de l’Etat assure la stabilité sociale, qui est caractérisée comme « la stabilité rigide » (Yu Jianrong, 2009). Derrière la répression d’Etat, les syndicats officiels assistent le gouvernement pour surveiller les relations professionnelles.

L’ouvrage de Lewis A. Coser a été indispensable à la bonne conduite de notre recherche sur la discussion du rôle syndical. Il introduit le « mécanisme de soupapes de sûreté» dans l'étude des conflits sociaux, et donc différencie le conflit réaliste et non réaliste.

Selon l’analyse de Coser, les conflits réalistes sont « les conflits qui naissent à la suite d’une frustration de revendications définies ainsi que d’estimations des gains des participants et qui sont dirigés sur l’objet présumé de la frustration. », et les conflits non réalistes « sont occasionnés par le besoin de libérer une tension » (Coser, 1982 :33)

« Dans les groupes qui ont une structure peu rigide et dans les sociétés ouvertes, le conflit, qui a pour objectif de résoudre la tension entre les antagonistes, a des fonctions stabilisantes sur les relations. En permettant l’expression immédiate et directe des revendications rivales, de tels systèmes sociaux peuvent améliorer leurs structures en éliminant les sources de mécontentement [...]. Grâce à leur tolérance et à l’institutionnalisation du conflit, ces systèmes bénéficient d’un important mécanisme de stabilisation. ». Cependant, « Les systèmes rigides ne disposent pas d’un tel mécanisme permettant de réajuster les normes [...] » (Coser, 1982, p.85-87).

La Chine fait également face à la situation que Coser appelle le système rigide. Le gouvernement ne permet pas aux rapports entre l’Etat et la société de se modifier. Le mécanisme de soupape de sûreté, défini Coser, dans le système rigide, joue un rôle significatif. En fait, il est le dernier choix, comme le moyen de remplacement, pour transférer et atténuer les conflits sociaux. « Les soupapes de sûreté augmentent avec la rigidité de la structure sociale » (Coser, 1982 :30).

La relation entre syndicat et Etat se positionne dans la poursuite de la structure organisationnelle du totalitarisme érigé sous le régime de Mao Zedong. Sous le contrôle d’Etat, le pouvoir syndical est affaibli. Surtout après les années 1990, puisque les racines de mécontentement des salariés (comme le système de redistribution des richesses, l'inégalité des relations de travail) ne pouvaient pas être éliminées, la satisfaction envers les syndicats, procurée par les aides ou les services, n’est que partielle et momentanée.

La réforme de l’ancien système de protection sociale a provoqué une catastrophe dans la vie quotidienne des employés, avec une chute dramatique du niveau de vie. Les aides aux pauvres, les services de réemploi et les assurances mutuelles, sont là des protections insuffisantes. Les salariés n’ont pas seulement besoin d’assistance complémentaire, mais d’une amélioration importante du système de protection sociale, couvrant les frais médicaux, de la vie quotidienne et scolaire. En outre, les travailleurs migrants n'ont pas encore été pleinement intégrés dans les aides syndicales. Les syndicats officiels sont dans l’incapacité de décider la direction de la

réforme de la protection sociale car, en tant que soupape de sûreté, leur fonction est de contribuer à maintenir la stabilité sociale avec des effets approximatifs sur les conflits non réalistes (Coser, 1982, p.87).

Chapitre 4- Implantation des sections syndicales au sein des

Documents relatifs