d’électrons pour charger une capacité, mais le devient si la pompe à électrons est envisagée en tant
que source de courant.
Les pompes à 7 jonctions fabriquées par le NIST ont été mesurées à la fois au NIST et
au METAS. Un taux d’erreur en pompage de 1.5.10
−8a été obtenu au NIST avec une fréquence de
pompage de 5.05 MHz sur 600 s [68], et un taux d’erreur de 4.10
−5a été obtenu au METAS avec
une fréquence de pompage de 1 MHz sur 16 s [74].
2.5 La pompe de type R
L’expression de l’erreur attendue pour une pompe à électrons montre la prédominance du
cotunneling, en particulier si le nombre de jonctions est faible, or avec un nombre de jonctions faible
(3 ou 4), la mise en pratique expérimentale de la pompe est plus facile. De plus, la possibilité d’une
éventuelle mise en parallèle de pompes qui permettrait de générer un courant plus important ne
peut être envisageable qu’en limitant le nombre de jonctions. Pour avoir des résultats métrologiques
avec un tel dispositif, il faut donc envisager de réduire autant que faire se peut le taux de transfert
par cotunneling. Si on considère les calculs de [66], et en particulier, l’équation 2.29, l’augmentation
du nombreN de jonctions tunnel permet de réduire cette erreur.
C’est pourquoi les premières études métrologiques de pompes à électrons ont porté sur
des pompes à 5 et à 7 jonctions [75] présentées dans la partie précédente. De telles pompes ne
peuvent pas être envisagées pour devenir un étalon de courant dans la mesure où l’augmentation
de l’intensité du courant généré par de tels dispositifs est limitée par les effets de fréquence en
augmentant la fréquence de pompage.
L’autre voie étudiée, celle présentée expérimentalement dans cette thèse, est de modifier
l’impédance de l’environnement de la pompe afin de modifier le taux de cotunneling. Suivant ce
cheminement, il a été proposé de développer des pompes de type R où des résistances
microlitho-graphiées sont situées dans le voisinage de la pompe.
2.5.1 Influence de l’environnement électromagnétique
L’environnement électromagnétique de la pompe a une influence sur le taux de transfert
par effet tunnel. Il est possible de définir une sorte de distance autour d’une jonction tunnel au-delà
de laquelle le circuit n’aura aucun effet sur la jonction lors d’un événement tunnel. Cette distance
est appelée "horizon électromagnétique" et peut être définie par le produit de la vitesse de la lumière
et le temps de traversée de la jonction tunnel par l’électron pour la jonction qui est concernée par
l’effet tunnel et pour les autres jonctions par un "temps quantique" déterminé par~/∆Eoù∆E est
le maximum entre l’énergie thermiquek
BT et celle de polarisationeV [76]. Ces distances permettent
de délimiter une partie du circuit électrique qui est considéré comme coupée du "reste du monde"
lors des événements tunnel. C’est ce qui est appelé l’approche locale. L’approche globale quant
à elle consiste à considérer l’ensemble du circuit comme un tout et que le blocage dépend de la
modification d’énergie de tout le circuit quand un électron subit un événement tunnel.
Dans le cas d’un circuit avec un environnement ayant une impédance|Z(ω)|, le taux de
transfert par effet tunnel à travers une jonction s’écrit [54]
12:
Γ(V) = 1
e
2R
TZ
+∞ −∞dE E
1−exp −
E kBTP(eV −E) (2.34)
oùP(E)est la probabilité qu’il y ait un échange d’énergie entre l’électron qui intervient dans l’effet
tunnel et l’environnement. Elle dépend de la nature de l’environnement et est évaluée
numérique-ment en fonction de celui-ci.
56 B
LOCAGE DEC
OULOMB ET POMPES À ÉLECTRONS2.5.2 La pompe de type R
Cette approche, qui a été proposée par Zorin [77], de la PTB, consiste à augmenter
l’im-pédance locale de la pompe en ajoutant des résistances de part et d’autre de la pompe sur la ligne
de polarisation. Ces résistance sont lithographiées et métallisées en chrome. Le schéma équivalent
devient alors celui de la figure 2.16. Dans une telle configuration, Zorinet al.ont montré que l’ajout
d’une partie résistive à proximité d’une jonction (qui a comme environnement de l’autre côté deux
jonctions) réduit beaucoup la partie dissipative de l’impédance "vue" par la jonction. Pour les valeurs
de résistance considérées, le taux de transfert est alors similaire à celui sans environnement, ce qui
permet d’avoir un comportement de la pompe analogue à celui d’une pompe sans environnement.
F
IG. 2.16:Schéma électrique d’une pompe à électrons à 3 jonctions de type R
Dans ce cas le courant de cotunneling à température nulleI
ctpeut s’écrire sour la forme
[78], [79] :
I
ct∝ V
η(2.35)
où V est la tension de polarisation de la pompe et η = 2(N +z)−1 avec z = R
R
Ket R étant la
résistance totale de la ligne
13(de part et d’autre de la pompe). Ainsi, on peut considérer, qu’en
terme de cotunneling, une pompe à 3 jonctions avec une résistance de30 kΩde chaque côté de la
pompe est à peu près équivalente à une pompe à 5 jonctions sans résistance.
