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La problématique de la pérennité du traitement

4 : Les possibilités thérapeutiques

5. Apport de la prothèse complète

5.2. Apport de la Prothèse amovible complète implanto-retenue

5.2.4. Apport de la prothèse implanto-retenue chez les personnes dépendantes

5.2.4.5. La problématique de la pérennité du traitement

La question de la pérennité est une question annexe à celle de l’efficacité pour juger de l’apport de la prothèse à la condition des patients dépendants. Un effet thérapeutique qui ne durerait pas, serait quasiment sans intérêt en regard du coût, des efforts développés, et des risques pris.

Cette question est particulièrement cruciale pour les porteurs de prothèses implanto-retenues notamment en raison du risque de péri-implantite. A ce propos, Maniewicz et al ont montré que l’hygiène buccale qui est réalisée au quotidien par les patients âgés dépendants bénéficiant d’une aide à la vie quotidienne, est d’un niveau suffisant pour assurer la pérennité des implants. En effet leur étude sur un échantillon de 19 patients suivis pendant 5 ans montre que l’indice de plaque des patients augmente régulièrement pendant les 3 premières années et finit par se stabiliser. De même la profondeur de sondage péri-implantaire initialement située à 1,87 mm (en moyenne) augmente aussi régulièrement et se situe à 3mm au bout des cinq années ; soit une augmentation moyenne de 0,23 mm/an de la profondeur des poches. Le contrôle radiographique montre une perte osseuse péri-implantaire régulière de 0,17mm/an. Le contrôle clinique a révélé qu’un seul implant sur les 38 mis en place présentait une augmentation de mobilité.

En fait sur les 38 implants initialement placés, il y eut 2 implants perdus, l’un dans les tous premiers mois de suivi post-implantation, et l’autre à 4 ans. Ces deux implants ont été remplacés. Cela donne un taux de survie des implants initiaux de 94,7% à 5 ans.

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Ces résultats amènent les auteurs à déclarer que ni l’âge, ni la dépendance, ne doivent constituer une contre-indication à l’utilisation des implants, si un suivi régulier est assuré afin de détecter une diminution de la qualité de l’hygiène pouvant mettre en péril leur conservation104.

Toutefois ces bons résultats ne doivent pas faire oublier qu’il existe un certain nombre d’autres complications possibles lors de l’emploi des prothèses implanto-retenues.

Entre autres, un relâchement du système de rétention, la nécessité de réfection de base suite à la résorption osseuse, la possibilité de perdre un implant en particulier si l’os dans lequel il est placé est de type IV, et la fracture du système d’attachement au niveau de la base en résine de la prothèse105. Ces complications nécessitent une intervention du praticien et donc le déplacement du patient au fauteuil de soins.

Dans une étude réalisée sur 151 patients, Visser et al (2006) ont montré que la prothèse complète implanto-retenue nécessitait une durée totale de soins de maintenance plus importante que la prothèse complète conventionnelle. La durée totale de maintenance pour le groupe Prothèse implanto-retenue (avec crête résorbée) s’élevant en moyenne à 354 mn pour un suivi sur 10ans tandis que la durée totale de maintenance pour le groupe prothèse complète conventionnelle (avec crêtes résorbées) s’élève en moyenne à 250 mn pour un suivi sur 10 ans 94.

Cette différence représente la contrainte supplémentaire en déplacement, fatigue, inconfort, imposée par la prothèse implanto-retenue, comparativement à la prothèse conventionnelle.

La pérennité du traitement par prothèse implanto-retenue est donc encore plus tributaire de la maintenance que ne l’est la prothèse conventionnelle.

Or, lorsqu’un patient âgé entre en établissement d’hébergement pour personnes âgées, il ne disparait pas. En revanche cela signifie que ses capacités sont généralement diminuées, que son aptitude à assurer l’hygiène buccale l’est également, et qu’il dépend de l’organisation de l’établissement et de la disponibilité des personnels pour assurer ses déplacements et accéder aux soins dentaires.

Le praticien doit donc avoir à l’esprit ces contraintes relatives à la maintenance lorsqu’il conçoit ses différentes propositions thérapeutiques.

104 Maniewicz et al., « Short dental implants retaining two-implant mandibular overdentures in very old,

dependent patients: radiologic and clinical observation up to 5 years », 415.

105 Visser et al., « Implant-retained mandibular overdentures versus conventional dentures: 10 years of care and

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5.2.5. Synthèse

Les résultats du traitement par prothèse amovible complète implanto-retenue obtenus chez les patients dépendants sont relativement similaires à ceux des patients non dépendants.

- Toutefois, la capacité de mastication accrue par la mise à disposition de prothèses implanto- retenues ne peut être exploitée par les patients dépendants en raison d’une diminution de la force musculaire qui s’est installée au fil des années.

- La nutrition est inchangée sans doute pour les mêmes raisons que chez les patients non dépendants. Le nombre de facteurs intervenant dans la nutrition faisant que la seule amélioration de la capacité masticatoire ou de l’efficacité masticatoire n’est quasiment pas perceptible.

Notons cependant qu’une amélioration de l’état nutritionnel a été observée chez des patients édentés non dépendants et n’ayant jamais été équipés de prothèses auparavant (voir les résultats des études de Prakash et al (2012), Madhuri et al (2014), Aneja et al (2016) et de Goel et al (2016) chez des patients âgés en Inde).

- La qualité de vie liée à la santé orale est nettement améliorée chez les patients non dépendants et aussi chez les patients dépendants. Cependant, les patients atteints de la maladie d’Alzheimer semblent être moins sensibles à cette amélioration, ce qui suggère que leur qualité de vie liée à la santé orale dépend de facteurs autres que la seule optimisation des prothèses.

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