CHAPITRE I ÉTAT DE L’ART EN MATIERE DE RESSOURCES EN
IV. 2.2 La portée et les limites des indicateurs
Un indicateur doit être une information simple (facilement compréhensible) qui peut-être quantifiée de manière claire, reproductible, rapide et doit synthétiser des phénomènes complexes à différentes échelles. La qualité majeure d'un indicateur apparaît donc être sa capacité à rendre compte de façon concise de phénomènes complexes. En effet, si les informations sont trop abondantes, elles risquent de nuire à la compréhension des phénomènes et d’entraver la décision : « trop d’informations tuent l’information !!! ». Ainsi en agrégeant des données multiples et d'origines diverses, les indicateurs quantifient et synthétisent l’information. Des phénomènes souvent complexes, deviennent ainsi "visibles", ce qui permet de les suivre dans le temps, et d'agir en conséquence. La figure suivante (Fig.18) illustre l’ensemble des qualités qu’un indicateur doit respecter.
Indicateur
Accessibilité
Capacité à être compréhensible, calculable assez rapidement à un coût
acceptable
Fidélité
Conservation d’un biais éventuel à un niveau constant sur les unités
spatio-temporelles de référence
Objectivité
La définition de l’indicateur doit permettre de le calculer sans ambiguïté à partir des grandeurs
observables
Pertinence
Capacité à refléter toute la signification d’un concept ou tous
les aspects d’un phénomène et garde sa signification dans le temps Précision
Définition de l’indicateur avec une marge d’erreur acceptable, en
fonction de la précision des grandeurs observables
Sensibilité
Variations significatives de l’indicateur pour des variations
assez faibles du phénomène
Univocité
Variation de l’indicateur de façon monotone par rapport au phénomène décrit pour pouvoir
interpréter ses variations
Indicateur
Accessibilité
Capacité à être compréhensible, calculable assez rapidement à un coût
acceptable
Fidélité
Conservation d’un biais éventuel à un niveau constant sur les unités
spatio-temporelles de référence
Objectivité
La définition de l’indicateur doit permettre de le calculer sans ambiguïté à partir des grandeurs
observables
Pertinence
Capacité à refléter toute la signification d’un concept ou tous
les aspects d’un phénomène et garde sa signification dans le temps Précision
Définition de l’indicateur avec une marge d’erreur acceptable, en
fonction de la précision des grandeurs observables
Sensibilité
Variations significatives de l’indicateur pour des variations
assez faibles du phénomène
Univocité
Variation de l’indicateur de façon monotone par rapport au phénomène décrit pour pouvoir
interpréter ses variations
Fig. 18 : Les qualités d’un indicateur (Institut, 2001)
Cependant, dans l’élaboration d’un système d’indicateurs, le choix du nombre d’indicateurs et de leur éventuelle agrégation est une question importante qui renvoie plus particulièrement au
En effet, si chaque niveau d’agrégation facilite la lisibilité et permet de gagner en clarté en dégageant une information qui n’apparaissait pas dans les données non agrégées, il entraîne quasi systématiquement une perte d’information (Personne et Brodhag, 1998). A titre d’exemple, la consommation énergétique d’un site peut être obtenue par agrégation des différents types d’énergies consommées (électricité, fuel, …) ramenés en unité commune telle que le kWh ou TEP. Dans ce cas, la perte d’information correspondra à la part respective de chaque type de consommations. Un indicateur ne représente toujours qu’un modèle de la réalité et non pas la réalité elle-même (Madec, 2003) ; c'est pourquoi il doit être accompagné d'informations qualitatives et de commentaires. En effet, les indicateurs ne peuvent remplacer les données et informations plus détaillées et ne doivent donc être utilisés que pour fixer des points de repères et des orientations (Risse et Waaub, 1999).
De la même manière, lorsqu’on l’on souhaite évalué une situation globale, on doit en général prendre en compte plusieurs types d’impacts portant sur des domaines très différents les uns des autres (pollution de l’air, consommation énergétique, nuisances, …) qu’il faut pondérer (Boulanger, 2004). Or, sur quelle base décider et selon quelle procédure évaluer ces coefficients à appliquer. L’estimation des coefficients de pondération peut considérer deux types de facteurs (Personne et Brodhag, 1998) :
- facteurs objectifs tels que l’échelle spatiale (locale, régionale, mondiale), l’échelle
temporelle, le taux de conséquence (réversible ou irréversible), … Les limites de ces aspects sont dues aux mécanismes des impacts ;
- facteurs subjectifs dépendant en grande partie de la personne qui juge et de sa conception
du développement durable. Par exemple, un industriel accordera plus d’importance aux consommations énergétiques (car reliées à des coûts directs) alors qu’un militant pour la protection de la nature allouera un facteur plus élevé pour la perte de biodiversité. Les coefficients de pondération étant totalement différents en fonction de la personne à la quelle on s’adresse, les indicateurs fourniront des résultats divergents voir opposés. A titre d’exemple, deux indicateurs (Environmental Sustainability Index et Environmental Human Development Index) rendus publiques quasi-simultanément au cours du premier semestre 2001 visent, tous les 2, à classer, sous forme d’un indice global, les nations en fonction de leurs performances en matière de développement durable (Tableau 5).
Tableau 5 : Résultats des indicateurs de développement durable ESI et E-HDI (Boutaud, 2005)
ESI E-HDI Norvège 1 16 Finlande 2 17 Canada 3 6 Islande 4 20 Suède 5 12 Suisse 6 2 Australie 7 10 Danemark 8 19 Etats-Unis 9 14 Pays-Bas 10 18 … Algérie 11 11 Singapour 12 15 Sénégal 13 13 Malawi 14 9 Vietnam 15 3 Iran 16 4 Nigéria 17 7 Ouganda 18 1 Bangladesh 19 8 Madagascar 20 5
Ce tableau illustre très clairement les problèmes que peuvent générer l’utilisation d’indice global et donc pouvant être basé sur des données différentes ayant été agrégées puis pondérées. Bien que l’objectif soit le même, les résultats présentent d’énormes divergences entre eux. Ainsi, la Norvège sera classée en première position pour l’ESI alors que, pour l’E-
HDI, elle ne situe qu’à la 16ème place. Ces divergences d’opinion illustrent et/ou démontrent
parfaitement des perceptions complètement opposées de la notion de développement durable ; perceptions qui se trouvent correspondre aux approches technico-économistes pour l’ESI et écologiques pour l’E-HDI (Boutaud, 2005).
Globalement, on doit retenir l’idée que l’approche d’une situation par les indicateurs connaît des limites liées :
- à la construction des indicateurs eux-mêmes. Ni neutres, ni objectifs, dans la mesure, les
indicateurs correspondent à une lecture particulière du réel car ne peuvent pas prendre en compte la totalité des dimensions du domaine étudié, et ne peuvent véhiculer qu’une vision partielle de la réalité (Bouni, 1998),
- au fait que les indicateurs sont marqués d’un fort pragmatisme, compte tenu de
l’insuffisance de données disponibles et/ou des difficultés rencontrés à obtenir ces données (Bouni, 1998),
- au traitement d’agrégation / pondération qu’ils subissent : l’introduction implicite de
facteurs subjectifs est un biais susceptible de fausser l’utilisation des indicateurs en tant qu’élément d’aide à la décision (Personne, 1998).