Cependant pour permettre le bon fonctionnement de la pompe, la valeur de R doit
res-pecter certaines conditions : d’une part, elle doit être supérieure àR
Kcar l’environnement
électro-magnétique doit avoir une dissipation suffisante pour pouvoir absorber une grande part de l’énergie
des électrons pour réduire le taux de cotunneling et d’autre part, elle doit être inférieure à la
ré-sistanceR
Tde chaque jonction tunnel afin d’assurer l’équilibre de charge avant chaque événement
tunnel. Ainsi,R est dans l’intervalle :
R
K< R < R
T(2.36)
De plus, la distance à laquelle les résistances doivent être placées pour être considérées
comme dans l’environnement local de la pompe est liée à la notion d’horizon électromagnétique qui
correspond à la distance que l’électron qui intervient dans l’effet tunnel peut parcourir et qui a été
présentée dans la partie précédente. Par exemple, à polarisation nulle et à 4 K, cette distance est de
500µm et de 2 cm à 100 mK. Dans les dispositifs fabriqués à la PTB, les résistances sont placées à
environ 0.5µm des jonctions.
D’un point de vue métrologique, les pompes à électrons de type R ont été étudiée
thé-oriquement, comme nous venons de le voir, par l’aspect cotunneling [80]. Pour valider la réduction
du cotunneling sur une large gamme de fréquence de pompage, Bubanja [79] a étudié le
comporte-ment de la pompe en considérant que l’environnecomporte-ment n’est pas une ligne résistive pure mais une
2.5 La pompe de type R 57
ligne RC. Il a montré que la suppression du cotunneling est effective même au-delà du domaine
fréquentiel où la ligneRC est purement résistive.
En revanche, aucune étude théorique complète n’a été menée sur les sources d’erreur
possibles de tels dispositifs, en particulier pour l’augmentation de la fréquence de pompage. Dans
le cadre des calculs de Jensen et Martinis [66] présentés précédemment, et comme la figure 2.12 le
montre, quel que soit le nombre de jonctions, pour des fréquences de pompage inférieures à 20 MHz,
le cotunneling est la source d’erreur qui domine largement. La question des effets de fréquence dans
le cas des pompes de type R pour des fréquences de pompage plus élevées (jusqu’à 100 MHz dans
le cadre de cette thèse) reste donc ouverte.
Nous proposons dans le cadre de cette thèse d’étudier expérimentalement l’influence de
l’augmentation de la fréquence de pompage sur la stabilité du courant généré par les pompes à
électrons (cf. chapitre 4) puis de mettre en place le dispositif expérimental permettant d’étudier
expérimentalement l’exactitude de ce type de dispositifs (cf. chapitre 5).
Notons que des dispositifs de ce type ont également été développés dans le cadre d’une
utilisation de la pompe à électrons pour charger une capacité cryogénique.
2.5.3 Résultats obtenus avec des pompes de type R
Dans le cadre du projet de recherche européen COUNT [81], les pompes à électrons de
type R ont été étudiées expérimentalement. Dans un premier temps, en tant que générateur de
courant [82], [83] puis dans le cadre d’une expérience de charge de capacité [84].
Les premières mesures de pompes à 3 jonction de type R, analogues à celles dont les
mesures seront exposées par la suite
14ont été effectuées par Lotkhov et al.et sont décrites dans
[82]. Dans cette expérience, le montage n’était pas optimisé et en particulier, l’amplificateur de
courant avait un bruit de 50 fA/Hz
1/2qui empêchait une étude métrologique de la pompe elle-même.
Il a cependant été montré la possibilité d’avoir des marches de courant jusqu’à une fréquence de
pompage de 10 MHz et surtout que le cotunneling, conformément aux prévisions théoriques était
fortement réduit avec un taux de cotunneling inférieur
15à10
−6.
Des mesures ont ensuite été effectuées au LNE [83] dans un montage analogue à celui
qui sera décrit dans le chapitre 3. Des marches de courant jusqu’à une fréquence de pompage de
30 MHz ont été mesurées et une incertitude relative de type A sur la stabilité du courant généré par
la pompe de2.10
−4calculé sur 12 h à une fréquence de pompage de 20 MHz
16.
Une expérience de capacité cryogénique a débuté avec des pompes à électrons de type R
à 4 ou 5 jonctions à la PTB [84]. Dans un premier temps, des échantillons à 3 jonctions ont été
caractérisés et un courant quantifié a été mesuré à une fréquence de pompage de 2 MHz avec une
incertitude relative de10
−4. A ce jour, aucune mesure dans le cadre de l’expérience de la capacité
cryogénique n’a été publiée.
Ces quelques résultats obtenus avec des dispositifs de type R semblent donc intéressants
et méritent une étude plus approfondie des potentialités de ces dispositifs. En particulier l’absence
de théorie complète quant à l’exactitude de ces dispositifs en augmentant la fréquence de pompage,
dans un régime où le cotunneling d’ordreN−1 n’est plus dominant, laisse le champ ouvert à une
série d’investigations expérimentales.
C’est dans ce cadre que nous allons présenter l’étude expérimentale des pompes de type
R à 3 jonctions de façon à appréhender leur comportement en fonction de la fréquence de pompage.
L’objectif est d’insérer ces dispositifs dans l’expérience du triangle métrologique décrite dans le
chapitre 1.
14cf. chapitre 4, p. 81
15rappelons que dans le cas d’une pompe à électrons à 3 jonctions, le taux de cotunneling est de l’ordre de10−3
58 B
LOCAGE DEC
OULOMB ET POMPES À ÉLECTRONS2.6 Les autres dispositifs à blocage de Coulomb étudiés en
Dans le document
Application en métrologie électrique de dispositifs monoélectroniques : vers une fermeture du triangle métrologique
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